B. UN INVESTISSEMENT PROMETTEUR DANS LES ÉNERGIES VERTES

Les Chantiers de l'Atlantique mènent depuis plusieurs années une stratégie volontariste d'innovation et de diversification et dans les propulsions propres et les énergies marines renouvelables. Cette orientation les distingue de leurs concurrents européens et leur offre un fort potentiel de croissance sur des secteurs d'avenir.

Cette diversification répond à deux logiques complémentaires : d'abord, anticiper les mutations du secteur du transport de passagers, développant des technologies de propulsion plus propres ; ensuite, parer au caractère cyclique de la construction de paquebots , caractérisé par des périodes fastes alternant avec des creux d'activité importants.

1. Anticiper par l'innovation la nécessaire transition énergétique du transport maritime

Les produits emblématiques des Chantiers de l'Atlantique, les grands paquebots de luxe, devront intégrer de manière croissante les enjeux de décarbonation et plus particulièrement de transition énergétique. Responsable de 3 % des émissions mondiales de CO 2 , le transport maritime fait face à une relative crise d'image , qui pourrait impacter la fréquentation des croisières et pousser les États à mettre en place des législations et réglementations plus strictes pour la protection de l'environnement. La construction navale doit s'adapter à ces évolutions sociétales et industrielles, en imaginant dès aujourd'hui le paquebot du futur, moins émetteur et doté de propulsions plus propres.

Les personnes entendues par la commission ont confirmé que les Chantiers de l'Atlantique se placent aujourd'hui parmi les constructeurs les plus innovants en matière de transition énergétique des navires .

En 2008, l'entreprise a lancé avec le soutien de l'Ademe et des fonds du Programme d'investissements d'avenir (PIA) un programme de recherche et développement nommé « Ecorizon », consacré à l'efficience environnementale des paquebots. Dans ce cadre, elle a développé des modèles de paquebots propulsés au gaz naturel liquéfié (GNL) plutôt que par des moteurs thermiques classiques.

Le premier de ces navires propulsés au GNL fabriqués en France, le MSC Europa , doit être livré en 2022 à son client MSC Croisières. Il représente près de sept millions d'heures de travail, pour un emploi estimé à 1 700 emplois directs et à près de cinq milliards d'euros de retombées économiques directes et indirectes. MSC a également passé en janvier dernier une commande de deux navires supplémentaires propulsés au GNL, pour un montant total d'environ 2 milliards d'euros. Dans le cadre d'un nouveau projet « PACBOAT », les Chantiers ont annoncé travailler sur de nouvelles piles à combustible GNL , qui pourraient réduire d'environ 30 % les émissions des moteurs GNL de génération précédente.

Les Chantiers de l'Atlantique ont en outre développé des prototypes de paquebots à propulsion complémentaire à voiles composites , appelées « Solid Sail ». Quatre prototypes de ces navires « Silenseas » pourraient être fabriqués à Saint-Nazaire pour MSC Croisières, dans le cadre d'une option posée en 2020 par la compagnie.

L'intérêt de MSC pour ces paquebots propulsés au GNL et à voiles témoigne de la demande croissante des armateurs et des clients des compagnies de croisière pour une flotte plus respectueuse de l'environnement. L'avance technologique des Chantiers de l'Atlantique sur ses concurrents les positionne comme une référence pour la construction des paquebots du futur.

2. Se positionner sur le marché en expansion des énergies marines renouvelables

Afin de maintenir la production et la rentabilité des Chantiers et de lisser les fluctuations de commande dans les années ayant suivi la crise économique de 2008, l'entreprise s'est positionnée sur le secteur des énergies marines renouvelables (EMR) . La branche Atlantique Offshore Energy des Chantiers se consacre principalement à la conception, à la fabrication et à l'installation de sous-stations électriques pour l'éolien en mer , dont la fonction est de collecter l'électricité produite par les éoliennes au large avant de la conduire à terre. Pour l'instant dominé par l'Allemagne et le Royaume-Uni, le marché de l'éolien offshore offre un important potentiel de croissance, à mesure de l'installation de nouvelles fermes éoliennes, notamment en mer du Nord, mais aussi en France.

À bien des égards, les savoir-faire nécessaires dans le secteur des EMR sont complémentaires à ceux dont font preuve les Chantiers dans la construction navale, reposant sur la connaissance des procédés industriels, des matériaux et de leur interaction avec les milieux maritimes.

Au bénéfice de leurs compétences navales, les Chantiers ont rapidement pu pénétrer le segment de l'éolien dit « posé », d'abord à l'export . Trois sous-stations ont déjà été livrées à des fermes éoliennes au Royaume-Uni ( Westermost Rough ), en Allemagne ( Arkona ) et en Belgique ( Rentel ), pour un coût compris entre 50 et 100 millions d'euros par station.

L'activité des Chantiers de l'Atlantique dans l'éolien offshore entre désormais dans une phase industrielle. Dans le cadre d'appels d'offres internationaux, l'entreprise française a remporté les marchés pour la construction de trois sous-stations destinées au parc éolien français. La première d'entre elles, commandée par EDF Renouvelables et leur partenaire Enbridge Inc , et destinée au Parc éolien du Banc de Guérande, devrait être livrée en 2021, pour une installation en 2022. Les deux autres seront implantées au sein des parcs éoliens de Courseulles-sur-Mer et de Fécamp. Selon les Chantiers, la construction de ces trois stations représente près de 400 emplois sur une durée de trois ans.

Les Chantiers de l'Atlantique misent également sur l'innovation pour accéder au marché de l'éolien flottant. En coopération avec l'entreprise française Ideol, et grâce notamment à des fonds européens, l'entreprise a développé un pilote de sous-station électrique flottante, dont la conception fait notamment appel aux savoir-faire dans la propulsion et à l'assemblage de navires.

SOUS-STATION ÉLECTRIQUE DU PARC ÉOLIEN OFFSHORE ARKONA EN ALLEMAGNE


Source : Chantiers de l'Atlantique

Le potentiel de développement du marché des EMR est important , en particulier au regard des objectifs de mix énergétique et d'éolien en mer. D'ici 2030, selon les objectifs adoptés par l'Union européenne, 32 % de la consommation finale d'énergie devra être issue de sources renouvelables. En France, à l'impulsion de la commission des affaires économiques du Sénat, un objectif d'augmentation des capacités installées d'éoliennes en mer d'au moins 1 GW par an d'ici 2024 a été inscrit dans la loi 3 ( * ) . La dernière version de la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) consacre une place importante à l'éolien en mer, le plaçant sur une trajectoire de forte expansion : alors que les six premiers sites devraient être opérationnels d'ici 2024, trois nouveaux appels d'offre seront également lancés pour 3,75 GW. D'ici 2028, la France s'est ainsi fixé pour objectif d'attribuer entre 5,2 et 6,2 GW supplémentaires de production électrique issue de l'éolien en mer.

L'activité des Chantiers de l'Atlantique dans les énergies marines renouvelables représente désormais environ un chiffre d'affaires de 100 millions d'euros et près de 400 emplois 4 ( * ) . Au vu de la trajectoire d'expansion des énergies marines renouvelables, l'effort de diversification des Chantiers de l'Atlantique pourrait les situer en bonne place pour devenir l'un des principaux fournisseurs d'une filière éolienne offshore en plein développement.

CALENDRIER DES APPELS D'OFFRES POUR L'ÉOLIEN EN MER EN FRANCE


Source : Programmation pluriannuelle de l'énergie 2019-2023 - 2024-2028


* 3 Article 1 er de la loi n° 2019-1147 du 8 novembre 2019 relative à l'énergie et au climat parue au JO n° 0261 du 9 novembre 2019, voir le rapport n° 657 (2018-2019) de M. Daniel GREMILLET, fait au nom de la commission des affaires économiques, déposé le 10 juillet 2019.

* 4 Sur site et sous-traitants.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page