LISTE DES PRINCIPALES RECOMMANDATIONS

Recommandation n°1 : Diligenter auprès de la direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) une étude établissant les facteurs de divergence de performance en mathématiques entre filles et garçons dès l'école primaire.

Recommandation n° 2 : Mettre en place une large campagne de communication organisée par l'Onisep dans les classes de première et terminale générales, afin de promouvoir les études de mathématiques.

Recommandation n° 3 : Harmoniser les modes de recrutement d'enseignants contractuels au niveau national, afin de garantir un socle minimal de compétences disciplinaires et pédagogiques.

Recommandation n°4 : Poursuivre la politique de revalorisation des professeurs des écoles, en approfondissant le mouvement actuel de redéploiement des moyens vers le premier degré.

Recommandation n° 5 : Prolonger la dynamique de revalorisation des rémunérations des enseignants en début de carrière annoncée lors du Grenelle de l'éducation, en s'assurant que la prime d'attractivité couvre les 15 premières années d'enseignement en 2022.

Recommandation n° 6 : En 2023, revenir au taux d'accès à la hors classe des enseignants à 17 %, contre 18 % en 2021 et 2022.

Recommandation n° 7 : Assurer un suivi régulier de l'expérimentation du parcours préparatoire au professorat des écoles et en particulier de la mention « mathématiques ».

Recommandation n° 8 : Améliorer la lisibilité budgétaire du plan « mathématiques » en retraçant le fléchage des projets financés dans le cadre du plan dans les documents budgétaires.

Recommandation n° 9 : Intégrer le financement des laboratoires de mathématiques lors de la construction du dialogue de gestion avec les académies.

Recommandation n° 10 : Augmenter les crédits dédiés à la formation continue des enseignants du premier et du second degrés.

Recommandation n° 11 : Mettre fin à la sous-consommation des crédits dédiés à la formation continue.

PREMIÈRE PARTIE
MALGRÉ LE POIDS DES DÉPENSES D'ÉDUCATION,
UN NIVEAU DES ÉLÈVES FRANÇAIS LARGEMENT INSUFFISANT, CORRELÉ À LA FAIBLE ATTRACTIVITÉ DES CARRIÈRES ENSEIGNANTES

Le niveau des élèves français est en diminution dans l'ensemble des disciplines, la France se situant généralement en bas des classements internationaux. La chute est particulièrement sensible en mathématiques, ce qui appelle à une réponse rapide.

Ce constat rejaillit en effet sur les recrutements des professeurs de mathématiques, de plus en plus difficiles du fait d'un vivier de candidats trop étroit par rapport aux besoins. La sélectivité du recrutement est donc à son tour amoindrie afin de pallier l'insuffisance de candidats aux concours, ce qui participe également au « cercle vicieux » de la baisse de performance des élèves.

I. DES PERFORMANCES DES ÉLÈVES EN MATHÉMATIQUES EN CONSTANTE DÉGRADATION

Cette dégradation est sensible au niveau national, mais est corroborée par les nombreuses enquêtes internationales depuis vingt ans.

A. LES ENQUÊTES NATIONALES METTENT EN AVANT UNE BAISSE CONTINUE ET INQUIÉTANTE DU NIVEAU EN MATHÉMATIQUES

1. En trente ans, les élèves français ont perdu l'équivalent d'une année en mathématiques

Les enquêtes nationales menées par la direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) du ministère de l'éducation nationale permettent de mesurer non seulement les compétences des élèves mais aussi leurs évolutions.

La DEPP a engagé depuis 2003 des évaluations triennales, ou cycle des évaluations disciplinaires réalisées sur échantillons (Cedre). Elles se déroulent en fin de CM2 et en fin de troisième, permettant ainsi d'avoir un indicateur du niveau des élèves à l'entrée et à la sortie du collège.

La première enquête CEDRE date de 2008 et la suivante de 2014. L'enquête de 2019 établit une comparaison du niveau des élèves en mathématiques, à onze ans d'intervalle. Les observations qui découlent des résultats sont sans appel.

Les difficultés des élèves français commencent dès le CP. S'agissant de la résolution de problèmes, 46 % seulement des élèves en 2019 ont un niveau satisfaisant dès le début de CE1 , niveau qui est de 27 % seulement en réseau d'éducation prioritaire (REP) 1 ( * ) .

Concernant les élèves de CM2, on avait pu observer une relative stabilité de niveau entre 2008 et 2014, mais le score moyen aux évaluations CEDRE en mathématiques a chuté de 17 points en 2019 par rapport à 2014 . Seuls 20 % des élèves appartiennent au groupe ayant les meilleurs résultats, contre 30 % en 2014 2 ( * ) . Plus inquiétant encore, plus de la moitié (54 %) des élèves interrogés appartiennent au groupe ayant le niveau le plus faible. Plus précisément, 28 % des élèves ont un niveau faible ou très faible en 2019 contre 17 % en 2014. Dans l'ensemble, près de six élèves sur dix ont un niveau en mathématiques jugé insuffisant .

Score moyen des performances en calcul des élèves de CM2
aux évaluations nationales

Source : État de l'école 2019, DEPP

Corolaire de cette baisse de résultats, l'attractivité des mathématiques, en tant que discipline, est également en baisse. Les élèves sont moins nombreux à déclarer faire des mathématiques par plaisir (67,1 % en 2019 contre 75,8 % en 2014) .

Le constat de cette chute du niveau scolaire, que le rapporteur spécial considère comme extrêmement préoccupant, se reproduit dans le second degré.

À l'entrée en sixième, seuls 73,75 % des élèves maîtrisaient en 2018 les compétences essentielles en mathématiques . En fin de collège, selon l'enquête Cedre précédemment mentionnée, le score moyen des élèves en 2019 est de 237 points, soit une baisse de 6 points par rapport à 2014, sachant que les élèves avaient déjà perdu 7 points entre 2008 et 2014. Tout aussi alarmante, la proportion d'élèves dans les niveaux les moins performants s'accroît : en 2019, un élève sur quatre était en difficulté en mathématiques .

Ces résultats doivent cependant être nuancés. La dégradation du niveau concerne essentiellement la résolution de problème, l'algèbre et le calcul . Les résultats en géométrie et en statistiques demeurent quant à eux satisfaisants.

Compétences des élèves de CE1 en mathématiques en septembre 2019

Source : État de l'école 2020

Sur le long terme, la diminution du niveau scolaire est tout aussi flagrante. En 1987, l'enquête Lire, écrire, compter (LEC) a évalué les performances d'un échantillon d'élèves de fin de CM2 en lecture, orthographe et calcul. La DEPP a reproduit ces enquêtes en 1999, 2007 et 2017.

Elle montre que la baisse du niveau n'est pas un phénomène récent, car les performances des élèves avaient fortement baissé entre 1987 et 1999 , dans une proportion plus importante que la baisse de niveau entre 1999 et 2007 d'une part et 2007 et 2017 d'autre part. Cette tendance s'était atténuée entre 1999 et 2007. Dix ans plus tard, on assiste à une baisse des performances des élèves moins marquée cependant qu'entre 1987 et 1999.

En 2017, plus de neuf élèves sur dix ont un niveau inférieur ou égal au niveau médian en 1987. Près de six élèves sur dix ont un niveau inférieur au niveau atteint par 90 % des élèves de 1987. Seuls 1 % des élèves atteignent le seuil des 10 % des élèves les plus performants en 1987 .

Cette baisse est comparable à la perte d'une année scolaire en trente ans. En 2017, seuls 37 % des élèves de CM2 interrogés réussissaient une division, contre 74 % en 1987. S'agissant des additions, 69 % parvenaient à les résoudre en 2017, à comparer aux 90 % en 1987.

Évolution des performances en calcul entre 1987 et 2017

Source : DEPP, Note d'information n° 19.08

2. Un poids accru des déterminants sociaux sur les résultats en mathématiques

Les évaluations à l'entrée en sixième mettent en évidence de fortes disparités géographiques et sociales.

Ainsi, 72 % des élèves au niveau national maîtrisent les connaissances attendues en mathématiques. Mais cette proportion est de 56 % pour l'académie de Créteil et inférieure à 50 % dans les outre-mer . A contrario , la part des élèves maîtrisant les connaissances attendues est de 79,6 % dans Paris intra-muros.

Ces différences s'expliquent essentiellement par les différences de niveaux socio-économiques entre académies . Toutefois, des traditions académiques peuvent également expliquer ces divergences, une fois le poids des origines sociales neutralisé. Ainsi, la Bretagne rejoint Paris parmi les académies où les élèves obtiennent les meilleures performances en mathématiques.

En fin de collège, si la performance reste liée au profil social des élèves, la baisse entre 2014 et 2019 concerne particulièrement les collèges les plus favorisés. Celle observée entre 2008 et 2014 ne les avait pas affectés et avait plutôt touché les collèges les moins favorisés.

Maîtrise des mathématiques en début de sixième en 2019 (en %)

Source : État de l'école 2020

La différence filles/garçons est également fortement marquée . En 2019, les garçons en 6 e présentent un score moyen supérieur de 9 points à celui des filles. Cette divergence apparaît d'ailleurs précocement. Selon la DEPP, alors qu'en début de CP, les différences garçons-filles en mathématiques sont faibles, en début de CE1, les écarts sont plus importants et déjà en faveur des garçons. Le rapporteur spécial considère qu'une étude devrait permettre d'approfondir les raisons de ces écarts de performance.

Recommandation n°1 : Diligenter auprès de la DEPP une étude établissant les facteurs de divergence de performance en mathématiques entre filles et garçons dès l'école primaire.

Cependant, la baisse de niveau concerne l'ensemble des élèves, car le nombre d'élèves appartenant aux groupes les moins performants évolue symétriquement pour les garçons et pour les filles.


* 1 Réponse au questionnaire transmis par le rapporteur spécial.

* 2 DEPP, note d'information n° 20.33 - Septembre 2020.

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