PREMIÈRE PARTIE - LA NORVÈGE OU LA NOUVELLE TENTATION DU « GRAND LARGE »

Premier des pays visités par notre Mission, la Norvège se trouve actuellement dans une situation géopolitique atypique du fait de son refus d'adhérer à l'Union européenne, manifesté par le NON au référendum du 28 novembre 1994.

Sur le plan géographique, la Norvège couvre 386.958 kilomètres carrés. Sa population atteint 4,3 millions d'habitants. La densité théorique de population est de 13 habitants au kilomètre carré mais, en fait, la population est concentrée sur la côte occidentale et la partie méridionale. Les conditions climatiques dues à la proximité du cercle polaire sont, en dépit du Gulf stream, assez rudes. En juin 1995, des inondations exceptionnelles ont entraîné l'évacuation de plus de 4.000 personnes au nord et à l'est de la capitale, Oslo.

Sur le plan politique et institutionnel, la Norvège est, depuis 1905 -date de la séparation d'avec la Suède- une monarchie constitutionnelle et parlementaire 2 ( * ) . Le pouvoir est détenu par le Premier ministre 3 ( * ) , responsable devant le Parlement. Le Parlement, ou « Storting », est composé de 165 membres élus pour quatre ans au suffrage universel direct. Les élections législatives de septembre 1993 ont donné une majorité sociale-démocrate.

I. LE CADRE ÉCONOMIQUE GÉNÉRAL : LA NORVÈGE N'A PAS CONNU DE CRISE DANS LA PÉRIODE RÉCENTE

Depuis la seconde guerre mondiale, la Norvège a connu une croissance annuelle moyenne de 3,9 % mesurée à prix constants. Selon les critères internationaux tenant compte des revenus, du niveau d'éducation et de l'espérance de vie, la Norvège se classe au troisième rang dans le monde pour le développement. Le produit national brut par habitant était de 26.320 dollars en 1992. Les bases de cette prospérité sont d'abondantes ressources naturelles, un taux de scolarisation élevé, une situation politique stable, des organisations patronales et syndicales responsables.

L'économie norvégienne présente des signes évidents de santé. Après plusieurs années de stagnation, le produit national brut a connu une progression sensible. Le taux de croissance, avec plus de 5 % en 1994 -soit l'un des taux les plus élevés en Europe- a doublé par rapport à 1993. Pour 1995, une croissance de l'ordre de 4,8 % est attendue.

L'amélioration de la conjoncture intérieure se traduit, en particulier, par une reprise du marché immobilier et une baisse du nombre de faillites, ainsi qu'une poursuite de la hausse de la bourse. Quant à la consommation privée, qui avait progressé de 1,7 % en 1993, elle a crû de 4,4 % en 1994.

* Prévisions du Bureau central des Statistiques.

(1) (Excédent si positif) Sécurité sociale incluse, avant transactions financières.

Sources : Bureau Central des Statistiques (SSB). Budget National 1994, projet de budget 1993
et Norges Bank.

La dette extérieure est faible et les excédents de la balance des paiements permettent de la rembourser. La dette représentait 4,25 milliards de couronnes soit 5,5 % du produit national brut en 1993. Elle tend vers zéro en 1995. La monnaie nationale est la couronne qui vaut en moyenne 0,80 francs en 1995.

Les secousses monétaires de l'automne 1992 qui ont affecté les autres pays nordiques ont entraîné, en décembre 1992, un décrochement de la couronne norvégienne par rapport à l'ÉCU. Sa dépréciation n'a toutefois pas excédé 3,5 % tandis que le réaménagement du système monétaire européen du 2 août 1993 a suscité, en retour, une légère appréciation de la monnaie. En 1994, le marché des changes est resté calme et la politique monétaire actuelle vise au maintien d'une parité stable de la couronne par rapport aux monnaies des principaux partenaires.

Cette évolution ne s'est accompagnée que d'une faible tendance inflationniste (1,4 % en 1994, contre 1,9 % en 1993), soit le niveau d'inflation le plus bas depuis de nombreuses années. Les taux d'intérêt sont restés à un niveau inférieur à la moyenne européenne et n'ont pas été affectés de manière significative par l'échec du référendum d'adhésion. La hausse de 22 % à 23 % du taux de la TVA a fait grimper l'indice des prix de 0,5 point en 1995. L'inflation pourrait atteindre 2,6 % en 1995 mais retomberait à 2 % dès 1996.

Le déficit budgétaire est passé à 20,8 milliards de couronnes en 1994, soit 2,8 % du produit national brut. Il était de 43,8 milliards de couronnes en 1993. En 1995, la situation est si favorable que la Norvège jouit d'un excédent de 2 % par rapport aux critères de convergence définis par le traité de Maastricht pour le rapport entre le solde budgétaire et le produit intérieur brut.

L'emploi, à la différence de la Suède et de la Finlande, est relativement préservé , avec un taux de chômage de 5.5 % en 1995, soit un niveau assez faible comparé aux taux européens. Les revenus pétroliers ont, en effet, permis à l'État de nombreuses créations d'emplois dans le secteur public.

En résumé, s'il se trouve encore des gens pour considérer -non sans dédain- la Norvège comme une « principauté » habitée par des citoyens « vêtus de gros tricots et chaussés de sabots » 4 ( * ) , ceux-ci se trompent grandement : la Norvège est désormais un pays riche, développé et sûr de son avenir au point de proposer son modèle à l'Europe 5 ( * ) .

* 2 La couronne est transmise dans une branche cadette de la famille royale danoise. Le souverain actuel est SM Harald V.

* 3 Actuellement Mme Groharlem BRUNDTLAND

* 4 Ces termes ont été prononcés par des interlocuteurs Scandinaves de la Mission.

* 5 Cf. Sigbjorn JOHNSEN - Put Europe to work : a solidarity alternative for increased growth, competitiveness and employment - Août 1995 - 54 p.

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