C. L'INDISPENSABLE ASSAINISSEMENT DES FINANCES PUBLIQUES

Si la Finlande n'exclut pas, à terme, de participer à la troisième phase de l'Union économique et monétaire, elle n'est, actuellement, éligible qu'à deux des cinq critères retenus par le traité de l'Union européenne. Ainsi, l'inflation se situe en-deçà du taux de référence et les taux à long terme se situent dans les limites imposées.

En matière de dépenses publiques, les perspectives sont plus sombres. Le niveau du déficit budgétaire finlandais, ramené de 7,5 % en 1993 à 4,7 % en 1994, devrait se situer à 5 % en 1995. Quant à la dette publique, alimentée depuis quatre ans par des déficits budgétaires croissants, elle dépasse depuis deux ans le plafond fixé à 60 % du produit intérieur brut (72,5 % en 1994 et vraisemblablement 85 % fin 1995).

La nouvelle coalition dirigée par les sociaux-démocrates semble résolue à mener une politique d'assainissement des finances publiques de grande ampleur, comme en témoigne l'accord des cinq partis sur un plan de réduction des dépenses publiques de 20 milliards de marks finlandais en quatre ans, après les 12 milliards d'économies adoptées dans le cadre du budget de 1995.

Pour 1996, les principaux secteurs touchés sont les aides aux communes, l'assurance chômage, les allocations familiales et l'aide à l'agriculture. Au cours de cette législature, le gouvernement de M. LIPPONEN entend mener de front la lutte contre le chômage, la stabilisation de l'inflation à bas niveau, la réduction de la dette publique et l'assainissement des systèmes de protection sociale.

Or, le taux moyen d'imposition sur le revenu des particuliers qui était de 45 % en 1993 -dépassé seulement par les Pays-Bas parmi les économies développées-, risque de peser sur la consommation privée. Cette dernière, qui s'était contractée de 14,1 % de 1991 à 1993 a encore fléchi de 2,5 % en 1994.

D. L'IMPACT DE L'ADHÉSION SUR LES ÉCHANGES FRANCO-FINLANDAIS

L'adhésion de la Finlande à l'Union européenne ne devrait pas se traduire par une modification significative de nos échanges commerciaux avec ce pays, d'autant plus que nos ventes sont réparties sur un grand nombre de secteurs, où les produits français n'occupent pas une position dominante. En revanche, l'entrée de la Finlande dans l'Union européenne devrait contribuer à l'ouverture, de part et d'autre, des mentalités.

Dans ce contexte, les opportunités sectorielles pour la France peuvent, selon les experts, être situées comme suit :

- biens agro-alimentaires : les positions de la France devraient pouvoir se renforcer dans les produits de base, où l'alignement des prix finlandais sur les prix communautaires, d'une part, et la préférence communautaire d'autre part, permettant aux négociants français de reprendre des parts de marché à leurs concurrents nord-américains comme aux producteurs de l'hémisphère sud, notamment pour le sucre, les oléagineux, les céréales et les produits de la minoterie. Nos concurrents danois, allemands et néerlandais semblent cependant mieux placés pour profiter de l'ouverture des marchés des produits carnés et des fruits et légumes. En revanche, il ne faut pas s'attendre, à ce stade, à un fort développement de nos ventes de boissons alcoolisées, tant que perdurera le monopole public de distribution, notamment dans la vente au détail ;

- biens d'équipement : l'adoption du tarif extérieur commun devrait renforcer la compétitivité des fournisseurs de l'Union dans des secteurs jusqu'à présent largement ouverts à la concurrence mondiale (électronique, automobile, aéronautique). Dans l'automobile, la reprise de l'acquis communautaire impliquera un contrôle des importations de véhicules japonais, ce qui devrait se traduire par un plafonnement de leur part de marché aux alentours de 36 à 38 %. Les constructeurs français peuvent espérer une amélioration de leur part de marché, qui est actuellement de 10,8 % des immatriculations, et profiter de la reprise des ventes (+ 25 % au premier semestre 1994) ;

- biens de consommation : notre présence est relativement faible en Finlande, à l'exception de la parfumerie et des cosmétiques (part de marché : 22 %) ou du textile habillement (troisième position avec 12 % du marché), D'une manière générale, l'adhésion contribuera à faciliter la libre circulation des produits bénéficiant du label « CE ». qui ne seront plus testés par les laboratoires officiels, contrairement aux produits en provenance des pays tiers :

- marchés publics : la présence étrangère dans le secteur public est faible. Elle pourrait se renforcer avec l'ouverture des marchés mais à l'image de ce qui a pu être observé sur les marchés européens, l'application des normes communautaires ne donnera pas nécessairement lieu à une recrudescence de la concurrence internationale sur les appels d'offres. Une antériorité de l'implantation sur le marché finlandais semble ici aussi devoir être la condition nécessaire au suivi des marchés publics. Par ailleurs, les secteurs jugés « sensibles » ne sont pas libéralisés de manière uniforme : l'énergie, l'eau et les transports demeurent soumis à un monopole de fait, même si la production énergétique pour les besoins industriels et les transports routiers sont largement ouverts à la concurrence mondiale.

En revanche, les transports aériens et la distribution de boissons alcoolisées ne sont pas susceptibles d'être immédiatement et pleinement libéralisés. Seul le marché des télécommunications, ouvert depuis longtemps à la concurrence, a presque achevé sa déréglementation.

Les exportations finlandaises vers la France devraient profiter de la reprise économique en Europe et de l'ouverture des marchés publics.

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