II. DES EXPÉRIENCES POURTANT PROMETTEUSES POUR LE DÉVELOPPEMENT DU BILINGUISME

La mise en place des sections européennes, des sections internationales et certaines expériences régionales témoignent du souci de développer le bilinguisme, voire le trilinguisme dans certains sites de notre territoire.

Limitées par le nombre de classes et d'élèves concernés, ces expériences n'en apparaissent pas moins prometteuses et leur développement devrait s'appuyer sur une politique résolue de l'éducation nationale au lieu de résulter d'initiatives locales, émanant souvent des élus locaux, avec un soutien plus ou moins vigoureux des autorités académiques.

A. LES SECTIONS EUROPÉENNES

Le dispositif nouveau mis en place par l'éducation nationale en 1992, dont les modalités résultent de la circulaire du 19 août 1993, est destiné à répondre à l'attente d'un public scolaire désireux d'acquérir la maîtrise d'une langue étrangère à un niveau proche du bilinguisme.

Ce dispositif remplace les anciennes sections bilingues en y apportant plusieurs innovations.

1. Les caractéristiques des sections européennes : un renforcement et une instrumentalisation des langues étudiées

- les sections européennes proposent l'enseignement, dans la langue de la section, de plusieurs disciplines non linguistiques fondamentales, et permettent ainsi une instrumentalisation de la langue étudiée ;

- la scolarité est sanctionnée par une indication particulière portée sur le diplôme du baccalauréat ;

- les sections sont en principe ouvertes à toutes les catégories d'élèves ;

- leur pédagogie est exclusivement française notamment dans la définition des programmes ;

- leur procédure est déconcentrée : leur ouverture et leur mise en oeuvre sont expressément confiées aux recteurs ;

- leur dispositif pédagogique est particulièrement souple :

la scolarité débute en 4 ème et plus rarement en classe de 6 ème ;

l'enseignement de la langue est renforcé pendant deux ans (deux heures supplémentaires par semaine) ;

ce renforcement est suivi du passage à l'enseignement d'une discipline fondamentale non linguistique dans la langue de la section ;

- l'accent est mis sur les langues néo-latines et orientales « minoritaires », moins choisies par les élèves : la 2 ème langue choisie en 4 ème constitue ainsi la langue de la section ;

- la référence au projet d'établissement permet d'assurer la cohérence des initiatives pédagogiques et culturelles.

2. Le bilan des sections européennes

Après deux ans de mise en oeuvre, l'expérience des sections européennes a enregistré des résultats non négligeables.

a) Le nombre des sections

En 1992, une centaine de sections ont été lancées dans 15 académies, à l'initiative des recteurs, des chefs d'établissements et des enseignants.

À la rentrée 1994, 108 nouvelles sections ont été ouvertes.

Les sections européennes couvrent désormais 26 académies et 71 départements.

b) La répartition des sections entre établissements

Les élèves sont répartis dans 426 établissements, dont 50 établissements privés sous contrat.

Les sections de collèges prédominent (490 sections) par rapport aux 141 sections de lycées qui sont installées dans 107 établissements, dont 21 lycées d'enseignement technique ou professionnel.

c) La ventilation par langues

Langues

Nombre de sections

Anglais

254

Allemand

101

Espagnol

40

Italien

30

Portugais

8

Russe

2

Néerlandais

2

Chinois

2

Arabe

1

La ventilation par langue place donc l'anglais largement en tête mais fait aussi apparaître la place résiduelle des sections de grandes langues comme le russe, le chinois et l'arabe.

3. L'organisation des sections européennes

- les sections sont organisées en sites pour assurer la continuité entre
les cycles de l'enseignement secondaire ;

- les échelons administratifs et pédagogiques sont chargés de favoriser la diversification des langues enseignées ;

- les sections recourent, pour l'enseignement des disciplines non linguistiques dans la langue de la section, à des enseignants qualifiés dans cette discipline, dans le cadre d'un mouvement particulier aux sections européennes, une attention particulière étant apportée à leur recrutement et à leur formation continue ;

- l'arrêté du 22 juin 1994 précise les conditions d'attribution de l'indication « section européenne » ou de « langue orientale » au baccalauréat :

obtention d'une note de 14/20 à l'épreuve de LV1 du baccalauréat, dans la langue de la section ;

résultats obtenus à des épreuves spécifiques (oral et évaluation).

4. Une expérience trop limitée : un développement lié aux initiatives individuelles

S'il convient de souligner l'intérêt des sections européennes, en ce sens qu'elles permettent de favoriser « l'immersion linguistique » de leurs élèves, notamment par une véritable instrumentalisation des langues étrangères, il importe aussi de regretter que leur implantation ne soit pas suffisamment développée sur l'ensemble du territoire national et que les effectifs des élèves concernés restent très insuffisants.

Le développement de ces sections est par ailleurs subordonné à la compétence multidisciplinaire de leurs enseignants qu'il conviendra de renforcer avec une formation adéquate et sans doute à un recours plus large à des professeurs étrangers dans le cadre d'une véritable politique d'échange d'enseignants.

Enfin, force est de constater que la motivation des recteurs, qui sont par ailleurs soumis à une rotation trop rapide dans les académies, apparaît très variable, ce qui n'est pas de nature à consolider un dispositif encore fragile et qui conduit les élus à intervenir pour le maintien et le développement de ses sections.

Une politique volontariste initiée par le ministère de l'éducation nationale devrait ainsi relayer des initiatives trop souvent locales, compte tenu notamment des spécificités linguistiques régionales, et permettrait de développer une formule prometteuse qui est actuellement trop élitiste et réservée aux meilleurs élèves.

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