3. Pour une adéquation du contrôle de légalité et du contrôle financier

Enfin, les conditions du contrôle de légalité et du contrôle financier doivent être améliorées.

Pour remédier à la situation actuelle qui suscite légitimement une certaine incompréhension de la part des élus locaux, il convient de renforcer les moyens du contrôle de légalité, souvent jugés insuffisants .

Mme Martine Buron, maire de Chateaubriant, présidente du groupe " Décentralisation  : bilans et perspectives ", constitué auprès du Commissariat général du Plan pour la préparation du XIe plan, a par exemple déploré l'hétérogénéité du contrôle de légalité soulignée par un récent rapport du Conseil d'Etat et regretté l'absence de moyens suffisants pour que ce contrôle soit exercé correctement.

Dans son rapport public de 1993, le Conseil d'Etat avait en effet déploré l'insuffisance numérique des personnels affectés au contrôle de légalité, l'insuffisante qualification de ceux-ci, la persistance de difficultés dans la collaboration entre services propres des préfectures et services extérieurs et le manque d'information sur les textes et la jurisprudence applicables.

Le Conseil d'Etat avait ainsi préconisé que les services des préfectures responsables du contrôle de légalité puissent bénéficier d'un renfort suffisant, y compris en collaborateurs de catégorie A et que la formation juridique des fonctionnaires chargés de ce contrôle soit améliorée.

Il avait également suggéré que les services chargés du contrôle de légalité soient plus fortement structurés soit sous la forme d'une direction juridique de la préfecture ayant pour mission le contrôle de légalité, le contrôle budgétaire, le contentieux et le conseil, soit sous la forme d'un pôle de compétences à vocation générale avec des correspondants dans les services déconcentrés, soit encore sous la forme de " pôles de compétences " à vocation spécialisée notamment en matière de marchés publics.

Enfin, il avait souhaité que les services extérieurs puissent être mieux associés au contrôle de légalité.

Le rapport précité établi par M. Pierre-Rémy Houssin a également souligné la nécessité de rendre plus homogène et plus effectif le contrôle de légalité, constatant que " le contrôle de légalité tel qu'il est exerçé aujourd'hui par les préfectures pêche à la fois par son irrégularité géographique et chronologique ... et par son caractère superficiel " et estimant que " selon le caractère des personnels en charge, il oscille entre le rigorisme le plus excessif et le laxisme le plus blamâble ".

Les services du contrôle de légalité doivent également être adaptés pour mieux répondre aux besoins des collectivités . En effet, les élus ressentent de plus en plus souvent le besoin de disposer d'une structure de conseil adaptée pour les aider à prendre leurs décisions dans le respect de la légalité.

Cette fonction de conseil pourrait par exemple être assurée par la mise en place à titre expérimental d'un consultant juridique dans chaque préfecture, ainsi que l'a suggéré M. Jean-Ludovic Silicani, commissaire à la réforme de l'Etat.

Après avoir souligné la nécessité de renforcer les moyens du contrôle de légalité sous l'autorité des préfets et sous-préfets, M. Joël Thoraval, président de l'Association du corps préfectoral, a pour sa part proposé que soient mises en place des missions du contrôle de légalité qui pourraient disposer des services de conseillers de chambres régionales des comptes, de tribunaux administratifs, de fonctionnaires des trésoreries générales et des directions départementales de l'équipement. Selon lui, ces missions pourraient être créées au niveau du département lorsque la population de celui-ci dépasse un million d'habitants, ou sinon au niveau de la région.

Les moyens du contrôle de légalité doivent cependant demeurer sous l'autorité des préfets.

A cet égard, le groupe de travail rejette l'idée qui a pu être émise de créer un " ministère public de la décentralisation " qui serait confié à un commissaire spécialisé issu du corps des magistrats des tribunaux administratifs et qui serait chargé d'exercer le contrôle de légalité en dehors des préfectures.

Le groupe de travail estime en effet que les collectivités locales font confiance aux préfets pour exercer le contrôle de légalité et que cette création serait susceptible de dénaturer l'esprit de la décentralisation.

En outre, le groupe de travail considére que le contrôle financier doit s'exercer conformément à l'esprit dans lequel il a été conçu . La mission des chambres régionales des comptes est de juger les comptes des collectivités locales et de concourir au contrôle budgétaire. Les observations qu'elles peuvent, par ailleurs, présenter sur la gestion des collectivités locales ont été conçues pour permettre à ces juridictions de formuler des suggestions. Elles ne sauraient dériver vers un véritable contrôle d'opportunité sans mettre en cause l'esprit même des lois de décentralisation.

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