b) Un effort soutenu en faveur des équipements publics

Tout en mettant en oeuvre une gestion parfaitement saine de leurs finances, les collectivités locales ont entrepris, depuis la décentralisation, un effort considérable en faveur des équipements publics et des services offerts aux citoyens.

Leur effort d'équipement proche des 200 milliards de francs en 1994 (178,8 milliards de francs) représente près des trois quarts de l'investissement public national.

Cet effort soutenu a eu -il faut le souligner- un effet bénéfique sur l'emploi (les collectivités locales ont été à l'origine du quart des emplois créés par l'économie depuis 1984) et a permis de soutenir certains secteurs, tels que celui des bâtiments et travaux publics, dans une conjoncture économique difficile.

M. Jean-Paul Delevoye a ainsi souligné l'effet " contra-cyclique " qui avait été exercé par les investissements des collectivités locales.

De même, les collectivités locales ont apporté une contribution décisive à la réalisation d'équipements structurants dans le cadre des contrats de plan passés avec l'Etat.

Sur la période 1994-1998, leur effort financier s'élève ainsi à 94 milliards de francs contre 77 milliards de francs pour l'Etat.

Les réalisations des départements et des régions en faveur de l' équipement des collèges et lycées sont une bonne illustration de l'efficacité de la gestion locale.

Au titre des collèges, les départements se sont vu confier la charge de la construction, de la reconstruction, de l'extension, des grosses réparations, de l'équipement et du fonctionnement, les dépenses pédagogiques et de personnel étant assurées par l'Etat.

Les investissements qu'ils ont réalisés dans les collèges ont très largement dépassé le montant des transferts financiers de l'Etat regroupés dans la dotation départementale d'équipement des collèges (DDEC) : 2,4 milliards de francs pour une DDEC inférieure à un milliard de francs en 1987; 7,6 milliards de francs pour une DDEC de 1,3 milliard de franc en 1992.

En outre, certains départements interviennent au-delà de leurs strictes compétences légales pour financer des formations universitaires ou des IUT.

Quant aux régions, M. René Garrec, président du conseil régional de Basse-Normandie, représentant l'Association des présidents de conseils régionaux, a indiqué au groupe de travail que les dépenses relatives aux lycées s'élevaient à 3,3 milliards de francs en 1988 et 19,4 milliards de francs en 1992. Il a souligné le facteur de progression des dépenses que constituaient le mauvais état des locaux mis à disposition et les flux démographiques des élèves.

Sur la base des budgets primitifs de 1996, les régions consacrent 84 % de leurs investissements directs aux équipements scolaires. Les équipements scolaires du second degré absorbent près de 13 milliards de francs.

Au total, les départements et les régions ont su, dans un délai très rapide, apporter des réponses efficaces pour remédier à l'état de vétusté dans lequel ils ont trouvé les collèges et les lycées au moment de la décentralisation.

En outre, M. René Garrec a rappelé que, depuis plusieurs années, au titre du plan Universités 2000 (1991-1995) et des contrats de plan successifs, l'Etat a appelé les régions à participer au financement de l'enseignement supérieur pour lequel elles n'exercent pas en principe de compétences obligatoires. Le plan Universités 2000 a ainsi programmé sur cinq ans 32,5 milliards d'investissement dont le tiers est pris en charge par l'Etat et les deux tiers par les collectivités territoriales, principalement les régions.

L'enseignement supérieur absorbe près de 2 milliards de francs dans les budgets primitifs des régions pour 1996.

Bien d'autres domaines témoignent de l'effort soutenu des collectivités locales en faveur de l'équipement public. Votre rapporteur se bornera à évoquer les actions menées pour la voirie, les transports collectifs de voyageurs et la culture.

En matière de voirie , pour laquelle ils exercent une compétence traditionnelle, les départements sont responsables d'un réseau d'environ 350 000 kilomètres auquel ils consacrent une part importante (plus du quart) de leurs dépenses d'investissement.

Dans le domaine des transports collectifs de voyageurs , sur le fondement de la loi d'orientation des transports intérieurs du 31 décembre 1982, les régions ont développé un partenariat avec la SNCF et apporté d'importantes contributions au fonctionnement des services ferroviaires régionaux.

A la suite des travaux de la commission d'enquête du Sénat sur la SNCF 3( * ) puis des rapports établis respectivement par notre collègue Hubert Haenel 4( * ) et par M. Gilbert Carrère 5( * ) , la loi d'orientation du 4 février 1995 (article 67) a ouvert la voie à une expérimentation préalable à la définition par la loi des modalités d'organisation et de financement des transports collectifs d'intérêt régional. Cette loi devra prendre en compte le développement coordonné de tous les modes de transports et assurer la concertation entre toutes les autorités organisatrices de transport. Toutes les collectivités exercent, en effet, des compétences propres dans le domaine des transports, que la loi de 1982 a organisé.

Les expérimentations ont effectivement été lancées dans six régions (Alsace, Centre, Nord-Pas-de-Calais, Pays de la Loire, Provence-Alpes-Côte-d'Azur, Rhône-Alpes). La région Alsace a signé avec la SNCF un premier contrat le 3 février dernier.

La loi n° 97-135 du 13 février 1997 portant création de l'établissement public " Réseau ferré de France " en vue du renouveau du transport ferroviaire a défini le cadre de cette expérimentation qui devra s'achever le 31 décembre 1999.

Dans leurs budgets primitifs, les régions ont prévu de consacrer 35,1 % de leur effort d'investissement aux transports et aux télécommunications.

Les collectivités locales ont, par ailleurs, consenti d'importants efforts en faveur des équipements culturels , facteurs essentiels au maintien de la vitalité des territoires.

Ces efforts sont divers puisqu'ils peuvent concerner aussi bien les conservatoires de musique, les bibliothèques, les théâtres, les archives que l'organisation de festivals ou encore le maintien et le développement de cinémas.

Pour ces derniers, les exemples d'initiatives locales qui ont permis d'éviter des fermetures préjudiciables à l'animation locale sont nombreux. Ces initiatives expliquent très largement le bon maillage du territoire, lequel est doté de 4 400 salles réparties dans 1 700 communes.

Les municipalités se sont particulièrement investies pour maintenir des salles de cinéma soit en assurant leur gestion directe en régie (116 salles) soit, plus souvent, en concédant leur gestion à des associations (594 salles) ou à d'autres structures privées (407 salles). Les départements et les régions apportent également de plus en plus leur soutien dans ce domaine, soit en subventionnant des festivals ou des salles, soit en menant des actions en faveur des jeunes.

Enfin, l'effort d'équipement des collectivités locales devrait -si les entraves budgétaires ne les en empêchent- demeurer élevé dans les prochaines années au regard des besoins qui existent et qui sont mis en avant -votre rapporteur y reviendra- par diverses réglementations, notamment dans le domaine de l'environnement ou de la sécurité des bâtiments publics.

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