b) Mieux prendre en compte la spécificité de la fonction publique territoriale

A la différence de la fonction publique de l'Etat, la fonction publique territoriale se caractérise par la multiplicité et la diversité des employeurs, dont les besoins en personnel sont très variés.

Cette spécificité nécessite que soit préservée une certaine souplesse dans la gestion des personnels des collectivités locales, sans pour autant remettre en cause le cadre du statut général de la fonction publique.

S'agissant des moyens humains, l'enjeu des prochaines années sera donc de parvenir à mieux prendre en compte la spécificité de la fonction publique territoriale.

1.- Le souhait d'une concertation approfondie avant toute réforme

La prise en compte de cette spécificité implique tout d'abord une concertation préalable approfondie avec les associations d'élus représentant les employeurs de la fonction publique territoriale, avant toute transposition d'une réforme concernant la fonction publique de l'Etat.

Une telle concertation apparaît en effet indispensable pour prévoir les adaptations nécessaires à l'application aux personnels des collectivités territoriales de mesures décidées au niveau de la fonction publique de l'Etat.

Elle a notamment été vivement souhaitée par MM. Charles Josselin et Pierre-Rémy Houssin, représentants de l'APCG, au cours de leur audition par le groupe de travail.

2.- Des adaptations statutaires à envisager pour mieux répondre aux besoins des collectivités

Sans qu'il soit question de remettre en cause le principe d'un statut général de la fonction publique territoriale, la prise en compte de la spécificité de cette fonction publique conduit aussi à envisager une adaptation des règles statutaires pour répondre plus efficacement aux besoins des collectivités.

L'application des règles statutaires en vigueur peut actuellement soulever de réelles difficultés pour l'exercice de certains métiers nouveaux ou très spécifiques, ainsi que l'a notamment souligné M. Jean-Jacques Hyest.

A titre d'exemple, les collectivités éprouvent fréquemment des difficultés pour recruter des informaticiens qualifiés dans le cadre du statut actuel de la fonction publique territoriale.

L'apparition de nouveaux métiers devrait donc être mieux prise en compte par les statuts particuliers des cadres d'emplois.

En outre, des statuts particuliers ne pouvant être mis en place pour certains métiers très spécifiques, ne faudrait-il pas envisager dans ce cas un assouplissement des possibilités de recours aux agents contractuels ?

Ainsi que l'a souligné M. Jean-Paul Delevoye devant le groupe de travail, le statut de la fonction publique territoriale, caractérisé par sa pérennité, s'avère inadapté à l'exercice de certaines missions ponctuelles qui, par nature, sont limitées dans le temps (réalisation d'un projet d'équipement par exemple) ; dans cette éventualité, le recours à des agents contractuels ayant la qualification requise, pour une durée déterminée, apparaît de même plus opportun que le recrutement d'un fonctionnaire titulaire ne présentant pas forcément un profil adapté.

La possibilité d'un recrutement direct, sans concours, de certains agents d'exécution, introduite à l'initiative du Sénat dans la loi du 27 décembre 1994, a par ailleurs contribué à un assouplissement positif apportant une réponse à la lourdeur des procédures de recrutement. Peut-être serait-il opportun de réfléchir à une extension des éventualités dans lesquelles ce recrutement direct d'agents titulaires peut être envisagé ?

D'autre part, ne faudrait-il pas envisager, ainsi que l'a suggéré M. Jean-Paul Delevoye, de prévoir une différenciation des règles applicables suivant la taille des collectivités, les besoins en personnels d'une petite commune et d'une grande ville étant fort différents ? En effet, les petites communes souhaitent disposer de fonctionnaires polyvalents, alors que la gestion des grandes villes nécessite le recours à des techniciens hautement spécialisés.

Les établissements publics de coopération intercommunale doivent également disposer de compétences adaptées à la spécificité de leurs besoins.

Exposant devant le groupe de travail le point de vue de l'Association des districts et communautés de communes de France, M. Dominique Braye a notamment estimé que les règles de la fonction publique territoriale ne permettaient pas de satisfaire cet objectif et que les groupements de communes devraient être autorisés à recruter plus largement des agents contractuels.

M. Jean-Paul Delevoye a à cet égard proposé que des adaptations statutaires soient recherchées pour prendre en considération le développement de la coopération intercommunale.

Enfin, des assouplissements doivent être mis en oeuvre afin de remédier aux effets pervers de l'application rigide des seuils et des quotas et de garantir une progression de carrière satisfaisante aux agents souhaitant rester dans la même collectivité.

Les difficultés suscitées par les règles d'encadrement actuelles des régimes indemnitaires justifient-elles qu'il soit également envisagé de leur apporter certains assouplissements, comme le demande la proposition de loi précitée présentée par M. Charles Pasqua et plusieurs de nos collègues ?

Pour sa part, M. Robert Pagès s'est déclaré réservé vis à vis des souhaits exprimés en faveur d'assouplissements du statut de la fonction publique territoriale, craignant que ces assouplissements se traduisent par des entorses systématiques du cadre statutaire général.

3.- Le besoin d'un personnel d'encadrement qualifié et le nécessaire renforcement de la mobilité avec la fonction publique de l'Etat.

Ainsi que l'ont notamment souligné MM. Lucien Lanier et Jean-Jacques Hyest devant le groupe de travail, les collectivités territoriales ont aujourd'hui besoin d'un personnel d'encadrement qualifié susceptible d'informer efficacement les élus sur la réglementation en vigueur.

A cette fin, la mise en place d'une formation des administrateurs territoriaux au moins en partie commune avec celle des administrateurs de l'Etat apparaît opportune. Elle pourra être réalisée à la faveur du transfert à Strasbourg de l'Institut des études supérieures de la fonction publique territoriale, qui a été décidé, le 9 janvier 1997, par le conseil d'administration du CNFPT, ainsi que l'a indiqué au cours de son audition M. Jean-Pierre Soisson, président de ce conseil d'administration. Selon lui, la proximité de ce nouvel établissement avec l'ENA pourrait permettre de développer la mobilité entre fonction publique territoriale et fonction publique de l'Etat.

Le renforcement de cette mobilité vis à vis de la fonction publique de l'Etat , qui reste encore très limitée aujourd'hui, est en tout cas apparu nécessaire au groupe de travail.

M. Lucien Lanier a notamment souhaité la mise en place de passerelles permanentes entre la fonction publique de l'Etat et la fonction publique territoriale.

Peut-être faudra-t-il un jour envisager l'instauration d'une mobilité obligatoire des cadres supérieurs de la fonction publique territoriale dans la fonction publique de l'Etat et vice versa ?

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