B. DES CONSEQUENCES LIMITEES SUR LE FONCTIONNEMENT DE LA COMMUNAUTÉ

1. Une place réduite dans la vie des institutions

a) De la subsidiarité à la simplification législative

Certains Etats membres se sont préoccupés, au cours de l'année 1993, de concrétiser le principe de subsidiarité en élaborant des listes de textes -non encore adoptés ou déjà en vigueur- jugés contraires au principe de subsidiarité, et devant donc être retirés ou (partiellement ou totalement) abrogés. Cette démarche reprenait, pour l'amplifier, celle qu'avait adoptée la Commission européenne au sommet d'Edimbourg, en annonçant le retrait de certains projets et le réexamen de la législation existante.

Dès la fin de 1992, la Grande-Bretagne a élaboré une liste d'une trentaine de textes à retirer, à abroger ou à simplifier ; au début 1993, des Länder allemands ont préparé à leur tour une liste, plus étoffée que la liste anglaise qu'elle recoupait au demeurant en partie ; après le changement de majorité de mars 1993, la France s'est associée à ce mouvement dans le cadre d'une liste commune franco-anglaise, présentée en juillet 1993 ; enfin, en novembre 1993, l'Allemagne a présenté une liste d'une soixantaine de textes à retirer ou à revoir.

Ces listes n'avaient d'autre valeur que celle d'une contribution au débat : la Commission ayant le monopole de l'initiative des textes, elle seule peut décider le retrait d'un de ses projets ou proposer d'abroger ou de modifier des textes communautaires en vigueur.

On peut d'ailleurs se demander si ce type de démarche a beaucoup contribué au progrès de la réflexion communautaire sur le principe de subsidiarité. En mettant l'accent sur le caractère inutilement détaillé de la réglementation sur certains points, la présentation de ces listes a déplacé le débat vers le principe de proportionnalité (3 ème alinéa de l'article 3B), tandis que le débat sur le principe même des interventions communautaires dans certains domaines sous forme de programmes se trouvait occulté. Que la réglementation communautaire soit parfois tatillonne (suivant en cela, dans bien des cas, l'exemple des réglementations nationales) n'est pas le manquement le plus préoccupant au principe de subsidiarité : ce sont le plus souvent des actions de la Communauté, menées sous forme de programmes spécifiques, ou de programmes mis en oeuvre par le biais des fonds structurels, qui peuvent paraître d'une efficacité incertaine et d'un coût comparativement élevé, et donc s'avérer particulièrement critiquables au regard du principe de subsidiarité.

Toujours est-il que la Commission s'est appuyée sur la présentation de ces listes de textes par les Etats membres pour ramener plus encore le débat sur la subsidiarité à un exercice de simplification de la législation communautaire . Tout en refusant la plupart des retraits ou abrogations qui lui étaient demandées, sauf lorsqu'ils concernaient des textes dont elle avait déjà elle-même annoncé l'abandon ou la révision, la Commission a indiqué qu'elle prendrait en compte certains aspects des demandes des Etats dans le cadre d'un travail d'ensemble de refonte de la législation communautaire, qui a depuis lors en grande partie tenu lieu de mise en oeuvre du principe de subsidiarité.

On peut noter par ailleurs que ces différentes listes ont donné une illustration aussi involontaire que saisissante des dysfonctionnements du Conseil. L'absence de régulation véritable entre les différentes formations du Conseil, non seulement à l'échelon de l'Union, mais aussi à l'intérieur même des Gouvernements des Etats membres, s'est manifestée dans le fait que l'Allemagne, la Grande-Bretagne ou la France approuvaient certains projets dans des Conseils spécialisés au moment même où ils en demandaient le retrait par la bouche d'autres ministres. Dans le cas de la France, la Commission a pu faire savoir que la plupart des textes déjà adoptés dont la liste franco-britannique demandait l'abrogation avaient été élaborés à partir de demandes françaises. De fait, la mode des listes de textes a disparu avec l'année 1993.

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