2. La Commission

La proposition présentée par le Gouvernement français dans le cadre de la préparation de la CIG, de réduire à une dizaine le nombre des membres de la Commission, irait dans le sens d'une meilleure application du principe de subsidiarité, car elle permettrait à chaque commissaire de gérer un véritable domaine de compétences, alors que l'actuelle Commission de vingt membres est incitée à tenter d'élargir les compétences de l'Union pour que chaque commissaire dispose de responsabilités significatives.

Les premiers débats de la CIG ont cependant permis de constater que cette proposition rencontre une forte opposition de la part des " petits " Etats, qui tiennent à conserver leur droit de nommer chacun un membre de la Commission.

A supposer que la proposition française ne soit finalement pas retenue, il serait à tout le moins nécessaire que le rôle du Président de la Commission soit renforcé pour lui permettre de limiter les dérives découlant du nombre trop important de commissaires par rapport aux compétences véritables de l'Union si l'on tient compte du principe de subsidiarité. Dans ce sens, le Président de la Commission devrait être spécialement chargé, pour ce qui concerne la Commission, du respect de ce principe et devrait disposer à cet effet du pouvoir de bloquer toute initiative qui lui paraîtrait contraire à celui-ci.

Cependant, une organisation plus resserrée, ou du moins plus cohérente de la Commission européenne aurait sans doute des effets limités si elle ne s'étendait pas à ses services. Là où il y a un bureau, il y a un projet d'intervention : aussi longtemps que les services de la Commission seront subdivisés en vingt-deux directions générales couvrant tous les domaines d'action d'un Gouvernement dans un Etat centralisé, la Commission continuera à proposer des interventions dans ces différents domaines et tentera avec constance d'élargir son champ d'action ; une réorganisation des services de la Commission autour des tâches incombant clairement à la Communauté contribuerait à une meilleure application du principe de subsidiarité , sans d'ailleurs que la moindre modification des Traités soit nécessaire pour cela.

3. Le Parlement européen

a) Rationaliser les travaux du Parlement européen

Le Parlement européen est d'autant moins porté à respecter le principe de subsidiarité que, jusqu'à présent, les Traités ne lui ont pas appliqué les techniques du parlementarisme rationalisé. Cette lacune, compréhensible tant que les pouvoirs du Parlement européen restaient d'ordre consultatif, est devenue plus difficile à justifier depuis que le traité de Maastricht a accordé à l'Assemblée de Strasbourg des pouvoirs importants. On peut se demander s'il est raisonnable, dans ce nouveau contexte, que cette Assemblée qui, par nature, est très éloignée des citoyens et qui, du fait du scrutin proportionnel et de l'absence de possibilité d'une dissolution, n'est pas en situation de responsabilité vis-à-vis du corps électoral, continue à n'être pas dotée d'une " loi fondamentale " qui encadrerait ses travaux.

Il serait tout d'abord nécessaire à cet égard que soit adopté un " article 40 " européen qui oblige le Parlement européen à respecter le plafond des dépenses fixé par le Conseil et à compenser toute augmentation d'une dépense non obligatoire par la diminution d'une autre dépense non obligatoire. Une plus grande maîtrise des dépenses non obligatoires, qui concernent par définition des domaines de compétence partagée entre l'Union et les Etats membres, favoriserait en effet à l'évidence une meilleure application du principe de subsidiarité.

Mais la " loi fondamentale " devrait également inclure des règles conduisant le Parlement européen à s'en tenir aux pouvoirs que lui attribuent les traités et à respecter les limites des compétences de l'Union. L'absence de telles règles conduit depuis des années à des controverses politico-juridiques pratiquement permanentes, donnant périodiquement lieu à des compromis interinstitutionnels qui peuvent s'écarter très sensiblement des traités (9( * )) . Il en résulte une situation où ni les compétences du Conseil, ni celles des Etats membres ne sont protégées face à la tendance du Parlement européen à déborder de ses prérogatives, telles que les fixent les traités ; et la Commission européenne s'appuie régulièrement sur les interventions du Parlement européen dans les domaines les plus divers -interventions dont la portée juridique peut être très variable- pour justifier ses propositions tendant à élargir les compétences communautaires.

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