c) Les travaux du Parlement européen

Le 18 novembre 1992, le Parlement européen a adopté une résolution " sur la mise en oeuvre du principe de subsidiarité " , se situant dans la perspective d'un " accord interinstitutionnel " (entre le Conseil, la Commission et le Parlement européen) définissant les conditions de cette mise en oeuvre.

La mise en oeuvre de la subsidiarité selon le Parlement européen

Dans ce texte, le Parlement européen définit comme suit les principes qu'il souhaite voir figurer dans le futur accord interinstitutionnel :

- " le contrôle du respect du principe de subsidiarité s'effectue à l'occasion du processus de décision communautaire, conformément aux règles de vote prévues par le Traité, et ne saurait se traduire ni par une remise en cause du droit d'initiative tel qu'il est prévu par le Traité sur l'Union européenne, ni par la mise en place d'une procédure de consultation du Conseil préalable ou parallèle au déroulement du processus décisionnel prévu par les Traités et par les accords interinstitutionnels qui en découlent,

- " les trois institutions, dans le cadre de leur procédure interne et à l'occasion de l'examen de la base juridique, vérifient systématiquement la conformité de l'action envisagée aux dispositions de l'article 3B du Traité sur l'Union européenne tant en ce qui concerne le choix des instruments juridiques que le contenu (coordination ou rapprochement ou harmonisation des législations) : la vérification ne peut donc être disjointe de l'examen au fond,

- " toute proposition de la Commission comporte un exposé des motifs contenant une justification par rapport au principe de subsidiarité tel qu'il est défini par l'article 3B du Traité,

- " tout amendement au texte initial proposé par le Parlement européen et par le Conseil doit, dès lors qu'il entraîne une nouvelle extension du champ d'intervention communautaire, être assorti d'une justification au regard des principes fixés par l'article 3B,

- " la Commission établit un rapport annuel à l'intention du Parlement européen et du Conseil sur le respect du principe de subsidiarité ; le Parlement européen organise un débat public sur ce rapport avec la participation de la Commission et du Conseil ".


L'essentiel est dit dans les deux premiers paragraphes, où le Parlement européen reprend à son compte la principale revendication de la Commission, sous une forme à peine différente (" La vérification ne peut être disjointe de l'examen au fond ") : le Conseil ne doit pas se prononcer de manière spécifique, ni avant la présentation officielle d'une proposition, ni lors de l'examen de celle-ci, sur le respect du principe de subsidiarité ; dans le cas contraire, on risquerait d'assister à une " remise en cause du droit d'initiative " de la Commission européenne. L'argument avancé paraît d'ailleurs toujours aussi peu convaincant : en quoi la possibilité, pour le Conseil, de refuser une proposition de la Commission au nom de l'exigence de subsidiarité remettrait-elle en cause le pouvoir d'initiative de la Commission ? Ou alors faut-il admettre que le droit d'initiative de la Commission inclut le droit pour celle-ci de voir ses propositions adoptées à tout coup ?

Les autres paragraphes de la résolution apportent peu d'éléments supplémentaires.

Le Parlement européen souhaite que la Commission justifie désormais ses propositions au regard du principe de subsidiarité : cette règle était déjà acquise lors du Conseil européen de Lisbonne, quelques mois avant l'adoption de la résolution.

L'Assemblée de Strasbourg demande également que tout amendement aux propositions de la Commission qui tendrait à entraîner " une nouvelle extension du champ d'intervention communautaire " soit assorti d'une " justification " au regard de l'article 3B. Même si les conditions d'application d'une telle demande sont laissées dans le vague, il s'agit là d'un louable souci, mais la garantie proposée peut paraître bien mince, à moins de supposer que le Conseil ou le Parlement aient eu coutume auparavant d'étendre à la légère le " champ d'intervention communautaire " par leurs amendements.

Enfin, le Parlement européen suggère que la Commission présente un rapport annuel sur le respect du principe de subsidiarité, donnant lieu à un débat devant lui ; cette suggestion est certes intéressante, mais faire du Parlement européen et de la Commission les deux acteurs essentiels du débat sur la subsidiarité, est-ce le meilleur moyen de protéger les compétences des Etats membres ?

Au total, la résolution du Parlement européen et la communication de la Commission convergent pour estimer que les conditions d'application du principe de subsidiarité doivent être fixées par un " accord institutionnel ", c'est-à-dire une formule qui leur laisse à tous deux un droit de veto, et que cet accord doit exclure tout contrôle spécifique du Conseil sur le respect de ce principe, ce respect devant essentiellement reposer sur l'autodiscipline de la Commission européenne.

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