La fiscalité excessive

Non seulement la fiscalité qui pèse sur les banques est supérieure à celle des autres secteurs économiques, mais l'évolution récente tend à faire des établissements de crédit des auxiliaires bénévoles du fisc.

Les impôts spécifiques aux banques

Comme toutes les autres entreprises, les banques acquittent l'impôt sur les sociétés et les impôts locaux. Mais elles supportent en plus la taxe sur les salaires (à laquelle il faut ajouter les problèmes résultant du non assujettissement à la TVA) et la contribution des institutions financières 73( * ) .

La taxe sur les salaires et le problème connexe de assujettissement à la TVA

Sans équivalent dans les pays européens, la taxe sur les salaires a été imposée aux banques, ainsi qu'aux assurances et à certaines associations, afin de tenir lieu de TVA. Elle se justifie, d'une part, en raison des difficultés d'appréhender fiscalement la valeur ajoutée produite par ces entreprises, d'autre part et surtout, s'agissant des banques, des risques d'augmentation des taux d'intérêt liés à assujettissement à la TVA des opérations de crédit bancaire.

Cette taxe représentait, en 1994, environ 5 milliards de francs pour les seules banques AFB et près de 9 milliards de francs pour l'ensemble du secteur bancaire.

Par rapport à la TVA, la taxe sur les salaires comporte deux inconvénients majeurs. D'une part, elle ne donne pas lieu à déduction, ce qui signifie que les banques doivent l'inclure dans leurs prix de revient, sans que les entreprises clientes puissent la récupérer. D'autre part, elle n'est pas proportionnelle mais progressive 74( * ) . Elle frappe donc davantage les entreprises qui utilisent une main d'oeuvre abondante ou bien rémunérée. On observera en outre que les tranches du barème, fixées en 1979 n'ont fait l'objet d'une actualisation que depuis 1989 et qu'en conséquence le poids de l'impôt s'est accru plus vite que la masse salariale.

Elle handicape donc le secteur bancaire à trois points de vue :

- elle a un effet négatif sur l'emploi et incite les banques françaises à se délocaliser ;

- elle place nos banques en situation défavorable par rapport à leurs concurrents étrangers
; cet handicap a du reste été reconnu par le Conseil des impôts dans son quatorzième rapport sur la " fiscalité et la vie des entreprises " (octobre 1994) ;

- elle prive les banques de la récupération de la TVA qui leur est facturée. Selon l'AFB, ce phénomène de rémanence était estimé en 1994 à 4,5 milliards de francs. Comme le fait observer le Commissariat général au plan, ce phénomène a des effets d'autant plus importants en termes de compétitivité internationale que le taux moyen de TVA est plus élevé en France qu'à l'étranger. En outre, il a été aggravé par l'article 17 de la loi de finances rectificative pour 1993 qui prohibe la récupération de la TVA pour les immobilisations et les frais généraux susceptibles d'être affectés à l'encaissement des dividendes.

Toutefois, comme le souligne le rapport du Commissariat général au plan, pour considérer que ces charges non récupérables sont, en partie au moins, répercutées auprès de la clientèle des banques, freinant de ce fait la capacité des banques à répercuter la baisse des taux d'intérêt.

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