B. COMMUNICATION DE M. DENIS BADRÉ SUR LE RÉGIME DÉFINITIF DE TVA EN EUROPE

Le mardi 30 septembre 1997, la délégation a entendu une communication de M. Denis Badré sur son entretien avec M. Mario Monti, Commissaire européen chargé du marché intérieur et de la fiscalité, sur le régime définitif de TVA en Europe.

M. Denis Badré explique que l'entretien qu'il a eu le 9 septembre 1997 avec le commissaire européen s'inscrit dans le prolongement des précédents travaux de la délégation du Sénat en matière de TVA. Il rappelle que la délégation a ainsi entendu le 18 février 1997 M. Alain Lamassoure, ministre délégué au budget avant l'adoption, le 19 mars 1997, d'un rapport d'information sur le régime définitif de TVA en Europe ainsi que d'une proposition de résolution concernant le régime de TVA applicable aux services de télécommunications.

Puis il rappelle les conclusions auxquelles est alors parvenue la délégation : si le régime actuel, dit " transitoire ", n'affecte pas le fonctionnement du marché commun, il n'en comporte pas moins de graves insuffisances. Le système a modifié en effet sensiblement la manière d'exercer les contrôles si bien que des mécanismes de fraudes se sont développés qui peuvent expliquer - en partie - des pertes de TVA dans les Etats-membres; le système européen d'information statistique sur les échanges de marchandises (Intrastat) souffre par ailleurs de graves déficiences ; c'est pourquoi des efforts doivent être menés pour améliorer le système actuel dans l'attente des conditions définitives pour la mise en place du régime commun de TVA.

M. Denis Badré développe ensuite les raisons pour lesquelles la Commission européenne a présenté, lors du Conseil Ecofin de Vérone des 12 et 13 avril 1996, un document d'orientation sur la fiscalité qui insiste, pour la première fois, sur les problèmes de concurrence déloyale entre Etats membres. C'est dans le prolongement du Conseil de Vérone que la Commission a alors présenté, le 22 juillet 1996, un programme de travail pour la mise en place d'un régime définitif de TVA, qui serait susceptible, selon elle, de pouvoir remédier aux évasions de la matière fiscale dans le domaine de la TVA intra-communautaire.

Abordant l'entretien avec le commissaire européen, M. Denis Badré souligne le pragmatisme de la Commission qui penche en faveur de formules de coordination souple entre les Etats membres. La proposition d'un code de bonne conduite entre Etats répond à cette préoccupation ; il porterait essentiellement sur l'impôt sur les sociétés et sur certains aspects de la TVA. La Commission propose par ailleurs aux Etats membres la transformation de l'actuel Comité de la TVA en comité de réglementation, transformation qui offrirait l'opportunité de régler les cas de non-taxation en raison de l'évolution de la jurisprudence de la Cour de Justice des communautés européennes. Le commissaire Mario Monti est cependant d'avis que la solution aux fraudes relatives à la TVA intra-communautaire réside dans le régime définitif qui permettrait, seul, de mettre fin aux insuffisances de la coopération entre les administrations fiscales nationales.

M. Denis Badré expose enfin les développements actuels de la fiscalité en Europe après le Conseil des ministres Ecofin qui s'est tenu à Mondorf les bains (Luxembourg), le 15 septembre 1997. Le commissaire européen a obtenu un mandat renouvelé pour le groupe de politique fiscale qui fera rapport au prochain Conseil des ministres Ecofin du 13 octobre 1997 ; le Conseil européen du 21 novembre sera également informé des progrès enregistrés en matière de lutte contre la défiscalisation compétitive en Europe.

M. Christian de La Malène s'inquiète de savoir si l'harmonisation de la fiscalité est envisageable sans harmonisation des charges fiscales et des dépenses de protection sociale. Il fait également valoir que les Etats-Unis d'Amérique ont maintenu une fiscalité différente selon les Etats qui ne semble pas handicaper le fonctionnement du marché nord-américain. Enfin, il s'interroge sur le point de savoir si des systèmes fiscaux nationaux sont transposables dans d'autres pays que ceux dans lesquels ils ont été conçus, alors même que les administrations fiscales sont très différentes.

M. Denis Badré estime qu'une harmonisation de la fiscalité en Europe ne peut s'envisager qu'en prenant en compte l'ensemble des charges qui pèsent sur les entreprises. Par ailleurs, l'exemple américain montre que tous les éléments de la fiscalité n'ont pas nécessairement vocation à être harmonisés. Enfin, il est évident que les systèmes nationaux ne peuvent être simplement transposés dans les autres Etats membres.

Répondant à une question de M. Lucien Lanier sur la concurrence fiscale entre Etats membres, M. Denis Badré estime qu'il convient de faire une différence entre la concurrence, qui s'exerce dans un cadre légal, et la fraude fiscale. Répondant enfin à une question de M. Emmanuel Hamel , M. Denis Badré estime que la Commission européenne est très consciente de la nécessité de lutter contre la fraude fiscale.

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