12. Le respect par la Turquie de ses engagements - Intervention de M. Jean VALLEIX, député (RPR) (Jeudi 25 avril)

Le rapporteur indique que la Grande Assemblée nationale turque a adopté depuis avril 1995 plusieurs réformes constitutionnelles et juridiques qui vont dans le sens de la recommandation 1266 (1995) concernant l'intervention militaire turque dans le Nord de l'Irak et le respect par la Turquie des engagements sur la réforme constitutionnelle et législative.

Bien que les forces turques aient été retirées du territoire de l'Irak, il faut que la Turquie s'engage clairement à rechercher une solution pacifique au problème kurde.

Les autorités turques -et notamment le nouveau Parlement- devraient être encouragées à poursuivre les réformes juridiques pour améliorer la conformité de la Constitution et de la législation avec les principes et normes du Conseil de l'Europe.

Le Comité des ministres est invité à évaluer l'évolution de la situation dans le cadre de sa procédure de suivi.

M. Jean VALLEIX, député (RPR) , intervient dans le débat en ces termes :

" Mes chers collègues, je veux tout d'abord m'associer aux compliments adressés à nos rapporteurs, car je crois qu'ils nous ont présenté un dossier à la fois très complet et très responsable.

" Notre débat est certainement d'un haut intérêt -ce n'est pas la première fois-, parce qu'il concerne un pays important, important dans notre Europe libre. Imaginons ce qu'eut été le sort de l'Europe si, en 1945, la Turquie ne s'était pas confirmée dans sa volonté de choisir les structures de république neutre et de modèle occidental, dans un pays qui, comme vous le savez d'ailleurs, est à 95 % musulman.

" Nous savons également que la Turquie est un pays important de part sa dimension et sa situation. Notre collègue M. Demiralp a eu raison de rappeler quelles sont les frontières, par conséquent les voisins de la Turquie, ce qui est de nature à poser plus d'un problème. La Turquie est un grand pays, divers, puissant, qui connaît une progression démographique annuelle de 3 %, important aussi de par les données naturelles et parce que l'évolution en cours est considérable.

" Nous avons vécu -et certains parfois à des responsabilités d'élus- des expériences en Turquie qui se sont traduites, par exemple, par l'intervention du pouvoir militaire. Je ne vous cache pas que, voilà quelques mois, je me demandais si, dans la crise vécue actuellement par la Turquie, nous n'allions pas, une fois de plus, déboucher sur une solution militaire, en reconnaissant toutefois que les solutions militaires ont chaque fois permis à la Turquie un retour aux pratiques civiles et démocratiques. Cette fois-ci nous nous sommes maintenus malgré la crise et je crois qu'il faut en savoir gré à nos amis turcs. Ils pourraient nous dire que cela ne nous regarde pas. Qu'ils sachent toutefois que nous y sommes sensibles et que c'est une marque de maturité supplémentaire en démocratie.

" Raison de plus pour souhaiter la bienvenue à la nouvelle délégation turque et lui dire combien nous sommes prêts à l'aider dans ses démarches pour surmonter ces difficiles problèmes. La crise politique semble être surmontée -pas facilement- mais il y a aussi une autre crise liée au problème kurde. Parler d'amnistie, pourquoi pas ? Mais il faut faire attention, car cela suppose une prise de responsabilité partagée.

" Il faut par conséquent que des initiatives soient prises, de manière responsable, de part et d'autre. Nous devons comprendre que la difficulté réside à la fois dans notre discrétion et notre insistance à aider nos amis turcs à aller dans cette direction. La discrétion est nécessaire dans la mesure où rien n'est plus difficile à maîtriser.

" Nous prenons en compte les évolutions constitutionnelles positives, et nous nous en réjouissons. Nous ne pouvons que faire en sorte qu'elles aillent de l'avant.

" J'ajoute que l'on ne dit peut-être pas assez que la population kurde est quand même, de facto , assez largement représentée. Ainsi, la Grande Assemblée nationale turque ne comprend pas loin de 200 parlementaires d'origine kurde, tout à fait kurdes, si vous me pardonnez l'expression, qui siègent en son sein. Et le Sud-Est kurde, dans sa profonde évolution économique, conduite en Turquie sans aide internationale, je le note, offre une chance -espérons-le- à cette région.

" Pour tout pays, il reste beaucoup à faire en matière de démocratie. Je suis du pays de Montesquieu, qui a parlé de l'influence des climats en démocratie, constatant déjà que la monarchie constitutionnelle britannique ne pouvait pas s'instaurer comme telle en France, parce qu'il y avait déjà le Channel entre nous. Nous pouvons comprendre les aspirations de chacune et de chacun et leurs traductions parfois différentes. Je suis de ceux et je pense que nous sommes nombreux qui rappellent avec une égale force à nos amis turcs notre fermeté ainsi que notre confiance. "

La recommandation n° 1298 contenue dans le rapport 7445 est adoptée après amendement.

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