2. Allocution de M. le Président du Parlement d'Arménie

M. ARARKTSIAN, Président de l'Assemblée nationale d'Arménie exprime, au nom de son Parlement, sa gratitude sincère pour la confiance qu'a manifestée le Conseil de l'Europe envers l'Arménie en lui conférant le statut d'invité spécial. C'est sans doute la récompense des efforts accomplis, mais c'est aussi une incitation à poursuivre la construction d'une société démocratique et à avancer dans la voie de l'économie de marché.

M. Ararktsian est convaincu que le processus est désormais irréversible et qu'avec l'appui du Conseil, l'Arménie atteindra ses objectifs, notamment en ce qui concerne le respect des droits de l'homme. C'est donc avec fierté qu'elle se joindra à la famille européenne des Etats de droit.

Depuis la déclaration d'indépendance de 1991, le pays a parcouru un chemin ardu. Le 5 juillet 1995, une constitution a enfin été adoptée par référendum et à cette occasion le peuple a nettement manifesté sa volonté de créer un Etat souverain et démocratique. Un nouveau Parlement a été élu, où sont représentés douze des quarante-neuf partis officiellement enregistrés. Les élections ont été remportées par un bloc de la république, qui en regroupe six, et M. Ararktsian tient à préciser que le Parti des femmes est arrivé en seconde position. Ce Parlement s'est attelé à la création des institutions prévues par la constitution : une cour constitutionnelle a été mise en place et l'indépendance du pouvoir judiciaire sera bientôt garantie, ainsi que l'autonomie de pouvoirs locaux pleinement restaurés.

Le conflit du Haut-Karabakh n'est toujours pas réglé, et cela affecte considérablement l'Arménie. Les autorités nationales demeurent convaincues que le problème doit être résolu par le dialogue politique, étant entendu que le cessez-le-feu conclu il y a deux ans doit absolument être maintenu.

L'Arménie a aussi à créer de nouvelles structures économiques. Elle a lancé la privatisation des terres et l'Assemblée Nationale a décidé d'étendre le processus à quelque 9 000 entreprises ou unités de production d'ici à 1997. Une fois ce programme mené à bien, la privatisation sera pratiquement achevée. Le pays souffre toutefois d'un handicap grave : le blocus que lui imposent l'Azerbaïdjan et la Turquie depuis cinq ans. Il doit en outre prendre en charge les 700 000 victimes du tremblement de terre de Spitak, ainsi que 500 000 réfugiés d'Azerbaïdjan.

M. Ararktsian souhaite que la communauté internationale aide son pays à retrouver le chemin de la paix et du développement. L'Arménie a une longue tradition culturelle et spirituelle : ne s'apprête-t-elle pas à célébrer le 1 700ème anniversaire de sa christianisation ? Depuis 301, elle a maintenu sa foi, en dépit des guerres, des invasions, des massacres. Aujourd'hui, elle attache le plus grand prix à sa participation aux institutions internationales, persuadée que la sécurité internationale, condition du progrès, ne peut être obtenue que par un effort commun. Elle s'est préparée à cette intégration et sa détermination à entrer dans la maison commune l'a tout naturellement poussée à demander son adhésion au Conseil de l'Europe.

En ce 24 avril, toute personne de bonne volonté ne peut qu'avoir une pensée pour les victimes du génocide commis en 1915 par la Turquie ottomane. Ce fut le premier génocide du XX e siècle et plus d'un million et demi d'Arméniens y disparurent. De la reconnaissance du fait et de sa condamnation dépend beaucoup pour l'humanité : il ne s'agit de rien de moins que de savoir si elle restera à l'abri d'un nouveau geste de terreur.

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