3. La Communication du Comité des ministres à l'Assemblée (Mercredi 24 avril)

M. Helveg PETERSEN, ministre des Affaires étrangères du Danemark, Président en exercice du Comité des ministres, prononce le discours dont la traduction suit :

" Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs, c'est un grand honneur pour moi que de prendre la parole devant votre Assemblée juste une semaine avant la fin de la présidence danoise du Comité des ministres. Ce m'est également un plaisir de vous rendre compte des progrès réalisés sous les principales "rubriques" auxquelles je me référais lorsque je me suis adressé à vous en janvier dernier, tout juste après que vous soyez, Madame la Présidente, entrée en fonction.

" Je me réfère en particulier à quatre sujets qui ont dominé l'ordre du jour tant de l'Assemblée parlementaire que du Comité des ministres au cours des six derniers mois, à savoir :

- l'élargissement, et plus particulièrement l'adhésion de la Russie en tant que 39ème Etat membre ;

- les efforts déployés pour promouvoir les droits de l'homme et la démocratie en Bosnie-Herzégovine et dans la région ;

- la question du respect des engagements -le "suivi"- qui prend aujourd'hui une importance croissante alors que notre Organisation doit concilier les idéaux, qui sont sa raison d'être, et sa nouvelle vocation paneuropéenne ;

- la nécessité de dégager des moyens budgétaires adéquats, au sein du Conseil de l'Europe, pour lui permettre de relever les nouveaux défis exigeants qui se poseront à lui à l'avenir.

" Parmi les autres questions que je mentionnerai figurent les suites données aux directives du Sommet de Vienne concernant la protection des minorités et la lutte contre l'intolérance, et aussi la démocratie locale suite à l'initiative de mon pays de convoquer une conférence, la semaine dernière, à Copenhague, pour marquer le dixième anniversaire de la Charte européenne de l'autonomie locale.

" Je prends un vif plaisir à souhaiter la bienvenue, en tant que participants à part entière à leur première session plénière, aux représentants du Parlement russe. Depuis le 28 février, lorsque le ministre Evgeny Primakov a déposé l'instrument d'adhésion et signé la Convention européenne des Droits de l'Homme, la zone du Conseil de l'Europe s'étend jusqu'aux frontières de la Chine ou de la mer du Japon.

" Plus importante que la géographie est toutefois, d'un point de vue européen, la contribution de la Russie en termes d'enrichissement politique et culturel de notre Organisation. Votre assemblée a, il est vrai, bénéficié notablement, avant l'adhésion de la présence d'invités spéciaux parlementaires, et tout porte à croire que tant l'Assemblée parlementaire que le Comité des ministres tirera grand avantage de la participation de notre plus récent membre. Au sein du Comité des ministres, le ministre Primakov a accepté d'ouvrir le débat, consacré à "la Fédération de Russie au Conseil de l'Europe", lors de la session informelle des ministres qui aura lieu le 2 mai.

" En ce qui concerne la suite de l'élargissement, je note que l'Assemblée a adopté ce matin son avis sur la candidature de la Croatie.

" De même, vous comptez parmi vous, pour la première fois, des invités spéciaux de l'Arménie. Nos délégués ont tenu un dialogue politique avec le ministre des Affaires étrangères arménien le mois dernier, à l'occasion duquel le ministre Papazian a remis la demande d'adhésion de son pays à notre Organisation. Cette demande sera examinée par nos délégués à leur réunion de mai. Un dialogue politique aura lieu au cours de la même réunion avec le ministre des Affaires étrangères de Géorgie et, le mois suivant, avec son homologue d'Azerbaïdjan.

" Dans le contexte de l'élargissement, il est également indiqué de parler du statut d'observateur. Après les Etats-Unis (qui venaient tout juste de devenir observateur lorsque j'ai pris la dernière fois la parole devant cette Assemblée), le Comité des ministres, suite à la réunion de nos Délégués de ce mois, a invité le Canada -en superficie le deuxième pays du monde après la Russie- à devenir observateur dans les mêmes conditions que l'autre grande démocratie d'Amérique du Nord. Comme dans le cas de la résolution concernant les Etats-Unis, cette décision est, évidemment, sujette à l'avis positif de votre Assemblée que, j'en suis sûr, vous ne manquerez pas de donner. Le Japon, lui aussi, après l'avis favorable émis par la Commission permanente en mars dernier, sera sans doute bientôt encore plus étroitement associée aux travaux de notre Organisation, en jouissant d'un statut approprié.

" Un autre aspect de l'élargissement est, évidemment, l'aspect budgétaire, qui a déjà plus d'une fois été l'objet de discussion au sein du Comité mixte. Ce sera également un aspect d'un point, à savoir "adaptation de l'Organisation pour répondre aux nouveaux défis", qui figure à l'ordre du jour de la session ministérielle du 3 mai prochain. A l'issue de notre présidence, j'espère faire en sorte que cette discussion ait une portée directe sur la préparation du budget pour 1997, compte tenu de l'élargissement et des ressources humaines nécessaires pour mettre en œuvre ce budget.

" L'action peut-être la plus importante -et la plus novatrice- du Comité des ministres, depuis que je me suis adressé à cette Assemblée en janvier dernier, concerne les accords de paix pour la Bosnie-Herzégovine et la région. A ce propos, nous nous réjouissons du débat que votre Assemblée consacrera, toute la journée de demain, à la mise en œuvre de l'accord de Dayton, avec la participation d'importantes personnalités. La première des tâches confiées à notre Organisation à Dayton et à Paris a été la désignation de huit des quatorze membres de la Chambre des Droits de l'Homme, notamment son Président, mon compatriote, le professeur Peter Germer. Cela a été fait dans les délais prescrits, ce qui a permis la tenue de la session inaugurale de la Commission des Droits de l'Homme de Bosnie-Herzégovine, composée de la Chambre et d'un médiateur, au cours de la dernière semaine de mars, à Sarajevo.

" Comme les membres de l'Assemblée le savent, Madame la Présidente, la contribution du Comité des ministres est déjà allée bien au delà du simple acte de désignation prévu dans l'accord de paix. Bien que la Commission des Droits de l'Homme y soit décrite comme une "institution de Bosnie-Herzégovine", le Comité des ministres reconnaît que les autorités de l'Etat ne sont pas en mesure, dans l'immédiat, d'en assurer pleinement l'organisation et la dotation en personnel. C'est pourquoi nous aidons votre ancien collègue, Madame l'Ambassadrice Gret Haller, la médiatrice, désignée par l'OSCE, en détachant auprès d'elle, temporairement, deux membres du personnel. Le budget du Conseil de l'Europe a également financée la session inaugurale de la Chambre, qui a eu lieu du 27 au 29 mars à Sarajevo.

" Je crois qu'il est important pour nous de reconnaître que, à l'avenir également, le Conseil de l'Europe devra assumer une certaine responsabilité pour le fonctionnement de la Chambre des Droits de l'Homme. Cette responsabilité recouvre plusieurs domaines, y compris l'appui administratif et logistique général, et des efforts tendent à promouvoir un soutien financier accru du projet.

" Entre-temps, des contributions volontaires sont en train d'arriver en réponse à l'appel aux Gouvernements que j'ai co-signé, le 30 janvier 1996, avec le président en exercice de l'OSCE, le ministre Flavio Cotti et le haut représentant Carl Bildt. A la Conférence des pays et organisations donateurs sur la reconstruction en Bosnie-Herzégovine, tenue les 12 et 13 avril 1996 à Bruxelles, la délégation du Conseil de l'Europe a appelé à des contributions volontaires affectées à la Chambre des Droits de l'Homme et aux autres institutions établies par les Accords de Washington et Dayton. Je réitère chaleureusement mon appui à cet appel et exprime le fervent espoir que des cotisations volontaires proviendront à cette fin non seulement d'Etats membres, mais aussi d'autres relations.

" Le Comité des ministres a également décidé que sa vocation à contribuer à la sécurité démocratique dans la région ne s'arrête pas aux frontières de la Bosnie et Herzégovine. Suite à un dialogue politique entre nos délégués et M. Jacques Klein, qui préside l'Administration transitoire des Nations Unies (ATNUSO) pour la Slavonie orientale, notre Comité a décidé de répondre favorablement aux demandes formulées par l'administrateur transitoire. Celles-ci concernent, plus particulièrement, la désignation d'un Président pour le Comité mixte de mise en œuvre sur les droits de l'homme et une assistance à l'élaboration d'une méthodologie pour la réalisation d'une étude de population en Slavonie orientale.

" En outre, des membres du groupe de spécialistes sur les Roms/Tsiganes de notre Organisation ont été autorisés à effectuer une mission d'observation -à laquelle l'OSCE est associée- sur la situation des Tsiganes en Bosnie et Herzégovine, mission financée par des crédits disponibles sous la rubrique déjà approuvée des " mesures urgentes ".

" Ainsi, Madame la Présidente, la coordination étroite essentielle avec l'OSCE continue d'être assurée et le Secrétaire général, M. Höynck, est, comme le Président de la Commission européenne, invité à la session ministérielle le 3 mai 1996. Le premier point de l'ordre du jour sera "Sécurité démocratique en Bosnie et Herzégovine et dans la région : mise en œuvre des accords de paix, rôle et responsabilités du Conseil de l'Europe".

" Madame la Présidente, s'agissant du "suivi" du respect des engagements, l'Assemblée, depuis l'adoption de la "Directive Halonen", est allée plus vite que la propre procédure de notre Comité. Nos délégués ont récemment pris des décisions à ce propos, essentiellement de nature procédurale, mais aussi reflétant notre volonté politique commune. Il a ainsi été décidé de consacrer les 20 et 21 juin 1996 exclusivement à la question du respect des engagements, sur la base d'un panorama factuel confidentiel et de commentaires écrits s'y rapportant, dans un esprit de non-discrimination et de coopération. A cette réunion, les tendances quant aux domaines principaux de préoccupations particulières émergeront sans aucun doute.

" Une "première série" de réunions consacrée à ce sujet se poursuivra, ainsi en a-t-il été décidé, avec au moins deux jours, par réunion, en octobre et décembre 1996, et en février 1997, pour aboutir à une réunion d'évaluation en avril, moment où des décisions pourraient être prises.

" Permettez-moi de souligner, Madame la Présidente, comme cela a été fait à la dernière session ministérielle, que "cet effort doit être combiné à un appui effectif à tous les efforts de réforme et à la consolidation des structures démocratiques dans les Etats membres".

" Un vigoureux suivi continue d'être donné aux mandats reçus du Sommet de Vienne sur la protection des minorités nationales et la lutte contre le racisme, la xénophobie et l'intolérance.

" Dans le courant de l'année, le nombre de ratifications nécessaires pour l'entrée en vigueur de la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales devrait être atteint.

" Le mois dernier, après avoir examiné le rapport du Comité ad hoc CAHMIN, nos délégués ont confié les mandats nécessaires pour pouvoir prendre les décisions finales requises pour définir en temps voulu le mécanisme de mise en œuvre de la convention-cadre.

" En outre, Madame la Présidente, le 3 mai 1996 -qui est également la journée mondiale de la liberté de la presse- les ministres projettent d'examiner, sous ma présidence, une déclaration sur la protection des journalistes et une déclaration sur les suites de la vaste campagne européenne de la jeunesse, décidée à Vienne pour "mobiliser le public en faveur d'une société de tolérance, fondée sur l'égale dignité de tous ses membres, et contre les manifestations de racisme, de xénophobie, d'antisémitisme et d'intolérance".

" La Déclaration de Vienne a également reflété la préoccupation des chefs d'Etat et de Gouvernement d'accroître la démocratie locale et régionale. Les 17 et 18 avril derniers, à l'initiative de mon Gouvernement, une conférence s'est tenue dans notre capitale, Copenhague, avec la participation de membres de cette Assemblée et, bien sûr, du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux de l'Europe sur " L'autonomie locale en Europe  : la Charte comme mécanisme démocratique de promotion de la subsidiarité "... La participation à cette conférence fut extrêmement bonne, avec plus de trente délégations nationales, dont de nombreuses étaient menées par des ministres. La conférence a attaché une grande importance à la charte envisagée comme texte de référence à être utilisé pour promouvoir les normes élevées de démocratie locale dans tous les Etats membres du Conseil de l'Europe : à l'Est et à l'Ouest. Il faut espérer que le nombre de ratifications -vingt-et-un à ce jour- augmentera dans un proche avenir.

" Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs, en conclusion, je désire une fois de plus souligner l'importance d'une étroite coopération, au Conseil de l'Europe, entre l'Assemblée parlementaire et les représentants des Gouvernements. Dans notre nouvelle Organisation élargie -mais toujours en cours d'expansion- il est particulièrement important de cultiver cette coopération, et je sais que mon successeur de l'autre côté de la Baltique pourra compter sur le maintien de votre appui dans les mois à venir.

" Vendredi prochain, le Comité mixte traitera, comme il est normal, à la fois de la mise en œuvre des accords de paix de Dayton et d'autres questions politiques suscitées par cette partie de session. "

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