b) Une relation difficile à gérer

Une relation bilatérale aussi dense est inévitablement ambivalente et difficile à gérer. Emaillée d'incidents ou de contentieux bilatéraux , elle donne lieu à des litiges ponctuels -à l'exemple du projet américain récent, finalement abandonné, d'implantation au Texas d'un centre de stockage de déchets nucléaires à Sierra Blanca, tout près de la frontière mexicaine. Mais c'est dans deux domaines - la question migratoire et la lutte contre le trafic de drogue- que les tensions bilatérales sont périodiquement les plus fortes.

- La question migratoire est particulièrement sensible de part et d'autre. L'immigration illégale par la frontière mexicaine -qu'elle soit d'ailleurs le fait de Mexicains ou de ressortissants d'autres pays transitant par le Mexique- constitue une préoccupation majeure pour les Etats-Unis. C'est ce qui explique la grande fermeté des autorités américaines -qui ont ainsi expulsé en 1997 85 000 immigrants clandestins -et, en premier lieu, la rigueur excessive, dénoncée par les Mexicains, de la " " Border Patrol " américaine contre les candidats à l'immigration illégale.

En outre, le Mexique proteste et s'efforce d'atténuer les mauvais traitements subis par nombre d'émigrés mexicains aux Etats-Unis. Mexico a ainsi été le promoteur de la convention des Nations-Unies sur la protection des droits des travailleurs migrants.

Globalement, on estime à environ 800 000 le nombre de Mexicains qui émigreraient chaque année aux Etats-Unis -dont quelque 300 000 de manière définitive. Enfin, la question du vote éventuel des 10 à 15 millions de Mexicains vivant aux Etats-Unis illustre également la complexité et la densité des liens américano-mexicains.

- La lutte contre le trafic de drogue constitue sans aucun doute l'autre dossier sensible des relations entre Washington et Mexico.

La volonté de coopération entre les deux pays est particulièrement forte dans ce domaine délicat, qui fait l'objet d'une large médiatisation. Elle est jugée d'autant plus indispensable par les Etats-Unis qu'ils considèrent que les principaux cartels de la drogue sont désormais présents au Mexique. Cette coopération a été illustrée par la signature, en mai 1997, par les présidents Clinton et Zedillo, d'une " alliance contre la drogue " impliquant notamment une réforme des institutions mexicaines compétentes en collaboration avec les services américains.

Cette coopération n'en est pas moins rendue difficile par la conjonction de plusieurs facteurs : le sentiment mexicain que certaines actions américaines portent atteinte à la souveraineté mexicaine (cas de l'opération " Casablanca " révélée en 1998 et conduite par les services américains en territoire mexicain sans l'aval des autorités locales) ; le débat récurrent sur la " certification " aux Etats-Unis grâce auquel Washington maintient une forte pression sur Mexico ; et la persistance de la corruption qui rend difficile les actions concrètes sur le terrain et en réduit fortement l'efficacité.

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