ANNEXES
Comptes
rendus des auditions du groupe de travail
•
M. Francis BECK,
Président de l'INA
• M. Jean-Marie CAVADA
, Président directeur
général de Radio France
• Mme Véronique CAYLA,
Membre du Conseil supérieur de
l'Audiovisuel
•
M. Bruno CHETAILLE
, Président directeur
général de Télédiffusion de France
• M. Roger CHINAUD
,
membre de l'autorité de
régulation des télécommunications (compte-rendu en attente
de validation)
• M. Jean-Paul CLUZEL
, Président directeur
général de Radio France Internationale
•
M. Jean-Pierre COTTET
, chargé de mission à France
Télévision
• M. Jean DRUCKER
, Président directeur général
de M6
•
M. Jacques ESPINASSE,
Directeur général de
Télévision par satellite,
M. Gilles MAUGARS
,
directeur technique et informatique et
M. Bernard PRADES
,
délégué général de Suez-Lyonnaise
•
M. Bertrand LARRERA DE MOREL,
Président de l'IFCIC et
de
Mme Elisabeth Flury-Herard,
Directeur général
•
M. Maurice LEVY
, président du directoire de Publicis SA
• M. Etienne MOUGEOTTE
, Vice-président et Directeur
général de TF1
•
M. Jean-Claude MOYRET
, Directeur de l'audiovisuel
extérieur et des techniques de communication du ministère des
affaires étrangères
•
M. Fabrice NORA
, Directeur général adjoint du
groupe Amaury
• M. Jérôme SEYDOUX,
Président de
Pathé
• M. Frank SOLOVEICIK
, Président directeur
général de M5
• M. Bernard SPITZ
, Maître des requêtes au Conseil
d'Etat
• M. Marc TESSIER,
Président directeur général
de France télévision
Audition de M. Francis Beck
Président de l'Institut National de l'Audiovisuel (INA)
Mercredi 15 septembre 1999
M.
Francis Beck
a tout d'abord rappelé le contexte particulier dans
lequel se déroulait son audition. En effet, elle se situait à la
veille d'importantes décisions, pour l'avenir de l'INA, que devait
prendre son Conseil d'administration et qui s'inscrivaient dans le processus
législatif en cours.
Il a évoqué en premier lieu l'accord cadre avec France
Télévision, le principal partenaire de l'Institut, qui
constituera une mutation importante dans son mode de financement. Il a ainsi
précisé que les modalités de facturation des prestations
d'archivage, ainsi que le système de dévolution des droits de
propriété intellectuelle sur les archives trois ans après
diffusion, seraient revus.
Il a précisé en second lieu que le projet de plan
stratégique pour la période 1999-2003 devait également
être soumis à l'approbation du Conseil d'administration. Pour
permettre à l'entreprise une visibilité à moyen terme, un
contrat d'objectif et de moyens avec le gouvernement sur quatre années
devra être signé. En effet, selon lui, les incertitudes pesant sur
l'avenir de l'Institut avaient suscité une réelle
inquiétude dans son personnel, au point de provoquer le
déclenchement d'une procédure de droit d'alerte en mars dernier.
Le Conseil d'administration allait également être amené
à y répondre le lendemain.
M. Francis Beck
a ajouté qu'en contrepartie, l'INA s'engagerait
dans une stabilisation de ses charges, notamment celles de la masse salariale
qui représente 60 % de son coût de fonctionnement. Il a
indiqué que l'objectif de stabilisation de la masse salariale
entraînerait une réduction de l'ordre de 2 % par an
déjà mise en oeuvre dès 1999. Cette anticipation du
contrat pluriannuel prévu dans le projet de loi, se fera sans plan
social et sans licenciement. Il a précisé que d'autres
économies seraient effectuées sur les frais
généraux et grâce à une meilleure gestion des achats.
Répondant à
M. Claude Belot
et à
Mme
Marie-Claude Beaudeau
, il a ensuite abordé les projets en
matière de sauvegarde et de numérisation du fonds patrimonial de
l'INA. Le site Internet de l'INA permettra de disposer de la commande
électronique par messagerie et à terme, lorsque les
réseaux seront suffisamment développés, la mise en service
du télévisionnage en ligne avec télépaiement. Il a
également déclaré que l'INA grâce à son
expérience et à ses investissements en matériels
performants représentait la compétence la plus poussée
pour la gestion d'extraits d'émissions mais que face à un stock
de plus d'un million d'heures d'archives, il ne pouvait, en l'état
actuel de ses moyens, toujours répondre complètement à la
demande. Il a regretté que sur 450.000 heures de programmes, qui
représentaient 80 kilomètres de rayonnage et s'accroissaient
au rythme de 35.000 heures par an, la moitié était
menacée de disparition.
Enchaînant sur le problème de la sauvegarde,
M. Francis
Beck
a constaté que si " conserver et mettre en valeur le
patrimoine " figurait parmi les missions réaffirmées
à l'Institut dans le projet de loi, son métier était
également de trier ce qui méritait d'être conservé.
Il a indiqué que si seulement 5.000 heures avaient
été transférées sur support numérique en
1998, pour 1999 on en était d'ores et déjà à
18.000 heures, avec un objectif total de 88.500 heures fin 2003 dans
le cadre du plan de sauvegarde et de numérisation. Il a également
précisé qu'il était affecté à ce plan
pluriannuel de sauvegarde et de numérisation, 23 millions de francs
en 1999 et qu'il en était prévu 30 pour 2000. Il a surtout
estimé que le coût total de cette opération
s'élèverait à 500 millions de francs (300 pour
200.000 heures télévision et 200 pour 300.000 heures
radio).
Confirmant à
M. Claude Belot
que la commercialisation de ses
archives constituait un objectif majeur de l'INA, il a souligné que la
réponse " à la demande " serait progressivement
associée à une offre plus thématique. Il a rappelé
qu'en ce qui concernait le dépôt légal, cette mission de
l'Institut était réaffirmée dans le projet de loi pour
toutes les émissions des chaînes hertziennes nationales. Pour ce
qui concerne les sociétés nationales de programme, l'exploitation
des programmes en dehors des oeuvres de fiction revenait de droit à
l'INA, passé un délai de trois ans après la diffusion.
Cette dévolution ne concernerait plus à l'avenir que la gestion
des extraits, mais dans un délai d'une année.
Après avoir précisé que le budget annuel de l'INA, hors
amortissements de programmes, s'élevait à 650 millions de
francs,
M. Francis Beck
a conclu en rappelant que le projet de loi
réaffirmait très fortement la priorité donnée
à la mission patrimoniale tout en réaffirmant la
nécessaire convergence des autres activités de production, de
recherche et de formation.
Audition de M. Jean-Marie Cavada
Président directeur général de Radio France
Mardi 14 septembre 1999
Dans un
propos introductif,
M. Jean-Marie Cavada
a souligné que Radio
France, première radio sur le marché national avec 28,5 %
d'audience, a conforté sa position, au cours des derniers mois, avec une
progression de 525.000 auditeurs, dont plus de 200.000 pour la seule
station France Musique.
Après avoir souligné les bons résultats de Radio France,
en saluant au passage la culture d'entreprise des personnels,
M. Jean-Marie Cavada
a évoqué les réformes en
cours, notamment l'affirmation de l'identité de chaque station sous le
signe d'une marque administrée par une direction monocéphale.
Ainsi, Radio France procède à une contraction des services
généraux après avoir réformé les antennes.
M. Jean-Marie Cavada
s'est montré inquiet pour l'avenir,
estimant que le budget actuel ne permet pas de faire face aux priorités
qu'il a définies : numérisation des outils de production et de
diffusion, politique sociale favorisant les départs volontaires et
l'embauche de jeunes, meilleure agressivité sur le marché. Il a
indiqué qu'avec le budget actuel, la numérisation ne pouvait
être mise en oeuvre, et qu'il lui paraissait fondamental d'achever la
numérisation en trois ans. Il a exprimé le souhait de
réaliser l'entrée de Radio France sur de nouveaux supports.
Répondant à M. Claude Belot,
M. Jean-Marie Cavada
a
rappelé que le transfert des oeuvres vers l'INA interdisait toute
exploitation ultérieure de ce fonds, pourtant indexé et
stocké par Radio France. Il a émis le voeu que les
négociations à intervenir dans le cadre de l'OMC règlent
la question des droits d'exploitation de ce fonds.
A une question de M. André Vallet,
M. Claude Norek
, directeur
général délégué à la gestion et
à la production a fait valoir que les fonds disponibles, celui de France
Culture notamment, ne pouvaient être utilisés par les
Universités que pour autant qu'on puisse les transférer sur bases
de données, ce qui supposait de les numériser au préalable.
S'agissant de la présence sur Internet,
M. Jean-Marie Cavada
a
souligné le très faible volume des crédits mis à la
disposition de son entreprise, comparativement aux montants alloués
à la télévision ou aux fonds dont disposent des radios
étrangères telles la BBC.
M. Paul L'Ollivier
, directeur des finances et du contrôle de
gestion, a précisé que Radio France produisait ses programmes, la
gestion de l'outil de production intégré supposant des
coûts qui ne laissent de place ni à la souplesse, ni au
développement technologique.
Abordant la question des radios locales,
M. Jean-Marie Cavada
a
insisté sur la place prise par cette activité. Il a
évoqué la réussite spectaculaire de certaines d'entre
elles, rappelant que les programmes purement locaux représentaient
environ 12 heures d'émission quotidienne. Il a regretté le manque
de moyens financiers conduisant Radio France à rétrocéder
des fréquences disponibles, au détriment de la couverture du
territoire national, 38 fréquences locales desservant
43 départements. En réponse à M. Vallet, il a
confirmé que France Info ne couvrait que 60 % de la population
répartie sur 40 % du territoire.
M. Sylvain Anichini
, directeur général adjoint
chargé des technologies nouvelles, a souhaité que le
développement du numérique hertzien résolve une partie des
problèmes des radios locales, en rapprochant l'information des
utilisateurs pour éviter l'encombrement du réseau national.
Répondant à M. Belot,
M. Jean-Marie Cavada
a
évalué à 188 millions de francs par an, pendant deux
à trois ans, le coût des investissements jugés
indispensables.
M. Jean-Marie Cavada
a conclu en invitant le législateur
à définir une véritable politique de la radio publique,
une importante réflexion s'avérant nécessaire. Il a
émis le souhait que le pays se donne les moyens de soutenir la radio,
industrie véritable qui devra encore faire face aux défis sociaux
que constituent la révision des accords collectifs et l'application de
la législation sur les 35 heures de travail hebdomadaire.
Audition de Mme Véronique Cayla
Membre du Conseil supérieur de l'Audiovisuel
Mardi 22 juin 1999
Mme
Véronique Cayla
a tout d'abord affirmé que la
révolution numérique lui paraissait un phénomène
inéluctable, tout en notant qu'il était compréhensible
que, compte tenu de l'avance de la France dans le satellite et des
investissements déjà réalisés en ce domaine, les
opérateurs actuels ne soient guère enclin à
accélérer le passage au numérique terrestre.
Elle a souligné que si le montant de l'investissement n'est pas encore
connu, le coût de la diffusion numérique hertzienne sera nettement
moins élevé que celui de la diffusion analogique : à
terme -sans doute dix ans- la diffusion analogique doit disparaître, ce
qui libérera des fréquences. Par ailleurs, cette perspective
aboutit à poser en termes différents la question des
télévisions locales, à un moment où les esprits
évoluent comme le montre le revirement de la Presse quotidienne
régionale.
Elle a évoqué le problème d'accès aux
événements sportifs majeurs en attirant l'attention sur le
problème de la définition de ces événements.
Au sujet de la publicité sur les télévisions de service
public,
Mme Véronique Cayla
a indiqué qu'en Allemagne
où il n'y avait pas de publicité à l'heure du
" prime time " et en Angleterre où la publicité est
interdite par la charte, les règles du jeu étaient claires mais
coûteuses, tandis qu'en France, il faut gérer un système
mixte. La redevance rapporte 30 milliards de francs en Allemagne, 20
milliards de francs en Angleterre contre 13 milliards de francs dans notre
pays. A cet égard, elle a fait savoir qu'il fallait se méfier des
réglementations par trop tatillonnes, naturellement difficiles à
appliquer.
D'une façon générale,
Mme Véronique Cayla
a
mis l'accent sur la nécessité en matière audiovisuelle, de
faire plus de place aux contrôles a posteriori qu'aux contrôles a
priori : on a trop tendance à faire appel au décret et
à susciter les interventions de la tutelle, pour des organismes publics
dont le mode de gestion doit se rapprocher de celui des entreprises.
En ce qui concerne la production audiovisuelle, elle a d'abord noté que,
compte tenu de la nature d'une activité caractérisée par
des marges faibles, -les émissions de flux se révélant
d'ailleurs plus rentables que les émissions de stocks- , le
système des SOFICA fonctionnait moins bien que dans le cinéma.
Plus généralement, elle a rappelé qu'il n'y a pas encore
de réel marché européen de la production audiovisuelle en
dépit des systèmes d'encouragements mis en place au niveau de
l'Union Européenne et que les programmes américains
constituaient, de fait, le vrai dénominateur commun culturel du paysage
audiovisuel en Europe.
Evoquant enfin les enjeux culturels,
Mme Véronique Cayla
a
fait remarquer que les évolutions en cours à TV 5 allaient
dans le sens d'une présence audiovisuelle accrue.
Audition de M. Bruno Chetaille
Président directeur général de Télédiffusion
de France (TDF)
Mercredi 15 septembre 1999
Dans un
propos introductif,
M. Bruno Chetaille
a brièvement
présenté l'entreprise qu'il dirige. TDF est, depuis 1990, une
société anonyme, filiale à 100 % de France
Télécom. Son chiffre d'affaires, pour 1998, s'est
élevé à 4,2 milliards de francs. A cela s'ajoutent
500 millions de francs en provenance de ses filiales françaises. TDF est
également présente à l'étranger, notamment au
Royaume Uni où elle détient 20 % de CCICUK qui assure la
diffusion des programmes de la BBC et de On Digital (Chiffre d'affaires
d'1 milliard).
Il a expliqué, qu'en France, TDF exerce trois activités :
la diffusion des chaînes de télévision hertziennes.
Cette activité représente 50 % du chiffre d'affaires
(environ 2,4 milliards de francs) et régresse de 2 % environ en
raison de la baisse des prix pratiqués par l'entreprise ;
la diffusion des radios. Cette activité représente
20 % du chiffre d'affaires (environ 1 milliard de francs). Les prix
pratiqués décroissent mais le volume augmente, les recettes sur
ce poste restent donc stables ;
l'activité de radiocommunications, notamment avec les
opérateurs Itinéris, SFR et Bouygues Telecom. Ce secteur qui
représente 20 % du chiffre d'affaires est le moteur de croissance
de l'activité de TDF sur le marché français.
Il a expliqué que TDF pratiquait une égalité de traitement
entre ses clients. Lorsqu'une offre est faite à une chaîne ,
elle est immédiatement répercutée aux autres. Il a
indiqué que TDF avait un contrat de 7 ans avec TF1, de 6 ans avec M6, de
5 ans avec F2 et F3 et 4 ans avec Canal +. Les prix pratiqués ont
baissé de 2,5 % au cours de 5 dernières années.
Abordant la question de la diffusion en numérique sur le réseau
hertzien,
M.
Bruno Chetaille
a souligné que TDF ne
demandait pas un monopole sur ce nouveau marché. Il a expliqué
que la plupart des pays européens s'étaient engagés ou
s'apprêtaient à s'engager dans cette mutation technologique. Il a
notamment indiqué que la Grande-Bretagne et la Suède avaient
déjà démarré et que l'Espagne s'apprêtait
à le faire en 2000. Il a rappelé que TDF avait placé son
action dans un cadre européen : au niveau des études et
recherche dans le cadre des programmes Eureka, au niveau de la normalisation au
travers des groupes DVB - une norme européenne a été
définie en 1996 - et maintenant au niveau opérationnel avec sa
présence au Royaume Uni et en Espagne.
Il a souligné que la diffusion numérique hertzienne permettait de
diffuser 6 réseaux nationaux avec pour chacun de l'ordre de 6
chaînes, l'offre audiovisuelle pouvant être complétée
par des services (ex : Internet diffusé). A ces réseaux
nationaux peuvent également s'ajouter des multiplex locaux ou
régionaux. Il a indiqué que ce type de diffusion était
moins performant en matière d'interactivité que le câble
mais présentait l'avantage de s'adresser rapidement à l'ensemble
du territoire et de garantir l'entrée de tous les foyers français
dans la société de l'information.
Il a rappelé que la diffusion numérique hertzienne pourrait
fonctionner en complémentarité avec la diffusion par satellite
(couverture géographique).
En réponse à
M. Claude Belot
, qui l'interrogeait au sujet
du délai de mise en place de ce type de diffusion, M.
Bruno Chetaille
a indiqué que 18 mois seraient nécessaires à
compter de la décision. En France, il a estimé que le
système serait opérationnel - fin 2001.
Audition de M. Roger Chinaud
Membre de l'autorité de régulation des
télécommunications (ART)
Mardi 21 septembre 1999
M.
Roger Chinaud
a observé que la France n'avait mesuré ni
l'ampleur de la révolution numérique en cours, ni les nouvelles
facultés de transport que l'on pouvait en espérer.
Il a expliqué que le gouvernement avait lancé une consultation au
cours de l'été au sujet de la télévision
numérique hertzienne, à la suite du rapport de Messieurs Cottet
et Emery et a relevé quatre éléments, à ses yeux
primordiaux :
- la qualité de service qu'autorisera le numérique
- la baisse du coût de la diffusion
- la multiplication du nombre des chaînes
- la naissance de bouquets mis à la disposition des grandes
chaînes de télévision .
Il a indiqué que cette révolution impliquait un renouvellement du
parc des téléviseurs et une meilleure gestion du spectre
hertzien. A ce sujet il a précisé que la France se trouvait
actuellement en situation de pénurie de fréquence, et a
estimé que cette situation disparaîtrait avec l'avènement
de la diffusion numérique terrestre.
M.
Roger Chinaud
a ensuite fait remarqué que le mot
" Internet " ne figurait pas dans la loi, qui en 1996 a
créée l'ART, illustrant ainsi la rapidité des
évolutions des techniques. Il a retracé la très importante
progression l'usage du téléphone portable en Europe, soulignant
que la prochaine génération de téléphones portables
(UMTS) comporterait des dispositifs permettant d'utiliser Internet.
Il a indiqué que la principale préoccupation des
opérateurs de téléphonie mobile était de
fidéliser leur clientèle ; pour ce faire le
développement des services interactifs est indispensable. Les recettes
sont à venir, pour l'instant chaque nouvel abonné coûte
entre 2.000 et 2.300 francs à l'opérateur.
Il a estimé que dans les trois années à venir, les
opérateurs feraient cadeau du transport de la voix, celui des
données étant le véritable enjeu de la prochaine
décennie.
Abordant, à la demande de
M. Claude Belot
, l'avenir du
réseau câblé français,
M. Roger Chinaud
a
estimé qu'il se développerait en réseaux de fibre optique,
destinés notamment à l'exploitation des liaisons satellitaires.
Il a cité l'exemple de plusieurs communes qui développent des
réseaux fermés. Bien souvent le retour sur investissement est
effectué en 18 mois seulement. Tout en préconisant la
prudence, il s'est dit favorable à ce genre d'initiative.
En réponse à
M. Claude Belot
, qui l'interrogeait sur le
sort réservé aux fréquences du spectre hertzien qui
seraient libérées par l'avènement du numérique,
M. Roger Chinaud
a indiqué qu'une partie pourrait servir à
la troisième génération de téléphone mobile.
Par ailleurs il a fait remarquer qu'un certain nombre d'entre elles
étaient aujourd'hui attribuées à l'armée -qui ne
les utilise pas toujours- et a souhaité en rationaliser l'affectation.
Audition de M. Jean-Paul Cluzel
Président directeur général de Radio France Internationale
Mardi 14 septembre 1999
M.
Jean-Paul Cluzel
a tout d'abord rappelé que RFI avait une triple
caractéristique : un statut de droit commun ; un double financement
public (ses recettes proviennent pour 60 % du ministère des affaires
étrangères et pour 40 % du ministère de la culture); des
émissions en FM et ondes courtes presque exclusivement destinées
à l'étranger, à l'exception de l'émetteur
situé en région parisienne.
RFI possède des relais FM dans 80 villes du monde et est repris dans
180 autres villes par des radios étrangères. Sa
présence sur le dispositif de diffusion satellitaire directe est
assurée en Europe, par le biais d'Astra, ainsi qu'en Amérique du
Nord et en Amérique latine ; elle dispose également d'un
réseau satellitaire professionnel lui permettant d'être repris, au
niveau mondial, par tout particulier ou radio possédant la parabole
nécessaire. Elle est également présente sur Internet. Dans
ce cadre international, elle dispose de 30 millions d'auditeurs dans le
monde, pour moitié de langue française, l'autre moitié se
répartissant entre 19 langues étrangères.
M. Jean-Paul
Cluzel
a signalé en outre l'importance de RMC Moyen-Orient, filiale
de RFI, qui reprenait 1 h 30 d'émissions françaises, et
qui compte par ailleurs 15 millions d'auditeurs arabophones. Il a tenu
à préciser que ces chiffres ne reflétaient pas un
auditoire potentiel mais un auditoire effectif et souligné l'importance
de RFI dans le paysage audiovisuel extérieur de la France puisqu'il est
le seul organe 100 % français dont dispose la nation pour faire entendre
sa voix sur le plan international et qu'en outre ses émissions
reflétaient la diversité d'opinion des médias
français.
Face à cet enjeu et au nombre de ses auditeurs, les recettes de RFI
apparaissent bien faibles : son budget en 1999 s'élevait à
725 millions de francs, soit 3,9 % du total du budget de l'audiovisuel public
et 5,6 % des ressources publiques affectées à ce secteur. Depuis
plusieurs années RFI connaît un traitement budgétaire
défavorable. Pour des raisons structurelles, d'abord car la subvention
du ministère des affaires étrangères dont le budget est
chaque année reconduit ou en régression, ne lui permet pas de
faire face au dynamisme de ses frais de personnel qui représentent 44 %
de son budget ; pour des raisons conjoncturelles ensuite, car RFI a
dû faire face à des mesures de régulation
budgétaire : 60 millions de francs en 1996 et 14 millions de francs
en 1997 ; en 1999, l'apport du ministère des affaires
étrangères a été diminué de 20 millions de
francs et celui de la culture de 10 millions de francs. Au total les concours
publics octroyés à RFI en loi de finances initiale ont
diminué de 1,7 % entre 1997 et 1999 contre une augmentation de
6,3 % pour l'ensemble du secteur audiovisuel public. Si RFI avait
bénéficié d'une évolution de ses ressources
comparable, elle aurait perçu environ 60 millions de francs de plus au
cours des deux derniers exercices.
Cette politique budgétaire a conduit RFI à faire des ajustements
importants, portant essentiellement sur les ondes courtes, et à
réaliser des économies notamment grâce à la
numérisation. La gestion rigoureuse mise en place a permis de renouer
avec l'équilibre budgétaire en 1999.
M. Jean-Paul Cluzel
a
énuméré les priorités de son budget : la
modernisation des équipements afin de les adapter à la
numérisation ; l'adaptation des moyens de diffusion aux attentes et
à la diversité des auditeurs, grâce au maillage du
réseau de FM et à l'enrichissement des sites Internet ; la
situation au Kosovo exigeant le renforcement du dispositif de diffusion en FM
ainsi que l'extension des émissions en serbe et en croate et la mise en
place d'émissions en albanais et en macédonien.
M. Jean-Paul Cluzel
a souhaité qu'on donne à RFI les
moyens de poursuivre le développement du réseau de FM, de mener
une politique de communication adaptée à sa présence
internationale, de renforcer le contenu des émissions, notamment en les
régionalisant, en enrichissant les magazines, en développant les
programmes en langue étrangère. Il a conclu en soulignant combien
ces coûts étaient négligeables face à l'impact
décisif qu'ils entraîneraient pour l'image de la France à
l'étranger.
En réponse à
M. Claude Belot
qui évoquait la
puissance de la BBC,
M. Jean-Paul Cluzel
a reconnu que le
système anglais était certainement plus efficace mais qu'il
était difficilement transposable en France. Il souhaitait une mise en
commun des ressources de l'audiovisuel public sur la base des avantages
relatifs à chacun, notamment pour réformer le réseau des
correspondants à l'étranger.
M. Claude Belot
s'est
étonné de ce que le budget de la BBC, qui ne comprend pas de
recettes publicitaires, et celui de l'ensemble de l'audiovisuel français
soient du même ordre.
Les radios francophones, a déclaré
M. Jean-Paul Cluzel
, se
portaient plutôt bien, ainsi qu'en faisait état un rapport
récent de Médiamétrie qui dégageait deux
catégories principales d'auditeurs : les décideurs et les
jeunes. Le succès rencontré par la radio dans le monde
francophone et non francophone s'expliquait par le fait qu'il s'agissait
là d'un média particulièrement économique et
accessible.
M. Jean-Paul Cluzel
s'est attaché à préciser qu'il
tenait à ce que RFI garde sa spécificité dans le monde et
ne vienne pas en concurrence avec les autres radios du monde francophone mais
apporte un complément en mettant l'accent sur l'information et la
culture. C'est volontairement que RFI n'avait pas développé une
politique de radios de proximité afin de laisser place aux radios
locales. En trois ans, RFI avait réussi à reconstituer son
audience et à l'augmenter dans de nombreux pays en se repositionnant sur
le créneau de l'information.
M. Claude Belot
a reconnu que le budget de communication de RFI,
s'élevant à 3 millions de francs, était insuffisant
et a suggéré que RFI pourrait se faire l'écho des
régions françaises à l'étranger et dégager
ainsi des recettes supplémentaires.
M. Jean-Paul Cluzel
s'est
déclaré très intéressé par cette perspective.
Audition de Monsieur Jean-Pierre Cottet
Chargé de mission à France Télévision
Mardi 21 septembre 1999
M.
Jean-Pierre Cottet
a expliqué que
M. Gérard Emery
et lui même étaient convaincus de l'avènement du
numérique dans toute la chaîne de la production audiovisuelle,
tant dans la production d'images que dans le stockage, le montage et la
diffusion.
Il a indiqué que la généralisation de la diffusion
numérique terrestre permettrait d'engager une meilleure gestion du
spectre hertzien français. 150 émetteurs actuellement en
service couvrent 85% de la population. Ils seraient susceptibles de permettre
le développement de la télévision locale, si la loi
autorisait la syndication - condition essentielle à l'équilibre
financier de tels projets-. La technique de l'Adsl et la transmission par
satellite permettraient aux 15% de population restante, l'accès aux
programmes Il a rappelé qu'aucune mesure n'obligeait les diffuseurs,
même publics, à couvrir l'intégralité du territoire,
et qu'une réflexion mériterait d'être menée à
ce sujet.
En réponse à
M. Claude Belot
,
M.
Jean-Pierre
Cottet
a souligné que le gouvernement avait besoin de geler un
certain nombre de fréquences analogiques afin de préserver les
espaces nécessaires au transport des six futurs multiplexes -
destinés aux six grandes chaînes actuelles - et un réseau
interville. Il est souhaitable de réserver quelques canaux à de
nouveaux acteurs.
Il a rappelé que la presse quotidienne régionale souhaitait
investir rapidement les fréquences actuellement libres et diffuser des
programmes analogiques, qui, même s'ils ne sont pas rentables, les
placeront dans une position de marché confortable le jour où le
mode numérique se généralisera. Il a insisté
à nouveau sur l'impérieuse nécessité de
réformer la loi sur la syndication faute de quoi les
télévisons locales se développeraient dans un esprit de
" patronage ".
M. Jean-Pierre Cottet
a cité l'exemple d'une
télévision locale parisienne. Il a expliqué que
l'investissement de départ s'élevait environ à
200 millions de francs, et que l'espoir de rentabilité
n'intervenait pas avant au moins six ans. Il a souligné que les
chaînes locales n'échappaient pas aux grands combats d'audience
que représentent les créneaux horaires 18-20 heures et 21-22
heures. Pour des raisons de rentabilité, les télévisions
locales ne peuvent se limiter à une audience de journée dont les
programmes sont dédiés aux inactifs.
En réponse à
M. Alain Joyandet
qui s'interrogeait sur la
nécessité d'appliquer les standards nationaux aux
télévisions locales,
M. Jean-Pierre Cottet
a
expliqué que la paysage audiovisuel français permettait la
création d'une télévision différente mais aucune
chaîne ne peut se passer de ressources publicitaires.
Abordant -à la demande de
M. Alain Joyandet-
la question de
l'entrée de nouveaux acteurs dans la télévision
numérique,
M. Jean-Pierre Cottet
a indiqué qu'ils
s'installeraient vraisemblablement dans le secteur de la
télévision locale par le biais du réseau interville. Ces
nouveaux projets auront besoin de mesures d'accompagnement législatives
et réglementaires, ainsi que de partenaires locaux. Au cours de la
nécessaire transition technique, ces nouvelles chaînes ne
bénéficieront pas de leur diffusion simultanément en
numérique et en analogique contrairement aux chaînes historiques.
Il a toutefois souhaité que la transition ne soit pas trop longue.
En réponse à
M. Claude Belot,
M. Jean-Pierre Cottet
a abordé la question de l'interactivité de la
télévision et a défendu la technique du numérique
terrestre. Il a expliqué que la diffusion par satellite ne permettait
pas une grande interactivité car le retour des informations n'est
guère possible.
Il a plaidé en faveur de la substitution de l'analogique par le
numérique hertzien pour des raisons politiques d'une part. En effet,
l'Etat conserve la possibilité de maîtriser l'émission du
signal, ce qui n'est pas le cas avec le satellite. Les diffuseurs ont le choix
d'émettre à partir d'un pays étranger. D'autre part, la
diffusion hertzien permet de rendre les postes de télévision
" portables ", car l'antenne disparaît. Cette
possibilité rendrait possible la diffusion dans les moyens de transport
et engendrerait une modification des modes de consommation.
Commentant l'exemple donné par
M. Claude Belot,
qui faisait
allusion à une expérience québécoise de diffusion
en boucle d'un programme local quotidien numérique,
M. Jean-Pierre
Cottet
a
émit des voeux d'une plus grande richesse des
programmes des futures télévisions locales françaises.
Audition de M. Jean Drucker
Président directeur général de M6
Mardi 22 juin 1999
M. Jean
Drucker
a tout d'abord retracé l'histoire du service public de
l'audiovisuel au cours des dernières années. Il a remarqué
que, lors de la privatisation de TF1, les chaînes publiques n'avaient pas
été dotées d'un exécutif stable et qu'elles
n'avaient pas reçu d'objectifs clairs. Les chaînes privées
ont bénéficié d'une grande stabilité de leurs
équipes dirigeantes ; cette pérennité -que les politiques
revendiquent pour conduire leur action- est également nécessaire
aux entreprises publiques.
Il s'est montré inquiet sur l'avenir de France 2 estimant que la
prochaine loi sur l'audiovisuel constituerait pour la chaîne sa
dernière chance tant la concurrence est rude (chez les moins de 50 ans
l'audience du journal de M6 est supérieure à celle de France 2 ).
Il a critiqué le lancement concomitant du plan câble et d'une
chaîne de télévision à péage sur le
réseau hertzien, le succès de cette dernière expliquant
l'échec du premier.
Il a souligné que la création d'Arte avait engendré une
fuite des programmes culturels ou intellectuels vers cette chaîne aux
dépens de France 2. Dans l'hypothèse d'une privatisation,
France 2 lui a semblé mieux placée que France 3. Il a
redouté cette perspective, en raison notamment des répercussions
très néfastes sur le marché publicitaire.
A l'invitation de M. Claude Belot ,
M. Jean Drucker
s'est ensuite
livré à une analyse des évolutions technologiques
récentes et à leur impact sur le paysage audiovisuel
français. En premier lieu il a évoqué le succès
dans notre pays des bouquets diffusés par satellite. Il a observé
que les chaînes thématiques, à vocation culturelle,
coûtent chères à produire, alors qu'elles ne connaissent
pas de véritable succès d'audience ; cependant, elles
représentent un investissement pour l'avenir et pourront constituer, des
programmes destinés à des chaînes diffusées en
numérique hertzien.
Il s'est ensuite interrogé sur les intentions du gouvernement dans ce
secteur, qui, de façon contradictoire, semble favorable au
développement du numérique hertzien tout en laissant distribuer
des fréquences analogiques en province, voire à Paris. M6
réalise avec succès des décrochages régionaux au
cours de ses journaux d'information. La chaîne collabore avec des grands
quotidiens régionaux tels que Sud Ouest pour la région de
Bordeaux. Il a regretté que ces mêmes quotidiens aient des
velléités de création de chaînes
télévisées de plein exercice.
En réponse à
M. Claude Belot
qui l'interrogeait sur les
nouvelles technologies de diffusion et sur l'avenir du câble en France,
M. Jean Drucker
a expliqué que l'environnement français
semblait favorable au développement du numérique hertzien,
encouragé par la société Télédiffusion de
France (TDF) et l'industrie électronique qui voit là l'occasion
d'un renouvellement des postes de télévision.
Il a répété qu'à son sens le câble
était un échec en France et que le réseau actuel servirait
sans doute demain à autre chose qu'à la diffusion de
chaînes de télévision.
Il a remarqué que la communication est une industrie de l'offre. Les
téléspectateurs n'ont pas besoin fondamentalement de nouveaux
programmes, mais ils en ont simplement envie. Dans ces circonstances, le prix
devient une donnée subjective, non discriminante, sauf lorsque la
concurrence voit le jour. C'est la raison pour laquelle les Français
assistent aujourd'hui à une bataille serrée, au niveau des prix,
entre TPS et Canal satellite.
M. Jean Drucker
s'est ensuite exprimé au sujet de l'amendement
"
Mathus
" adopté en première lecture à
l'Assemblée nationale, au cours de la discussion de la loi relative
à la liberté de communication. Cette disposition tend à
rendre nulle l'exclusivité que possède TPS, de diffuser sur son
bouquet les chaînes France 2 et France 3. Il a plaidé pour le
maintien de l'actuelle exclusivité, au moins pour un temps. TPS ne
dispose actuellement que de la moitié des abonnés de Canal
satellite, et a besoin -afin de conforter son lancement commercial- de cet
atout. Il a indiqué qu'en cas d'adoption de cet amendement dans le texte
définitif de la loi, TPS continuerait à diffuser ces
chaînes sur son bouquet.
En réponse à
M. Yann Gaillard
qui évoquait les
travaux de M. René Trégouët, selon lesquels l'avenir de la
télévision passerait par le choix donné aux
téléspectateurs de sélectionner leurs propres programmes
et le développement de l'interactivité,
M. Jean
Drucker
, sans exclure ce nouveau marché, s'est montré
optimiste sur l'avenir des chaînes généralistes et la
coexistence des deux systèmes.
Pour conclure il a plaidé pour une concentration des entreprises de
communication françaises, estimant que leur taille, était
à l'heure actuelle, trop petite comparée aux groupes
anglo-saxons. A titre d'exemple, il a indiqué que la capitalisation
boursière de Canal Plus était inférieure aux
bénéfices d'Intel.
Audition de Messieurs Jacques Espinasse , Directeur
général et Gilles Maugars, directeur technique et informatique de
Télévision par satellite (TPS) ainsi que de Monsieur Bernard
Prades, délégué général de Suez-Lyonnaise
Mercredi 15 septembre 1999
M.
Bernard Prades
a tout d'abord retracé brièvement l'historique
du développement du câble en France. Il a rappelé que le
lancement du câble en tout fibre optique en France avait
été un échec. On a d'abord rencontré des
difficultés techniques. Ensuite le démarrage de la
commercialisation de TV Câble en décembre 1986 s'est
déroulé dans de mauvaises conditions, tant du fait du lancement
simultané de Canal + et de deux chaînes hertziennes gratuites que
des relations délicates avec France Télécom. Par ailleurs,
France Télécom, n'a pas favorisé le développement
technique de l'accès à Internet par le câble. L'entreprise
publique ne souhaite se voir concurrencée sur la boucle locale dont elle
détient le monopole. Il a par ailleurs regretté que
l'autorité de régulation des télécommunications
peine à obtenir la levée de ce monopole. Il a conclu en se
déclarant convaincu que le câble constitue la vraie
" autoroute de l'information " de demain.
M. Claude Belot
a fait remarquer qu'une large partie du territoire
national serait exclu de cette autoroute.
M. Bernard Prades
a
expliqué que seules les entreprises - environ 20% de clients potentiels
- auraient l'utilité de l'énorme débit qu'offre le
câble, les particuliers n'auront l'usage que du débit,
déjà important, de l'ADSL. Il a précisé qu'il
était toujours possible d'installer un câble pour une entreprise
qui serait située dans une zone géographique isolée.
M. Jacques Espinasse
, a ensuite précisé que les malheurs
du réseau câblés français n'étaient pas
à l'origine du succès de la télévision par
satellite. Il l'a attribué à la géographie de notre pays
et la faible densité de population constatée dans certaines
régions qui ne permet pas une généralisation des
branchements dans des conditions économiques raisonnables. Il a
indiqué, qu'en terme de coût, la diffusion par satellite
était en France, la meilleure marché. Il a également
rappelé que l'attribution à Canal Plus d'un réseau
crypté analogique, la création de la Cinq et M6, de façon
concomitante au lancement du plan câble, n'avaient pas favorisé sa
réussite.
M.
Jacques Espinasse
a ensuite retracé l'histoire de TPS,
rappelant que sa création avait eu lieu en 1996 et que sa diffusion
était assurée par le satellite Eutelsat. Il a indiqué que
les pertes cumulées s'élèveraient au
31 décembre 1998 à 1,9 milliard de francs. Le chiffre
d'affaires pour 1999 est estimé à la même somme, et les
pertes pour cette même année à 900 millions de francs.
Le seuil de rentabilité sera atteint lorsque TPS comptera
1,3 million d'abonnés. Elle en comptait - en septembre 1999- 800
0000.
Abordant la composition du bouquet
M. Jacques Espinasse
a rappelé
que l'exclusivité faite à TPS, pendant 10 ans, de diffuser les
chaînes publiques avait été remise en cause par un
amendement du député Didier Mathus. Il a souhaité
conserver cet avantage -tout en reconnaissant que la durée initiale
pourrait être réduite- ce qui lui paraît d'autant plus
nécessaire que les chaînes thématiques du service public
font elles aussi partie du bouquet.
Audition de Monsieur Bertrand Larrera de Morel
Président de l'Institut de Financement du Cinéma et des
Industries culturelles (IFCIC)
et de MadameElisabeth Flüry-Hérard
directeur
général
Mercredi 15 septembre 1999
M.
Bertrand Larrera de Morel
a expliqué que le rôle de l'IFCIC
consistait à alléger les risques pris par les banques
lorsqu'elles financent des productions audiovisuelles, ou des projets
culturels. Le plus souvent ce sont des productions cinématographiques ou
des programmes destinés à la télévision.
Il a indiqué qu'à une époque, le financement de ce type de
production par le capital risque, avait été tenté mais
sans succès. C'est la raison pour laquelle le système de garantie
qu'apporte l'IFCIC, reste aujourd'hui l'un des moyens les plus efficaces pour
permettre le montage financier des opérations.
M.
Bertrand Larrera de Morel
a ensuite expliqué, que le plus
souvent, le financement d'un film était assuré à 60 %
par les chaînes de télévision dont Canal Plus, et le reste
partagé entre le Centre national du cinéma -20 % environ-,
les fonds propres du producteur, les distributeurs.
Le risque majeur de ce type d'industrie réside dans
l'éventualité que le produit ne soit pas livré, ceci est
très rare. En effet la raison la plus courante pour laquelle une
livraison ne serait pas effectuée est liée au manque d'argent en
cours de tournage ; dans ce cas les banques n'hésitent pas à
consentir un prêt complémentaire, évitant ainsi de perdre
l'ensemble des fonds engagés précédemment. L'IFCIC
garantit le nouveau prêt.
M.
Bertrand Larrera de Morel
a expliqué que ce dispositif
permettait de pré-financer la production.
Abordant la question du financement de ce secteur,
Mme Elisabeth
Flüry-Hérard
a indiqué que les SOFICA
représentaient 180 millions de francs et que le reste, -environ 2,2
milliards de francs- provenaient des acteurs du secteur. Elle a
précisé que l'IFCIC garantissait le capital à l'exclusion
des frais d'agios. Ce sont les banques, et non les producteurs qui
bénéficient de cette garantie. A titre indicatif, elle a
estimé à 638 millions de francs le montant des garanties
consenties en1998.
Sur cette enveloppe, 4 à 10 millions présentent des risques
sérieux.
M.
Bertrand Larrera de Morel
a ensuite indiqué que le taux de
sinistre s'élevait à 1 ou 2 % des crédits accordés.
Il a expliqué que des assureurs britanniques avaient tenté de
fournir le même service que l'IFCIC sur notre territoire. Ce fut sans
succès. Il a émis l'idée de relancer le capital risque sur
ce secteur, ce qui supposerait une forte sélection. Il a expliqué
que huit films sur dix n'étaient pas rentables, et que sans les fonds
versés par les chaînes de télévision, la production
française n'existerait plus.
Madame Elisabeth Flüry-Hérard
a signalé notamment la
faiblesse des exportations des productions françaises. Cette faiblesse
est due à plusieurs causes :
- domination de masse du film anglo-saxon, et surtout concurrencé
sur les marchés exports par les productions locales. Entre les deux, le
film français ou européen trouve de moins en moins sa place,
à quelques exceptions près comme " le 5
ème
élément " ou " Astérix et
Obélix " ;
- en ce qui concerne l'audiovisuel, les problèmes viennent des
formats pratiqués en France -les films de 90 minutes ne
correspondent pas aux standards internationaux- et de l'effet volume :
pour vendre à l'étranger, il faut pouvoir proposer des
séries très longues, que la faiblesse quantitative de notre
production -handicapée par des diffuseurs moins riches que ceux de nos
voisins- nous interdit de proposer à la vente ;
- en ce qui concerne les films, la solution est sans doute à
chercher du côté d'une adaptation en amont aux standards du
marché international d'une partie de la production
française : pour vendre, il faut d'abord concevoir pour le
marché international. Cette ambition n'est pas incompatible avec le
développement d'un secteur de films d'art et d'essai vivant, secteur qui
constitue aujourd'hui une réussite, du point de vue artistique, de la
production française. Il faut cependant comprendre que ces deux secteurs
n'ont pas le même public, ni la même économie, ni la
même commercialisation.
D'une façon générale, elle a souligné que l'essor
du secteur de la production ne pourrait provenir que du renforcement de la
capacité financière des producteurs indépendants,
aujourd'hui trop faibles pour pouvoir se développer dans le moyen terme.
En effet, l'insuffisance chronique de fonds propres les met en situation de
vulnérabilité lorsqu'ils négocient avec les diffuseurs.
Ils gardent, du coup, très peu de droits sur des oeuvres qu'ils
produisent, et ne peuvent dégager, au surplus, qu'une marge minimale sur
la production. Ainsi se perpétue une situation de
précarité financière qui leur interdit toute perspective
d'entrée en Bourse, moyen normal de lever des capitaux pour une
entreprise en croissance.
C'est pourquoi l'urgence paraît être de leur garantir une part de
négatif -et donc de droits sur les recettes futures- plus importantes
sur les oeuvres qu'ils produisent, seul moyen, pour eux, de se
développer sur une base ambitieuse, et de se dégager de la
dictature à court terme des besoins et des méthodes
éditoriales des chaînes françaises.
Audition de Monsieur Maurice Lévy
Président du directoire de Publicis SA
Mardi 29 juin 1999
M.
Maurice Lévy
a débuté son propos en faisant observer
que la publicité était le programme préféré
des Français, tandis que
M. Claude Belot
évoquait
l'idée de " coupure-souillure " qui sous-tend le nouveau
projet de loi sur la liberté de communication.
M. Maurice Lévy
s'est montré dubitatif sur les errements
de la politique gouvernementale depuis de nombreuses années, et ce
quelle que soit l'appartenance politique, en matière de
définition de service public de l'audiovisuel. La mise en concurrence de
France télévision avec TF1 a entraîné un
renchérissement du coût des programmes et donc un accroissement du
financement par la publicité. Le gouvernement n'a jamais clairement
privilégié la qualité ou l'éducation et a toujours
hésité entre rentabilité et Audimat, au détriment
de la notion de service public.
Evoquant la décision du gouvernement de diminuer l'espace
réservé à la publicité sur les chaînes
publiques, il a jugé cette proposition absurde et surtout
regretté que le vrai problème ne soit pas abordé et
qu'aucune décision concernant les lignes éditoriales n'aient
été prises. Les dirigeants de l'Audiovisuel Public ne se voient
pas confier une mission de projet industriel ou un cahier des charges
précis. Il a également déploré l'absence de
recherche dans le secteur du numérique. Il a remarqué que cette
nouvelle loi faisait rejaillir dans l'inconscient collectif le fantasme de
l'ancienne ORTF (sans la radio toutefois).
M. Maurice Lévy
a ensuite analysé les conséquences
de cette nouvelle donne pour le marché de la publicité.
Inéluctablement, la limitation des écrans publicitaires sur les
chaînes publiques va entraîner un renchérissement du prix de
l'espace publicitaire à la Télévision. Les chaînes
privées n'accroîtront probablement pas le temps
réservé à la publicité mais simplement leurs prix.
L'espace, sur les chaînes publiques, sera vraisemblablement
redistribué tout au long de la journée au bénéfice
des heures de nuit et des heures de moindre écoute dans la
journée : les recettes baisseront donc mais dans une proportion
probablement moindre que la baisse du temps.
Plusieurs solutions s'offrent aux annonceurs : le report partiel des
investissements publicitaires sur les chaînes thématiques
diffusées par le câble et le satellite et, dans une proportion
beaucoup plus faible, vers la presse quotidienne et régionale. Quoiqu'il
en soit, il est probable que les dépenses publicitaires
consacrées à la Télévision Publique
régresseront de 5 à 8% et que ces sommes là ne seront pas
redistribuées.
M. Maurice Lévy
a rappelé la philosophie qui avait conduit
dès les années 60, les pouvoirs publics à ouvrir la
télévision au marché publicitaire : favoriser
l'égal accès de toutes les entreprises à ce support.
Certes, depuis la disparition de la Régie française de
publicité, cet état d'esprit ne règne plus
réellement. Mais cette nouvelle loi -entraînant un
renchérissement des coûts- privera totalement les entreprises de
taille moyenne de la possibilité de promouvoir leurs produits à
l'écran.
M. Claude Belot
a ensuite invité
M. Maurice Lévy
a
s'exprimer sur la dispersion de l'audience que provoque la multiplication des
offres de chaînes. Celui-ci a livré les résultats d'une
enquête menée par son groupe sur les souhaits d'abonnements des
Français pour l'année à venir : la
télévision arrive en tête. Il a expliqué que dans
les pays où les chaînes thématiques étaient
très implantées, les chaînes classiques conservaient 50
à 60% de l'audience. Les chaînes thématiques constituent
donc un marché potentiel intéressant ; il a précisé
-à titre d'exemple- que la Cinquième coûterait
120 millions de francs et Arte 150 millions de francs, si la
publicité y avait sa place.
A la demande de
M. Claude Belot
, il a décrit l'abonné type
des chaînes payantes : ce n'est pas le cadre supérieur qui le plus
souvent consacre ses soirées et son temps libre à des
activités culturelles et sociales, mais le cadre moyen ou
l'employé qui rentre tôt de son travail, habite des zones
suburbaines où les loisirs sont moins nombreux qu'en centre ville et
dont les déplacements de fin de semaine sont plus rares. Il a
estimé que les programmes interactifs et le développement de
l'Internet (diffusion prochaine de films, commerce électronique
affranchi de toute règle nationale et internationale)
bénéficieront, en premier lieu, à ces mêmes
catégories de consommateurs. Il a parié sur un taux de
réception des chaînes câblées et diffusées par
satellite d'environ 70% des ménages français à l'horizon
2005-2010.
En réponse à
M. Claude Belot
qui s'interrogeait sur
l'avenir des grandes chaînes généralistes,
M. Maurice
Lévy
a expliqué que TF1 se devait de conserver sa position
dominante dans le but de pérenniser "la prime au leader" dont elle
bénéficie à l'heure actuelle dans le domaine de la
publicité. Cette volonté explique la part active jouée par
la chaîne dans TPS. L'intérêt des annonceurs est d'offrir
à leurs clients des audiences de plus en plus ciblées, c'est
pourquoi la publicité tiendra une place non négligeable sur les
chaînes payantes, même si l'audience y est plus faible. Le
processus actuel ne condamne pas les chaînes de télévision
généralistes mais conduit seulement à une fragmentation de
l'audience. Il a rappelé que l'homme est un animal d'habitude,
fidèle aux programmes et aux présentateurs qu'il connaît.
En réponse à M. Yann Gaillard,
M. Maurice Lévy
a
indiqué qu'Internet représentait à l'heure actuelle
0,11 % des recettes publicitaires du
marché français
et 2 % du marché nord américain.
A l'invitation de M. Claude Belot,
M. Maurice Lévy
a donné
son opinion sur l'avenir des chaînes de service public. Il a
approuvé la nomination de
M. Marc Tessier
à la
tête de France Télévision. Il y a vu une possibilité
pour les chaînes, de clarifier leurs lignes éditoriales, de
procéder à une modernisation de leurs structures, et d'avancer
dans le numérique, l'Internet et l'interactivité. Il a
déploré le malaise observé entre les pouvoirs publics et
leurs chaînes depuis 1968. La tentation d'intervention demeure importante
et s'exprime à travers les journaux d'information. Pris de mauvaise
conscience, les pouvoirs publics renoncent alors à donner des
orientations sur les programmes, ce qui s'avérerait pourtant
nécessaire.
Abordant les projets locaux de la Télévision Presse
Régionale et sa syndication publicitaire, il s'est montré
sévère quant à la réduction des coûts pour
les annonceurs et le retard technique qu'engendrera le développement de
la télévision locale en analogique dans la course au
numérique qui est aujourd'hui engagée au niveau mondial.
Audition de M. Etienne Mougeotte
Vice-Président et directeur général de TF1
Mercredi 22 septembre 1999
M.
Etienne Mougeotte
a indiqué qu'il aborderait trois points, à
ses yeux essentiels en matière de service public de l'audiovisuel. Il a
remarqué que la question du financement ne concernait pas uniquement la
France mais plus largement l'Union Européenne, qu'une confusion existait
au sujet des sources et des structures de financement et enfin que des
solutions équitables étaient possibles.
S'agissant du financement des télévisions publiques -qui est
assuré par la publicité et la redevance-
M. Etienne
Mougeotte
a rappelé qu'une plainte avait été
déposée par TF1, auprès de la Commission européenne
le 10 mars 1993. A la suite de l'arrêt rendu en première
instance, le 3 juin 1999, la commission a ouvert une procédure
pré-contentieuse envers la France, engageant notre pays à
s'expliquer. Le gouvernement a formulé, en août 1999, un pourvoi
contre cet arrêt. Les chaînes privées portugaises ont elles
aussi entrepris les mêmes démarches, auprès de la
Commission européenne et ont obtenu des explications de la part de leur
gouvernement .
Il a souligné que l'objectif de TF1 dans cette procédure
n'était pas de remettre en cause le double financement des
télévisions publiques dans notre pays, mais de déterminer
précisément l'affectation de la redevance et celle des recettes
publicitaires.
M. Etienne Mougeotte
a indiqué qu'il lui
semblait indispensable de consacrer les fonds provenant de la redevance
à des missions de service public, et ceux provenant des recettes
commerciales à des actions commerciales.
Il a ensuite abordé le problème de la confusion française
-et non l'exception française- en matière de financement et de
structure.
Il a regretté la concurrence, à ses yeux peu loyale, que les
chaînes de service public exercent sur le marché de l'achat des
programmes. Il a émis un doute quant à la possibilité
qu'auraient ces chaînes, si elles achetaient avec leurs seules recettes
publicitaires, de faire monter les prix comme elles le font actuellement sur
certains secteurs tels que les retransmissions sportives. Il a conclu sur ce
thème en démontrant que le produit de la redevance n'était
guère affecté à l'achat ou la production d'émission
de service public mais plutôt faire de la surenchère sur le
marché des programmes.
Évoquant l'éventuelle création d'une holding -tel que le
prévoit le projet de loi sur la liberté de communication- il l'a
dénoncée, estimant que le bénéfice d'une telle
structure constituerait pour les chaînes publiques un privilège
exorbitant par rapport à leurs concurrentes privées. En effet
elles seraient en possession d'un outil qui leur permettrait de mieux
coordonner leurs programmes. Elles le font déjà, en diffusant par
exemple le dimanche soir en première partie de soirée, un
programme destiné aux téléspectateurs de moins de 50 ans
sur France 2 (série " Urgences "), et un programme
destiné aux téléspectateurs de plus de 50 ans sur France 3
(la série " Derrick "). Il en est de même pour les
diffusions sportives à l'exemple des basculements d'une chaîne
à l'autre lors de la diffusion du Tour de France ou du tournoi de tennis
de Roland-Garros.
M. Etienne Mougeotte
s'est ému de cette
situation qu'il a jugée inégalitaire au vu des mesures de nature
anti-concentrationnelles imposées aux chaînes privées.
En réponse à
Mme Marie-Claude Beaudeau
qui s'interrogeait
sur l'avenir,
M
.
Etienne Mougeotte
a ensuite exposé ses
préconisations.
Il a recommandé de préciser les missions du service public de
l'audiovisuel. Pour illustrer son propos il s'est interrogé sur
l'opportunité pour France 2 d'avoir programmé une édition
spéciale du jeu " les z'amours " au moment ou TF1 diffusait le
premier épisode du téléfilm " Balzac ".
Il a revendiqué un mieux disant déontologique. A ce titre il a
rappelé que le service public avait consacré une émission
à une jeune infirmière ayant reconnu avoir pratiqué
l'euthanasie, alors qu'elle faisait l'objet d'une procédure judiciaire.
Il a insisté également sur le lourd dispositif interdisant la
concentration qui pèse sur les télévisions privées.
Il a souhaité une évolution dans ce domaine afin de permettre aux
chaînes privées de prendre des participations significatives dans
des entreprises de communication.
Il a plaidé pour un allégement des contraintes qui
séparent le producteur du diffuseur, pour un assouplissement des
modalités d'application des quotas de diffusion et pour une
réadaptation des obligations de production. S'agissant d'oeuvres
co-produites par les chaînes de télévision,
M. Etienne Mougeotte
a rappelé que seules trois diffusions
en quatre ans étaient autorisées. Ensuite les droits reviennent
au producteur. Il s'est montré inquiet quant aux dispositions contenues
dans le projet de loi sur la liberté de communication à ce sujet.
Il a rappelé qu'il n'existait plus en France de producteurs
indépendants et qu'ils était tous adossés à des
chaînes de télévision.
Il a souhaité qu'une différence de statut juridique soit
instaurée entre des séries classiques et des productions plus
importantes du type " Monte-Cristo " pour lesquelles l'investissement
de la chaîne est considérable.
M. Etienne Mougeotte
a ensuite abordé les évolutions
liées au mode de diffusion numérique. Il a exprimé le
désir de TF1 d'être présente sur Internet. Il a
indiqué que 100 millions de francs y seraient consacrés en
2000. Le développement de l'interactivité fait également
l'objet d'études. Les recettes escomptées pour 1999 pour la seule
activité Internet, pourraient atteindre 6 millions de francs. Il a
indiqué que la politique menée par TF1, dans le but de conserver
sa place de leader dans le paysage audiovisuel français, était de
produire le plus grand nombre de magazines, de documentaires et de programmes
en général, afin d'être prêt à créer
des chaînes à haute valeur ajoutée.
En réponse à
M. Claude Belot
qui
l'interrogeait sur la percée du numérique
M. Etienne
Mougeotte
a indiqué que la chaîne de production de TF1 serait
entièrement numérisée à la fin de l'année
2000 ; pour l'information les cassettes devraient totalement
disparaître entre 2001 et 2002. Il a précisé que les locaux
de LCI seraient transférés vers ceux de TF1, afin de rationaliser
la gestion. Les résultats financiers de LCI seront
équilibrés, en 1999, comme prévu dans son business plan.
M. Etienne Mougeotte
a expliqué que TF1 possédait une
participation d'un tiers dans le capital d'Eurosport. En outre, trois
chaînes sont prêtes à être lancées : l'une
mini-généraliste (TF2), l'autre destinée à la
jeunesse et enfin une dernière consacrée aux séries
télévisées. Le lancement des chaînes se fera sur le
câble et le satellite dans un délai qui reste à
définir.
Il a indiqué à
M. Claude Belot
que la
télévision locale n'était pas la vocation de TF1. Il a
précisé que le cahier des charges ne le permettait pas et a
estimé que la presse quotidienne régionale lui semblait la plus
à même de réaliser ce type de projet.
Audition de M. Jean-Claude Moyret
Directeur de l'audiovisuel extérieur et des techniques de communication
du Ministère des Affaires étrangères
Mercredi 23 juin 1999
M.
Jean-Claude Moyret
a tout d'abord présenté les objectifs de
son ministère dans le domaine de l'audiovisuel. Ceux-ci s'articulent
autour de quatre thèmes, hors Internet.
Le premier concerne la partie juridico-multilatérale et recouvre les
questions européennes et les questions internationales liées
à l'organisation mondiale du commerce (OMC). En effet, les textes
européens comme ceux de l'OMC ont une forte incidence sur le secteur
audiovisuel.
S'agissant des premiers, une directive européenne a fixé un
corpus minimum à respecter mais celui-ci ne se traduit pas par un
système juridique égalitaire. En fait, le système est plus
favorable à Londres qu'à Paris car la directive y est bien
appliquée. S'agissant de la télévision, la liberté
de réception est la règle mais l'Etat d'émission doit
faire respecter la directive. Ce mécanisme européen est difficile
à mettre en oeuvre et difficile à faire respecter, plus
particulièrement, avec le satellite. Cette directive de 1989 fera
l'objet d'une nouvelle négociation en 2002 sur les quotas de diffusion.
L'autre dossier concerne la négociation sur les services dans le cadre
de l'OMC. A partir de 2000, les négociations vont reprendre avec les
américains. Ils vont tenter de revenir sur l'exception culturelle qui
concerne l'audiovisuel, en s'appuyant sur la diffusion par Internet et la
convergence technologique.
M. Claude Belot
a alors souhaité savoir comment réguler la
diffusion sur Internet.
M. Jean-Claude Moyret
a répondu que cette régulation
serait possible dans le cadre de la lutte contre le piratage. En effet, lorsque
Internet diffusera de l'image et des films, les grandes firmes de production
devront protéger leurs intérêts financiers. Les
américains vont trouver un système de cryptage qui permettra
d'identifier l'acte de consommation et d'empêcher la duplication illicite
du produit chargé.
M. Jean-Claude Moyret
a ensuite abordé le deuxième axe
d'intervention du ministère qui concerne la vente de programmes. A cet
égard, il a rappelé que France télévision pouvait
vendre pendant 3 ans ses productions et qu'au-delà de ce terme, elle
devait remettre ces programmes à l'INA. Cependant, cette règle ne
s'applique pas lorsqu'il s'agit d'une coproduction avec un opérateur
privé, ce qui est très souvent le cas pour les oeuvres de
fiction. Il a rappelé qu'en matière de diffusion internationale,
le système français des droits d'auteur constituait un handicap
par rapport au système américain de copyright. Il a cependant
indiqué que la France vendait bien ces programmes, soit 1,4 milliard de
francs par an. Les ventes de documentaires et les dessins animés
progressent de plus de 10 % et sont les produits les plus porteurs, suivis
par les oeuvres de fiction. Un rapport de M. Soloveicik a récemment
fait un bilan sur les exportations des contenus audiovisuels et
multimédia.
S'agissant de l'exportation de cinéma français, il existe une
réelle volonté de soutenir son mode financement
spécifique. Malheureusement, les ventes stagnent à 400 millions
de francs par an depuis plusieurs années.
Le système de répartition des aides est subtil et très
difficile à réformer d'autant plus que les intérêts
divergent entre ceux qui sont plutôt liés aux Américains et
ceux qui veulent un financement unique et public. L'ensemble de ces questions
est traité par M. René Bonnel dans son rapport d'audit sur
l'avenir d'Unifrance.
Le troisième axe de réflexion concerne les opérateurs
publics, RFI et ses filiales, et plus particulièrement leur mode de
diffusion. L'évolution technologique a, en effet, conduit les auditeurs
à déserter l'onde courte au profit de la bande FM. L'onde courte
a donc été arrêtée sur l'ensemble de l'Europe,
l'Amérique latine et l'Amérique du Nord. Il a également
indiqué que les moyennes ondes allaient bientôt disparaître.
Dans certaines zones géographiques, la diffusion par Internet devrait
prendre sous peu, le relais. Il a expliqué qu'à terme, ce mode de
diffusion serait également utilisé par la
télévision.
Interrogé par
M. Claude Belot
sur la diffusion en Espagne des
chaînes publiques françaises,
M. Jean-Claude Moyret
a
indiqué que La cinquième, Arte et TV5 sont diffusées sur
Eutelsat, Astra diffuse pour sa part TV5 en mode numérique.
Il a rappelé que d'autres chaînes sont diffusées, avec plus
ou moins de succès, à l'étranger. Si TF1 n'a pas
réussi son implantation en Afrique du Sud ou en Hongrie, tel n'est pas
le cas de Canal Plus (en Espagne et en Europe de l'Est).
Evoquant son quatrième axe, les incitations envers les opérateurs
privés à lancer des chaînes sur les bouquets
numériques,
M. Jean-Claude Moyret
a regretté le peu
d'attrait des opérateurs français pour le secteur international.
En réponse à
M. Claude Belot
qui l'interrogerait sur la
diffusion des programmes en numérique hertzien,
M. Jean-Claude Moyret
n'a pas jugé indispensable l'adoption de cette technologie pas les
grandes chaînes françaises, au regard du coût d'une telle
opération, sauf si elles y sont obligées par la concurrence.
Pour conclure, il a indiqué que quelques postes d'attachés
audiovisuels seraient créés -en Pologne, en Afrique de l'Ouest et
au Portugal entre autres- afin de promouvoir le secteur audiovisuel
français à l'étranger. Il faudra ainsi faire face à
la suppression des postes occupés par les volontaires du service
national à l'étranger.
Audition de M. Fabrice Nora
Directeur général adjoint du groupe Amaury
Mardi 22 juin 1999
M.
Fabrice Nora
a indiqué qu'en sa qualité de membre du
directoire du groupement d'intérêt économique (GIE) de
" Télévision Presse Régions " (TPR), il
était un représentant des intérêts des 17 quotidiens
régionaux, à l'exception de ceux de la région de Tours
(NRCO) et de Rennes (Ouest France). Il a indiqué l'intérêt
de la presse quotidienne régionale pour la télévision
locale, et son désir -exprimé depuis 1998- de développer
ce type de média. Cette volonté s'est déjà
concrétisée par une collaboration avec M6 pour
l'élaboration de cinq des dix décrochages locaux effectués
par la chaîne dans ses journaux télévisés et par une
déclaration commune d'être opérateur de
télévision locale dès le lancement d'appel à
candidature.
M. Jean-Charles Bourdier
, directeur du développement du
Républicain Lorrain, en tant que membre du directoire du GIE
" TPR " a précisé que, depuis un récent
arrêt du Conseil d'Etat, le Conseil supérieur de l'audiovisuel
était tenu d'effectuer un appel d'offres sur les fréquences
hertziennes terrestres libres dès lors qu'un intervenant en faisait la
demande. Cette situation n'est pas sans rappeler la naissance des radios libres
dans les années 80. La presse quotidienne régionale a, suite
à ce changement, effectué des études de marché dont
il ressort que les télévisions locales pourraient
représenter jusqu'à 800 millions de francs de recettes
publicitaires.
M. Jean-Charles Bourdier
a fait valoir que, pour être
économiquement viables, les chaînes de télévision
locales se trouvaient dans l'obligation de faire appel au marché
publicitaire national. C'est la raison pour laquelle une nouvelle syndication
publicitaire serait mise en place, à l'exemple de ce que pratique la
presse quotidienne régionale, avec sa formule 66-3. Ce
système permettrait aux annonceurs de diffuser leurs spots sur
l'ensemble des stations locales, tout en n'ayant qu'un seul interlocuteur
commercial et technique. Pour illustrer son propos, il a cité l'exemple
les chaînes TLT (à Toulouse) et TLM (à Lyon), qui, ne
bénéficiant pas de cette syndication publicitaire, perdent
chacune plus de 10 millions de francs par an. En d'autres termes, il ne
saurait y avoir d'avenir pour des télévisions d'expression locale
qui tireraient leurs ressources du seul marché publicitaire local.
Il a informé le groupe de travail que TPR avait fait parvenir une lettre
ouverte à Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture, lui demandant
de ne pas geler l'attribution par le Conseil supérieur de l'audiovisuel
des fréquences hertziennes terrestres. En effet, le ministère
aurait l'intention de favoriser le développement de la diffusion en
numérique des programmes.
M. Claude Belot
, président du groupe de travail a fait remarquer
que le passage à la diffusion numérique de programmes analogiques
lui semblait une évolution technologique inéluctable en raison de
la qualité des retransmissions, de la multiplicité des programmes
proposés et de l'interactivité que permet cette technique.
M. Jean-Charles Bourdier
a rappelé que les quotidiens
régionaux regroupés dans " TPR " étaient
défavorables au développement du numérique hertzien. Leur
demande d'obtenir des fréquences analogiques avait pour objet, d'ores et
déjà d'être présents sur le marché de l'image
et donc d'être partie prenante au moment de la mise en place, dans les 3
à 5 ans à venir, des réseaux numériques sur
l'ensemble des grandes agglomérations françaises.
M. Gilles Crémillieux,
directeur de la diversification, a ensuite
apporté son témoignage sur la démarche du groupe La
Montagne Centre-France. Un dossier, en vue d'obtenir une fréquence
hertzienne sur l'agglomération de Clermont-Ferrand, est en effet
à l'étude. Ce choix a été justifié par le
constat du recul de la pénétration de l'écrit, sous toutes
ses formes, notamment dans les agglomérations, au sein des
catégories sociales les plus défavorisées et chez les plus
jeunes. A ses yeux, la télévision locale représente le
moyen supplémentaire pour pénétrer dans tous les foyers
afin de rétablir cette relation citoyenne et de favoriser
l'intégration de tous en encourageant particulièrement la vie
associative.
Le projet comporte en multidiffusion un programme d'informations (remis
à jour régulièrement), des magazines traitant de la vie
des quartiers, de l'actualité sportive, de la vie culturelle et des
aspects économiques et sociaux. Le budget prévisionnel
s'élève à 12 millions de francs par an, trente
emplois seraient créés, dont onze de journalistes. Les
rédactions du quotidien et de la chaîne de
télévision seront distinctes afin de garantir le pluralisme.
Enfin, les charges seraient couvertes par la publicité -à hauteur
d'un tiers par la publicité locale, les deux autres tiers ne pouvant
être apportés qu'à travers une commercialisation nationale
commune d'une quinzaine de télévisions locales de même
format-.
M. Fabrice Nora
a regretté le manque de lisibilité de la
volonté gouvernementale. Si elle allait dans le sens d'un gel de la
distribution des fréquences hertziennes, les petits projets seraient
handicapés : le coût des programmes numériques
s'avérant être élevé, seules les grandes
chaînes nationales, -dont les recettes publicitaires sont aujourd'hui
saturées-, pourraient conquérir ce nouveau marché. Il a
insisté sur la nécessaire libéralisation du secteur afin
de laisser se développer l'esprit d'entreprise.
M. Jean-Charles Bourdier
a, pour conclure, remarqué que les
opérateurs américains s'intéressaient de très
près au réseau câblé français. Il a
déploré que la problématique autour du câble, en
tant qu'infrastructure de base dans le cadre du développement des
nouvelles technologies, n'ait pas encore vraiment été
abordée en France.
Audition de M. Jérôme Seydoux
Président du Groupe Pathé
Mercredi 22 septembre 1999
M.
Claude Belot
a tout d'abord interrogé
M. Jérôme
Seydoux
sur la situation du secteur audiovisuel public français et
l'évolution du groupe Pathé.
M. Jérôme Seydoux,
après avoir indiqué qu'il
n'avait pas qualité pour se prononcer sur la situation du secteur
public, a déclaré que la télévision était un
axe majeur du développement de Pathé.
Pathé possède deux chaînes de
télévision : Voyage et Pathé Sport
12(
*
)
.
M. Jérôme Seydoux
a rappelé que son groupe travaillait à développer d'autres
chaînes sur le câble et le satellite et souligné qu'il
saisirait les opportunités qui apparaissent aujourd'hui pour les
opérateurs indépendants de renforcer leur présence, qu'il
s'agisse du lancement du numérique terrestre ou du renouveau des
télévisions locales.
En ce qui concerne la production audiovisuelle,
M. Jérôme
Seydoux
a indiqué que Pathé Télévision, au sein
du groupe, produit des fictions et des documentaires pour le service public
aussi bien que pour les chaînes privées. Il a indiqué que
ce métier est, en France, difficile et peu rémunéré.
Interrogé sur la chaîne Pathé Sport,
M.
Jérôme Seydoux
a indiqué que Pathé avait
racheté l'année dernière AB Sport au groupe AB. Un effort
important a été consenti depuis lors pour cette chaîne,
désormais dénommée Pathé Sport. Elle dispose d'un
budget d'une centaine de millions de francs. Sa programmation est aujourd'hui
fortement renforcée par les droits dont elle dispose dans des
disciplines telles que le basket, le handball, le volley-ball qui ont un grand
attrait pour le public, notamment les jeunes.
M. Claude Belot
a interrogé
M. Jérôme Seydoux
sur les évolutions du secteur audiovisuel.
M. Jérôme Seydoux
a estimé que l'enjeu
déterminant aujourd'hui est le passage au numérique de la
diffusion hertzienne, qui va permettre de multiplier par 5 ou 6 le nombre des
chaînes que pourront recevoir tous les foyers avec leurs postes et leurs
antennes actuels, moyennant seulement l'ajout d'un décodeur de faible
coût. Le rythme de sa mise en place n'est pas connu, mais ce changement
majeur est de toute façon inéluctable.
M. Jérôme Seydoux
a indiqué que le numérique
constituait un défi pour les chaînes hertziennes existantes,
notamment du service public, qui devront réussir le passage de
l'analogique au numérique.
Il a estimé qu'il ne s'agissait pas d'une menace pour la câble et
le satellite, qui compte déjà de nombreuses chaînes :
le numérique terrestre disposera de moins de chaînes que le
satellite ou le câble, une trentaine contre deux cents environ. C'est un
avantage important des systèmes actuels de diffusion (câble et
satellite) sur une offre concurrente éventuelle de chaînes
payantes diffusées en numérique terrestre.
M. Jérôme Seydoux
a souligné enfin que le
numérique terrestre ouvrait l'opportunité de faire créer
des chaînes supplémentaires par de nouveaux entrants et de donner
ainsi plus de choix au public et plus de débouchés à la
création. La saturation actuelle des espaces et la croissance du
marché publicitaire montrent que ces chaînes nouvelles, dont le
nombre restera limité, seront en mesure de trouver leur financement.
M. Claude Belot
a souhaité savoir si les règles sur les
quotas de production française pourraient être maintenues avec ces
nouvelles chaînes.
M. Jérôme Seydoux
a précisé que le
législateur aurait la maîtrise de la réglementation des
chaînes du numérique terrestre, qu'il n'y avait pas de raison de
remettre en cause, à l'occasion d'une évolution des modes de
diffusion, un dispositif mis en place en faveur de la création
française et européenne, qu'il pourrait cependant être
nécessaire d'aménager ces règles au départ, pour
les chaînes nouvelles, de façon à leur permettre de trouver
leur économie.
M. Claude Belot
a enfin interrogé
M. Jérôme
Seydoux
sur les liens entre la télévision et le cinéma.
Le Président de Pathé, producteur notamment d'
Astérix
et Obélix contre César
en 1999, a rappelé que, dans
notre pays, les liens entre le cinéma et la télévision
avaient été organisés d'une façon intelligente qui
permet aujourd'hui à la France d'avoir la première industrie
cinématographique d'Europe. Il a, plus généralement,
rappelé les relations de complémentarité, et non de
concurrence, qui existent entre le cinéma et la
télévision : le cinéma fournit à la
télévision un de ses principaux moteurs d'audience ; la
télévision apporte une part déterminante au financement
des films, y compris comme co-producteur.
Audition de M. Frank Soloveicik
Président directeur général de M5 S.A., auteur d'un
rapport remis à M. Jacques Dondoux, ministre du commerce
extérieur, sur l'exportation des contenus audiovisuels et
multimédia
Jeudi 24 juin 1999
En
introduction,
M.
Frank Soloveicik
a rappelé qu'il
était l'auteur de deux rapports consacrés à l'audiovisuel,
le premier avait été écrit pour le ministère
d'Alain Carignon en 1992, le second à la demande de Jacques Dondoux,
actuel ministre du commerce extérieur. Il a remarqué que la
question de l'exportation des programmes audiovisuels relevait de
compétences transversales au sein du gouvernement.
M. Claude Belot
a rappelé son attachement à la
présence française à l'étranger, et a
remarqué l'incapacité de notre pays à pallier la faiblesse
de ce secteur. A titre d'exemple, il a cité la société
Expand- productrice du célèbre jeu Fort Boyard- qui
réalise 640 millions de francs de chiffre d'affaires à
l'exportation, et qui est quasiment la seule en France à le faire.
M.
Frank Soloveicik
a expliqué que les professionnels
français ont longtemps opposé à la noblesse de l'art la
vilenie du marché. Ils se posent la question de savoir si le film est
une oeuvre ou un simple produit commercial.
M. Frank Soloveicik
a
expliqué, qu'à son avis, le film possède ces deux
caractéristiques.
Il a mis en exergue la qualité des moyens mis en oeuvre par les pouvoirs
publics afin d'aider le secteur en ce qui concerne le contenu des productions.
Il s'est toutefois montré admiratif vis-à-vis de la politique
audiovisuelle publique canadienne, qui a permis à sa composante
québécoise de préserver son exception culturelle et sa
langue. Les Canadiens ont su inventer une vraie industrie audiovisuelle dont la
capitalisation boursière est très importante.
M. Frank
Soloveicik
a évoqué le fort développement du
multimédia au Canada et le nouveau programme d'aide à
l'exportation des programmes mis en oeuvre pour un montant de 200 millions de
francs.
M. Frank Soloveicik
a ensuite plaidé pour un accroissement des
incitations fiscales en France et une politique d'aide aux "start-up", afin de
relancer le secteur de la production. Évoquant le compte de soutien, il
a indiqué que de telles incitations seraient susceptibles
d'entraîner un effet d'aubaine : doté de 40 millions de francs
à l'heure actuelle, son montant pourrait s'en trouver multiplié
par cinq.
En réponse à
M. Claude Belot
qui s'interrogeait sur les
problèmes posés par les droits d'auteurs lorsqu'un film est vendu
à l'étranger,
M. Frank Soloveicik
a répondu que la
circulation des oeuvres pose le problème de la patrimonialité, de
l'usufruit et des droits. Les producteurs français manquent d'argent et
de ce fait ne peuvent s'approprier leurs droits. Aux Etats-Unis la question ne
se pose pas : les producteurs sont automatiquement propriétaires des
droits. Un effet pervers ressort de la conception française du droit
d'auteur : à force de vouloir protéger les acteurs, les
ventes de film à l'étranger s'affaiblissent, et finalement les
acteurs ne touchent plus de droits.
M. Frank Soloveicik
a également plaidé, dans le cadre de
l'Organisation Mondiale du Commerce, pour une renégociation des droits
des distributeurs au Québec. Dans ce pays le distributeur ne peut
être étranger.
Puis à la demande de
M. Claude Belot
, il a évoqué
les techniques de traductions et de doublage. Il a indiqué que le Centre
national du Cinéma aidait les producteurs dans ces opérations
coûteuses. Il a exposé l'intérêt du sous titrage, qui
est peu coûteux et permet de conserver à l'oeuvre son
authenticité. Quant au doublage, plus onéreux, il se fait partout
sauf chez les anglo-saxons. Il a plaidé pour une certaine modestie face
aux diffusions, estimant que le passage, à l'étranger, d'un film
français sous titré en deuxième partie de soirée
est toujours préférable à une absence de passage. Il a
estimé que la langue n'était pas un obstacle à la
diffusion.
Évoquant ensuite la commercialisation des productions françaises
des télévisions publiques,
M. Frank Soloveicik
a
expliqué qu'elles étaient la propriété de
l'Institut National de l'Audiovisuel trois ans après leur sortie. Avant
ce délai elles restent dans les chaînes, qui s'occupent elles
mêmes de leur commercialisation. Il a expliqué que les productions
et, que le plus souvent, les programmes faisaient l'objet de coproduction avec
des acteurs privés.
Il a ensuite suggéré plusieurs initiatives afin de
développer l'exportation de programmes français. Tout d'abord, la
Coface pourrait s'investir dans ce domaine et octroyer des prêts ; le
ministère des finances pourrait également mieux intégrer
l'idée que la rentabilité des biens immatériels a de
l'intérêt, et mener dans ce sens ces discussions au sein de l'OMC.
L'IFCIC a également besoin d'une réforme afin de rendre plus
efficace le fonds dont il est doté. Il a également plaidé
en faveur d'un recours au "parterre", comme cela se pratique aux Etats-Unis. Il
déploré le manque de formation professionnelle des jeunes dans le
métier de la commercialisation des programmes. Afin d'y remédier,
il a expliqué qu'un contrat de prospective était en cours de
réalisation en partenariat avec les grandes écoles de commerce.
Il a également envisagé, dans la perspective de la fin du service
national -et donc de la fin du recrutement des Volontaires Service National
à l'étranger (VSNE)- un nouveau système de stage pour les
jeunes français dans les entreprises audiovisuelles
étrangères. Il a enfin regretté le manque de rapports
commerciaux entre les Européens, et plaidé pour que se tiennent
des Etats généraux de la communication au cours de la prochaine
présidence française de l'Union européenne.
Audition de M. Bernard Spitz
Maître des requêtes au Conseil d'Etat
auteur d'un rapport sur la
révolution numérique pour la Fondation Saint-Simon
Mardi 21 septembre 1999
M.
Bernard Spitz
a débuté son exposé en soulignant que la
révolution numérique avait eu pour effet de substituer sur le
plan économique à la distinction traditionnelle service
public-privé celle de services payants - services gratuits.
Face à la numérisation le service public doit choisir entre
subir, accompagner ou anticiper. La multiplication des chaînes, rendue
possible par la réduction des coûts de diffusion, rend urgente
l'élaboration d'une stratégie, notamment pour déterminer
si l'on maintient le rôle fédérateur de la
télévision publique et si l'on décide de faire payer
l'utilisateur ou non pour l'accès à des chaînes
thématiques supplémentaires.
A la demande de M. Claude Belot,
M. Bernard Spitz
a défini la
mission de la télévision publique : instrument
d'information, de loisir et d'accès à la culture, elle joue le
rôle d'éveilleur auprès du grand public. Cette
spécificité jointe au fait qu'elle n'est pas assujettie au
critère unique de l'audience, plaide en faveur du maintien du service
public.
M. Bernard Spitz
s'est prononcé en faveur d'un
schéma regroupant une multiplicité de chaînes dont la
programmation serait étroitement coordonnée autour d'un petit
noyau de chaînes généralistes, mais il s'est demandé
si la France était prête à investir dans sa
télévision publique car elle y consacrait moins de moyens que ses
voisins.
M. Claude Belot
ayant fait état du budget de la BBC
équivalent à celui de la télévision
française,
M. Bernard Spitz
a expliqué que la BBC, dont
les ressources restaient supérieures, tirait en particulier 25 % de
celles-ci de ses propres recettes commerciales, le reste étant
composé de recettes publiques, et qu'elle n'avait pas de recettes
publicitaires. En réponse à
M. Yann Gaillard
,
M.
Bernard Spitz
a reconnu que le fait de ne pas du tout dépendre des
recettes publicitaires avait une incidence sur la gestion du service public
bien qu'il soit ne soit pas réaliste ni légitime au regard de la
bonne utilisation de l'argent public d'éliminer totalement le
critère de l'audience.
La contradiction de l'audiovisuel en France tenant notamment à
l'ambiguïté de son financement, la suppression de la
publicité sur les chaînes publiques pourrait avoir des effets
pervers sur la programmation et sur la concurrence.
M. Bernard Spitz
a
ensuite énuméré les problèmes essentiels relatifs
au fonctionnement du service public : rôle, identité,
périmètre d'action (chaînes généralistes ou
thématiques), nature et importance du financement, type de
fonctionnement (choix des dirigeants, structuration, organisation,
problèmes sociaux, etc.).
Abordant ensuite la question de la redevance dont le système de
perception, par les coûts qu'il engendre et le niveau de fraude qu'il
tolère, prive le budget de l'audiovisuel public d'environ
1 milliard de francs par an,
M. Bernard Spitz
a proposé
de la collecter systématiquement en liaison avec une perception de
recettes déjà existante et d'en exonérer les personnes
fournissant une déclaration sur l'honneur. Cette méthode aurait
l'avantage de dégager du personnel et des ressources et de
réduire la fraude.
M. Yann Gaillard
a déclaré que
la redevance représentait la borne entre le secteur public et
privé et, tout comme
M. Bernard Spitz
, il s'est
déclaré favorable à son maintien dans les circonstances
actuelles.
M. Claude Belot
ayant abordé la question de
l'amélioration de la production audiovisuelle publique,
M. Bernard
Spitz
a défendu les télévisions publiques qui sont
certes perfectibles, mais qui assurent des programmes nationaux de
qualité avec moins de moyens que leurs homologues anglais et allemand.
M. Claude Belot
s'étant déclaré inquiet de la
concurrence des grands groupes audiovisuels qui s'apprêtent notamment
à mettre en oeuvre l'interactivité,
M. Bernard Spitz
a déclaré que le marché audiovisuel français
comportait encore une marge d'accroissement mais que les chaînes
généralistes publiques étaient condamnées à
se montrer innovantes et attractives sous peine de voir leur part se
réduire de plus en plus, alors que les coûts en matière de
droits cinématographiques ou sportifs notamment, continuaient leur
inflation.
En réponse à
M. Claude Belot,
M. Bernard
Spitz
a observé que la révolution numérique impliquait
une révision générale de notre réglementation, en
particulier s'agissant du système des quotas, dans la perspective de la
convergence entre Internet et la diffusion de programmes.
M. Claude Belot
s'étant ensuite interrogé sur
l'éventualité d'une récession économique et les
conséquences qu'elle aurait sur l'audiovisuel public,
M. Bernard
Spitz
a répondu que donner la priorité à ce secteur
était une question de volonté politique et que la
représentation nationale avait à cet égard un rôle
à jouer dans la mise en oeuvre d'une telle stratégie volontariste
lors de la discussion du projet de loi de finances.
M. Claude Belot
a déclaré qu'il lui semblait que les
moyens étaient suffisants mais mal employés.
M. Bernard
Spitz
a reconnu l'existence de dysfonctionnements tout en affirmant qu'ils
ne devaient pas servir de prétexte à éluder les choix
politiques et la mise en oeuvre d'une réforme en profondeur. La dotation
de moyens supplémentaires devait être selon lui la contrepartie
d'une modernisation manageriale et d'une adaptation du périmètre
d'action de la télévision publique.
M. Claude Belot
ayant enfin abordé la question du
numérique hertzien et de ses conséquences sur les acteurs du
marché de l'audiovisuel,
M. Bernard Spitz
a répondu
qu'il aurait pour effet d'élargir la concurrence, d'où
l'importance de la question des conditions d'accès à ce
marché à de nouveaux opérateurs éventuels. Il a
signalé comme piste de réflexion, ainsi que cela avait
été étudié en Angleterre, l'instauration d'une
nouvelle redevance basée sur l'utilisation d'un décodeur
numérique.
Audition de M. Marc Tessier
Président directeur général de France
Télévision
Mardi 14 septembre 1999
En guise
de propos introductif,
M. Marc Tessier
a dressé un bilan
satisfaisant de l'audience du service public au cours de l'été.
Il a indiqué que la rentrée s'annonçait bien, France 2
ayant devancé TF1 a plusieurs reprises en prime-time.
A l'invitation de
M. Claude Belot, M. Marc Tessier
s'est exprimé
sur l'avenir de la télévision publique. Il a jugé que les
mécanismes actuels de financement conduisaient à la
marginalisation du secteur public : les budgets étant votés
chaque année à l'équilibre, aucun investissement
significatif ne peut donc être envisagé.
Il a souligné que TF1 voit ses dépenses d'exploitation et
d'investissement croître de 7 à 9 % par an, tandis que le budget
de France Télévision, lui, ne progresse que de 3% environ. En
effet son budget est calculé par rapport à la croissance de celui
de l'Etat, alors que l'évolution du secteur audiovisuel est absolument
sans rapport. Cette situation engendre de graves problèmes de
gestion : la trésorerie de France 2 est négative de
400 millions.
M. Marc Tessier
a expliqué que le renchérissement des
droits de retransmission des programmes sportifs absorbait la totalité
de l'augmentation allouée par l'Etat. Il a regretté que l'Etat
ait refusé de participer à l'augmentation de capital de la
société TPS ; France Télévision a dû, de
ce fait, se résoudre à voir sa participation passer de 25
à 8%. Manquant de moyens, le service public ne représente que 5 %
de l'offre sur le marché des chaînes thématiques, avec des
chaînes consacrées à l'histoire, à la musique
classique, à la fiction et aux régions.
Il a conclu en observant que la pénurie financière
observée ces dernières années, a conduit la
télévision publique à n'occuper qu'une position marginale
sur le câble et sur le satellite.
Abordant le projet de loi portant réforme de l'audiovisuel public,
M. Marc Tessier
a indiqué que la société
holding qui pourrait être créée, serait dotée d'un
capital, aurait des objectifs de résultat, pourrait financer son
développement et aurait la faculté de contracter des emprunts. Il
s'est montré satisfait par ce projet.
En réponse à
M. Claude Belot
qui l'interrogeait sur la
publicité,
M. Marc Tessier
a déclaré que les
" tunnels publicitaires " étaient rendus nécessaires
par l'interdiction faite au service public de couper les programmes par de la
publicité, soulignant qu'on aurait pu faire le choix d'autoriser ces
coupures tout en diminuant la durée de la publicité.
Abordant le problème de la diffusion numérique,
M. Marc
Tessier
a développé l'idée d'une
complémentarité des dessertes pour France
Télévision : diffusion hertzienne sur la plus grande partie
du territoire et diffusion satellitaire pour les zones marginales. Après
avoir évoqué la question de la participation de France
Télévision dans TPS, il a manifesté sa volonté de
développer une offre de chaînes majoritairement gratuites sans
écarter les offres spécifiques payantes en partenariat. Pour
assurer une période de transition
M. Marc Tessier
a
évoqué la possibilité d'un switch-off progressif par zone
géographique. Il s'est dit convaincu par ailleurs, que pour la
distribution de la télévision, une véritable
révolution viendrait de la transmission, à terme, des images par
lignes téléphoniques.
Il a indiqué que le développement de la télévision
numérique terrestre permettrait au service public d'offrir des
programmes locaux, une information et des services encore plus proches des
téléspectateurs, et de développer des programmes
interactifs.
En conclusion
M. Marc Tessier
a indiqué que le projet de loi
portant réforme de l'audiovisuel public représentait, sans doute,
pour le service public, la dernière chance.
En réponse à
M. Yann Gaillard
qui l'interrogeait sur les
novations attendues en matière de programme,
M. Marc Tessier
a
insisté sur l'importance de l'information dans la grille du service
public. Il a indiqué que la régionalisation, au sens large de
l'information constituerait la principale nouveauté. Il a ajouté
que l'interactivité et la possibilité pour le
téléspectateur de choisir l'horaire auquel il souhaite visionner
une émission seraient mises en oeuvre. Il a rappelé que les
chaînes thématiques de service public trouveraient sans doute leur
place au sein de bouquets payants sur le câble ou le satellite.
A
M. Claude Belot,
il a réaffirmé son intention de
promouvoir les chaînes locales en insistant sur le fait que de tels
programmes existent déjà sur France 3, de ce fait le service
public aura une longueur d'avance sur la concurrence.
I. PROGRAMMES DES DÉPLACEMENTS AU CANADA, À LONDRES ET À RENNES
A. DÉPLACEMENT AU CANADA DU 7 AU 11 JUIN 1999
Personnalités rencontrées
•
Alain MASSE, Attaché audiovisuel à l'Ambassade de France au
Canada,
• Mme Micheline VAILLANCOURT, Directrice générale de
Radio Canada,
• Mme Françoise BERTRAND, Présidente du Conseil de la
Radiodiffusion et des Télécommunications Canadiennes, (CRTC),
• M. Paul RACINE, Premier Vice-Président de BCE Média
(première entreprise canadienne de communication par satellite),
• M. Guy GOUGEON, Président de TV5 Québec-Canada,
• M. Pierre GAGNON, Vice-Président de Vidéotron
(deuxième cablo-opérateur canadien),
• M. Hervé FISCHER, Président du Marché
International du Multimédia (MIM),
• M. Pierre-Luc DUMAS, Directeur général du la
Cité du multimédia Montréal,
• M. André PROVENCHER, Président de TVA
International.
B. PROGRAMME DU DÉPLACEMENT À LONDRES LES 1er ET 2 SEPTEMBRE 1999
Mercredi 1
er
septembre
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- ITC (Independant Television Council) : Mr Gary
TONGE (Director of Engineering)
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Jeudi 2 septembre
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- British Sky Broadcasting : Mr Ray GALLAGHER (Director of Public Affairs) |
. déjeuner |
avec M. John WARD (chief of Digital Television Project de la société Castel Tower International |
. après-midi |
- BBC : Mr Michael GLEAVE (Technical Policy Advisor in New Technologies) accompagné de Mr Wilf WHITE (Senior Policy Advisor) |
C. PROGRAMME DU DÉPLACEMENT À RENNES LE 5 OCTOBRE 1999
I. - Centre de la Redevance de Rennes
- Matin |
- Présentation du service de la Redevance par Michel
GOBBO, Trésorier-Payeur Général, Chef du Service
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II. - Visite des installations de Télédiffusion de France SA
- Après-midi - Arrivée à l'émetteur de Rennes St-Pern, de TDF
- Présentation de la TV numérique terrestre
(les
avantages, la chaîne de la valeur, le calendrier de déploiement en
France) par M. Marc RENNARD, Directeur général adjoint de
Télédiffusion de France SA
- Démonstrations des services interactifs |