CUVIER Jean-Léopold-Nicolas-Frédéric, baron Cuvier

Pair de France

CUVIER (JEAN-LÉOPOLD-NICOLAS-FRÉDÉRIC, BARON), pair de France, né à Montbéliard (Doubs) le 23 août 1769, mort à Paris le 13 mai 1832, était d'une famille de protestants français qui, pour fuir la persécution, au XVI^e siècle, vint s'établir dans la principauté de Montbéliard, domaine du duc de Wurtemberg jusqu'à la Révolution. Son père avait été officier d'un régiment suisse au service de la France, et vivait à Montbéliard d'une petite pension de retraite. D'une intelligence vive et curieuse, le jeune Cuvier se livra tout jeune à la lecture de Buffon, dont il avait trouvé les oeuvres dans la bibliothèque de son oncle, et fit ses études au collège de Montbéliard. Destiné à l'état ecclésiastique, mais n'ayant pu obtenir la bourse réservée aux meilleurs élèves de Montbéliard pour aller faire leurs études théologiques à Tubingue, il dut à la protection de la belle-soeur du due de Wurtemberg, laquelle habitait alors le château de Montbéliard, d'être admis gratuitement à l'Académie Caroline, de Stuttgard; il y étudia la philosophie, l'administration et les sciences naturelles. Après quatre ans d'Académie, il accepta, faute de ressources suffisantes, une place de précepteur chez le comte d'Héricy, près de Fécamp, en Normandie (1787); il y demeura sept ans, en profitant de sa position pour étudier les animaux marins et les plantes. Il se fit connaître dans une petite société d'agriculture des environs, à Valmont, entra en relations avec Jussieu Geoffroy-St-Hilaire, Lacépède, leur communiqua ses manuscrits, fut mandé par eux à Paris, et nommé, par leur influence, membre de la commission des arts, professeur à l'Ecole centrale du Panthéon, enfin suppléant du cours d'anatomie comparée au Muséum (juillet 1795). Ses leçons qui, par la reconstitution du monde antédiluvien, révélaient les périodes successives du globe, produisirent dans la science une révolution complète. Appelé à l'Institut lors de la réorganisation de ce corps (1796), il en devint secrétaire (1800), et secrétaire perpétuel, deux ans après; il fut nommé, en 1802, un des six inspecteurs généraux de l'Instruction publique, puis conseiller à vie de l'Université (1808), fut chargé d'organiser des académies en Italie et en Hollande (1809-1811), envoyé à Rome dans le même but en 1813, et créé chevalier de l'Empire (23 octobre 1811); il reçut à Rome sa nomination comme maître des requêtes. Peu après, l'empereur lui confia la mission singulière d'aller défendre Mayence contre les armées de la coalition ; mais il ne put arriver à temps. La Restauration le fit entrer au Conseil d'Etat 1814) ; il y présida le comité de l'intérieur (1819). La présidence de la commission ravale de l'instruction publique lui fut donnée dans les sessions de 1819-1820, et de 1821-1822. En 1824, il fut nommé grand-maître de l'Université à l'égard des facultés de théologie protestante, et, en 1827, directeur des cultes non catholiques au ministère de l'intérieur. Dans ces hautes situations, Cuvier prit une part très active à la préparation au Conseil d'Etat, et à la discussion devant la Chambre, d'un grand nombre de projets de loi. Le gouvernement de Louis-Philippe le fit entrer à la Chambre des pairs le 19 novembre 1831; il mourut moins de six mois après. On a de lui : Le Règne animal distribué d'après son organisation (1816. - Recherches sur les ossements fossiles des quadrupèdes, 2^e édit. (1821). - Discours sur les révolutions de la surface du globe, nouvelle édit. (1851). - Histoire naturelle des poissons (1828). - Eloges historiques (1800-1827), etc.