V. UNE MEILLEURE PRISE EN COMPTE DU JUSTICIABLE

Votre rapporteur pour avis souhaite évoquer les efforts entrepris ces dernières années pour améliorer la qualité du service rendu au justiciable.

Les entretiens de Vendôme ont été institués par la Garde des Sceaux le 5 mars 2001 afin de permettre aux juridictions d'engager une réflexion sur le fonctionnement de l'institution judiciaire. Ils ont contribué à faire avancer la réflexion sur la question d'une justice de qualité et plus accessible, qui figurait parmi les cinq thèmes abordés lors des échanges dans les juridictions, même s'ils n'ont pas rencontré le succès escompté en raison de la brièveté des délais imposés et du sentiment de grande lassitude au sein des juridictions.

1. Le renforcement des moyens en faveur d'une justice de proximité

Le développement de nouvelles structures judiciaires de proximité constitue un des grands chantiers de la réforme de la justice actuellement. Les maisons de justice et du droit , fondées à l'origine par une circulaire du 19 mars 1996 de la direction des affaires criminelles et des grâces, sont devenues des acteurs incontournables de l'institution judiciaire, au demeurant reconnus et appréciés. Elles ont pour mission essentielle d'assurer une présence judiciaire sur le terrain, et de concourir à la prévention de la délinquance.

La loi n° 98-1163 du 18 décembre 1998 relative à l'accès au droit et à la résolution amiable des conflits a consacré leur existence juridique les dotant d'un véritable statut. Votre rapporteur pour avis regrette que le décret n° 2001-1009 du 29 octobre 2001 déterminant leurs modalités de création et de fonctionnement ne soit intervenu que trois ans après l'entrée en vigueur de la loi.

Les maisons de justice et du droit sont instituées par une convention de création signée entre l'institution judiciaire et les services déconcentrés . Leur fonctionnement administratif est assuré sous l'autorité des chefs de juridiction par le greffier en chef du tribunal de grande instance où elles se situent. 33 greffiers y étaient affectés en juin 2001.

Leur financement est assuré par une mise en commun des moyens de l'Etat (dégagés sur les crédits de la politique de la ville et du ministère de la justice) et de ceux des collectivités locales. Le ministère de justice prend ainsi en charge la rémunération du magistrat et du greffier assurant le fonctionnement de la maison de justice et du droit, une aide à l'installation d'un montant de 7.600 euros (50.000 francs), ainsi que les frais de téléphone et des petites fournitures de bureau (3.800 euros).

74 maisons de justice et du droit sont actuellement réparties dans 65 cours d'appel et 9 devraient ouvrir d'ici la fin de l'année. Ces maisons de justice et du droit ont rencontré un grand succès auprès de leurs utilisateurs , comme l'a montré une enquête commanditée par le ministère de la justice. 84 % des personnes interrogées ont en effet estimé satisfaisante la réponse apportée à leurs attentes 118( * ) . Rappelons que le projet de loi de finances pour 2002 prévoit la création de 35 emplois de greffiers afin de renforcer les moyens qui leur sont alloués. 63 agents de justice y exercent actuellement des fonctions d'assistants animateurs.

En parallèle, il convient également de relever le rôle d'information et de communication vis à vis des citoyens joué par les conseils départementaux d'accès au droit (CDAD), anciennement dénommés conseils départementaux de l'aide juridique. Ils ont le statut de groupement d'intérêt public et sont dotés de la personnalité morale et placés sous la présidence du président du tribunal de grande instance. Il appartient au procureur de la République de contrôler leur fonctionnement. Ils ont pour mission essentielle de recenser les besoins d'accès au droit, de définir une politique locale d'accès au droit dans le département et d'évaluer la qualité et l'efficacité des dispositifs auxquels ils apportent leur concours 119( * ) .

Il existait 27 CDAD avant l'entrée en vigueur de la loi du 18 décembre 1998 précitée, qui a permis leur généralisation et un renforcement de leurs moyens. Au 1 er juillet 2001, on en dénombrait 53 , couvrant la moitié des départements. La commission Bouchet 120( * ) a signalé des initiatives intéressantes, comme la mise en place d'une politique de prévention des expulsions par le CDAD des Bouches-du-Rhône. Toutefois, cette commission fait état d'un bilan de l'action des CDAD contrasté . Elle a imputé les difficultés actuelles de fonctionnement à certaines lourdeurs et à la faiblesse des moyens mis en oeuvre, et relevé les difficultés d'un partenariat obligatoire.

De plus, le Conseil économique et social 121( * ) fait état de résultats très inégaux selon les départements : « véritable réussite dans certains d'entre eux, simple façade dans d'autres, [...] [imputable] à la personnalité du président [du tribunal] : on peut être un excellent magistrat sans être pour autant motivé et qualifié pour animer un réseau aussi large . ».

2. Une amélioration de l'accueil du justiciable

L'amélioration de l'accueil offert au justiciable a constitué une des préoccupations du ministère de la justice à l'occasion de la mise en place des trente-cinq heures. En effet, il a été proposé à l'ensemble des fonctionnaires dans le cadre des négociations sur les trente-cinq heures actuellement en cours cinq jours de repos annuels supplémentaires en contrepartie d'une plus grande amplitude d'ouverture des services au public et d'un meilleur accueil du justiciable .

La CGT des Chancelleries et des services judiciaires s'est inquiété de cette mesure, estimant que le temps supplémentaire passé à l'accueil engendrerait nécessairement des retards dans le traitement des dossiers.

Votre rapporteur pour avis souhaite également évoquer l'expérimentation réussie d'un guichet unique des greffes (GUG) lancée en 1998.  Elle a concerné cinq sites pilotes : Angoulême, Compiègne, Limoges, Nîmes et Rennes, et vise à simplifier la démarche du justiciable. Elle consiste à offrir un point d'accueil centralisé et un point d'entrée procédural pour l'ensemble des juridictions situées sur un même site.

Ce guichet unique permet à tout citoyen de recevoir des informations précises, d'avoir la possibilité de recourir à des modes diversifiés de règlement des différends, d'être orienté vers les professionnels spécialisés et les instances de conciliation et de médiation, d'introduire une requête à l'occasion d'une affaire dispensée de ministère d'avocat, d'être renseigné sur le déroulement de la procédure et de former un recours.

Une enquête de satisfaction fait état de la réussite de cette expérimentation tant du point de vue du justiciable que des magistrats et fonctionnaires. Ces GUG ont permis des gains de productivité en raison des tâches transférées à l'accueil. D'autres cours d'appel ont donc mis en place des services de GUG (Agen, Douai, Toulouse, Versailles...). De nouvelles expérimentations sont prévues en 2002 notamment à Aix en Provence, Bordeaux, Dijon, Fort de France.

Par ailleurs, on peut évoquer la mise en place concomitante d'un guichet unique des greffes dématérialisé dénommé « visio-greffe 122( * ) » dans l'arrondissement de Limoges, permettant aux usagers de la justice situés dans des communes très éloignées du siège du TGI de Limoges d'accomplir des actes de greffe, de recevoir des informations sur l'état d'avancement de leur procédure, de retirer des documents « officiels » en temps réel sans se déplacer et sous le contrôle de fonctionnaires de justice.

Ce dispositif est opérationnel depuis mai 2001 sur les différents sites du ressort du tribunal de grande instance de Limoges. Une extension de cette expérimentation est envisagée en 2002. Quatre ou cinq ressorts seront expérimentés dans des zones rurales (métropole et outre mer).

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