CHAPITRE IER -

LES PERFORMANCES SATISFAISANTES DU TOURISME FRANÇAIS DANS LE CONTEXTE DÉLICAT
DE « L'APRÈS 11 SEPTEMBRE »

Alors que se dessinait dans le courant de l'année 2001 un retournement de la conjoncture économique internationale, les attentats du 11 septembre ont brutalement aggravé ce climat baissier . Le secteur du tourisme n'a non seulement pas échappé à ce mouvement général, mais il s'est même trouvé très directement exposé aux conséquences immédiates de la détérioration de la situation politique et diplomatique internationale.

Les douze mois qui viennent de s'écouler ont confirmé la tendance, qui s'exprime à la fois de manière quantitative et de façon qualitative. En effet, les risques liés au terrorisme n'ont pas diminué , comme en témoigne le tout récent attentat meurtrier de Bali. Mais dans ce contexte terrible, l'activité touristique en France a relativement bien résisté . Cela est certes dû aux atouts naturels de notre pays, mais aussi à l' espace de proximité et de sécurité qu'il constitue pour sa clientèle nationale et internationale .

I. UNE SAISON 2001 CONTRARIÉE

La saison 2001 a été caractérisée, en France comme ailleurs, par la césure consécutive aux attentats subis en septembre par les Etats-Unis. Les huit premiers mois de l'année ont poursuivi la croissance sensible de l'activité touristique observée antérieurement, liée au dynamisme général de la consommation des ménages. En revanche, le dernier trimestre a brutalement interrompu la tendance haussière et affecté très fortement plusieurs secteurs de l'industrie touristique.

A. UN « LEADERSHIP » MAINTENU DANS UN MARCHÉ MONDIAL DÉPRIMÉ

1. Le marché international en recul

Après la progression exceptionnelle du tourisme mondial de 7,3 % en 2000, résultant des nombreuses manifestations liées au millésime, et la hausse de 4,10 % en 1999, l'année 2001 s'est terminée sur un net ralentissement .

Le nombre de voyages effectués en 2001 a été estimé par l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) à 693 millions (- 1 % par rapport à 2000) et le volume de recettes à 463,1 milliards de dollars (- 3 %).

C'est la première fois que de tels résultats négatifs sont observés . On peut les comparer à la fois aux prévisions qu'avaient faites l'OMT pour l'année 2001 et à l'accroissement annuel moyen sur la décennie 1990-2000, qui s'élevaient tous deux à environ 4,1 % en volume. Il s'agit donc, tendanciellement, d'une contraction de quelque 5 % que le marché mondial du tourisme a subi en 2001, en raison d'un dernier trimestre catastrophique qui a annulé les effets de la croissance des premiers mois de l'année.

Le secteur touristique est en effet très sensible aux problèmes d'insécurité . En outre, une partie importante de la clientèle effectuant des séjours à l'étranger est constituée d'Occidentaux et de Japonais. Ces deux facteurs conjugués expliquent la chute brutale des voyages intercontinentaux, les déplacements en avion ayant été délaissés. Ils sont également à l'origine de la réorientation de la clientèle vers des destinations sûres, ce qui a affecté à la fois les marchés d'Amérique du Nord et ceux du Maghreb, du Moyen-Orient et du Sud-est asiatique.

Certes, une reprise du tourisme mondial, qui devrait progressivement retrouver son taux de croissance « endogène », a été observée en 2002. Néanmoins, les effets du 11 septembre et, plus largement, de l'instabilité politique résultant de la menace terroriste islamiste, semblent devoir peser sur les pratiques touristiques de manière durable. Une redistribution des flux entre destinations, marchés et produits s'est ainsi opérée, la clientèle ayant pour souci premier de voir sa sécurité garantie. Dans cette perspective, le tourisme de proximité est sans doute appelé à se développer davantage que prévu , dans la mesure en particulier où l'avion subit une désaffection qui persiste et dont profitent les transports terrestres. Surtout, les professionnels relèvent une exigence accrue de leur clientèle dans le choix des destinations et des produits qu'ils proposent : sont ainsi pénalisés les pays émergents d'Afrique, du Proche-Orient et d'Asie, qui fondaient sur le tourisme de grands espoirs de développement économique, mais qui sont souvent exposés à une agitation intérieure peu propice à cette activité.

2. Le dynamisme préservé de la destination « France »

Au contraire de ces destinations, la France présente des atouts de sécurité d'une part, et, d'autre part, de proximité pour ses clientèles nationale et européenne, qui lui ont permis de supporter plutôt positivement le choc de l'après 11 septembre .

Elle est restée la première destination touristique internationale avec 76,5 millions de séjours (+ 1,2 %), accroissant même ses parts de marché en passant de 10,8 % à 11 % du marché mondial, et de 18,6 % à 19,1 % du marché européen. Elle demeure largement en tête , en termes de visiteurs , devant l'Espagne , passée en 2001 en deuxième position grâce à un dynamisme qui ne faiblit pas, les Etats-Unis , qui ont subi de plein fouet les conséquences des attentats, l'Italie , qui connaît un tassement après l'année exceptionnelle du Jubilé 2000 , et la Chine , nouvelle venue dans le peloton de tête et qui, selon les estimation de l'OMT, devrait encore progresser de manière importante et rapide dans les prochaines années jusqu'à se classer en première ou deuxième position à l'horizon 2020.

ÉVOLUTION DU TOURISME INTERNATIONAL EN 2001

Pays

Rang mondial

2001

2001/2000

Part dans le monde

Part en Europe

France

1

76 506

+ 1,2 %

11,0 %

19,1 %

Espagne

2

49 520

+ 2,7 %

7,1 %

12,4 %

Italie

4

39 000

- 5,3 %

5,6 %

9,7 %

Royaume-uni

6

22 929

- 9,5 %

3,3 %

5,7 %

Allemagne

11

17 861

- 5,5 %

2,6 %

4,4 %

Total Europe

 

400 000

- 0,5 %

57,7 %

100 %

Etats-unis

3

45 500

- 10,6 %

6,6 %

 

Chine

5

33 200

+ 11 %

4,8 %

 

Total monde

 

693 000

- 1,0 %

100 %

 

Source : OMT Milliers d'arrivées de touristes étrangers

S'agissant des recettes tirées du tourisme, la France se classe toujours en troisième position, après les Etats-Unis et l'Espagne, ce dernier pays demeurant celui pour lequel la part des recettes touristiques dans le produit intérieur brut est la plus élevée, devant la France et l'Italie.

RECETTES DU TOURISME PAR PAYS EN 2001

Pays

Recettes du tourisme international

Part des recettes mondiales

PIB 2001

Recettes/PIB

Etats-Unis

72,30

15,6 %

9 944,2

0,7 %

Espagne

32,87

7,1 %

802,1

4,1 %

France

29,96

6,5 %

1 487,9

2,0 %

Italie

25,94

5,6 %

1 414,2

1,8 %

Chine

17,80

3,8 %

5 019,4

0,4 %

Allemagne

17,21

3,7 %

2 111,0

0,8 %

Royaume-Uni

15,90

3,4 %

1 424,1

1,1 %

Source : OMT, OCDE (Milliards de dollars)

Votre rapporteur s'inquiète de l'impossibilité persistante de notre pays à rentabiliser davantage la présence des touristes sur son sol. Au contraire de l'Espagne, dont la croissance de la fréquentation en volume entre 2000 et 2001 (+ 2,7%) s'accompagne d'une augmentation plus importante encore des recettes (+ 6%), notre pays ne parvient pas à tirer tout le parti économique qu'on serait en droit d'attendre de son leadership quantitatif puisque ses recettes ont diminué (- 2,4 %) alors que la fréquentation touristique augmentait (+ 1,2 %). En outre, on ne peut manquer d'observer que le rapport entre les recettes touristiques françaises et celles de partenaires comme l'Allemagne et l'Angleterre n'est que de 2 pour 1 environ, alors qu'en termes de fréquentation, il est respectivement de l'ordre de 4,3 et 3,3 pour 1.

Il conviendrait ainsi que les pouvoirs publics s'interrogent sur les raisons du faible contenu, en termes de recettes, de l'activité touristique nationale . Si une partie des explications résulte de ce que la France est, plus que les autres pays, un territoire de transit touristique et pas simplement de destination finale -ce qui limite le potentiel de consommation des inputs-, il est certain qu'entrent aussi en considération d'autres facteurs tenant au contenu même de l'offre , qui gagnerait ainsi à être valorisée .

Reste que l'activité touristique demeure toujours un secteur rémunérateur pour l'économie française , malgré la diminution des recettes enregistrée en 2001 par rapport à 2000. D'après les statistiques élaborées par la Banque de France, le solde excédentaire du poste « voyages » de la balance des paiements a atteint 15,1 milliards d'euros en 2001 (- 2 %). Ce poste demeure ainsi à la première place, qu'il occupe depuis 1999, et contribue à près de 88 % à la capacité de financement de la nation. Mais comme le démontre l'évolution mensuelle du solde, la baisse globale est directement consécutive aux événements du 11 septembre puisqu'une progression importante avait été observée au cours de huit premiers mois de l'année.

Sur l'année, les recettes se sont établies à 33,9 milliards d'euros (+ 3,35 %) tandis que les dépenses se sont élevées à 18,8 milliards (+ 6,2 %).

B. UNE ÉVOLUTION DES COMPORTEMENTS TOURISTIQUES

Les conséquences des événements de septembre 2001 sur la structure du marché du tourisme international ont également été observées en France, en ce qui concerne tant les comportements de la clientèle étrangère que ceux des touristes français .

1. Une structuration modifiée de la demande étrangère

Comme les autres destinations touristiques, la France a souffert d'une brutale désaffection des clientèles américaine et japonaise . En ce qui concerne les Américains, cela s'explique naturellement par l'annulation de nombreux départs à compter de septembre 2001, mais aussi par l'instabilité des marchés financiers qui ont conduit les retraités américains, importants consommateurs touristiques, à une prudence de comportement puisque leurs pensions dépendent largement de la situation boursière. S'agissant des Japonais, la conjoncture économique durablement déprimée de leur économie a très largement pesé sur leur consommation touristique. Reste que, grâce à son fort pouvoir d'achat , cette clientèle a encore contribué pour 30 % environ des recettes touristiques de la France .

En outre, on a pu observer l'an passé un recul de la demande italienne ainsi que, à un degré moindre cependant, des demandes allemande et latino-américaine , qui s'explique sans doute davantage par les difficultés économiques ou, à tout le moins, l'atonie de la croissance dans ces pays que par « l'effet attentats ».

Néanmoins, ces pertes de clientèles ont été plus que compensées par des arrivées nouvelles ayant pour origines les nouveaux marchés d'Europe de l'Est , qui progressent de 6,3 %, les pays de l'Europe du Sud (à l'exception de l'Espagne et de l'Italie), dont l'augmentation atteint 4,2 %, les pays nordiques et britanniques , qui augmentent de 3,8 %, et enfin l' Afrique (+ 5,6 %) et l' Asie exclusion faite du Japon (+ 3,6 %). On peut ainsi relever, par exemple, que certains Comités régionaux du tourisme ont vu apparaître dans leurs statistiques les clientèles chinoises et indiennes, qu'il était auparavant impossible de distinguer en raison des trop faibles effectifs concernés.

Sur les cinq dernières années, il a été constaté une progression constante de la part des touristes néerlandais et britanniques et, à l'inverse, une diminution régulière des allemands ainsi que, dans une moindre mesure, des scandinaves et des helvétiques. Toutefois, la clientèle étrangère de notre pays demeure très largement dominée par celle d'Europe de l'Ouest (53,6 %), des îles britanniques et des pays nordiques (18,2 %) et de l'Europe du Sud (14 %), ces trois ensembles représentant près de 86 % de la fréquentation étrangère.

Dès lors, si les évolutions constatées en 2001 sont peut-être l' amorce de changements structurels plus profonds , ceux-ci prendront du temps avant de bouleverser la répartition générale de la clientèle étrangère en France.

2. Un recentrage de la demande intérieure sur l'hexagone et les marchés de proximité

En 2001, les séjours personnels des Français à l'étranger ont représenté un peu moins de 10 % de l'ensemble de leurs séjours, en baisse d'environ 0,6 % par rapport à 2000 . Cette première observation révèle un changement par rapport aux comportements passés puisque une croissance significative et régulière de leur nombre avait été constatée depuis 1998.

De plus, le nombre des nuitées passées à l'étranger a également diminué , traduisant ainsi un raccourcissement des voyages et, plus précisément, un affaiblissement des longs séjours 2( * ) . Outre une infirmation, là encore, de la tendance observée depuis 1998, cette diminution révèle aussi un changement de destinations préférentielles de nos concitoyens, et de leurs comportements : ils ont ainsi privilégié les marchés de proximité européens, multipliant les petits séjours (week-ends prolongés, notamment) et diminuant les durées de leurs longs voyages (même si la formule de « la semaine en tout-compris » continue de progresser).

MOTIF, DESTINATION ET DURÉE DES SÉJOURS DES FRANÇAIS EN 2001

Motif

Destination

Court séjour

Long séjour

Total

Séjours

Nuitées

Séjours

Nuitées

Séjours

Nuitées

Professionnel

France

3,5

5,7

1,6

14,5

5,1

20,1

Etranger

0,8

1,6

0,5

6,2

1,3

7,8

Personnel

France

79,5

145,0

64,7

632,8

144,2

777,8

Etranger

3,7

8,0

12,2

115,9

15,9

123,9

Total

France

83,0

150,7

66,3

647,3

149,3

798,0

Etranger

4,5

9,6

12,7

122,1

17,2

131,7

Général

87,5

160,3

79,0

769,4

166,5

929,7

Source : SDT/Direction du tourisme - Sofres (Millions)

Le fléchissement général des déplacements à l'étranger s'est accompagné d'une redynamisation de la mobilité en France , qui a progressé d'environ 2,1 % pour les séjours , tandis que le nombre des nuitées subissait une légère érosion de 0,2 %.

Les Français ont ainsi réorienté leur demande sur le marché intérieur , préférant là encore séquencer leurs congés en plusieurs séjours de plus courte durée que par le passé . Ils sont partis plus souvent , mais pour des durées un peu plus limitées : la durée moyenne des séjours s'est ainsi établie à 5,63 nuits en 2001 contre 5,76 en 2000, soit une baisse de 2,3 %. Cette situation est exactement contraire à celle de l'année précédente , qui avait révélé une diminution de 0,3 % des séjours et une augmentation de 1,1 % des nuitées.

Si l'on a pu qualifier ce comportement nouveau « d'effet 35 heures », il a aussi certainement résulté d'une attention plus soutenue qu'auparavant au contenu même de l'activité touristique . Les observations du marché du tourisme en 2001 révèlent en effet une plus grande sélectivité de nos compatriotes, qui ont privilégié la diversification de la distribution des activités et manifesté un attrait plus important pour les projets d'ordre sportif et culturel. Il sera intéressant de vérifier dans les prochaines années si cette modification comportementale est appelée à durer ou si elle ne constitue qu'un retournement conjoncturel dans une tendance de long terme qui lui est contraire.

C. LES DIFFICULTÉS SECTORIELLES ET LES DISPOSITIFS DE SOUTIEN

Dans ce tableau général apparaissent toutefois des zones d'ombre . Le secteur marchand a souffert des événements du 11 septembre de manière certes différenciée, mais toutefois prononcée dans certains domaines et dans quelques régions. C'est ce qui a conduit les pouvoirs publics à prendre rapidement des mesures propres à aider le secteur touristique à surmonter cette passe conjoncturelle difficile.

1. Le choc inégalement ressenti des effets du 11 septembre 2001

Les secteurs affectés

Toutes les branches du tourisme fortement ouvertes à la clientèle « long-courrier » ont connu des résultats à tout le moins mitigés en 2001 .

Les années passées avaient vu la progression constante de l'hébergement en secteur marchand. En 2001, ce mouvement a connu un coup d'arrêt , puisque 191 millions de nuitées ont été enregistrées dans l'hôtellerie homologuée , ce qui représente une quasi stabilité (+ 0,1 % en fréquentation, et taux moyen d'occupation maintenu à 60 %, comme en 2000). Les nuitées françaises (+ 1,3 %) ont compensé la baisse de fréquentation de la clientèle étrangère (- 1,8 %), baisse qui a été particulièrement sensible dans l'hôtellerie de luxe en raison de la réduction drastique des demandes américaine et japonaise.

En effet, ce secteur , principalement établi à Paris et sur la Riviera Côte d'Azur , a subi après le 11 septembre une profonde contraction qui a obéré les résultats annuels de manière significative. Après un début d'année 2001 plutôt morose et une très bonne saison estivale, les nuitées étaient en hausse de 1 % sur le cumul des huit premiers mois de l'année. Mais les résultats des mois suivants ont été catastrophiques : - 0,1 % en septembre, - 3,3% en octobre, - 1,9 % en novembre et - 3,8 % en décembre.

Avec l'hôtellerie, la restauration a également subi une décélération de son chiffre d'affaires . Les glissements trimestriels sur un an de l'indicateur d'activité en valeur de la restauration traditionnelle ont baissé d'un point par trimestre tout au long de l'année, conduisant à un recul en volume de l'ordre de - 1 % en fin d'année par rapport à 2000.

Les agences de voyage ont elles aussi subi de plein fouet les effets du 11 septembre. Certes, le chiffre d'affaire en valeur du secteur a globalement augmenté de 1,2 % en 2001 par rapport à 2000. Mais compte tenu d'une évolution des prix de l'ordre de 3 %, la baisse en volume a atteint - 1,8 % environ. En outre, on doit rappeler que la progression du chiffre d'affaires de la profession avait été de 11,7 % en 2000 .

Les opérateurs touristiques voyagistes à forfait et les agences de voyages ont subi une chute brutale d'activité au mois d'octobre 2001, comprise entre - 20 et - 40 %, avec cependant de fortes disparités selon les destinations (USA et continent américain, Afrique et Moyen-Orient) et les clientèles . Cette chute est venue aggraver une baisse déjà perceptible dans le tourisme d'affaires depuis juin 2001 et liée au retournement de tendance de l'activité économique générale. Au total, on estime que le secteur des agences de voyages travaillant à l'international a connu une perte d'activité de 10 à 20% au dernier trimestre 2001.

Naturellement, le secteur aérien a également été fortement pénalisé par les attentats de septembre. Si le trafic aérien international a augmenté de 2,6 % dans les aéroports de province, il a diminué de - 2,3 % dans les aéroports parisiens, qui regroupent 80 % des mouvements. Le résultat de l'année 2001 a donc été globalement négatif.

Certes, avant même le dernier trimestre 2001, le fléchissement de la croissance du trafic était déjà perceptible en raison du retournement économique affectant les liaisons d'affaires, de la fin de la montée en charge de plusieurs liaisons et de la baisse de l'offre consécutive aux difficultés d'AOM et Air Littoral. Toutefois, le trafic a été en recul de - 15 % en septembre et en octobre, les compagnies françaises non régulières ayant été davantage affectées (- 11,5 % sur l'année avec une baisse comprise entre - 19 et - 25 % selon les compagnies au dernier trimestre) qu'Air France (augmentation globale de 1,5 % sur l'ensemble de son réseau malgré une contraction de l'activité de - 6 % sur les trois derniers mois de l'année).

Le trafic aérien intérieur a lui-même été concerné par ce recul , après la faible augmentation constatée en 2000. Pour l'essentiel, sa baisse semble résulter de la concurrence accrue du réseau ferroviaire , notamment de la mise en service du TGV Méditerranée.

Enfin, on a pu relever que les événements du 11 septembre ont pénalisé la fréquentation des sites touristiques par la conjonction de deux raisons : un effet psychologique négatif quant aux lieux à forte présence collective et la diminution du nombre des touristes étrangers d'origine lointaine . A l'exception notable de la Tour Eiffel, dont la fréquentation globale est restée stable, la plupart des sites touristiques français de notoriété internationale ont ainsi connu une baisse parfois sensible du nombre de leurs visiteurs (musées du Louvre et d'Orsay, Arc de triomphe, Château de Versailles). De plus, si la fréquentation des parcs à thèmes s'est inscrite dans une logique haussière de moyen terme (par exemple à Eurodisney), les pertes de clientèles en fin d'année ont toutefois été sensibles.

Paris demeure la première ville mondiale des congrès internationaux

Effet du 11 septembre 2001, le nombre global des congrès s'est tassé en 2001 (- 1,5 %), avec 9 259 réunions contre 9 400 l'année précédente, en raison d'une chute importante des congrès aux Etats-Unis, relève l'Union des associations internationales (UAI).

Paris reste la première ville mondiale de congrès internationaux (définis comme les réunions de plus de 300 participants et de plus de trois jours), avec 229 réunions, devant Londres (191), Bruxelles (188), Vienne, Singapour, Genève, Berlin, Séoul, Copenhague et Sydney. Ces dix villes ont accueilli au total 1 408 congrès, soit 15,2 % du marché mondial (contre 1 520 et 15,9 % du marché en 2000).

A elle seule, Paris représente 2,5 % du marché mondial et 4,3 % du marché européen . Elle recueille 38,2 % des congrès organisés en France, face à onze villes qui lui font chaque année davantage concurrence.

Source : AFP - 13 septembre 2002

Les secteurs ayant résisté

En contrepartie, d'autres secteurs et activités ont tiré profit de cette situation .

Même s'il ne s'agit pas à proprement parler d'un secteur, il convient en premier lieu de relever la confirmation du renouveau de l'hébergement non-marchand chez la famille et les amis observé en 2000. Cette progression constitue un retournement par rapport à la décennie précédente, dont il est toutefois encore trop tôt pour assurer qu'elle est appelée à perdurer .

Dans le secteur marchand , les résidences de tourisme ont connu en 2001 une activité soutenue , la progression étant d'environ 4 % par rapport à l'année précédente et les taux d'occupation très élevés (sur les bords de la Méditerranée, ils ont ainsi frôlé les 100 % en juillet et août et évolué entre 70 et 80 % en juin et en septembre). Les étrangers ont été particulièrement nombreux , en particulier les Néerlandais, les Allemands et les Scandinaves, qui ont représenté 55 % de la fréquentation.

Par ailleurs, l' hôtellerie de plein air a connu un renouveau après la mauvaise saison 2000. Avec plus de 98 millions de nuitées enregistrées entre mai et septembre, l'augmentation a été de + 4,8 % au total, de + 6 % pour la clientèle étrangère (qui est encore toutefois à - 6,6 % de son niveau record de 1999) et de + 4,2 % pour les Français (+ 1,5 % par rapport à 1999). Si l'on ne peut que se féliciter de cette santé économique recouvrée , il n'est toutefois pas étonnant que le secteur n'ait pas été affecté par les événements de septembre 2001, la saison étant pratiquement achevée à cette période.

En ce qui concerne les modes de transport , le réseau ferroviaire a connu une année satisfaisante : le trafic voyageur de la SNCF a progressé sur l'année de 2,5 %, ce taux résultant en particulier de la croissance de 8 % du réseau TGV et, singulièrement, de la mise en service du TGV Méditerranée à partir de juin. La fréquentation globale a ainsi augmenté de 11,5 % au troisième trimestre, cette nouvelle ligne ayant des effets certes directs mais aussi induits puisque le réseau des trains express régionaux (TER) du Sud-Est a été irrigué par cet afflux de nouveaux voyageurs.

La circulation routière a également augmenté en 2001, progressant même à un rythme sensiblement supérieur à celui de l'an dernier (+ 3 % contre + 2,1 %), en raison notamment de la forte utilisation du réseau autoroutier .

Des régions touchées de manière diversifiée

Deux régions ont subi un contrecoup significatif à la suite des attentats du 11 septembre :

- l' Ile-de-France qui, avec 26,4 millions d'étrangers, dont 4 millions d'Américains et de Japonais, a connu une baisse de 12 % du taux d'occupation de son hôtellerie au dernier trimestre 2001. Au total, les nuitées y ont chuté de près de 4 % (- 5,5 % pour les hôtels 4* et 4* luxe et - 3,7 % pour les 3 *). En outre, une part significative des sites touristiques renommés y est située ;

- la Côte d'Azur , où les clientèles américaine et japonaise représentent traditionnellement 7 % des nuitées, dont 17 % dans les hôtels 4*, catégorie qui a connu une baisse de 20 % au dernier trimestre 2001.

En revanche, s'agissant de la répartition régionale des touristes français , l'année 2001 a montré une grande stabilité par rapport aux années précédentes. Ce sont les régions traditionnellement les plus touristiques qui ont le plus bénéficié du mouvement d'ensemble qui a privilégié les séjours dans l'hexagone, notamment Rhône-Alpes, Languedoc-Roussillon et Bretagne. A cet égard, on peut relever que les campings du bord de mer des régions concernées par le naufrage de l'Erika en décembre 1999 ont enregistré une hausse de plus de 10 % des nuitées, ce qui est très encourageant même si cela n'a pas permis de retrouver le niveau de fréquentation d'avant la catastrophe.

D'une manière générale, la répartition des déplacements selon l'espace choisi a été extrêmement stable . Le littoral est resté le plus attractif en terme de nuitées (36 %) mais sa part n'a pas progressé comme en 2000. Si, à l'exception de la montagne (- 3,4 % en parts de séjours, mais stabilité des parts de nuitées), aucun espace n'a réellement perdu de part de marché, la campagne en a toutefois regagné, en ce qui concerne tant les séjours (+ 3 %) que les nuitées (+ 1,2 %). Cette observation n'est pas incohérente, mais signifie simplement que la campagne a été plus souvent qu'auparavant associée dans les mêmes déplacements à d'autres espaces. On peut enfin relever que la part de la ville dans les nuitées a elle aussi augmenté, de + 2,6 %.

2. Des mesures fiscales et sociales de soutien aux professionnels

Le gouvernement a rapidement porté son attention aux professionnels du tourisme ayant connu une baisse d'activité à compter du 11 septembre 2001. Les entreprises de ce secteur ayant justifié de difficultés particulières consécutives aux événements ont pu, sur leur demande, bénéficier de mesures fiscales et d'allègement de charges sociales .

Les mesures fiscales mises en place avec le secrétariat d'Etat au budget ont ainsi permis d'octroyer des délais de paiement pour les cotisations échues ou à échoir à compter du 15 septembre 2001, et d'accorder des remises gracieuses sur les pénalités de recouvrement , après règlement du principal dans les conditions fixées dans le cadre de la mise en oeuvre d'un plan de règlement de paiement. Par ailleurs, les services fiscaux ont été chargés d'examiner avec une particulière bienveillance les demandes de remises gracieuses d'impôts directs lorsque les requérants se trouvaient dans l'incapacité avérée de faire face au paiement de leurs échéances fiscales.

En ce qui concerne les charges sociales , des mesures ont été prises en concertation avec le ministère de l'emploi et de la solidarité. A cet effet, les entreprises pouvaient s'adresser aux services de l'URSSAF et de la direction départementale du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle afin que leur situation fasse l'objet d'un examen au cas par cas pour l'octroi de reports de paiement des charges sociales . Cette bienveillance a naturellement été étendue aux cotisations dues par les chefs d'entreprises artisanales et commerciales . Pour les entreprises ayant mis en oeuvre l'aménagement et la réduction du temps de travail (ARTT), le remboursement des charges sociales a été suspendu dans les cas où l'application de l'ARTT s'est trouvée interrompue consécutivement aux difficultés résultant du 11 septembre. Enfin, pour éviter de recourir aux licenciements économiques, les entreprises ont pu solliciter des services de l'emploi le bénéfice des mesures de chômage partiel .

3. Une campagne de promotion renforcée

Par ailleurs, soucieux de contrarier rapidement les évolutions dépressives du marché international, les pouvoirs publics ont décidé de renforcer tout particulièrement la promotion de la destination « France » sur les marchés fortement émetteurs de touristes et les segments les plus affectés par les événements (le tourisme d'affaires et le tourisme haut de gamme). C'est à Maison de la France qu'a été confiée la responsabilité de mettre en place l'ensemble de ces actions commerciales .

La campagne mondiale de promotion engagée en mars 2002 a été menée en priorité sur les grands marchés européens émetteurs de touristes : Grande-Bretagne, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Belgique, Espagne et Suisse. Des actions de soutien ont également été développées aux Etats-Unis, au Canada et au Japon. Cette campagne a été réalisée grâce à une dotation exceptionnelle de l'Etat de près de 4,9 millions d'euros inscrite en loi de finances rectificative pour 2001 , qui a permis de lever des crédits partenaires à hauteur de 4,16 millions d'euros, complétés par des participations extérieures de plus de 3,67 millions d'euros. Au total, l'investissement global s'est élevé à plus de 12,7 millions d'euros .

Conçue avec la volonté de mettre en avant la qualité et la diversité de l'offre touristique française, l'aspect festif et jeune de la destination, ainsi que sa proximité et sa sécurité , cette campagne s'est appuyée sur un concept fédérateur concrétisé par le message « J'aime la France » encarté dans un coeur rouge. Elle a comporté une phase générique sous forme d'une campagne télévisée sur plusieurs chaînes pan-européennes et la chaîne française LCI, puis a été déclinée de façon adaptée aux principaux marchés concernés, selon des formes diverses : opérations de marketing direct, marketing sur internet, campagnes de presse, campagnes grand public sur différents supports (affichage, radio, télévision, etc.), éditions de documents spécifiques.

Les premières estimations des résultats de la saison estivale 2002 laissent à penser que cette campagne a rencontré un réel succès . Or, pour votre rapporteur pour avis, cette observation justifierait que dans le contexte actuel (aggravé par le récent attentat de Bali) un tel effort promotionnel de grande ampleur soit plus régulièrement mis en oeuvre , pour deux raisons essentielles :

- tous les professionnels s'accordent à reconnaître qu'une campagne de promotion n'a de réelle efficacité et d'effets durables qu'au bout d'une certaine période ; la durée et la répétition constituant deux éléments fondamentaux des stratégies marketing, votre rapporteur pour avis estimerait opportun de renouveler un nouveau plan d'actions d'envergure de manière pluri-annuelle, sur deux ou trois ans, avec un budget spécifique abondé par l'Etat et permettant de lever des partenariats ;

- les principaux concurrents étrangers de la France consacrent au chapitre de la promotion touristique des budgets sans aucune mesure avec les siens ; c'est en particulier le cas de l' Espagne ( 26 millions d'euros ), avec les résultats que l'on connaît depuis plus de vingt ans, ou encore plus récemment, de la Grande-Bretagne (campagne « Seulement en GB, seulement en 2002 » ).

II. UNE SAISON 2002 CONTRASTÉE

Les événements du 11 septembre 2001 ont encore eu des effets visibles sur l'activité touristique française en 2002 , même si d' autres facteurs ont certainement conditionné les évolutions que révèlent les premières estimations disponibles : parité euro/dollar, krach boursier, situation au Proche-Orient, morosité de l'activité économique mais maintien du dynamisme de la consommation des ménages.

Pour ce qui concerne les échanges touristiques internationaux , le chiffre d'affaires des agences de voyage a retrouvé en avril 2002, après sept mois consécutifs de baisse d'activité, une croissance positive de 2,3 % par rapport au même mois de l'année précédente. Reste que le chiffre d'affaires cumulé depuis le début de l'année demeurait encore à cette date en baisse de quelque - 3,7 %, la billetterie diminuant de - 2,8 % et la revente de voyages à forfait de - 8 %. En outre, les mois de mai et de juin ont connu un nouveau recul, le secteur restant ainsi encore très fragilisé à la fin du premier semestre 2002.

Dans le transport aérien , les compagnies ont considérablement réduit leurs capacités afin de maintenir le taux de remplissage des avions et de limiter leurs pertes. Pour certaines destinations (par exemple les liaisons Europe/USA, où la diminution est de l'ordre de - 14 %), la demande en est négativement influencée. En France, entre le 1 er janvier et le 31 août 2002, tous les mouvements aériens ont ainsi diminué par rapport à l'année précédente : de - 11 % pour les vols transatlantiques, de - 5 % pour les autres vols internationaux, et même de - 6,2 % pour les vols intérieurs (les survols du territoire ayant en revanche été stables).

S'agissant de l' hôtellerie , la fréquentation semblait en légère hausse sur le cumul des cinq premiers mois de l'année (+ 0,9 % en nuitées). Le créneau des hôtels haut de gamme, notamment, a pu récupérer une partie de son taux d'occupation par chambre par un redéploiement de son activité vers des clientèles de proximité au pouvoir d'achat moins élevé que celui des touristes américains et japonais, toujours sensiblement moins nombreux que dans un passé récent.

A. LE BILAN MITIGÉ DE LA SAISON HIVERNALE

Le secteur de la montagne a directement bénéficié du tassement du trafic aérien et du détournement des clientèles française et étrangère des destinations ensoleillées et lointaines. En raison d'un déficit d'enneigement , le report a certes été moins important que celui qui était envisagé à l'automne 2001. Néanmoins, les fortes chutes de neige intervenues dans tous les massifs en fin de saison ont conforté ce mouvement, et affermi par ailleurs la tendance au développement de la pratique du ski de printemps.

1. Des résultats globaux flatteurs

Le nombre des nuitées passées par les touristes français à la montagne a retrouvé au cours de l'hiver 2001-2002 son niveau historique de la saison 1997-1998 (58,4 millions). Ce résultat est même d'autant plus satisfaisant que nos compatriotes ont plébiscité les stations nationales (+ 5,9 %), fréquentant les stations étrangères de façon plus limitée (- 8,8%).

En revanche, la clientèle étrangère a été très présente dans les stations françaises , notamment dans celles où elle représente plus de 30 % de la fréquentation totale. Aux traditionnels clients britanniques, néerlandais et belges se sont joints cette saison des pratiquants nouveaux venant d'Europe centrale et orientale .

Globalement, la fréquentation française et étrangère des stations a ainsi progressé de 3,9 %, le nombre des journées-skieurs augmentant quant à lui de manière plus ténue (+ 1,4 %) pour s'établir à une moyenne estimée de 49,75 millions. Le chiffre d'affaires des exploitations de remontées mécaniques s'est établi à 812 millions d'euros, en progression de 3,7 %.

La pratique du ski alpin demeure toujours largement prédominante , mais les nouvelles glisses connaissent une augmentation continue et régulière depuis huit ans (+ 15,2 %). Ainsi, la pratique des surfs se consolide (+ 11 %) et constitue une des activités importantes des clientèles assidues des stations (clientèle de ski à la journée et de courts séjours répétés). Les skis courts (snowblade, patinettes) représentent désormais un mode de glisse significatif, en progression lui aussi, touchant environ 4 % des passages et essentiellement une clientèle jeune fréquentant occasionnellement les stations. En revanche, les pratiques comme le monoski, le télémark, le snowskate, le snowscoot, etc., restent extrêmement marginales et inférieures chacune à 0,3 %.

Après la saison catastrophique de l'an passé , le ski nordique s'est légèrement repris : la recette de la redevance nationale augmente de 11,3 % à hauteur de 7,735 millions d'euros tandis que le nombre de journées-skieurs progresse de 14 %. Toutefois, ce secteur est encore loin d'avoir rattrapé ses pertes antérieures , puisque ses recettes restent inférieures de plus de 15 % en volume par rapport à la moyenne des saisons 1996 à 2000, et de 21 % en ce qui concerne la fréquentation.

2. Des difficultés persistantes dans certains secteurs

Si les résultats généraux paraissent satisfaisants , plusieurs secteurs connaissent toutefois des difficultés persistantes . C'est évidemment le cas, on l'a vu, du ski nordique , qui a connu une année encore difficile en raison notamment du manque de neige pendant une partie de la saison. En outre, l'offre nordique se compose d'une multiplicité de sites de taille et de qualité très diverses, 80 % de la clientèle se concentrant sur 20 % d'entre eux. Ainsi, l'adaptation de l'offre aux nouvelles attentes des fondeurs et le repositionnement des sites constituent à l'évidence un défi majeur pour cette activité.

Mais le ski alpin présente lui aussi des caractéristiques contrastées , entre un massif du Nord des Alpes jouissant d'une santé économique sans faille grâce au poids prédominant des grandes stations à enneigement garanti, et les autres massifs davantage soumis aux aléas climatiques et à la volatilité de la clientèle.

Ainsi le massif des Alpes du Nord cumule les performances . La fréquentation des pistes y est en progression constante et régulière , s'établissant à + 2,5 % en moyenne depuis huit ans, tandis que son chiffre d'affaire actualisé progresse à un rythme similaire (+ 2,3 %). Il concentre la plupart des grands sites , dont les douze principaux génèrent à eux seuls 47 % de la redevance totale et 45 % des skieurs.

ÉVOLUTION DU CHIFFRE D'AFFAIRES ACTUALISÉ DES REMONTÉES MÉCANIQUES

Massif

1994-1995

2000-2001

2001-2002

Evolution
sur un an

Evolution sur la moyenne des quatre saisons précédentes

Alpes du Nord

524,8

632,4

646,7

+ 2,3 %

+ 6,6 %

Alpes du Sud

79,7

100,6

73,1

-27,3 %

- 21,7 %

Pyrénées

63,4

51,1

71,5

+ 40 %

+ 24,2 %

Massif central

7,4

6,4

6,2

- 2,9 %

- 17,7 %

Jura

9,1

4,4

6,8

+ 56 %

- 8,9 %

Vosges

8,7

4,7

7,8

+ 67 %

- 4,2 %

Source : Direction du tourisme (Millions d'euros constants 2002 )

En revanche, si la saison 2001-2002 a été exceptionnelle pour les Pyrénées , dont le chiffre d'affaire dépasse le précédent record de 1998-1999, et tout juste satisfaisante pour le Jura et les Vosges , grâce aux bons résultats de décembre 2001 et janvier 2002, elle a été très difficile dans le Massif central et surtout dans les Alpes du Sud , où la baisse du chiffre d'affaires des remontées mécaniques atteignait fin mars 2002 respectivement - 14 % et - 22 % par rapport à la moyenne actualisée des quatre saisons précédentes.

Dans les Alpes du Sud , la saison peut être qualifiée de catastrophique : le nombre des skieurs y a été le plus faible depuis la saison 1992-1993, tandis que le rendement moyen de la journée skieur s'est littéralement effondré (- 27 %). A cet égard, il convient de relever que la baisse est de l'ordre de - 22 % dans les Hautes-Alpes, de - 32 % dans les Alpes-Maritimes et de - 42 % dans les Alpes de Haute Provence.

Ainsi, sur l'ensemble des massifs autres que celui des Alpes du Nord, le chiffre d'affaires a diminué de 1 % par rapport à la saison 2000-2001 et de 5 % par rapport à la moyenne des quatre saisons précédentes. En outre, les résultats contrastés de ces massifs d'une année sur l'autre révèlent la très grande fragilité qui est la leur : il est en effet particulièrement délicat pour une activité économique de gérer des à-coups saisonniers sans visibilité de moyen terme .

B. LES PREMIÈRES ESTIMATIONS DE LA SAISON ESTIVALE

Au début du mois d'octobre, M. Léon Bertrand, secrétaire d'Etat au tourisme, a présenté au Conseil des ministres une communication relative au bilan de la saison touristique estivale .

1. La confirmation des tendances générales observées en 2001

La fréquentation a été caractérisée par une augmentation du nombre des déplacements des Français en France , alors que fléchissaient à nouveau légèrement leurs déplacement à l'étranger . Les clientèles étrangères sont restées fidèles , notamment celles de l'Europe du Nord, de l'Espagne et de l'Italie, même si la baisse sensible des touristes en provenance du Japon et des Etats-Unis s'est poursuivie .

La Bretagne et les Pays de Loire ont connu une meilleure saison qu'en 2001, tandis que la situation des Antilles s'est aggravée puisque l'activité touristique y a diminué de - 20%. Si la fréquentation sur l'ensemble du littoral et en milieu rural est demeurée stable , elle a connu une hausse en milieu urbain et a encore diminué en montagne .

S'agissant de l'activité des secteurs économiques , les agences de voyages n'ont pas retrouvé leur niveau d'affaires de 2001 : fin août 2002, leur chiffre d'affaires était inférieur d'environ 8 % à celui constaté un an plus tôt, le nombre de demandeurs d'emplois dans la branche estimé à 7 000, et le nombre d'offres d'emplois en recul de 42 %. Les perspectives ne sont au demeurant pas positives à court terme, le climat international se détériorant avec la menace diffuse du terrorisme (qui s'est encore renforcée depuis l'attentat de Bali qui a spécifiquement visé des touristes) et le risque de guerre contre l'Irak (la dernière crise du secteur remonte précisément à une dizaine d'années, après la guerre du Golfe).

Quant aux résultats enregistrés dans les autres secteurs touristiques, ceux de l' hôtellerie ont été très légèrement minorés , les campings , gîtes ruraux et chambres d'hôtes ont connu une fréquentation en légère augmentation , tandis que les résidences de tourisme , les clubs et villages de vacances ont enregistré des performances identiques à celles de 2001.

Reste que les résultats de l'été 2002 ont conforté la place de la France dans le tourisme mondial et le secteur touristique comme une des premières activités économiques du pays . L'hôtellerie et la restauration ont notamment créé plus de 11 000 emplois au premier semestre, même si ce secteur demeure fragile.

Le tourisme demeure la première activité de la Riviera Côte d'Azur

Avec 10 millions de touristes chaque année dont plus de la moitié d'étrangers, 72 millions de nuitées hôtelières recensées, un chiffre d'affaires de 5 milliards d'euros et 64 000 emplois directs et indirects, la Côte d'Azur reste une terre bénie du tourisme .

La région PACA enregistre depuis cinq ans une croissance de sa fréquentation touristique , de manière continue mais toutefois plus lente depuis 2000. Dans l'attente des résultats définitifs, l'été 2002 devrait se situer au niveau des meilleures années de fréquentation de la région , même s'il ne connaîtra pas une hausse par rapport à l'excellent été 2001.

La tendance au ralentissement de la croissance s'était déjà manifestée en 2001, saison qui a toutefois dégagé le meilleur résultat de la région avec 36 millions de touristes accueillis pour 237 millions de nuitées.

Source : CRT - PACA

2. Les comportements de la clientèle se modifient durablement

Au-delà des tendances quantitatives annoncées par le secrétaire d'Etat, la saison 2002 a confirmé au plan qualitatif le renouveau des comportements observé l'an passé .

Les séjours de vacances sont plus courts et fragmentés , sous l'effet de la réduction du temps de travail et de l'allongement des congés payés. Les réservations sont plus tardives et les achats de dernière minute deviennent toujours plus nombreux, tandis que les annulations sont beaucoup plus fréquentes que par le passé. En outre, les prix constituent un facteur prépondérant dans la décision d'achat et, sans doute est-ce lié, l'hébergement non marchand continue d'augmenter .

Parallèlement, la demande de formules de vacances sur mesure se renforce, en raison de la maturité d'une part importante de la clientèle . Du côté de l'offre, le recours aux derniers progrès de la technologie de l'information et de la communication autorise la personnalisation , qui se tourne davantage vers les vacances conçues comme une expérience . Ainsi, emboîtant le pas à d'autres secteurs de consommation, l'activité touristique permet à sa clientèle de partager avec d'autres des expériences enrichissantes, apportant de nouvelles connaissances tout en faisant ressentir de véritables émotions.

Enfin, les consommateurs apportent aussi une attention croissante à la qualité des prestations, de l'accueil et de l'environnement . Cette tendance lourde, qui résulte sans doute pour partie de l'augmentation constante de la clientèle du troisième âge , aux exigences affirmées dans ces domaines, conduit inéluctablement à une restructuration de l'offre et à un renforcement de la concurrence entre les professionnels .

C. LES ENSEIGNEMENTS À TIRER POUR L'AVENIR

De ce panorama de l'activité touristique depuis près de deux ans, votre rapporteur pour avis croit devoir suggérer des pistes de réflexion et d'action prioritaires pour répondre rapidement à deux difficultés particulièrement préoccupantes .

1. Soutenir l'activité touristique en montagne

Alors que l'année 2002 a été proclamée, à l'initiative de l'Assemblée générale des Nations-Unies, « Année des montagnes du monde » , force est de constater que le gouvernement précédent n'a pas saisi cette occasion pour engager résolument une politique de nature à favoriser la reprise de l'activité touristique en montagne . Celle-ci s'essouffle de manière continue depuis plusieurs années en dépit des efforts constants des acteurs et élus locaux , et la santé relative du tourisme hivernal , outre qu'elle est, on l'a vu, contrastée selon les massifs, ne suffit plus à compenser la faiblesse continue du tourisme estival , qui s'est en particulier dégradé ces deux dernières saisons.

On relèvera ainsi que la moitié des stations de montagne a jugé les résultats de la saison d'été 2002 encore inférieurs à ceux de 2001, selon l' Observatoire des stations de montagne . La baisse serait comprise entre 1 % et plus de 10 % de la fréquentation totale, et imputable essentiellement à la clientèle française, la fréquentation étrangère ayant été stable, voire en progression légère. Toutefois, 30 % des stations estiment que la saison 2002 a été supérieure à la saison 2001.

Votre rapporteur pour avis souhaite ainsi réitérer le soutien total qu'il a apporté, dans le cadre de la mission commune d'information chargée de dresser un bilan de la politique de la montagne , aux propositions formulées par ses excellents collègues Jacques Blanc, sénateur de la Lozère, et Jean-Paul Amoudry, sénateur de Haute-Savoie, respectivement président et rapporteur de cette mission, qui ont déposé leur remarquable rapport le 9 octobre dernier 3( * ) .

Les dix propositions (n° 31 à 40) visant à encourager le tourisme de montagne , qu'ils formulent en conclusion de leur analyse exhaustive et rigoureuse de la problématique du tourisme de montagne comme vecteur économique du développement local, constituent à tous égards les lignes directrices d'un projet de renouveau très attendu . Votre rapporteur pour avis formule le voeux que le gouvernement, et singulièrement le secrétariat d'Etat au tourisme, sauront s'emparer de ces suggestions et auront à coeur d'y donner suite pour ce qui les concerne.

2. Accompagner la relance du tourisme aux Antilles

Les professionnels du tourisme des Antilles sont confrontés depuis la fin de l'année 2000 à d' importantes difficultés qui tiennent en particulier aux conditions de la desserte aérienne , qui se sont dégradées tant avec la métropole qu'avec le continent nord-américain, pourvoyeurs traditionnels de la clientèle de l'archipel. Le dépôt de bilan des compagnies AOM et Air Liberté au printemps 2001 a été à cet égard très préjudiciable, puisqu'il a tout à la fois tari l'apport quantitatif de touristes et fragilisé l'activité des tour-opérateurs. Au demeurant, Air Lib n'a pas réussi, depuis un an, a redresser la situation, et ses lignes vers les Antilles sont structurellement déficitaires, ce qui explique pour l'essentiel la précarité de sa situation. Ainsi, depuis trois ans, en raison des réductions successives des capacités des transporteurs, le nombre des sièges d'avions a baissé au total de 20 à 25%.

Si d'autres raisons plus endogènes peuvent également contribuer au marasme , il est indéniable que la situation économique du secteur est aujourd'hui très préoccupante . En 2001, le taux d'occupation de l'immobilier touristique martiniquais était en baisse de 36 %, et le secrétaire d'Etat a indiqué dans sa communication du début du mois d'octobre que la fréquentation aux Antilles a encore reculé de 20 % cette année. Dans ces conditions, les principaux opérateurs et groupes hôteliers réduisent leur activité , à l'instar de Nouvelles Frontières , du groupe Méridien , ou encore d' Accor , groupe qui aurait décidé de se désengager de la Martinique dès mars 2003 et, à plus long terme, de la Guadeloupe.

Le climat social s'est incontestablement dégradé aux Antilles ces derniers mois, et la situation courant octobre 2002 est particulièrement périlleuse. Certes, le secteur du tourisme n'est pas le seul concerné, mais compte tenu de son importance pour l'économie antillaise, il focalise l'attention et suscite les plus importantes préoccupations. En outre, force est de constater que les conditions de rentabilité de l'exploitation touristique ne sont plus assurées, surtout face à la concurrence des autres îles des Caraïbes, qui ont développé une politique d'accueil et de produits très performante.

Les professionnels et les élus locaux ont certes commencé à réagir . Ainsi, les élus de douze communes martiniquaises ont-ils décidé de se regrouper sous la bannière d' « Espace Sud » et d'adhérer au plateau technique de réservations exclusivement martiniquais mis en place par la municipalité de Sainte-Anne, qui est la première commune touristique de l'île avec 2 millions de visiteurs en 2001 4( * ) . Reste que l'Etat doit également contribuer au sauvetage de l'économie touristique antillaise .

Il semblerait qu'une mission interministérielle , diligentée en mai 2001 et chargée de dresser un constat de la situation de la desserte aérienne et d'analyser les raisons de la baisse de fréquentation des structures hôtelières, a présenté des propositions d'amélioration de la desserte aérienne des DOM et de Mayotte depuis et vers la métropole . En outre, une mission d'expertise de la situation de l'offre touristique en Martinique et en Guadeloupe a été confiée en mars 2002 à l'Agence française d'ingénierie touristique (AFIT), qui a rendu en juin dernier un rapport formulant un certain nombre de propositions en vue d'améliorer cette offre .

Compte tenu de la gravité et de l'urgence de la situation , votre rapporteur pour avis espère vivement que des conclusions seront rapidement tirées afin qu'un plan soit défini en concertation avec les socio-professionnels et les élus antillais , et que des moyens efficaces soient mis en oeuvre pour contribuer à redonner au secteur touristique de Martinique et de Guadeloupe le dynamisme qui devrait être durablement le sien.

A cet égard, il se réjouit de l'annonce faite à la mi-novembre, par le secrétaire d'Etat au tourisme, de la décision du Gouvernement de déposer en décembre prochain un projet de loi de programme pour l'outre-mer qui aura pour objectifs, entre autres, de relancer les investissements touristiques grâce à de nouvelles formules de défiscalisation, de faciliter l'entretien et la restauration des équipements hôteliers, de favoriser l'emploi par l'allégement de charges sociales, d'aider les transporteurs, d'améliorer la formation professionnelle dans les métiers du tourisme, et enfin de contribuer à la définition et à la promotion de produits touristiques fiables, innovants et de bonne qualité.

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