2. AOM - Air Liberté et Air Littoral : la délicate conclusion de l'aventure Swissair

a) Trois compagnies au destin un temps commun

En 2000, après la cession d'AOM par le consortium de réalisation du Crédit Lyonnais et le rachat d'Air Liberté par les mêmes actionnaires, les compagnies AOM, Air Liberté et Air Littoral se sont retrouvées avoir les mêmes actionnaires , à savoir Taitbout Antibes BV (groupe Marine Wendel) et SAirlines (groupe Swissair). Dans ce cadre, le groupe annonçait d'une part la fusion d'AOM et d'Air Liberté et d'autre part un rapprochement des compagnies fusionnées avec Air Littoral.

Dans le projet initial, le rapprochement de ces compagnies devait s'accompagner d'une harmonisation de leurs réseaux et d'un redéploiement de leurs moyens . En effet, prises individuellement, elles perdaient de l'argent depuis plusieurs années et peinaient à se faire une place sur les marchés français et européen. L'objectif poursuivi par les nouveaux actionnaires était de retrouver une rentabilité d'exploitation en constituant un groupe d'une taille qui permette de s'affirmer par rapport à la concurrence et d'avoir des parts de marché significatives sur les principales liaisons intérieures et à destination des départements d'outre mer - notamment en augmentant les fréquences sur certaines liaisons concurrentiellement stratégiques. Mais les déboires financiers du groupe Swissair ont mis un terme aux perspectives de constitution d'un pôle aérien français unifié concurrent d'Air France.

b) AOM-Air Liberté, devenu Air Lib, peine à tourner la page Swissair

A la suite de la contraction du marché après les événements du 11 septembre 2001, Swissair s'est effondré, entraînant la partition entre d'un côté Air Lib, de l'autre Air Littoral. Plus d'un an après sa reprise par la société Holco, Air Lib est toujours confronté à de très graves difficultés, qui menacent sa survie à court terme.

Air Lib est aujourd'hui constitué d'une flotte de 30 appareils (17 MD83, 11 DC10 et 2 A340-300) et emploie 2 793 personnes. La compagnie s'est lancée dans une restructuration rapide, incluant notamment la fermeture de la liaison Paris-Papeete à compter d'avril 2002, et l'ouverture de nouvelles destinations présumées plus rentables, vers l'Algérie, la Lybie et le Portugal.

Cet effort ne permet cependant pas de mettre en oeuvre le redressement immédiat qu'exigent les très graves difficultés de trésorerie de la compagnie. Pourtant, Air Lib avait obtenu de l'Etat un prêt de 30,5 M€, dont l'échéance après renouvellement était prévue au 9 novembre 2002, ainsi qu'un moratoire sur les créances publiques antérieures au 1 er août 2002. Cet effort financier de l'Etat s'expliquait par le fait qu'Air Lib attendait la rentrée de créances auprès de Swissair de l'ordre de 61 M€. Si plusieurs jugements favorables à Air Lib ont été rendus par la justice française dans le litige qui l'oppose au groupe Swissair, Air Lib n'est toujours pas parvenu à obtenir le recouvrement de ces créances. Un jugement de la justice helvétique devrait intervenir dans ce dossier au début de 2003.

Toutefois, les difficultés d'Air Lib ne se résument pas à un non-recouvrement de créances. En effet, sur les cinq mois d'exploitation de l'exercice 2001, le taux de remplissage moyen de la compagnie n'a été que de 51,3 %.

Face à ces difficultés, la stratégie d'Air Lib consiste à différencier de manière croissante deux segments d'activité : d'une part des liaisons de court-moyen courrier, proches de la rentabilité, sur lesquelles est proposé un service inspiré des compagnies à bas coûts, dénommé « Air Lib Express » ; d'autre part les liaisons de long-courrier, actuellement fortement déficitaires, où certaines destinations des DOM-TOM devraient être remplacées par des liaisons jugées plus rentables, notamment dans le bassin méditerranéen. Cette séparation des activités pourrait aller jusqu'à une scission de l'entreprise en deux entités distinctes, selon un projet présenté en comité d'entreprise par la direction d'Air Lib le 17 octobre 2002. La direction d'Air Lib a été contrainte de présenter le 30 octobre 2002 un plan de restructuration comportant la suppression de 500 à 600 postes. L'avenir d'Air Lib est donc lourdement menacé, du moins dans sa forme actuelle.

La société néerlandaise IMCA a déclaré son intention d'investir dans Air Lib et de contribuer à son redressement, ce qui a amené le Gouvernement a accorder un sursis supplémentaire de deux mois à la compagnie, jusqu'au début janvier 2003. Toutefois, cette société est essentiellement intéressée par Air Lib Express. La scission de l'entreprise autour d'un pôle à bas coûts d'une part, et d'une compagnie moyen-long courrier d'autre part, reste donc d'actualité.

c) La situation moins pressante d'Air Littoral ne doit pas masquer les difficultés importantes de cette compagnie

Air Littoral a moins souffert de la défaillance de Swissair qu'Air Lib, au point d'avoir pu présenter un résultat net bénéficiaire de 7,12 M€ pour l'exercice 2001. Toutefois, ce résultat était dû à un résultat exceptionnel positif de 80,26 M€, qui ne pourra être renouvelé cette année. De plus, Air Littoral a enregistré une baisse de son coefficient de remplissage de près de 12 % depuis septembre 2001. La compagnie tâche de répondre à cette érosion de son marché en se recentrant sur sa plate-forme de Nice.

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