2. La nécessaire ouverture du marché du travail à la pêche

Plusieurs pistes peuvent être retenues parmi celles, nombreuses et intéressantes, suggérées par l'étude remise au gouvernement. La première d'entre elles consiste à assouplir le système de formation initiale et continue : depuis 1975, un marin pêcheur ne peut embarquer que s'il est titulaire d'un BEP ou d'un CAP maritime ou, plus récemment, d'un CIN. Par ailleurs, l'évolution de la carrière passe par l'acquisition de brevets, hiérarchisés et cumulatifs, qui sont obtenus en formation continue et sont validés après des périodes obligatoires de navigation.

Ce système structuré a dû s'accommoder de pratiques dérogatoires lors des autorisations d'embarquement afin de compléter les équipages avec des marins n'ayant pas nécessairement tous les brevets de navigation requis. L'appel à des marins étrangers, notamment polonais, s'intensifie également.

Les autres solutions envisagées visent à :

- ouvrir, à l'entrée, le marché du travail de la pêche à de nouveaux publics : il apparaît notamment nécessaire de développer la modularité des formations pour faciliter l'intégration de parcours moins standardisés et les apprentissages par alternance, ainsi qu'une meilleure articulation entre les brevets de la pêche et ceux de la marine marchande ; il faudrait aussi permettre l'application de la validation des acquis de l'expérience , afin d'ouvrir le recrutement aux jeunes adultes ayant déjà un parcours professionnel, voire une qualification non maritime. En appui, il conviendrait d'élaborer une stratégie de communication sur le métier , adaptée aux différentes cibles visées ;

- ouvrir ce marché à la sortie, c'est-à-dire anticiper la reconversion à terre dans un contexte de carrières raccourcies. Ce décloisonnement passe par la valorisation des qualifications maritimes à l'extérieur, mais aussi par l'élévation du niveau des formations initiales, par exemple par la mise en place d'un bac professionnel, et l'intégration, à ces formations, de connaissances techniques plus larges ;

- fidéliser les recrues , notamment en systématisant leur accueil par des démarches de découverte du métier ou par la formation de tuteurs, mais aussi en améliorant les conditions de travail (mise en oeuvre de la réduction du temps de travail, investissement dans les dispositifs d'allègement de la charge de travail, développement de la négociation collective...).

Le secteur des pêches maritimes, dont les difficultés de recrutement tiennent largement aux rigidités de ses procédures d'accès à l'emploi et à l'inertie de ses règles de mobilité interne, doit donc s'ouvrir pour dépasser ces difficultés au lieu de les subir. C'est en agissant à la fois sur les conditions d'accueil des jeunes par les professionnels, sur les parcours de formation proposés et sur les conditions d'exercice du métier que l'action pourra être efficace à moyen terme.

Afin de fédérer ces actions au niveau national, il est donc proposé un « contrat de progrès » impliquant l'ensemble des partenaires concernés (professionnels, formateurs, pouvoirs publics) dans une perspective de moyen terme . Ce contrat se déclinerait à l'échelon régional en « contrats d'objectifs ».

Votre rapporteur pour avis souligne la très grande pertinence de ces analyses ainsi que des recommandations avancées.

D'une part, il appelle les gens de mer à accroître leur présence dans les écoles. Les professionnels conviennent eux-mêmes non seulement de la nécessité d'accueillir plus d'élèves stagiaires en mer, mais aussi de leur manque d'implication dans le système d'enseignement maritime.

D'autre part, il attire l'attention du gouvernement sur l'urgence et la nécessité d'entreprendre une démarche de moyen terme s'inspirant du concept de contrat de progrès.

Une première étape concrète pourrait être la création d'un observatoire pérenne de l'emploi et de la formation à la pêche , afin d'offrir les outils statistiques à l'appui de la démarche prospective à mener.

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