F. SAINT-PIERRE-ET-MIQUELON : LA PRIORITÉ DONNÉE À UN DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ÉQUILIBRÉ

Principales mesures budgétaires prévues pour 2004

- Financement de la desserte maritime au titre de la continuité territoriale (1,6 milliards d'euros) ;

- Aides au logement.

1. Une collectivité confrontée à une reconversion économique délicate

Saint-Pierre-et-Miquelon est doté d'un statut de collectivité territoriale sui generis depuis 1985. L'archipel compte deux communes et un conseil général.

La population de Saint-Pierre-et-Miquelon s'élève à 6.316 personnes (recensement de mars 1999) : elle n'augmente plus depuis plusieurs années en raison de la baisse du taux naturel de croissance et de l'expatriation de beaucoup de jeunes liée à la crise économique du secteur de la pêche.

L'économie des archipels reposait principalement sur la pêche industrielle et l'industrie de transformation du poisson mais elle a connu un retournement brutal en 1992.

D'une part, la sentence du Tribunal arbitral de New-York a réduit considérablement la zone économique exclusive de l'archipel. D'autre part, le Canada a décidé de réduire le quota de pêche , puis d'interdire toute pêche de morue pour une période de cinq à sept ans (donc jusqu'en 1997 à 1999), en raison du risque réel d'épuisement des stocks.

Les activités d'Interpêche (pêche de 10.000 à 15.000 tonnes de poissons, exclusivement la morue, par cinq chalutiers, puis traitement et transformation dans une usine à terre avant expédition sur la Métropole et l'Amérique du nord) ont été interrompues en 1993.

Face à cette situation les pouvoirs publics ont, d'abord, mis en place un dispositif d'aides à Interpêche.

Puis les pouvoirs publics ont mené avec le Gouvernement canadien des négociations qui ont débouché sur l'accord de pêche franco-canadien du 2 décembre 1994 : celui-ci prévoit notamment que Saint-Pierre-et-Miquelon bénéficierait de quotas de pêche de morue et de pétoncles qui seront fixés, non pas de manière arbitraire par les autorités canadiennes, mais par des pourcentages des TAC (total autorisé de captures) déterminés chaque année de manière conjointe et concertée.

Le niveau des totaux admissibles de captures retenus à l'issue de la 9 ème réunion du conseil consultatif (Ottawa, 10 et 11 mars 2003) pour les stocks de l'annexe I de l'Accord reste équivalent à ceux de la campagne précédente. Cette stabilité devrait permettre le déroulement de la campagne de pêche 2003-2004 dans des conditions satisfaisantes.

La prochaine réunion annuelle du conseil consultatif devrait se tenir à Paris au mois de mars 2004.

Depuis une dizaine d'années, l'économie de l'archipel est fortement marquée par les problèmes de reconversion et de diversification économique.

Parmi les mesures prises pour relancer les activités liées à la pêche figurent la tentative d'alimenter une unité industrielle (Archipel SA) par du poisson importé (russe au départ, puis canadien aujourd'hui), puis le lancement d'une activité nouvelle avec la pêche au pétoncle (acquisition du navire coquillier Avel Mad).

Les résultats ne paraissent pas encore à la hauteur des espérances, avec notamment la fermeture en mars 1998 de l'usine de traitement du pétoncle à Miquelon (Miquelon SA) ; en outre, les efforts faits pour redéployer la pêche artisanale vers de nouvelles activités (oeufs de lumpe et crabe des neiges) qui avaient porté leurs fruits dans un premier temps, ont pâti en 2001 et 2002 d'une raréfaction de la ressource.

2. Une délinquance structurellement faible

La délinquance a connu depuis 1996 une baisse de 60,9 % des faits enregistrés. Cette évolution s'inscrit dans un contexte caractérisé par une faible délinquance (52 faits en 2002 contre 133 en 1996). Le taux de criminalité de l'ordre de 8,23 %o apparaît comme l'un des plus faibles de France. La sécurité de l'archipel tient pour une part déterminante à la faible mobilité de la population et à l'insularité.

Il convient néanmoins de relever que les 52 faits constatés en 2002 n'ont pas été, à la date des informations transmises à votre rapporteur, élucidés.

L'analyse des faits constatés ne permet pas de mettre en exergue l'évolution d'une forme de délinquance particulière, à l'exception d'une progression des infractions à la législation des stupéfiants . Les actions de la gendarmerie dans ce domaine ont mis en évidence l'existence d'un marché qui tendait à se développer.

Les effectifs de gendarmerie réunissent 27 gendarmes départementaux et 31 gendarmes mobiles.

- Situation de l'établissement pénitentiaire :

Pendant longtemps, Saint-Pierre-et-Miquelon n'a pas disposé d'établissement pénitentiaire proprement dit mais seulement d'un dépôt de quelques cellules au sein de la gendarmerie. Une procédure de division immobilière a été récemment engagée : la partie du bâtiment abritant la prison est en cours de détachement de la gendarmerie et un accès séparé sera aménagé.

Même si le transfert au ministère de la justice n'est pas encore formalisé, l'administration pénitentiaire prend à sa charge les premiers travaux d'aménagement au titre du programme d'équipement pour 2002 (30.500 euros) et pour 2003 (87.500 euros).

L'établissement dispose d'une capacité de 8 places dont 2 seulement étaient occupées au 1 er juillet 2003. Le personnel pénitentiaire représente un effectif de 6 agents : 1 directeur et 5 personnels de surveillance intégrés dans les cadres du ministère de la justice.

- Situation des juridictions

Saint-Pierre-et-Miquelon dispose d'un tribunal de première instance et un tribunal supérieur d'appel.

Les dotations de ces juridictions ont progressé de manière significative depuis 1998 (+ 136 %).

Ressort de cour d'appel ou de TSA

Dotation initiale 1998

Dotation initiale 1999

Dotation initiale 2000

Dotation initiale 2001

Dotation initiale 2002

Dotation initiale 2003

St-Pierre-et-Miquelon

83.466

84.113

143.759

115.556

119.326

197.200

Les juridictions comptent un effectif de 9 personnes dont 3 magistrats (4 au titre de l'effectif budgétaire).

S'agissant de la juridiction administrative, les audiences à ce tribunal sont tenues par des magistrats de Fort-de-France détachés à cet effet.

L'activité des juridictions de l'ordre judiciaire est marquée par une réduction des affaires civiles nouvelles plus marquée devant le tribunal de première instance (83 affaires nouvelles en 2001 contre 162 en 2000) que devant le tribunal supérieur d'appel (23 contre 27). Quant au contentieux pénal, d'un volume modeste, il tend lui aussi à diminuer (38 affaires correctionnelles nouvelles en 2001 contre 54 en 2000).

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Sous le bénéfice de l'ensemble de ces observations, votre commission des Lois a émis un avis favorable à l'adoption des crédits consacrés aux collectivités d'outre-mer à statut particulier et à la Nouvelle-Calédonie dans le projet de budget du ministère de l'outre-mer pour 2004.

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