II. QUELQUES DOSSIERS

Comme chaque année, votre rapporteur, par delà l'analyse des crédits budgétaires, a souhaité approfondir différents sujets ayant trait à la presse écrite. Après avoir brossé les grandes tendances publicitaires et commerciales du secteur pour 2003 et 2004, il a souhaité, cette année, focaliser son attention sur les trois sujets suivants :

- la lecture de la presse chez les jeunes ;

- la situation des Nouvelles messageries de la presse parisienne, seule coopérative à assurer la distribution des quotidiens dans notre pays ;

- le réseau de diffusion de la presse, dont l'état ne cesse de se dégrader.

A. 2003-2004 : LES PRÉMICES D'UN RETOURNEMENT DE TENDANCE ?

Les années se suivent et se ressemblent pour la presse écrite ! En effet, comme 2002, l'année 2003 a été marquée par la morosité ambiante, tant au niveau publicitaire qu'au niveau des ventes.

Selon des analyses concordantes, l'année 2004 pourrait toutefois s'avérer meilleure que les précédentes et annoncer le début d'un cycle de croissance, au niveau publicitaire tout au moins.

1. 2003 : une nouvelle année morose pour la presse

a) Un chiffre d'affaires en baisse

En 2003, le chiffre d'affaires réalisé par les éditeurs pour leur seule activité de presse s'est établi à 10,25 milliards d'euros, en recul de 0,4 % par rapport à 2002. La faiblesse de l'activité économique générale et la stagnation du marché publicitaire se sont traduits par des résultats mitigés : léger accroissement des ventes de produits de presse (+1,1 %) et recul des recettes publicitaires (-2,5 %).

CHIFFRES CLÉS 1995-2003 TOUS TYPES DE PRESSE RÉUNIS

* Évolution en pourcentage

 

1995

*

1999

*

2003

*

 
 
 
 
 

(P)

 

Chiffre d'affaires total(1)

9.00

4.1 %

10.29

7.0 %

10.25

-0.4 %

Ventes au numéro

3.61

3.2 %

3.81

4.4 %

3.72

0.2 %

Ventes par abonnement

1.75

4.4 %

2.04

4.5 %

2.26

2.7 %

Total ventes

5.36

3.6 %

5.85

4.4 %

5.99

1.1 %

Publicité commerciale

2.96

3.9 %

3.52

9.2 %

3.38

-1.4 %

Petites Annonces

0.68

9.4 %

0.92

16.3 %

0.89

-6.3 %

Total publicité

3.65

4.9 %

4.44

10.6 %

4.26

-2.5 %

(1) en milliards d'euros (P) Résultat provisoire.

• Un chiffre d'affaires en baisse pour la troisième année consécutive

En 2003, et ce pour la troisième année consécutive, le chiffre d'affaires des éditeurs de presse a diminué (-0,4 %).

Votre rapporteur souhaite néanmoins préciser que les résultats présentés ci-dessus sont exprimés en euros courants et ne tiennent pas compte des évolutions du niveau général des prix (progression de 1,5 % en 2003). En effet, aux prix de 2002, le chiffre d'affaires de la presse écrite n'aurait été que de 10,10 milliards d'euros en 2003, ce qui traduit une baisse en termes réels de 1,8 % (au lieu d'une baisse en termes courants de 0,4 %).

Cette baisse de 1,8 % du volume du chiffre d'affaires de la presse écrite résulte d'une baisse de 0,3 % en termes réels des ventes et d'une baisse de 3,9 % du volume des recettes publicitaires.

Un regard sur dix ans montre néanmoins que le chiffre d'affaires de la presse écrite est supérieur de 21 % à son niveau de 1993. La conclusion optimiste que l'on pourrait tirer de cette observation oublierait que pendant ces dix ans les prix ont progressé de 15 %. Plus précisément, le suivi sur les années 1993-2003 des recettes presse des éditeurs corrigées de l'inflation montre que leur niveau de 2003 ne se situe, en termes réels, qu'à 5 % au-dessus de leur niveau de 1993. Ainsi, avec un volume de recettes en croissance de 0,5 % l'an au cours de ces dix ans, force est de constater que la presse écrite est une activité où la croissance tendancielle est faible.

Mais la presse est aussi une activité à caractère cyclique : sur la base d'un indice 100 en 1993, l'examen depuis treize ans du chiffre d'affaires à prix constants de la presse écrite montre un pic d'activité en 1990 (indice 110,5), un creux de cycle en 1993 (indice 100,0), un nouveau pic en l'an 2000 (indice 115,3) et un probable creux de cycle en 2003 (indice 105,1).

• Le recul des recettes publicitaires

En 2003, les recettes publicitaires des éditeurs de presse ont baissé pour la troisième année consécutive pour s'établir à 4,26 milliards d'euros (-2,5 %). Cette diminution affecte plus fortement la presse nationale d'information générale et politique (-11,3 %) et la presse spécialisée technique et professionnelle (-7,5 %).

Depuis leur sommet de l'an 2000 (4,77 milliards d'euros), les revenus publicitaires encaissés par la presse écrite ont baissé de 10,6 % en valeur nominale et de 15,4 % en valeur réelle. Sur une plus longue période, l'évolution des recettes publicitaires (à prix constant) des éditeurs de presse confirme le caractère fortement cyclique de cette source de revenu. Sur la base d'un indice 100 en 1993, le volume des recettes publicitaires de la presse écrite s'élevait à 132,9 en 1990, 100,0 en 1993, 130,7 en 2000 et 110,7 en 2003. Ces données en volume montrent également que la vente d'espaces publicitaires sur le support presse est une activité à croissance faible sur le long terme.

• Le tassement des ventes en termes réels

Avec un montant de 5,99 milliards d'euros, les ventes des éditeurs de presse ont atteint un maximum en 2003. Toutefois, compte tenu de l'évolution des prix, la progression de 1,1 % en valeur nominale traduit de fait une stabilisation des ventes de produits de presse en termes réels (-0,3 %) en 2003 consécutive à la baisse de 2002 (-2,7 %).

Cette stabilisation d'ensemble enregistrée au cours de l'année 2003 résulte pour l'essentiel d'une dégradation amplifiée des ventes dans la presse nationale d'information générale et politique et d'un redressement significatif dans la presse spécialisée. Sur dix ans, les ventes de produits de presse n'ont en valeur réelle que légèrement progressé de 1993 à 1999 pour retrouver en 2003 un niveau à peine supérieur à celui de 1993.

b) Diffusion et audience, des résultats contrastés

• La diffusion

Selon les chiffres de Diffusion Contrôle, les ventes de journaux en France ont atteint 4,750 milliards d'exemplaires en 2003, en repli de 1,2 % par rapport à 2002.

La diffusion payée de la presse quotidienne nationale a reculé de 1,88 % en France par rapport à 2002 et la diffusion totale (en France et à l'étranger) a reculé de 2,35 %.

Le Monde , qui enregistre la plus grosse diffusion (389 249 exemplaires payés, suivi de près par Le Figaro : 352 706 exemplaires) accuse la plus forte baisse en volume de sa catégorie : - 4,38 %. Libération est aussi en baisse, perdant chaque jour 4 769 exemplaires. Le quotidien économique Les Echos , qui a fait évoluer sa formule en septembre en optant pour deux cahiers, a réussi à freiner sa chute (116 903 exemplaires : 2,85 % contre -5,5% en 2002), comme La Tribune , qui perd cette année 1,93 % à 80 459 exemplaires (-6,23% l'an dernier). La Croix progresse (+2,24%, à 94 929 exemplaires) tout comme les titres du groupe Amaury : L'Equipe enraye sa chute (336 533 exemplaires, en progression de 1,47 %) tandis qu' Aujourd'hui en France continue d'augmenter ses parts de marché (149 833 exemplaires, soit une progression de 0,8 %). A noter que selon des déclarations sur l'honneur, qui ne sont pas encore conformées par Diffusion Contrôle, la diffusion payante de L'Humanité progresserait de 4,48 % à 48 191 exemplaires.

La diffusion de la presse quotidienne régionale (PQR) diminue quant à elle en 2003 de 1,7 %.

Sur la cinquantaine de titres qui composent cette catégorie, moins d'une dizaine d'entre eux voient leur diffusion progresser. Il convient toutefois de noter que Le Télégramme de Brest , passé au format tabloïd il y a deux ans, récolte les fruits de ses innovations avec une hausse de sa diffusion de 1,91 % (190 074 exemplaires), gagnant plus de 3 500 exemplaires quotidiens. La diffusion des quotidiens payants qui sont en concurrence frontale avec les gratuits, ne semble pas souffrir plus qu'ailleurs : à Marseille, La Provence perd 0,68 %, à Lyon, Le Progrès perd 1,77 % et à Lille, La Voix du Nord est en retrait de 0,82 %.

La presse magazine voit elle aussi, dans une moindre mesure cependant, sa diffusion diminuer en 2003. Cette baisse s'établit à 0,43 %.

Parmi les différentes catégories de magazines, les newsmagazines, continuent à attirer de nouveaux lecteurs. La famille affiche une progression de 1,75 %. La tendance a profité aux magazines du groupe Le Monde ( Courrier International gagne 13,32 %, à 170 493 exemplaires, Le Monde diplomatique +5,69 %, à 169 807 exemplaires, Dossiers et documents +2,72 %, à 74 679 exemplaires). Les institutions que sont L'Express (432 233 exemplaires) et Le Nouvel Observateur (511 425 exemplaires) sont stables ; seul Le Point gagne des parts de marché (+ 3,91 %, à 350 207 exemplaires).

La nouvelle formule du Pèlerin a séduit de nouveaux lecteurs (+0,58 %) tandis que celle de La Vie a visiblement déçu (-17,20 %). Paris Match gagne près de 30 000 exemplaires et VSD en perd 7 700. Reste à savoir quelle performance enregistrera Le Monde 2 , passé hebdomadaire en janvier 2004, donc nouveau venu dans la famille.

• L'audience

L'analyse des données fournies par l'étude menée par Ipsos Média pour l'EuroPQN permet de constater une diminution de l'audience des différentes catégories de presse.

Pour la deuxième année consécutive, l'audience de la presse quotidienne nationale enregistre une baisse en 2003. Cette chute est toutefois moins importante que l'an passé : -1,6 % en 2003 contre -2,7 % en 2002. Au total, un Français sur cinq a lu un quotidien national en 2003 soit 8,388 millions de personnes contre 8,527 millions de personnes un an plus tôt.

Comme les années précédentes, l'Equipe est le quotidien national le plus prisé des Français avec 2,34 millions de lecteurs par numéro en moyenne, suivi par Le Monde (2,129 millions de lecteurs par numéro en moyenne) et Le Parisien-Aujourd'hui (2,066 millions de lecteurs par numéro en moyenne).

L'AUDIENCE DES QUOTIDIENS NATIONAUX EN 2003

Titres

Nombre de lecteurs

L'Equipe

2 340 000

Le Monde

2 129 000

Le Parisien-Aujourd'hui

2 066 000

Le Parisien

1 675 000

Le Figaro

1 302 000

Libération

901 000

Les Echos

759 000

Aujourd'hui en France

456 000

France Soir

452 000

La Tribune

435 000

La Croix

344 000

L'Humanité

320 000

La presse quotidienne régionale connaît quant à elle une diminution de 0,7 % du nombre de ses lecteurs. L'audience totale de la presse quotidienne régionale s'élève à 39,771 millions de lecteurs, soit 83,2 % des Français, dont 18,167 millions de lecteurs réguliers.

2. Les perspectives pour 2004 : un marché publicitaire bien orienté

Si le marché publicitaire est resté morose en 2003, les perspectives pour 2004 paraissent plus rassurantes.

Selon TNS Media Intelligence , les investissements publicitaires bruts plurimédias ont progressé de 10 % sur la période allant de janvier à juillet 2004 (10,652 milliards d'euros) comparativement à la même période en 2003. Il convient de remarquer que cette progression est plus de 3 fois supérieure à celle enregistrée sur la même période entre 2003 et 2002 (+ 3,3 %).

Comme tend à le montrer le tableau ci-dessous, cette tendance se confirme sur l'ensemble des médias : la presse, quant à elle, montre un taux de progression soutenu sur les huit premiers mois de 2004 (+9,2 %, soit 3,73 milliards d'euros), surtout au regard de l'évolution négative qu'avaient connu les investissements publicitaires bruts sur ce média entre janvier-août 2003 et janvier-août 2002 (-0,4 %).

ÉVOLUTION DES INVESTISSEMENTS PAR RAPPORT À 2003

 

Presse

TV

Radio

Affichage

Cinéma

Internet

Part de marché sur l'ensemble des investissements bruts en 2003 :

35 %

32 %

16 %

13 %

1 %

3 %

Évolution : Cumul janvier - août 2004 / même période 2003 :

9,2 %

8,8 %

12,7 %

12,3 %

2,1 %

68,0 %

Rappel : Cumul janvier - août 2003 / même période 2002 :

-0,4 %

5,5 %

15,6 %

-3,4 %

-1,2 %

47,4 %

Source : TNS Média Intelligence

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