2. Une contribution contrastée des grands secteurs aux économies d'énergie

Même depuis le contre-choc pétrolier de 1986 qui a ralenti les efforts, et bien que des effets de structure aient joué un rôle, l'industrie (sidérurgie incluse) apparaît comme le secteur qui a fait le plus d'efforts en ce sens, passant de l'indice 100 en 1990 à l'indice 76,7 en 2004 alors que, sur la même période, les transports stagnaient à 95,3 et le résidentiel-tertiaire à 91,3.

C'est en effet l'industrie qui constitue le secteur ayant généré depuis 1973 les économies d'énergie les plus importantes : l'intensité énergétique de la sidérurgie a ainsi enregistré une baisse de 76 % et celle de l'industrie hors sidérurgie de 54 %.

En ce qui concerne la sidérurgie , une amélioration spectaculaire d'efficacité énergétique a été enregistrée entre 1974 et 1993. Depuis lors, si l'on constate des amplitudes de variation probablement liées à la stagnation de l'activité, la tendance à la baisse de l'intensité énergétique se poursuit en raison des gains à la fois de productivité et d'efficacité énergétique (- 2,6 % en 2004 par rapport à 2003).

Pour le reste de l'industrie , les progrès les plus importants, principalement d'origine technologique, sont intervenus entre 1973 et 1985, puis se sont poursuivis dans une moindre mesure jusqu'en 1990. Toutefois, des améliorations nouvelles sont apparues ces dernières années : ainsi, en 2004, l'intensité énergétique du secteur a enregistré une baisse annuelle de - 1,3 %.

Evolution de l'intensité énergétique des principaux secteurs consommateurs d'énergie

Source : Observatoire de l'Énergie (avril 2005)

D'une manière générale, l'écart de croissance entre consommation d'énergie et activité industrielle (l'indice de production manufacturière a progressé de 2,7 % en 2004) témoigne de gains d'efficacité énergétique. Ils peuvent s'expliquer par des effets de structure et par une sensibilisation croissante au développement durable , mais aussi, surtout en période de prix élevés, par la recherche de compétitivité qui incite l'industrie, pour faire face à une concurrence toujours plus vive, à renforcer ses efforts d'économies d'énergie et à substituer du pétrole et du charbon par de l'électricité ou du gaz , lorsque les techniques le permettent.

Dans le secteur résidentiel et tertiaire , les effets de la nouvelle réglementation thermique , instituée en 2000 et entrée en vigueur en 2001, commencent à être mesurables, même s'ils seront réellement visibles plutôt sur le moyen et le long terme : ainsi, en 2004, l'efficacité énergétique enregistrée dans le secteur s'est accrue de 2 % par rapport à 2003.

Les prix élevés des énergies, la progression limitée du pouvoir d'achat et une prise de conscience croissante des Français pour la préservation de l'environnement et la maîtrise de l'énergie expliquent vraisemblablement l' évolution positive du comportement des ménages . Au reste, comme le confirment les réponses au « Baromètre d'opinion sur l'énergie » mesuré chaque semestre par le CREDOC et l'Observatoire de l'énergie, les campagnes d'information de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) (« Parole, parole... » , « Faisons vite, ça chauffe » ) auraient commencé à porter leurs fruits. Par ailleurs, l' amélioration continue des équipements domestiques (meilleur rendement des chaudières, doubles vitrages,...) concourt également à cette évolution. Néanmoins, l'engouement pour les appareils électroniques grand public, ainsi que le développement de la climatisation et du multi-équipement en électroménager, ne se démentent pas, ce qui explique la progression toujours rapide de la consommation électrique.

Consommation finale d'énergie par secteur (corrigée du climat)

en Mtep

1973

1980

1990

2000

2002

2003

2004

04/03

TCAM 04/90

Industrie

48,0

44,8

38,5

39,2

38,7

37,4

37,7

+0,8 %

-0,1 %

dont sidérurgie

12,5

10,7

7,0

6,2

6,0

5,8

5,8

-0,3 %

-1,3 %

Résidentiel-tertiaire

56,2

54,0

59,3

66,9

70,7

69,6

69,8

+0,3 %

+1,2 %

Agriculture

3,0

3,2

3,1

3,0

3,0

2,9

2,9

+1,4 %

-0,4 %

Transports

26,3

32,1

41,7

49,4

50,9

50,4

50,8

+0,7 %

+1,4 %

Total énergétique

133,6

134,1

142,6

158,5

163,3

160,3

161,2

+0,6 %

+0,9 %

Non énergétique

10,9

11,8

12,4

17,4

15,6

15,8

15,6

-1,2 %

+1,6 %

Total

144,5

145,9

155,0

175,9

178,9

176,1

176,8

+0,4 %

+0,9 %

Mtep : millions de tonnes équivalent pétrole TCAM : taux de croissance annuel moyen

Structure sectorielle de la consommation énergétique finale (corrigée du climat)

en %

1973

1980

1990

2000

2002

2003

2004

04/03

VAM 04/90

Industrie

35,9

33,4

27,0

24,7

23,6

23,3

23,4

-

-0,3 pt

dont sidérurgie

9,4

8,0

4,9

3,9

3,7

3,6

3,6

-

-0,1 pt

Résidentiel-tertiaire

42,1

40,2

41,5

42,2

43,3

43,4

43,3

-0,1 pt

+0,1 pt

Agriculture

2,3

2,4

2,2

1,9

1,9

1,8

1,8

-

-

Transports

19,7

24,0

29,3

31,2

31,2

31,5

31,5

-

+0,2 pt

Total

100,0

100,0

100,0

100,0

100,0

100,0

100,0

VAM : variation annuelle moyenne

La situation est en revanche beaucoup plus préoccupante dans le secteur des transports , dont la consommation globale d'énergie a presque doublé (+ 93 %) depuis 1973 : la politique visant à faciliter les déplacements individuels et celle consistant à favoriser l'habitat dispersé conduisent en effet à la détérioration de l'intensité énergétique.

Les progrès difficilement réalisés entre 1977 et 1985 ont été globalement annulés par l'augmentation régulière et soutenue de l'intensité énergétique constatée entre 1990 à 1999 (+ 0,2 % par an en moyenne). Toutefois, depuis 2000, cette intensité connaît une relative stagnation, et même une sensible réduction en 2003 (- 1,4 %) et en 2004 (- 1,6 %), due notamment, et malgré la poursuite de la progression du parc des véhicules particuliers, au ralentissement de l'activité économique et à un meilleur respect des limitations de vitesse .

La consommation de carburants pétroliers (essence, gazole, GPL, carburéacteurs) constituant plus de 97 % de la consommation totale de ce secteur , une attention spécifique doit être portée à l'utilisation des biocarburants et à l'évolution de la consommation du parc de véhicules particuliers .

Evolution des caractéristiques du parc de véhicules particuliers

Les constructeurs, notamment nationaux, proposant systématiquement une version diesel, donc moins consommatrice, même pour les petites cylindrées, la « diésélisation du parc automobile » se poursuit à un rythme soutenu : en moyenne sur 2004, 44,2 % des véhicules roulaient au gazole, contre 41,8 % à la mi-2003 et seulement 36,8 % en 2001.

Par ailleurs, les consommations unitaires en litres/100 km des véhicules particuliers sont en diminution , de - 1,5 % en 2004 (consommation moyenne de 7,2 l/100 km) après - 1,8 % en 2003. Cette baisse s'explique par le phénomène de diésélisation ainsi que par un meilleur respect des vitesses limites par les conducteurs : le taux de dépassement de plus de 10 km/h des vitesses limites s'est réduit de façon spectaculaire pour toutes les catégories de véhicules, d'abord de - 8,4 points en 2003 puis de - 4,2 points en 2004. Or, on estime par exemple qu'une réduction de la vitesse limite de 130 à 120 km/h sur les seules autoroutes permet d'obtenir une économie d'énergie de l'ordre de 0,7 Mtep , soit environ - 1,4 % sur la consommation totale de carburants routiers.

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