II. LE CINÉMA

A. L'ÉVOLUTION DU SECTEUR

1. La fréquentation des salles : un record inégalé depuis 1982
a) Une forte hausse de la fréquentation

La fréquentation des salles a augmenté de 5,7 % en 2009 . Le seuil des 200 millions d'entrées a été franchi pour la première fois depuis 1982.

Ainsi, 36,2 millions de Français âgés de 6 ans et plus (soit 63,1 %) sont allés au cinéma en 2009. Chacun d'entre eux y est allé en moyenne 5,5 fois. Le public compte 33,9 % de spectateurs habitués (allant au moins une fois par mois au cinéma) qui correspondent à 69,5 % des entrées.

La recette moyenne par entrée a progressé de 2,2 %, pour s'établir à 6,14 euros.

Le poids des multiplexes continue à progresser, avec 57,1 % des entrées, contre 54,8 % en 2008.

La fréquentation des salles a encore augmenté de 6,8 % sur les huit premiers mois de l'année 2010.

Cette évolution est très satisfaisante, une étude du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) montrant que la salle de cinéma demeure le moyen privilégié pour découvrir un film . Elle est citée par 72,7 % des spectateurs ; loin derrière, Internet est cité par 14,8 % des personnes répondant à l'enquête, suivi par la télévision à 9,4 %. Relevons néanmoins que 27,5 % des 15-24 ans naviguant assidûment sur Internet citent ce support.

b) Mais une dégradation de la part de marché des films français

Cependant, la part de marché des films français s'est dégradée : elle était de 36,8 % en 2009 , contre 45,3 % en 2008.

Cette tendance se confirme en 2010. Mais le niveau d'entrées réalisé par les films français demeure élevé au regard de la moyenne des dix dernières années : 74 millions d'entrées, contre 70 millions en moyenne sur cette période. En outre, la concentration de la fréquentation sur un nombre réduit de titres est moins élevée qu'au début de la décennie.

2. La production de films : un niveau qui reste élevé
a) Une baisse de la production en 2009

En 2009, 230 films ont été agréés, contre 240 en 2008, soit une baisse de 4,2 %, mais l'activité de production reste à un niveau élevé. Cette baisse est plus importante pour les films d'initiative française, à - 7,1 %.

93 films agréés ont fait l'objet d'une coproduction avec un ou plusieurs partenaires étrangers. 42,3 % des films d'initiative française sont des premiers films. Au total, les investissements ont toutefois diminué de 26,3 %.

b) Une évolution contrastée en 2010

Le volume de la production de long métrage d'initiative française au premier semestre de l'année 2010 est en progression par rapport à la même période de l'année 2009 ( + 12,3 % , à 91 films).

En revanche, le montant des investissements diminue : de janvier à juin 2010, les investissements cumulés sur les films d'initiative française présentent un recul de 7,2 % par rapport à la même période en 2009.

Avec la conjonction de la contraction des investissements et de la progression du nombre de films, le devis moyen par film d'initiative française s'établit à 5,18 millions d'euros au premier semestre 2010, contre 6,26 millions d'euros sur la même période en 2009.

On observe une diminution du nombre de films présentant des devis élevés. Plus de la moitié des films produits au cours du premier semestre 2010 ont un devis compris entre 2 et 7 millions d'euros (contre 43,2 % des films au cours du premier semestre 2009). La répartition des investissements continue de se rééquilibrer au profit des productions au devis moyen.

3. Le développement de l'offre légale de films en vidéo à la demande

L'Observatoire de la vidéo à la demande a dressé un état des lieux de l'offre et de la consommation de films en vidéo à la demande à la fin de l'année 2009.

Ainsi, en décembre 2009, les huit plateformes analysées dans le cadre de l'observatoire proposaient 4 857 films de cinéma. En un an, cette offre a enregistré une progression de 18,2 %. Le nombre de films français accessibles a augmenté de 23,7 % et le nombre de films américains de 7,9 %.

L'offre de films récents ne cesse de se développer et votre rapporteur s'en félicite car la lutte contre le piratage suppose le développement de l'offre légale. En outre, les statistiques montrent que ce phénomène touche tout particulièrement les oeuvres récentes.

En décembre 2009, 179 films récents (sortis en salles depuis moins de 12 mois) étaient disponibles en vidéo à la demande, contre 103 films un an plus tôt. Cinq des huit plateformes analysées proposaient plus de 1 000 films, contre trois en décembre 2008.

Selon le baromètre NPA-GfK, le marché de la vidéo à la demande sur les plateformes généralistes est estimé à 82,4 millions d'euros en 2009, soit une progression de 57,7 % par rapport à 2008.

On peut se réjouir d'une progression de la part de marché des films français en vidéo . Au premier trimestre 2010, elle s'établit à 22,4 % en valeur, contre 18,6 % un an auparavant.

4. Les difficultés des industries techniques

Le 18 juin 2010, MM. Jean-Frédérick Lepers et Christian Ninaud ont remis au CNC un rapport synthétisant les constats et recommandations formulés à l'issue de la mission d'audit qui leur avait été confiée, en octobre 2009, sur la situation du secteur des industries techniques du cinéma et de l'audiovisuel .

Ce secteur compte près de 500 entreprises en France, pour la plupart de taille modeste. Ces entreprises assurent des prestations indispensables dans le processus de création, de production et de diffusion des oeuvres cinématographiques et audiovisuelles. Elles fournissent notamment la matière support des oeuvres originales (pellicule, cassette, disque dur), les équipements pour les tournages (prise de vue, prise de son, machinerie, éclairage...) et les installations fixes équipées pour les tournages (studios). Elles assurent également la modification des images imposée par le récit (post-production et effets spéciaux) et la reproduction des oeuvres originales pour la diffusion (copies, traitement dans les laboratoires et duplication). Enfin, elles fournissent le matériel permettant la projection dans les salles, la diffusion à la télévision ou sur internet et les outils nécessaires à la conservation des oeuvres (numérisation, archivage et stockage).

Le chiffre d'affaires de la filière des industries techniques est évalué à 1,23 milliard d'euros en 2008, en recul de 5,7 % par rapport à 2007.

La filière cinématographique est à l'origine de 36,2 % des recettes des industries techniques en 2008, mais cette part régresse, avec une baisse du chiffre d'affaires afférent de 8,5 % par rapport à 2007. Une déconnexion apparaît entre l'évolution du chiffre d'affaires des prestataires techniques sur le marché cinématographique et celle du niveau de la production nationale de longs métrages.

En effet, les industries techniques subissent les conséquences de la numérisation des films et des salles. Le numérique s'impose au détriment de la pellicule et des copies photochimiques, et ne constitue pas encore pour le secteur un relais de croissance suffisant.

En revanche, la mise en place du crédit d'impôt international contribue à enrayer cette tendance.

Votre rapporteur interrogera le ministre sur les mesures de soutien envisagées pour accompagner les industries techniques dans leur mutation.

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