B. UNE RÉMUNÉRATION DANS LA MOYENNE INFÉRIEURE DE L'UNION EUROPÉENNE

L'étude « regards sur l'éducation » 9 ( * ) de 2019 présente des éléments comparatifs intéressants sur la rémunération des enseignants. Bien que votre rapporteur pour avis soit conscient des difficultés intrinsèques liées à toute comparaison de systèmes internationaux différents, il note que cette étude permet de mettre en lumière plusieurs idées-forces.

Les limites des comparaisons entre pays de l'étude « regards sur l'éducation »

Le salaire statutaire correspond à la rémunération d'un enseignant « type » à un niveau d'enseignement donné, enseignant qui est célibataire et sans enfant à charge, placé sur un barème salarial et situé dans l'une des grandes étapes de son avancement. En France, les salaires des professeurs des écoles titulaires sont présentés pour le pré-élémentaire et l'élémentaire, mais seuls ceux des professeurs certifiés titulaires sont retenus pour l'ensemble du secondaire (premier et second cycles), selon les règles de l'OCDE.

Le salaire effectif a un périmètre plus vaste que le salaire statutaire. En France, il inclut les professeurs agrégés et des chaires supérieures dans le second degré. Il correspond à la rémunération annuelle brute incluant primes et allocations. Enfin, certains pays qui ont des salaires statutaires relativement élevés (Corée du Sud, Irlande, Japon, Luxembourg, Suisse) ne présentent pas de données pour les salaires effectifs, ce qui fait baisser considérablement la moyenne OCDE.

Salaires statutaires annuels des enseignants de 25 à 64 ans ayant 15 ans d'expérience et une qualification typique par niveau d'enseignement en 2018

Source : OCDE, regards sur l'éducation, septembre 2019

Lors de son audition, Éric Charbonnier, analyste à l'OCDE, a indiqué à votre rapporteur pour avis les trois constats majeurs que l'on peut tirer de cette étude :

• Une progression plus lente en France que dans les autres pays de l'OCDE, que ce soit dans le premier ou le second degré

Le salaire moyen en France après 10 à 15 ans d'ancienneté est inférieur de 20 % à la moyenne de l'OCDE. Après 10 à 15 ans d'ancienneté, un enseignant au Royaume-Uni a presque atteint l'échelon maximal, alors que la progression est très faible en France. Un professeur des écoles français gagne à peine 300 euros brut mensuel de plus que lors de sa première année d'enseignant titulaire.

Alors que l'écart moyen du salaire statutaire, tous niveaux inclus, est inférieur en France de 7 % à la moyenne de l'OCDE, il grimpe à 22 % en milieu de carrière, soit après dix à quinze ans d'ancienneté.

• Un salaire en fin de carrière en moyenne plus élevé que la moyenne de l'OCDE mais une progression plus lente

En moyenne dans les pays de l'OCDE, l'échelon maximal pour un enseignant de collège est atteint après 25 ans d'exercice. En France, si le salaire de fin de carrière est plus élevé, il est également plus lent à atteindre : en moyenne 27 ans soit deux ans de plus. À titre de comparaison, il ne faut enseigner que pendant six ou sept ans en Écosse pour y parvenir.

• Se défaire d'une approche globale de la rémunération des enseignants

Votre rapporteur pour avis souligne que la situation d'un professeur des écoles, d'un professeur certifié et d'un professeur agrégé est très différente : grilles indiciaires, primes potentielles, mobilité, possibilité d'heures supplémentaires,... Pour lui, s'intéresser à la rémunération des enseignants sans une analyse catégorielle fine est un non-sens .

Pour la fonction publique, la moyenne des primes et indemnités représente 22,6 % de la rémunération ; elle est de 16 % pour les enseignants du second degré et de 8 % pour ceux du premier degré.

Votre rapporteur pour avis appelle à la prise en compte de ces analyses dans le débat actuel sur la réforme des retraites .


* 9 OCDE (2019), Regards sur l'éducation 2019 : les indicateurs de l'OCDE, Édition OCDE, Paris.

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