II. LE SERVICE NATIONAL UNIVERSEL : UN DISPOSITIF QUI INTERROGE TANT SUR LES OBJECTIFS POURSUIVIS QUE SUR LES CONDITIONS DE SON DÉPLOIEMENT

• De nombreux doutes sur l'atteinte des objectifs poursuivis par le SNU

Le SNU a pour objectif de promouvoir l'engagement, le vivre-ensemble, la mobilité ainsi que de renforcer la cohésion sociale, la mixité sociale et territoriale. L'étude de l'institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire (Injep) réalisée auprès des jeunes en SNU en 2021 2 ( * ) est particulièrement éclairante sur le hiatus entre les buts poursuivis par le SNU et les remontés du terrain.

Comme les années précédentes, on constate une surreprésentation des enfants de « corps en uniforme ».

Les jeunes en filière professionnelle sont fortement sous-représentés : seuls 11 % des participants au SNU sont issus de ces filières, alors qu'un tiers des élèves de cette classe d'âge y est scolarisé. L'objectif de mixité sociale n'est pas atteint.

Le rapporteur constate que le budget du SNU est construit avec l'hypothèse d'un séjour effectué majoritairement au sein de la propre région de domicile du jeune. L'objectif affiché de mixité territoriale et de mobilité est fortement amoindri par les conditions de déploiement.

L'engagement reste majoritairement perçu comme un engagement envers les corps en uniforme (armée, police, gendarmerie, pompiers).

Surtout, la majorité des jeunes estiment ne pas avoir reçu suffisamment d'informations sur la mission d'intérêt général obligatoire. De leurs côtés, les associations sont également sceptiques et plusieurs se sont désengagées du dispositif.

La phase 2 du SNU - celle qui doit promouvoir l'engagement - reste donc très floue et a du mal à attirer vers l'engagement civil et associatif.

• Une extension du dispositif qui interroge

Jusqu'à présent, le SNU n'a pas suscité d'engouement chez les jeunes . En 2021, 30 000 d'entre eux ont transmis un dossier et seulement 22 000 ont été au bout de la démarche d'inscription. C'est moins que le nombre de jeunes (30 000) qui auraient budgétairement pu être accueillis en l'absence de contraintes sanitaires.

Le rapporteur s'interroge sur la capacité du Gouvernement à mobiliser 50 000 participants en 2022.

10 % des jeunes accueillis en 2021 indiquent que leur participation au SNU leur a été imposée par leur famille. Le séjour de cohésion a été moins bien vécu et a entraîné une moindre adhésion pour ces « non-volontaires » . En outre, 60 % de ces « non-volontaires » se déclarent peu enthousiastes à l'idée de devoir effectuer leur mission d'intérêt général.

Pour une extension raisonnable du dispositif : un SNU réduit à
36 000 jeunes en 2022

Les conditions sanitaires ont empêché le SNU de se déployer correctement en 2020 et 2021. Dès lors, un budget permettant d'accueillir 50 000 jeunes dès 2022 ressemble à un saut dans l'inconnu.

Le rapporteur plaide pour un déploiement progressif du dispositif avec un prochain palier fixé à 36 000 jeunes en 2022 - ce qui représente quand même plus du double de jeunes accueillis en 2021. Un tel calibrage permettrait de tester la session de février pour 10 000 à 15 000 jeunes tout en conservant une session de juin pouvant accueillir 20 000 à 25 000 jeunes - soit les effectifs prévus en 2020 et 2021.

La diminution du budget du SNU - de 30 millions d'euros - pourrait être utilisée pour promouvoir le départ en séjours collectifs de mineurs. En effet, les colonies de vacances constituent la première étape - celle de la découverte - du parcours d'engagement du jeune. Elles participent également pleinement à la promotion du vivre-ensemble et au renforcement de la responsabilité et l'autonomie du jeune, autant d'objectifs poursuivis par le SNU.

Enfin, le rapporteur note qu'en 2020 les crédits non consommés du SNU ont été utilisés pour soutenir le tourisme social.


* 2 Déploiement du service national universel en 2021, note n° 51, Injep, octobre 2021.

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