CHAPITRE PREMIER L'ÉCONOMIE DU TOURISME

I. LA DYNAMIQUE DU TOURISME MONDIAL

A. UNE FORTE REPRISE DU TOURISME MONDIAL QUI DEVRAIT SE POURSUIVRE À MOYEN TERME

La reprise économique mondiale a contribué à confirmer le nouvel essor des déplacements touristiques internationaux en 1995, qui, selon l'Organisation mondiale du tourisme, ont progressé de 4 %, après la hausse de 6 % de 1994. Ainsi, on estime à environ 567 millions le nombre de voyages effectués à l'étranger en 1995 pour un volume d'environ 373 milliards de dollars de recettes (hors transport).

Derrière ces taux de croissance moyens, apparaissent des situations contrastées attestant d'une redistribution nouvelle des flux touristiques internationaux : si l'Europe demeure en tête avec près de 60 % du total des arrivées, ce sont les pays asiatiques ainsi que l'Océanie et l'Amérique du Sud qui bénéficient depuis quelques années des plus forts taux de croissance. Ce phénomène s'explique à la fois par l'intensification des efforts consacrés à accroître, améliorer et promouvoir l'offre touristique de ces pays, mais également par l'émergence de nouvelles clientèles touristiques dans des zones situées à leur proximité. On peut cependant noter le rattrapage significatif qui s'est opéré en 1995 au Moyen-Orient, et dont l'Egypte a été le principal bénéficiaire.

Au cours des 15 prochaines années, le tourisme mondial devrait poursuivre une croissance soutenue pour s'établir à 1 milliard d'arrivées internationales en 2010, contre 456 millions en 1990, selon l'OMT. La part de marché de l'Europe devrait reculer alors que celle de la région Asie-Pacifique devrait rattraper les Amériques et occuper en 2010 la deuxième place en tant que région touristique.

B. LA LENTE ÉROSION DE LA POSITION DOMINANTE FRANÇAISE

Avec près de 60 millions d'arrivées touristiques en 1995, la France capte 11 % du marché mondial et 18 % du marché européen, confirmant sa position de première destination touristique internationale devant l'Espagne (45,1 millions d'arrivées) et les États-Unis (44,7 millions d'arrivées). La destination France voit cependant stagner le nombre de séjours touristiques réalisés par les clientèles étrangères au cours des dernières années, ce qui, compte tenu d'un accroissement annuel du marché de 20 à 30 millions de séjours selon les années, témoigne de l'érosion de notre part de marché mondial. Elle ne peut donc pas être considérée comme un résultat satisfaisant.

En effet, en raison d'une forte pression extérieure sous l'effet de dépréciations monétaires dans quelques pays concurrents voisins (Espagne, Italie), la destination France voit son avantage compétitif fragilisé sur certains marchés émetteurs : pour les séjours de vacances, notamment, les clientèles d'Europe du Nord ont pu préférer se rendre en Espagne ou en Italie, pour des raisons monétaires, voire en Turquie, où le climat d'insécurité s'est amélioré.

En outre, les clientèles espagnole et italienne se sont, elles-mêmes, repliées sur leur marché intérieur.

L'excédent touristique s'est inscrit en retrait en 1995 (- 5 milliards de francs), en raison d'une stagnation des recettes du poste voyages de la balance des paiements associé à une forte progression des dépenses des Français à l'étranger, pour s'établir à 57 milliards de francs (- 5,9 %).

Les quatre premiers mois de 1996 ne semblent pas indiquer que la diminution soit enrayée : l'excédent n'est que de 16,8 milliards de francs contre 19,3 en 1995 sur la même période. Alors que les Français ont tendance à dépenser plus à l'étranger, les recettes stagnent en raison de séjours plus courts, où les étrangers dépensent moins.

Par l'importance de ses recettes touristiques, la France en 1995, conserve difficilement sa deuxième place, avec 27,3 milliards de dollars, loin dernière les États-Unis (58,3 milliards de dollars), mais presque rattrapée par l'Italie (27 milliards de dollars) et l'Espagne (25 milliards de dollars).

Au-delà des incidents conjoncturels qui expliquent une partie de cette lente évolution, tous les signes sont également réunis d'une évolution structurelle du secteur du tourisme, à laquelle il convient de réagir. La concurrence internationale s'est largement diversifiée.

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