PJ loi de finances pour 1998

VIDAL (Marcel)

AVIS 67 (98-99), Tome II - COMMISSION DES AFFAIRES CULTURELLES

Table des matières




N° 67

SÉNAT

SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999

Annexe au procès-verbal de la séance du 19 novembre 1998.

AVIS

PRÉSENTÉ

au nom de la commission des Affaires culturelles (1) sur le projet de loi de finances pour 1999 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,

TOME II

CINÉMA - THÉÂTRE DRAMATIQUE

Par M. Marcel VIDAL,

Sénateur.

(1) Cette commission est composée de : MM. Adrien Gouteyron, président ; Jean Bernadaux, James Bordas, Jean-Louis Carrère, Jean-Paul Hugot, Pierre Laffitte, Ivan Renar, vice-présidents ; Alain Dufaut, Ambroise Dupont, André Maman, Mme Danièle Pourtaud, secrétaires ; MM. François Abadie, Jean Arthuis, Jean-Paul Bataille, Jean Bernard, André Bohl, Louis de Broissia, Jean-Claude Carle, Michel Charzat, Xavier Darcos, Fernand Demilly, André Diligent, Michel Dreyfus-Schmidt, Jean-Léonce Dupont, Daniel Eckenspieller, Jean-Pierre Fourcade, Bernard Fournier, Jean-Noël Guérini, Marcel Henry, Roger Hesling, Pierre Jeambrun, Serge Lagauche, Robert Laufoaulu, Jacques Legendre, Serge Lepeltier, Louis Le Pensec, Mme Hélène Luc, MM. Pierre Martin , Jean-Luc Miraux, Philippe Nachbar, Jean-François Picheral, Guy Poirieux,  Jack Ralite, Victor Reux, Philippe Richert, Michel Rufin, Claude Saunier, Franck Sérusclat, René-Pierre Signé, Jacques Valade, Albert Vecten, Marcel Vidal.

Voir les numéros :

Assemblée nationale ( 11 ème législ.) : 1078 , 1111 à 1116 et T.A. 193 .

Sénat : 65 et 66 (annexe n° 7 ) (1998-1999).

Lois de finances .

INTRODUCTION

Mesdames, Messieurs,

Le cinéma et le théâtre ont vocation, plus que toutes autres disciplines de la création artistique, à servir l'objectif de démocratisation culturelle. Ils trouvent, en effet, leur achèvement dans la rencontre avec le public.

A ce titre, on se félicitera que l'année 1997, avec 148,1 millions d'entrées, confirme la tendance au redressement de la fréquentation des salles de cinéma. De même, on relèvera pour s'en réjouir que la dernière enquête sur les pratiques culturelles des Français révèle que 57 % des Français ont déjà franchi les portes d'un théâtre, contre 45 % en 1989.

Ces secteurs se caractérisent par des dispositifs publics de soutien, certes très différents dans leur économie, mais similaires dans leur finalité qui est de garantir la liberté de création et la diversité de l'offre culturelle. Le dynamisme et la diversité de la création cinématographique française comme l'existence d'un réseau d'institutions théâtrales couvrant l'ensemble du territoire témoignent de leur pertinence et le succès rencontré auprès du public confirme leur légitimité.

André Malraux, en conclusion d'un article intitulé " Esquisse d'une psychologie du cinéma ", écrivait cette phrase désormais célèbre : " Par ailleurs, le cinéma est une industrie... ". Les négociations de l'accord multilatéral sur les investissements et leurs implications sur nos dispositifs de soutien à l'industrie cinématographique nous l'ont rappelé avec force. La volonté du gouvernement français d'insérer dans cet accord une clause d'exception culturelle et la fermeté avec laquelle il a défendu sa position ont suscité en France un débat qui a souligné la pertinence d'une telle initiative et une prise de conscience chez nos partenaires européens des enjeux culturels de ces négociations.

L'année 1998 a donc été à nouveau l'occasion de réaffirmer que l'on ne saurait s'en remettre aux seuls mécanismes du marché et de la compétition économique pour atteindre les objectifs de la politique culturelle conduite dans ces domaines. En effet, le dynamisme de ces secteurs réside dans le talent des artistes et des auteurs mais également dans des politiques publiques qui se sont attachées à créer des conditions favorables à la création et à la diffusion des oeuvres et dont nous retrouvons ici la traduction budgétaire.

Les mutations profondes que connaissent ces secteurs, et plus particulièrement le cinéma, exigent que les mécanismes de soutien dont ils bénéficient fassent l'objet d'une évaluation approfondie afin d'en apprécier l'efficacité. C'est à cette analyse que concourent les travaux de votre rapporteur.

PREMIÈRE PARTIE :

LE CINÉMA

I. UN CONTEXTE FAVORABLE AUX INDUSTRIES FRANÇAISES DU CINÉMA

Après plusieurs années d'une baisse importante et continue de la fréquentation, le cinéma français connaît depuis cinq ans une nouvelle phase de croissance marquée par une augmentation de la fréquentation et un renouvellement accru de la production nationale.

Cependant, ce redressement de l'industrie cinématographique française est encore fragile. La part de marché du film français sur le territoire national dépend en partie de quelques grands succès et celle des films français à l'étranger demeure encore très limitée.

Cette croissance s'accompagne, en outre, d'une transformation de l'économie du cinéma et, en particulier, d'un renforcement de la concentration tant dans le secteur de l'exploitation des salles de cinéma que dans celui de la production. Ce phénomène qui peut être favorable à la compétitivité de notre industrie cinématographique face à la concurrence étrangère peut également constituer une menace pour le pluralisme du cinéma français.

A. L'EXPLOITATION DE SALLES DE CINÉMA : UN SECTEUR EN MUTATION

Le secteur de l'exploitation est, dans un contexte de renouveau de la fréquentation, marqué par le développement des multiplexes.

1. La croissance de la fréquentation se poursuit

a) le redressement de la fréquentation

La croissance se poursuit à un rythme élevé. Avec 148,1 millions d'entrées et une croissance de plus de 8 % par rapport à 1996, l'année 1997 confirme la tendance de fond au redressement de la fréquentation des salles de cinéma qui se manifeste depuis 1993.

Il importe de souligner que les Français continuent à fréquenter les cinémas davantage que leurs voisins européens. En 1997, l'indice de fréquentation, rapport entre le nombre d'entrées et la population, s'élève, en effet, en France à 2,62 contre 2,36 au Royaume Uni et moins de 2 chez nos principaux voisins.

b) la stabilité des entrées de films français

Après une progression de 12% en 1996 , les entrées de films français qui s'élèvent à 51,1 millions, soit une diminution de 0,3%, se maintiennent en 1997 au dessus de la moyenne des cinq dernières années. La part de marché des films français s'établit à 34,5% en 1997, niveau qui représente un recul par rapport à 1996 mais s'inscrit dans la moyenne des cinq dernières années. Ces chiffres confirment, en dépit d'un léger tassement, le réel redressement du cinéma français enregistré depuis 1994, année où sa part de marché avait chuté à 27,4%.

Si la part de marché des films français demeure toujours en deçà de celle des films américains, qui réalisent 54 % des entrées, la fréquentation des films nationaux est, en France, plus forte que dans les autres pays européens : la part de marché du film national est de 29,5 % en Italie, de 17,3% en Allemagne, de 13,1% en Espagne et de 12,8 % au Royaume Uni.

2. Le développement des salles de cinéma multiplexes bouleverse l'économie de ce secteur

a) Le mouvement de création de salles se poursuit grâce au développement des multiplexes

Pour la quatrième année consécutive, le parc de salles de cinéma s'est accru ; 185 salles ont été ouvertes en 1997. Ainsi de 1992 à 1997 le nombre de salles est passé de 4 297 à 4 655 unités. Après dix années de baisse continue du nombre des salles, le secteur de l'exploitation fait donc preuve d'un nouveau dynamisme.

La France est ainsi le pays le mieux équipé d'Europe. D'après une étude récente du Centre national de la cinématographie (CNC), la France compte près de huit salles pour 100 000 habitants contre 6 pour 100 000 habitants au Danemark, pays classé en deuxième position dans l'Union européenne.

Les multiplexes ont continué à jouer en 1997 un rôle déterminant dans la création de salles .

Si une partie des nouvelles salles sont des établissements de taille moyenne implantés dans des communes de moins de 30 000 habitants, la majeure partie des ouvertures de salles depuis quatre ans est liée au développement des multiplexes.

Si l'on considère non plus le nombre de salles mais celui des établissements créés, on dénombre 57 cinémas nouveaux en 1997 contre 87 en 1996.

En 1997, sur 185 nouveaux écrans, 138, soit près des quatre cinquièmes, résultaient de l'ouverture de multiplexes ou de la restructuration de complexes " classiques " en multiplexes. Fin 1997, 34 multiplexes disposaient d'au moins dix écrans.

Désormais, les multiplexes représentent 9,6% du nombre total d'écrans en France mais 17,3 % de la fréquentation totale. Si les créations de multiplexes se poursuivaient au même rythme que celui constaté au cours des derniéres années, on considère qu'ils pourraient accueillir en l'an 2000 plus du tiers des spectateurs.

b) Favorisant la reprise de la fréquentation, le développement des multiplexes a pour contrepartie une plus grande concentration du secteur

S'il est encore trop tôt pour apprécier les conséquences du développement des multiplexes sur l'économie globale des industries cinématographiques, les premières études menées par le CNC révèlent une incidence positive sur la fréquentation globale qui s'accompagne cependant d'un renforcement de la concentration du secteur.

Il n'est aujourd'hui plus contestable que l'ouverture de salles multiplexes a contribué, en France comme à l'étranger, à la reprise de la fréquentation. Offrant un confort et une qualité de projection sans précédent, ces nouveaux équipements permettent d'attirer un public qui s'était détourné des salles de cinéma.

Après une période (1982-1992) de crise pendant laquelle, le nombre de spectateurs avait diminué de 40 % entraînant la fermeture de plus de 700 salles de cinéma, l'effet stimulant des multiplexes sur la fréquentation des cinémas ne peut être négligé.

Le développement des multiplexes a toutefois pour contrepartie de fragiliser les salles de cinéma existantes. En effet, si ces nouveaux équipements drainent de nouveaux spectateurs, ils détournent également une partie de la clientèle des salles existantes.

Les études du CNC montrent cependant que les effets de cette concurrence sont très variables selon le lieu d'implantation des multiplexes et la politique menée par les salles situées à proximité .

Il a ainsi été observé que les multiplexes de centre-ville provoquent en moyenne un transfert de spectateurs plus important que ceux installés en périphérie, les multiplexes implantés dans la périphérie de petites communes plus que ceux implantés dans la périphérie des grandes villes.

De même, on constate que les salles concurrentes résistent d'autant mieux qu'elles ont procédé à une rénovation de leur équipement. Par ailleurs, les salles pourvues d'une identité forte, à l'image de celles qui se consacrent aux films d'art et d'essai, et initient une politique d'animation dynamique conservent une clientèle importante, et parfois même en augmentation lorsqu'elles ont été modernisées.

Il est en conséquence difficile de déduire de la situation actuelle des conclusions générales sur les effets du développement des multiplexes tant sur l'industrie du cinéma que sur l'équilibre urbain et social des agglomérations concernées.

On peut en revanche constater que le développement des multiplexes accentue la concentration du secteur de l'exploitation . Il contribue ainsi à renforcer le poids des trois grands circuits qui possèdent déjà 24 des 34 multiplexes existants. Le poids accru de ce nouveau type de salles suscite en conséquence des inquiétudes sur les risques que présente cette concentration pour la diversité de la diffusion cinématographique. Il convient en effet d'empêcher que la position dominante des grands circuits n'empêche certains films d'être diffusé dans les salles de cinéma, ou des salles indépendantes de diffuser certains films à succès.

c) La loi Royer : un dispositif encore imparfait

Dans ce contexte, les articles 36-1 à 36-6 introduits en 1996 dans la loi n°73-1193 du 27 décembre 1973 d'orientation du commerce et de l'artisanat dite " loi Royer ", qui soumettent à l'autorisation des commissions départementales d'équipement cinématographique la création de complexes cinématographiques de plus de 1 500 places ou l'extension de salles existantes de plus de 2000 places, avaient vocation à jouer un rôle régulateur. Il s'agissait de prendre en compte les effets de ces implantations sur l'aménagement culturel des villes concernées et d'éviter des implantations désordonnées.

Entre le 1 er janvier 1997 et le 15 février 1998, les commissions départementales d'équipement cinématographique ont délivré onze autorisations et refusé six projets. Par ailleurs, sept de leurs décisions ont fait l'objet d'un recours devant la commission nationale d'équipement cinématographique.

Observant qu'un certain nombre d'exploitants de salles de cinéma contournaient ce dispositif en entreprenant des opérations d'un nombre de places immédiatement inférieur aux seuils fixés par loi, le gouvernement a souhaité abaisser le niveau des seuils considérés. L'article 79 de la loi n° 98-546 du 2 juillet 1998 portant diverses dispositions d'ordre économique et financier a abaissé les seuils du nombre de places au-dessus desquels les opérations doivent être autorisées par les commissions départementales d'équipement cinématographique de 1.500 à 1.000 places pour les créations et de 2.000 à 1.500 pour les extensions d'établissements existant depuis plus de cinq ans.

On ne qu'approuver le ministère de la culture quand il considère que les cinémas sont avant tout des équipements culturels et qu'à ce titre, la question de leur implantation doit se poser de manière spécifique. Or, force est toutefois de constater qu'en étendant ainsi le champ d'application de la loi Royer sans autre modification cette réforme continue à s'inscrire dans la logique de l'urbanisme commercial sans que la spécificité des équipements cinématographiques soit davantage prise en compte.

B. LA VITALITÉ DE LA PRODUCTION NATIONALE

1. La production française augmente et se renouvelle

Parallèlement à l'augmentation de la fréquentation, la production cinématographique a atteint en 1997 son niveau le plus élevé depuis quinze ans.

163 films ont reçu l'agrément d'investissement délivré par le Centre national de la cinématographie contre 134 films en 1996. Cette augmentation concerne particulièrement les films d'initiative française 1( * ) dont le nombre est de 125 en 1997, contre 104 en 1996.

Cette évolution se traduit par une augmentation de 48 % du volume global des investissements dans la production française, qui passe de 2,5 en 1996 à 3,7 milliards de francs en 1997.

Le devis moyen augmente de 29%, ce qui démontre que l'accroissement du volume global d'investissement n'est pas seulement la conséquence de l'augmentation du nombre de films mais est également lié à un meilleur financement film par film. Si l'on excepte le cas du film de Luc Besson " le cinquième élément ", l'augmentation par rapport à 1996 est plus modeste (+14%). Par ailleurs, la stabilité du devis médian refléte un double phénomène : la croissance du nombre de films à budget élevé et, à l'autre extrême, celle du nombre de films à petit budget.

Il faut également observer un renouvellement important de la production nationale : un film sur deux est un premier ou un second film .

2. La répartition des sources de financement de la production cinématographique reste stable.

Les principales évolutions qui ont marqué la structure du financement des oeuvres cinématographiques au cours de la décennie se sont poursuivies en 1997.

Les chaînes de télévision conservent un rôle prépondérant dans le financement de la production cinématographique.

Leur participation au financement des films d'initiative française est passée de 21 % en 1987 à 35,9 % en 1997.

De ce fait, la quasi-totalité des films produit en 1997 ont bénéficié de la participation d'une chaîne de télévision. Ainsi, la chaîne Canal Plus a préacheté plus de 80 % des films agréés en 1997 et prés de 90 % des films d'initiative française, les chaînes en clair ayant quant à elles financé 44 % des films agréés.

Si l'on prend en compte les investissements directs des chaînes de télévision et les contributions de ces mêmes chaînes aux recettes du compte de soutien géré par le CNC, les chaînes de télévision financent pour plus de 50 % de la production cinématographique française .

L'apport des producteurs français en légère augmentation par rapport à 1996 s'élève à 33%, contre 40,3 % il y a dix ans.

• Les autres sources de financement du cinéma restent proportionnellement stables
comme l'indique le tableau ci-après.

STRUCTURE DE FINANCEMENT DES FILMS D'INITIATIVE FRANÇAISE
(1987-1997)

(en pourcentage)

 

Apports des producteurs français

SOFICA

Soutien automatique

Soutien sélectif

Chaînes de télévision

Cession droits vidéo

A-valoir des distribu-teurs français

Apports étrangers

 
 
 
 
 

Copro-ductions

Pré-achats

 
 
 

1987

40,3

10,5

4,2

4,5

7,6

13,4

0,7

7,3

11,5

1988

39,7

8,9

7,6

4,1

4,7

14,5

0,7

5,6

14,2

1989

36,2

7,5

9,5

4,7

3,6

14,2

1,8

1,9

20,6

1990

42,0

6,7

7,6

5,4

3,9

15,9

0,4

2,8

15,3

1991

33,0

5,9

7,6

4,7

4,6

18,9

0,7

4,4

20,2

1992

36,2

6,1

5,8

4,6

5,4

24,7

0,3

5,4

11,5

1993

33,1

5,2

7,7

5,5

5,6

25,2

0,3

5,1

12,3

1994

29,0

5,3

7,5

6,7

6,5

27,4

0,3

5,0

12,3

1995

26,6

5,6

8,7

5,7

6,8

30,1

0,2

4

12,3

1996

24,2

4,8

8,3

4,9

10,3

31,7

0,1

5,5

10,2

1997

33,0

4,5

7,7

5,2

7,2

28,7

0,4

3,5

9,8

Compte tenu de l'augmentation des investissements, la croissance en valeur absolue des investissements des SOFICA, qui se sont élevés en 1997 à 181,55 millions de francs contre 128,55 en 1996, année consacrée davantage à la production audiovisuelle qu'au cinéma, ne leur permet pas d'accroître leur part dans le financement des films d'initiative française.

II. LE BUDGET DU CINÉMA POUR 1999

A. LES CRÉDITS DU CINÉMA INSCRITS DANS LE PROJET DE LOI DE FINANCES

Le budget du cinéma pour 1999 s'élève à 1 640,94 millions de francs en progression de 4,8 % par rapport aux crédits inscrits dans la loi de finances initiale pour 1998.

Sur ce total, 1 343,8 millions de francs sont issus des recettes de la section " cinéma " du compte d'affectation spéciale du trésor n° 902-10 destiné au soutien financier de l'industrie cinématographique et de l'industrie des programmes audiovisuels et 297,14 millions de francs correspondent aux dotations budgétaires du ministère de la culture.

Crédits
(en millions de francs)

1998

1999

1999/1998
(en %)

Section cinéma au compte de soutien

1 289

1 343,8

+ 4,2

Dotation du ministère de la culture affectée au cinéma (1)

276,69

297,14

+ 7,4

Budget du cinéma

1 565,69

1 640,94

+ 4,8

(1) en dépenses ordinaires et crédits de paiement

1. Les recettes de la section " cinéma " du compte de soutien de l'industrie cinématographique et audiovisuelle poursuivent leur progression

Les recettes de la section cinéma devraient s'établir à 1 343,8 millions de francs, en progression de 4,2 %.

Cette progression globale recouvre une évolution contrastée du produit attendu des divers prélèvements alimentant le compte de soutien.

L'augmentation très nette du produit de la taxe spéciale additionnelle sur le prix des places de cinéma et celle, de moindre ampleur, du produit de la taxe sur les vidéogrammes font plus que compenser la réduction des recettes provenant de la taxe sur le chiffre d'affaires des chaînes de télévision et permettent donc à la section " cinéma " du compte de soutien de poursuivre sa progression à un rythme comparable à celui des années précédentes.

•  Les recettes de la section cinéma du compte de soutien bénéficieront :

- en premier lieu d'une majoration très sensible (18 %) du produit de la taxe spéciale additionnelle (TSA) perçue sur le prix des places de cinéma qui bénéficie intégralement à la section cinéma. Son montant est évalué à 612 millions de francs contre 517 millions de francs en 1998.

La remontée de la fréquentation est à l'origine de l'augmentation du rendement de la taxe, la prévision du produit de la taxe ayant été faite sur la base de 163 millions de spectateurs et sur une recette moyenne par spectateur hors TSA de 31,80 francs.

- et en second lieu d'une augmentation de 6,25 % du produit de la taxe sur les encaissements réalisés par la commercialisation des vidéogrammes . Son produit est évalué à 100 millions de francs, 85 % revenant à la section cinéma du compte de soutien, soit 85 millions de francs.

•  En revanche, les prévisions d'encaissement des taxes et prélèvements opérés sur le chiffre d'affaires des sociétés de télévision sont ramenées de 1 810 millions de francs en prévision 1998 à 1 760 millions de francs pour 1999, chiffre qui ne sera pas atteint. Ces estimations s'expliquent par la baisse des recettes enregistrée en 1997, résultant du recul très sensible des recettes de publicité au cours du dernier trimestre 1996 et du premier trimestre 1997 et du report de la date d'entrée en vigueur du régime de taxation des chaînes thématiques, l'augmentation attendue de la taxe sur les chaînes thématiques n'atténuant que partiellement ces évolutions.

La répartition du produit de ces taxes entre la section cinéma et la section audiovisuelle est modifiée pour l'exercice 1999 en faveur de cette dernière qui bénéficiera de 64 % des sommes perçues, contre 62 % en 1997. Cette nouvelle répartition qui contribue à maintenir le niveau des aides à la production audiovisuelle tient compte de la croissance désormais acquise de la fréquentation en salle qui se traduit par une augmentation de la TSA dont le produit a crû de 26,5 % entre 1995 et 1998 et qui bénéficie en totalité au cinéma, alors que la taxe sur les services des télévisions a tendance à stagner.

Résultat de l'effet cumulé de la diminution des recettes attendues et de la modification de la clé de répartition entre les deux industries bénéficiaires du compte de soutien, la part de la taxe bénéficiant au cinéma enregistre une diminution de 7,8 % pour s'établir à 633,6 millions de francs en 1999 contre 687,8 millions de francs en 1998 .

EVALUATION DES RECETTES POUR 1998
DE LA SECTION CINÉMA DU COMPTE D'AFFECTATION SPÉCIALE N° 902-10
(en millions de francs)

 

Budget voté 1998

Évaluation pour 1999

Différence par rapport à 1998

Ligne 1 - Produit de la taxe additionnelle au prix des places dans les salles de spectacles cinématographiques

Ligne 2 - Remboursement de prêts

Ligne 3 - Remboursement des avances sur recettes

Ligne 4 - Prélèvement spécial sur les bénéfices résultant de la production, de la distribution ou de la représentation de films pornographiques ou d'incitation à la violence

Ligne 5 - Taxe spéciale sur les films pornographiques ou d'incitation à la violence produits par des entreprises établies hors de France

Ligne 6 - Contribution des sociétés de programme

Ligne 7 - Taxe et prélèvement sur les sommes encaissées par les sociétés de télévision aux titres de la redevance, la diffusion des messages publicitaires et des abonnements

Ligne 8 - Taxe sur les encaissements réalisés pour la commercialisation des vidéogrammes

Ligne 9 - Recettes diverses ou accidentelles

Ligne 99 - Contribution du budget de l'État

517

-

-

0,2

-

-

687,8

79

5

-

612

-

-

0,2

-

-

633,6

85

13

-

+ 95

-

-

-

-

-

- 54,2

+ 6

+ 8

-

TOTAL

1 289

1 343,8

+ 54,8

2. Les dotations directes du ministère de la culture

Les crédits inscrits au budget du ministère de la culture en faveur du cinéma s'établissent à 297,14 millions de francs, soit une augmentation de 7,4 % par rapport à la loi de finances pour l'année 1998 :

- la dotation de fonctionnement affectée au Centre national de la cinématographie (CNC) s'établit à 13,1 millions de francs (en progression de 0,6 %) ;

- les crédits d'intervention affectés au CNC pour le secteur cinématographique, après avoir été réduits de 12,4 % en 1998 du fait de la transformation de la FEMIS en établissement public, augmentent à nouveau et s'élèvent pour 1998 à 214,14 millions de francs (soit + 2 %) ;

- les crédits d'équipement affectés au CNC s'établissent en crédits de paiement à 69,9 millions de francs, contre 54 millions de francs en 1998, soit une progression de 29,4 %. Leur progression correspond à la volonté de relancer la politique patrimoniale dans le domaine du cinéma.

B. LES ORIENTATIONS DE LA POLITIQUE DE SOUTIEN AUX INDUSTRIES CINÉMATOGRAPHIQUES

Le Centre national de la cinématographie gère sous la tutelle du ministère de la culture l'ensemble des moyens consacrés à la politique du cinéma. Ces crédits sont affectés, d'une part, au soutien financier aux sociétés de production, de distribution, d'exploitation cinématographique et, d'autre part, à la mise en oeuvre d'actions culturelles consacrées notamment à la préservation et à la promotion du patrimoine cinématographique, à la formation aux métiers du cinéma et à la promotion du cinéma en France et à l'étranger.

1. Le soutien à la production, à la distribution et à l'exploitation

Évolution des crédits

L'augmentation des crédits profite dans sa quasi-totalité aux crédits du soutien automatique, les dotations consacrées aux procédures sélectives demeurant stables.


En effet, l'augmentation de 51,99 millions de francs de la section cinéma (hors frais de gestion) en 1999 bénéficie pour 48,93 millions de francs au soutien automatique et pour 3,01 millions de francs seulement au soutien sélectif dont la progression continue constatée au cours des dix dernières années connaît une pause.

Le tableau suivant décrit l'évolution des crédits du compte de soutien affectés à l'industrie cinématographique.

DÉPENSES POUR 1998 DE LA SECTION CINÉMA
DU COMPTE D'AFFECTATION SPÉCIALE N° 902-10
(en millions de francs)

 

LFI 1998

PLF 1999

Variations en valeur

Variations en %

Art. 10 - subventions et garanties de recettes

Art. 20 - Soutien sélectif à la production : avance sur recettes

Art. 30 - Subventions et garanties de prêts à la production, la distribution et l'édition sur support vidéographique de films de long métrage

Art. 40 - Subventions et garanties de prêts à l'exploitation

Art. 50 - Frais de gestion

278,73

145

498,77

309,5

59

276,73

145

506,32

353,94

61,81

0

0

+ 7,55

+ 44,44

+ 2,81

0

0

+ 1,51

+ 14,35

+ 4,7

TOTAL

1 289

1 343,8

54,8

+ 4,25

L'augmentation globale des crédits de 4,25 %, soit 54,8 millions de francs, doit permettre de financer les mesures nouvelles suivantes :

- article 30 : subventions et garanties de prêts à la production, la distribution et l'édition sur support vidéographique de films de longs métrages : + 7,55 millions de francs.

Cette mesure nouvelle, complétée par un redéploiement de 7 millions de francs provenant de la dotation en fonds de garantie versée à l'Institut pour le financement du cinéma et des industries culturelles (IFCIC), abondera les crédits destinés au retour automatique vers les producteurs et les distributeurs à hauteur de 15,55 millions de francs.

- article 40 : subventions et garanties de prêts à l'exploitation : + 44,44 millions de francs.

Ces crédits sont destinés à couvrir les droits mis au bénéfice des exploitants.

- article 50 : frais de gestion : + 2,81 millions de francs.

Cette mesure nouvelle majore les frais de gestion de la section cinéma sans que le taux du prélèvement effectué sur le compte à ce titre soit modifié par rapport à 1998.

Répartition des crédits par type d'aides et par secteur

Les différents articles de la nomenclature du compte de soutien regroupant des crédits destinés à des actions hétérogènes, le tableau ci-après indique la répartition des crédits de la section cinéma par type d'aides et par secteur :

RÉPARTITION DES CRÉDITS DE LA SECTION CINÉMA
DU COMPTE D'AFFECTATION SPÉCIALE N° 902-10

(en millions de francs)

LFI 1998

LFI 1999

Soutien automatique

737,77

786,7

Producteurs
Distributeurs
Exploitants
Editeurs vidéo

396,9
59,37
258,5
23

410,81
60
302,94
13

Soutien sélectif

492,23

495,24

Producteurs
Distributeurs
Exploitants
Editeurs vidéo
Autres interventions

168,5
24
151
6,5
142,23

161,5
24
151
6,5
152,24

Total hors frais de gestion

1 230

1 281,99

TOTAL

1 289

1 343,8

Source : CNC

Le soutien à la production s'élève en 1999 à 572,31 millions de francs, en progression de 1,2 %. Cette progression recouvre deux évolutions divergentes : d'une part, la croissance de 3,5 % des aides automatiques et, d'autre part, la diminution de 4,1 % des aides sélectives.

Les crédits destinés au soutien à la distribution (84 millions de francs en 1999) sont reconduits en francs courants.

Les crédits affectés au soutien à l'exploitation (453,94 millions de francs en 1999) connaissent une progression de 10,8 % qui résulte de l'augmentation des crédits destinés à couvrir les droits au soutien automatique au bénéfice des exploitants, les dotations consacrées au soutien sélectif étant reconduites en francs courants.

2. Les actions en faveur du patrimoine, de la formation et de la promotion du cinéma

a) L'action patrimoniale

La politique du ministère de la culture et de la communication en matière de patrimoine cinématographique est conduite par le CNC.

Outre les actions spécifiques qu'il mène lui-même, il assure également la tutelle, le soutien financier et la coordination des grandes institutions patrimoniales consacrées au cinéma : cinémathèque française, bibliothèque du film, cinémathèque de Toulouse et Institut Lumière de Lyon.

L'action patrimoniale du CNC s'organise autour de deux axes d'intervention qui seront poursuivis en 1999.

La collecte, l'enrichissement et la conservation des collections

- La collecte et l'enrichissement

Depuis la loi du 20 juin 1992 et le décret du 31 décembre 1993, le CNC a en charge la responsabilité du dépôt légal des films sur support photochimique et assure, à ce titre, la conservation et le catalogage des collections de films.

En effet, le CNC doit également assurer la conservation des 13 000 films collectés entre 1977 et 1994 par la Bibliothèque nationale et rattraper un arriéré de dépôt d'environ 10 000 titres de films qui n'ont pas été déposés au cours de cette période. Les collections atteignent aujourd'hui plus de 15 000 titres et croissent à un rythme de 1 000 titres déposés par an.

Une des difficultés rencontrées par le CNC dans l'accomplissement de cette mission tient dans le manque de locaux et de personnels disponibles. A l'exception d'une dotation initiale de 2 millions de francs en crédits d'équipement, le CNC n'a, depuis 1994, bénéficié d'aucun financement spécifique à ce titre. En 1998, rappelons que le CNC avait bénéficié de la création de 8 emplois qui ont pour partie permis d'étoffer le service des archives.

Par ailleurs, est menée une politique d'acquisition de collections de films, de documents ou d'objets se rapportant au cinéma. Le CNC a ainsi acquis de nombreux documents " papier " (manuscrits, affiches anciennes, photographies, dessins et maquettes) qui ont été déposés à la Bibliothèque du film (BiFi) et des appareils cinématographiques anciens qui ont enrichi les collections de la cinémathèque française.

En 1999, 2,5 millions de francs seront consacrés à l'enrichissement de ces collections.

- La conservation

Pivot de la politique patrimoniale, le plan de sauvegarde et de restauration des films anciens dit " plan nitrate " a permis de sauvegarder et de restaurer plus de 10 000 titres sur support nitrate détenus par les archives d'intérêt national (services des archives du film du CNC, cinémathèque française, cinémathèque de Toulouse).

Le service des archives du film du CNC qui conserve la quasi-totalité des collections nitrate est, à ce titre, le principal acteur de ce plan. Une dotation spécifique est dégagée depuis 1991. Les crédits affectés à ce plan s'élèveront en 1999 à 43,5 millions de francs, soit une diminution de 1,1 % par rapport à la loi de finances initiale pour 1998. Il faut noter cependant qu'à la suite d'une mesure d'annulation portant sur cinq millions de francs, les crédits disponibles ne s'élevaient qu'à 39 millions de francs, 35,6 millions de francs bénéficiant au service des archives du film du CNC et 3,4 millions de francs à la Cinémathèque française.

La mise en oeuvre du plan de sauvegarde et de restauration a été engagée en 1998, comme par le passé, en liaison avec des industries techniques spécialisées auxquelles sont confiées environ 70% du travail de restauration. Parmi les films restaurés en 1998, on peut citer " Le corbeau " d'Henri-Georges Clouzot et " l'étrange Monsieur Victor " de Jean Grémillon.

Par ailleurs, une attention a été portée aux films produits sur support acétate pour lesquels existent également des difficultés de conservation et qui feront l'objet d'un programme de restauration.

En matière d'équipement, la conduite des plans nitrate et acétate comme la gestion du dépôt légal imposent au service des archives du film des besoins très lourds en ce qui concerne tant les capacités de stockage que les conditions de sécurité. Le CNC conduit une politique d'investissement destinée, d'une part, à assurer la maintenance des locaux existants et, d'autre part, à accroître la surface des espaces de conservation. Le projet de loi de finances pour 1999 prévoit 5,6 millions de francs pour la poursuite du programme des travaux de mise aux normes de sécurité des bâtiments du service des archives et du dépôt légal. Par ailleurs, 10 millions de francs seront affectés à la construction de nouveaux locaux rendus indispensables par l'accroissement des collections du CNC et de la Cinémathèque française.

La valorisation et la diffusion du patrimoine

La politique d'enrichissement et de conservation des collections doit s'accompagner d'une action de valorisation de ce patrimoine auprès du public.

La France dispose, en ce domaine, d'institutions prestigieuses à l'image de la Cinémathèque française créée en 1936 par Henri Langlois, du musée du cinéma, ou encore de la bibliothèque du film (Bifi), créée en 1992, dont le fonds comporte des milliers d'ouvrages, de photographies, d'affiches ou de films sur support vidéo.

Ces institutions se trouvent néanmoins depuis une dizaine d'années dans une situation précaire justifiée par l'imminence de leur regroupement au sein d'un Palais du cinéma, désormais devenu Maison du cinéma , selon la terminologie moins ambitieuse utilisée aujourd'hui.

La Bifi est installée dans des locaux provisoires dans le XIIe arrondissement de Paris ; le musée Langlois est fermé et, après l'incendie du Palais de Chaillot en juillet 1997, la Cinémathèque poursuit son activité dans des conditions peu satisfaisantes.

Le projet de Palais du Cinéma, dont l'organisation avait été définie par la mission de préfiguration constituée en 1996 et acceptée par le précédent gouvernement, a été repris par le nouveau gouvernement. A la suite du rapport Nicolas remis à Mme Catherine Trautmann en juin 1998, un lieu d'implantation a été arrêté, le choix se portant sur un bâtiment construit en 1994 dans le XIIe arrondissement et destiné alors à accueillir l'American Center.

Ce bâtiment, dont l'architecture permet de répondre aux exigences définies par la mission de préfiguration au prix de travaux d'aménagement relativement modestes, devrait accueillir des salles de projection, des espaces d'expositions permanentes et temporaires, une bibliothèque-vidéothèque ainsi que des activités pédagogiques. Le calendrier des travaux rendus nécessaires par l'aménagement de cette nouvelle institution -dont le statut juridique n'est pas encore arrêté- permettrait son ouverture avant la fin de l'année 2000. Le coût d'achat et les travaux de réaménagement ont été évalués à 230 millions de francs environ. Le financement de cette opération devrait être assuré par un redéploiement d'autorisations de programme non consommées. La maîtrise d'ouvrage sera confiée au nouvel établissement public de maîtrise d'ouvrage des travaux culturels.

b) L'enseignement du cinéma

L'initiation

En matière d'initiation, l'Etat a mis en place avec le ministère de l'éducation nationale des enseignements obligatoires conduisant au baccalauréat option cinéma proposé dans 104 lycées. Le ministère de la culture a consacré 7,6 millions de francs en 1998 à la rémunération des professionnels du cinéma assurant en collaboration avec les enseignants l'encadrement de ces enseignements.

Par ailleurs, en partenariat avec les collectivités locales, sont mis en oeuvre des programmes spécifiques de sensibilisation à l'art cinématographique destinés au jeune public. Ces programmes ont pour objectif de faire découvrir aux jeunes des films en salles de cinéma avec un accompagnement pédagogique. Le ministère de la culture a consacré à ces actions 11,6 millions de francs en 1998, soit 6 millions de francs pour " Collège au cinéma ", 3,8 millions de francs pour " Ecole et cinéma " et 1,8 million de francs pour " Lycéens au cinéma ".

L'enseignement professionnel

L'enseignement professionnel relève de l'école nationale supérieure des métiers de l'image et du son (ENSMIS), établissement public à caractère industriel et commercial qui a succédé en 1998 à la FEMIS.

Le budget global de l'ENSMIS s'est élevé à 49,09 millions de francs en 1998. L'ENSMIS est financée à 74 % par le ministère de la culture, à 14 % par la taxe d'apprentissage et à 15 % par des ressources propres.

En 1999, la subvention de fonctionnement de l'Etat s'élèvera à 33,83 millions de francs, soit une augmentation de 7,4 % par rapport à 1998. A cette subvention s'ajoute une dotation exceptionnelle de 5 millions de francs destinée à permettre l'installation du matériel technique nécessaire dans les locaux rénovés de la rue Francoeur. La subvention d'équipement de l'ENSMIS destinée à financer l'achat de matériels pédagogiques est portée à 3 millions de francs en 1999, contre 2 millions de francs en 1998.

c) La promotion du cinéma en France et à l'étranger

La promotion

En liaison avec les professionnels, le CNC mène des actions en faveur de la promotion du cinéma, en particulier à travers un concours actif apporté à la création de festivals de cinéma ou par la participation à des opérations de promotion telles que la fête du cinéma.

Cette promotion est également assurée par des associations bénéficiant de concours financiers du CNC telles que l'association du festival international du film, organisatrice du festival de Cannes. En 1998, le festival a accueilli 20.489 professionnels dont le tiers a également participé au marché international du film.

L'exportation

L'exportation constitue un enjeu essentiel pour le dynamisme du cinéma français.

Pour l'heure, les résultats à l'exportation des films français demeurent modestes. Les films français ne représentent que 5 % du marché mondial et les recettes d'exportation des sociétés françaises s'établissaient à 404 millions de francs en 1996.

Le tableau ci-dessous fournit l'évolution des recettes d'exportation des films français depuis 1987 :


 

1987

1988

1989

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

Recettes d'exportation des films français (MF)

326

353

436

395

359

423

367

368

361

404

Les encaissements des recettes des films français en provenance de l'étranger ont néanmoins connu en 1996 une augmentation de 11,9 % par rapport à leur niveau de 1995. Cette évolution mérite d'être relevée dans la mesure où les recettes des films français n'ont dépassé le seuil des 400 millions de francs que deux fois, en 1989 et en 1992. Par ailleurs, on note, en 1996, que les recettes d'exportation se répartissent sur un plus grand nombre de films, ce qui est le signe d'une exportation plus dynamique et plus diversifiée . En effet, l'éventail des films qui obtiennent de bons résultats est plus large : 54 films, contre 47 en 1995, ont réalisé plus d'un million de recettes, dont 15 titres entre 5 et 20 millions de francs contre 10 en 1995.

Les recettes en provenance des pays européens, qui restent le principal marché du film français, sont en progression depuis 1994, cette évolution se confirmant en 1996 avec une croissance des recettes de 21 % par rapport à 1995 sur cette zone.

REPARTITION PAR ZONE GEOGRAPHIQUE DES RECETTES D'EXPORTATION POUR 1996
 

Recettes (en MF)

Recettes (en %)

Europe
Asie
Amérique du Nord
Amérique latine
Afrique
Divers

238
76
52
13
7
18

59
18,8
12,8
3,2
1,7
4,5

TOTAL

404

100

Unifrance , association type " loi 1901 ", fédérant producteurs et exportateurs, joue un rôle central dans la politique de développement de l'exportation conduite par le CNC.

Le budget d'Unifrance est financé à 80 % par une subvention du CNC et à 20 % par des ressources propres. La contribution du CNC au budget de l'association connaît depuis 1985 une forte croissance, soit 18 % en moyenne entre 1989 et 1998.

La subvention de l'Etat à cette association s'élevait en 1998 à 49 millions de francs. Elle sera maintenue à ce niveau en 1999. Les missions d'Unifrance s'articulent autour de trois axes : la promotion, la communication et l'information autour des films français. Les actions très diverses menées par l'association vont de l'organisation de grands festivals de films français (festivals de Sarasota et de Yokohama), à l'élaboration d'opérations de communication sur les films français en passant par la mise en place d'un suivi des résultats des films français. Par ailleurs, Unifrance est associée par le CNC à la gestion des aides à l'expansion des films français à l'étranger.

•  A partir de 1997, le CNC a mis en place un système d'aides directes à l'exportation des films français à l'étranger. Les crédits destinés à financer ces aides s'élevaient en 1998 à 14 millions de francs.

Ce système s'articule autour de trois aides :

- une aide sélective destinée à soutenir les stratégies à l'exportation des producteurs français et attribuée sur la base d'un programme de promotion d'un film ;

- une aide à l'édition de matériel de prospection (sous-titrages, édition de CD-Rom ou de bande de démonstration) ;

- une aide à la distribution des films français à l'étranger attribuée à des distributeurs étrangers qui souhaitent améliorer la diffusion des films français.

En 1999, les crédits destinés à financer ces aides bénéficieront d'une augmentation de près de 5 millions de francs.

III. LES ENJEUX DE LA POLITIQUE DE SOUTIEN À L'INDUSTRIE CINÉMATOGRAPHIQUE

A. LA POURSUITE DE L'ADAPTATION DU DISPOSITIF DE SOUTIEN AU CINÉMA

1. La modification de l'assiette de la taxe sur les services de communication audiovisuelle destinée au compte de soutien aux industries cinématographiques et audiovisuelles

L'article 28 de la loi de finances rectificative pour 1997 n° 97-1239 a procédé à la modification, longtemps attendue, de l'assiette de la taxe sur les services de communication audiovisuelle destinée à alimenter le compte de soutien aux industries cinématographiques et audiovisuelles.

L'objectif de cette réforme, entrée en vigueur le 1er janvier 1998, était double .

Il s'agissait, en premier lieu, d'adapter le dispositif du compte de soutien au développement des chaînes thématiques en intégrant l'ensemble de ces dernières, qu'elles soient françaises ou étrangères, au mécanisme de soutien à la production nationale. En effet, depuis son instauration en 1984, la taxe sur les services de communication audiovisuelle a permis de soutenir l'industrie française de production en imposant aux chaînes une épargne forcée qui les incite à investir dans la production française. Il était donc important d'intégrer l'ensemble des chaînes thématiques françaises et étrangères à cette logique de façon à ce que le développement des bouquets numériques profite pleinement à la production nationale.

En second lieu, cette réforme devait éliminer les discriminations existant jusqu'alors entre les chaînes thématiques selon leur mode de diffusion et leur lieu d'émission. En effet, jusqu'alors, les chaînes diffusées simultanément par câble et par satellite n'étaient assujetties que pour les recettes tirées du premier mode d'exploitation et les chaînes diffusées exclusivement par satellite échappaient totalement à la taxe.

Afin d'assurer une égalité de traitement fiscal entre les deux modes de distribution, le nouveau dispositif prévoit que les recettes tirées de l'exploitation par satellite entrent dans le champ d'application de la taxe. De même, les recettes des chaînes thématiques étrangères diffusées par câble ou par satellite, tirées de leur réception en France, sont assujetties dès lors que ces chaînes programment des oeuvres éligibles au compte de soutien, ce qui vise les chaînes étrangères francophones.

Afin de tenir compte des caractères propres de l'activité des chaînes thématiques et de leur équilibre d'exploitation encore fragile ne sont assujetties à la taxe que les chaînes dont le chiffre d'affaires est supérieur à 24 millions de francs. Par ailleurs, la taxe ne s'applique qu'aux ressources d'abonnement des chaînes, les recettes publicitaires étant exclues de l'assiette de la taxe. Cette exclusion se justifiait pour deux raisons : d'une part, les recettes de publicité de ces chaînes sont encore relativement modestes, se limitant à environ 5 % de leur chiffre d'affaires ; d'autre part, le calcul du montant des recettes à prendre en compte aurait pu se révéler difficile dans le cas de chaînes à diffusion multinationale.

Parallèlement à l'élargissement de l'assujettissement à la taxe sur les services de télévision, les modalités d'accès aux mécanismes de soutien des programmes commandés par les chaînes thématiques devaient être aménagées afin de mieux prendre en compte leurs spécificités .

Rappelons, enfin, que le nouveau dispositif, répondant à un souhait de la Cour des comptes, a clarifié la définition de l'assiette de la taxe pour les télévisions hertziennes en précisant qu'y étaient inclus les frais de régie.

2. La poursuite du processus de modernisation des aides attribuées par le compte de soutien aux industries cinématographiques et audiovisuelles

Les évolutions qui affectent depuis une dizaine d'années le cinéma français ont entraîné de profondes mutations dans l'économie de ce secteur. Dans ce contexte, les dispositifs d'aides versées par le compte de soutien à l'industrie cinématographique et audiovisuelle, conçus pour certains dans les années 60, se sont révélés inadaptés. La prise en compte de ces évolutions exigeait donc une refonte des mécanismes de soutien à la production, à la distribution et à l'exploitation.

Ce processus est désormais engagé . Les principaux dispositifs de soutien à la production cinématographique ont été refondus. Après la modification des mécanismes de l'avance sur recettes réalisée en 1997, la réforme du soutien automatique à l'exploitation et celle concernant l'agrément ont été menées à bien en 1998. Au cours de l'année 1999, les aides sélectives à l'exploitation et à la distribution devraient être à leur tour adaptées.

Le soutien à la production

La concentration progressive des principales entreprises de production, l'évolution des modes de financement des productions cinématographiques, comme le rôle croissant joué par les chaînes de télévision ont profondément transformé les conditions de production des films et impliquaient un ajustement des mécanismes de soutien à la production.

La réforme de soutien sélectif à la production a été opérée par le décret n° 97-449 du 29 avril 1997. On rappellera qu'elle repose sur trois mesures :

- une modification du fonctionnement de la commission d'avance sur recettes, dont les membres sont désormais nommés par décision du directeur général du CNC ;

- une adaptation du système de remboursement des avances ;

- et la mise en place d'un système plus élaboré d'aide à la réécriture sous forme de subventions accordées aux auteurs ou aux producteurs après avis de la commission d'aide sélective au sein de laquelle un quatrième collège a été créé à cet effet.

Chaque année 40 à 50 films bénéficient de l'avance sur recettes et que les deux tiers de ces films sont des premiers ou des deuxièmes films.

S'il est encore trop tôt pour tirer un bilan de la réforme de cette forme de soutien, on relèvera que la modification des conditions de remboursement s'est traduite par une augmentation du montant des remboursements.

En ce qui concerne le soutien automatique , une réflexion a été engagée sur les conclusions du rapport Bonnell-Mennegoz dès l'automne 1996 afin de réformer la procédure de l'agrément.

L'agrément constitue la clé de voûte de l'ensemble du système français d'aide au cinéma. Délivré par le directeur du CNC, après avis d'une commission, il permet à un film d'avoir accès aux aides automatiques et, partant à l'ensemble des financements encadrés tels que les SOFICA, l'avance sur recettes ou les obligations de production des chaînes de télévision.

La réforme s'appuie sur les principes dégagés par le rapport Bonnell-Mennegoz : simplifier et clarifier les procédures administratives d'octroi du soutien financier, accroître le rôle du producteur délégué, encourager le recours aux tournages en France et aux industries techniques françaises et assouplir le régime des coproductions.

Dans cette perspective, les textes réglementaires épars seront mis à jour et les procédures simplifiées. Le rôle du producteur délégué est revalorisé notamment en ce qui concerne la répartition des droits au soutien financier. Un nouveau barème déterminera l'importance de l'aide publique, en fonction notamment des dépenses effectuées en France. Par ailleurs, afin de favoriser les coproductions internationales, la part minimale de coproduction donnant accès au soutien sera abaissée à 10 % du devis -au lieu de 20 % actuellement.

D'après les informations communiquées à votre rapporteur, cette réforme, qui a obtenu l'accord de la Commission européenne, devrait aboutir d'ici le début de l'année 1999.

Le soutien à l'exploitation

La réforme des mécanismes de soutien automatique qui résulte du décret n° 98-750 du 24 août 1998 a pour principal objectif de corriger les effets d'un dispositif qui avait été conçu au début des années 60 avec le souci d'aider à la transformation des salles uniques en complexes de plusieurs salles.

Ce système qui a rempli son office en permettant la modernisation du parc français des salles de cinéma avait désormais tendance à défavoriser les établissements de petite taille et à encourager le mouvement de concentration de la distribution. En effet, le pourcentage des recettes de la taxe sur les places de cinéma susceptible d'être mobilisé par les exploitants au titre du soutien automatique (dit " taux de retour ") était calculé écran par écran, ce pourcentage étant d'autant plus élevé que le nombre d'entrées était modeste. Ainsi, une salle enregistrant en moyenne 2 400 entrées par semaine pouvait bénéficier d'une aide moins importante qu'un complexe de deux salles qui réalisaient chacune 1 200 entrées.

Ce mode de calcul favorisait donc les établissements ayant un nombre important d'écrans et avait abouti à ce que le " taux de retour " des multiplexes soit en moyenne de 40 %.

Par ailleurs, la possibilité de mobiliser l'aide pour des investissements dans l'ensemble des salles dépendant du même circuit d'exploitation encourageait le mouvement de concentration.

La réforme, entrée en vigueur le 2 septembre 1998, a pour objectif d'accroître l'effet redistributif du soutien automatique à l'exploitation, tout en préservant les droits des exploitants de taille intermédiaire.

Une des modifications les plus importantes consiste dans la substitution du calcul par établissement au calcul par écran. Le principe du barème progressif est maintenu : les droits à soutien sont, en effet, fixés en fonction de la taille des établissements. Ils représenteront jusqu'à 90 % de la TSA acquittée pour les établissements de taille modeste, un taux de retour minimum de 28 % sur l'ensemble de la taxe acquittée étant garanti. Les droits sont néanmoins modulés pour tenir compte des frais supplémentaires qu'implique la gestion des établissements comportant de 3 à 9 écrans.

Cette refonte du mode de calcul des droits à soutien ne s'accompagne pas d'une modification des règles définissant les travaux éligibles au titre du soutien automatique, celui-ci ne pouvant excéder 90 % du coût total des travaux de rénovation ou de création de salles.

Le succès de cette réforme devra être mesuré à l'aune de ses effets sur l'investissement des exploitants indépendants dont elle est censé favoriser les efforts de création et de rénovation.

Les aides sélectives à l'exploitation instituées pour compenser les rigidités du soutien automatique, telles le mécanisme d'aide en faveur des salles dites d'" art et essai " ou l'aide aux salles dans les zones insuffisamment équipées, exigeaient également une clarification de leurs modalités d'attribution dans le nouveau contexte du secteur de la distribution. En effet, leur économie complexe révèle l'enchevêtrement d'initiatives qui se sont juxtaposées pour répondre aux besoins du moment. Dans le souci de les refondre dans une politique d'ensemble, la ministre de la culture a confié à Mme Francine Mariani-Ducray, inspecteur général de l'administration au ministère de la culture et à M. Didier Motchane, conseiller maître à la Cour des comptes une mission dont les conclusions devraient être connues d'ici la fin de l'année.

Le soutien à la distribution

Le secteur de la distribution étant soumis à un fort mouvement de concentration, l'objectif visé par le soutien public est de préserver l'existence de distributeurs indépendants, afin de garantir une offre cinématographique diversifiée mais également d'améliorer la distribution des films français.

Une concertation est engagée avec les professionnels pour définir les modalités d'une réforme du soutien automatique à la distribution. Cette réforme aurait pour objet de mieux prendre en compte les risques pris par les professionnels et d'assurer une meilleure distribution des films français.

En ce qui concerne les aides sélectives qui, à l'image des aides au secteur de l'exploitation, ont donné lieu au fil du temps à de multiples aménagements, elles devraient également faire l'objet d'une réforme d'ensemble. La mission confiée à Mme Francine Mariani-Ducray et à M. Didier Motchane, qui concerne également ces aides, contribuera à en définir les modalités.

Il faut souligner que la mesure prise à titre provisoire en 1998 afin d'encourager la sortie des films français pendant la période estivale sera reconduite en 1999.

B. ENCOURAGER LES INITIATIVES LOCALES EN FAVEUR DU CINÉMA

Bien qu'elles aient investi ce domaine de l'action culturelle plus tardivement que d'autres, les collectivités locales constituent des partenaires actifs de la politique du cinéma.

1. La politique de partenariat conduite par le CNC

L'action conduite en ce domaine par le CNC vise à développer la coopération entre les collectivités locales et l'Etat afin de faire du secteur cinématographique un véritable pôle de développement économique.

La politique contractuelle du CNC

Depuis 1989, 133 accords ont été signés avec 126 collectivités territoriales mobilisant un budget global de 38,5 millions de francs pour les interventions du CNC, qui peut prendre en charge jusqu'à 50 % du financement des opérations envisagées. Cette coopération qui s'est établie en premier lieu avec les communes et les départements concerne désormais également les régions qui sont aujourd'hui douze à avoir signé une convention avec le CNC. Afin de se rapprocher des initiatives locales, le CNC a, à partir de 1995, largement déconcentré cette politique.

Ces conventions ont permis de développer des opérations de promotion du cinéma et de soutien à l'exploitation cinématographique mais également des actions d'initiation du jeune public, objectif qui constitue une préoccupation constante des collectivités territoriales. Ainsi, les programmes " Ecole et cinéma ", " collège au cinéma " ou " lycéens au cinéma " ont été mis en oeuvre dans le cadre de ces conventions.

Depuis 1996, le CNC a élargi les domaines de cette politique conventionnelle : actions de soutien à la production, programmes de formation professionnelle, accueil de tournages en région ou encore mise en valeur du patrimoine cinématographique.

L'action de l'Agence pour le développement régional du cinéma

L'Agence pour le développement régional du cinéma
, par sa mission de soutien à la diffusion et à l'exploitation, concourt également à l'animation des politiques locales en faveur du cinéma. Cette association a reçu en 1998 à ce titre une subvention du CNC de 6,73 millions de francs.

La répartition des compétences entre cette association et le CNC est en voie de clarification. L'ADRC était auparavant chargée d'une double mission qui consistait, d'une part, à procéder à l'instruction des demandes de subventions pour la création et la rénovation des salles de cinéma et, d'autre part, à soutenir, par la mise en circulation de copies de films et l'organisation d'opérations d'animation, l'activité de diffusion des salles de cinéma des zones rurales et des villes petites et moyennes. Dorénavant, l'instruction des dossiers de demande de subventions d'équipement destinées à la création ou à la rénovation de salles de cinéma relève directement du CNC. En revanche, l'ADRC centrera ses activités sur le soutien à la diffusion des films qui s'appuiera sur l'action de deux aides à l'édition de copies de films, l'une destinée aux salles des zones rurales et des petites villes qui réalisent moins de 35 000 entrées par an, et l'autre bénéficiant aux établissements des villes moyennes enregistrant entre 35 000 et 215 000 entrées par an. L'objectif poursuivi par ces aides est de permettre aux petites salles de disposer plus rapidement des copies de films récents afin qu'elles puissent attirer un public plus nombreux et contribuer à une diffusion plus large des oeuvres cinématographiques. Par ailleurs, l'ADRC devrait voir sa mission de soutien à la diffusion élargie aux oeuvres du patrimoine cinématographique.

2. Vers une décentralisation cinématographique ?

La mise en oeuvre d'une politique décentralisée du cinéma se heurte à deux types d'obstacles. Les premiers sont liés à la concentration des industries du cinéma dans la région parisienne et les seconds découlent des règles juridiques régissant les interventions économiques des collectivités locales.

Le soutien à la production

En ce qui concerne les interventions des collectivités locales en matière de production cinématographique, leur régime juridique dépend du caractère économique ou culturel de l'intervention. En effet, si les lois de 1982 et de 1983 ont opéré une décentralisation culturelle, elles n'ont conféré aux collectivités locales qu'une compétence limitée en matière économique, l'Etat restant " responsable de la conduite de la politique économique et sociale ". La difficulté tient donc dans la qualification des actions conduites par les collectivités locales.

Jusqu'à présent, les aides financières à la production cinématographique ont été considérées comme des interventions économiques et ne figurent pas au nombre des aides directes que les collectivités sont autorisées à accorder.

Le cadre juridique existant permet donc difficilement aux collectivités locales de trouver une forme comptable légale pour les aides qu'elles seraient amenées à verser aux sociétés de production, sauf à conclure une convention avec l'Etat.

Ainsi, c'est dans le cadre d'une convention avec l'Etat que la région Rhône-Alpes a été autorisée par un décret en Conseil d'Etat à verser une aide directe à la production au Centre européen cinématographique dont l'activité est orientée vers la coproduction, l'aide à l'écriture et la participation à la distribution et à la promotion de films coproduits en région Rhône-Alpes.

Ces contraintes seraient susceptibles d'être levées dans le cadre des dispositions du projet de loi relatif aux interventions économiques des collectivités territoriales qui doit être déposé sur le bureau des assemblées en 1999.

Le soutien à la distribution

L'intervention des collectivités locales en faveur de la distribution de films se développe également.


Si l'aide directe des collectivités territoriales à des sociétés de distribution n'est pas explicitement prévue par la loi, certaines collectivités mettent en oeuvre dans le cadre de leur politique culturelle en faveur du cinéma des aides indirectes à la distribution en favorisant la diffusion des films, par la prise en charge du tirage de copies supplémentaires ou par des aides apportées à la promotion, à la diffusion et à l'animation des projections de films.

Le soutien à l'exploitation

Les collectivités locales ont, par ailleurs, pris une part croissante dans le soutien à l'exploitation .

Bon nombre de collectivités locales exploitent des salles de cinéma soit en régie directe, soit à travers une gestion associative : ces salles municipales représentent, en effet, plus de 20 % des salles actives.

Par ailleurs, les articles 7 et 8 de la loi n° 92-651 du 13 juillet 1992 relative à l'action des collectivités locales en faveur de la lecture publique et des salles de spectacle cinématographique permettent aux collectivités locales d'attribuer des subventions de fonctionnement ou d'investissement à des entreprises d'exploitation cinématographique constituées sous forme d'entreprise en nom personnel ou de société. Ce dispositif, qui complète les aides versées par l'Etat, concerne les établissements qui réalisent moins de 2 200 entrées par semaine et permet aux collectivités locales de soutenir le fonctionnement, voire la rénovation d'une salle. A l'appui de sa demande, l'exploitant doit fournir un projet précisant les actions qu'il envisage en matière de programmation en direction de publics déterminés, d'initiation à la culture cinématographique et de sensibilisation de nouveaux publics.

Cette disposition, adoptée dans un contexte historique où la baisse de la fréquentation cinématographique affectait particulièrement les petites salles, devait permettre d'éviter la fermeture de salles qui n'auraient pu continuer à fonctionner sans le soutien des collectivités locales. Aujourd'hui le contexte a évolué. Ne sont plus désormais menacées les seules salles enregistrant moins de 2 200 entrées par semaine. Il serait donc souhaitable d'étendre le champ d'intervention des collectivités locales au delà du seuil fixé par la loi de 1992.

On soulignera qu'en outre ces interventions directes, certaines collectivités locales apportent à leur salle de cinéma des aides indirectes, qu'il s'agisse de politique d'incitation tarifaire en faveur de publics spécifiques ou d'organisation de manifestations de promotion.

C. DÉFENDRE LE DISPOSITIF FRANÇAIS DE SOUTIEN AU CINÉMA DANS LES NÉGOCIATIONS INTERNATIONALES

1. Les négociations sur l'accord multilatéral sur les investissements et le principe de l'exception culturelle : une issue encore en suspens

L'insertion d'une clause d'exception culturelle dans les accords du GATT avait, grâce à la mobilisation du gouvernement, permis de maintenir la spécificité de la politique culturelle française. Or, cette dernière s'est trouvée à nouveau menacée par la négociation au sein de l'OCDE sur l'Accord multilatéral sur les investissements.

Cet accord avait pour objectif de favoriser les mouvements de capitaux et les investissements directs en assurant dans ce domaine le respect des principes de la clause de la nation la plus favorisée, du traitement national et de la non-discrimination par une procédure de règlement des différends contraignante. Les Etats parties au traité s'engageraient à supprimer toutes les mesures de restriction à l'investissement. Ils conserveraient toutefois à certaines conditions la possibilité de déroger à l'accord.

Un tel accord représente un enjeu majeur pour la politique culturelle française qui, sur plusieurs points, est en contradiction avec les objectifs de la négociation. D'une part, il existe des restrictions directes à l'investissement dans les domaines de la presse, de la radio et de la télévision. D'autre part, des mécanismes tel que le compte de soutien aux industries cinématographiques et audiovisuelles qui, financé pour partie par un prélèvement sur l'ensemble des tickets de cinéma ne bénéficie qu'aux films français constitue une restriction indirecte incompatible avec la clause du traitement national.

La France a demandé, comme elle l'avait fait lors des négociations du GATT, l'insertion d'une clause d'exception culturelle dans l'accord.

La table ronde organisée par votre commission dans sa réunion du 1er avril dernier avec des représentants des professionnels concernés a été l'occasion de réaffirmer la légitimité de la position adoptée en ce domaine par les gouvernements français successifs. En effet, les débats ont fait apparaître que du sort réservé à cette question dans ce cadre dépendrait le maintien de la faculté pour les Etats de mener des politiques culturelles et de soustraire la création artistique aux lois du marché.

Cet accord devait être finalisé lors de la réunion ministérielle de l'OCDE du mois d'avril 1998. Compte tenu du retard pris et des problèmes non résolus, les 29 pays de l'OCDE ont décidé de suspendre les négociations afin de procéder à de nouvelles consultations entre les parties à l'accord et à une évaluation des résultats des discussions déjà engagées. Ce report des négociations constitue un succès pour la France qui s'était opposée à la conclusion de l'accord en l'état. Une mission de réflexion et d'évaluation a été mise en place afin de procéder à une analyse approfondie des conséquences de l'AMI dans les différents secteurs qu'il concernerait, ses conclusions devant être publiées à la fin de l'année.

Les premiers résultats en ont été communiqués au Premier ministre au début du mois d'octobre. Au regard de ses conclusions, le gouvernement français a annoncé à ses partenaires sa décision de ne pas reprendre les négociations dans le cadre de l'OCDE. Néanmoins, le principe d'une négociation sur l'investissement n'a pas été abandonné : le gouvernement a exprimé sa volonté de l'inscrire dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce dont le caractère universel garantit la présence des pays en voie de développement et dont l'approche progressive de la libéralisation des échanges assure un examen plus équilibré des questions soulevées.

Votre rapporteur se félicite de la fermeté avec laquelle le gouvernement français a défendu le principe de l'exception culturelle, notion dont la pertinence est désormais unanimement reconnue. Il souligne que quelles que soient les modalités permettant d'en reconnaître l'existence, elles devront rendre possible une évolution des acquis nationaux et communautaires sans contrepartie.

2. Un débat à venir : le prochain cycle de négociation de l'Organisation mondiale du Commerce sur les services

Dans le cadre de l'Uruguay Round, la Communauté européenne et les Etats membres n'ont pas pris d'engagement concernant l'accès au marché et le traitement national dans le domaine des services audiovisuels. Par ailleurs, des exceptions à la clause de la nation la plus favorisée prévue par l'accord sur les services (GATS) ont été stipulées dans le souci de préserver les oeuvres d'origine européenne, de conserver des accords bilatéraux sur la coproduction d'oeuvres audiovisuelles et de faire bénéficier les oeuvres européennes de financements spécifiques.

La Communauté et les Etats membres ne sont donc pas liés par des obligations spécifiques d'accès au marché ou par une clause de traitement national dans le domaine des services audiovisuels.

La prochaine conférence ministérielle qui doit fixer les thèmes et les modalités de négociation du prochain cycle multilatéral se réunira dans le courant de l'année 1999. Il importe que la France et les pays européens réaffirment la nécessité de ne pas revenir sur les acquis obtenus dans le cadre de l'Uruguay Round.

Votre rapporteur veut voir dans les résultats des assises de l'audiovisuel de Birmingham, tenues en avril dernier, le signe d'une prise de conscience des Etats européens en faveur de l'élaboration d'une réglementation des nouveaux services audiovisuels et de programmes européens d'aide à la production et à la circulation des oeuvres. Cette position constitue sans nul doute une réaction face aux prises de position minimalistes qui laissaient craindre une remise en cause systématique des réglementations européennes de l'audiovisuel. L'échec du projet de création d'un " nouveau marché transatlantique " proposé par la Commission européenne qui visait notamment à l'établissement d'une zone de libre échange pour les services et à une libéralisation dans le domaine de la propriété intellectuelle et des investissements va également dans ce sens.

La position défendue dans le cadre de l'AMI par la France ne peut qu'être confortée par cette évolution de la position des Etats européens. En effet, l'adoption d'une démarche commune européenne apparaît comme la seule solution permettant de faire prévaloir à terme la notion d'exception culturelle.

DEUXIÈME PARTIE :

LE THÉÂTRE DRAMATIQUE

L'intervention de l'Etat dans le domaine de l'art dramatique poursuit plusieurs objectifs complémentaires : promouvoir la diffusion du spectacle vivant et élargir les publics du théâtre ; encourager la création dramatique et favoriser l'émergence de nouveaux talents.

Pour assurer ces missions, la direction du théâtre et des spectacles du ministère de la culture, s'appuie en particulier sur le réseau des scènes publiques .

Des subventions sont directement accordées, d'une part aux six grandes institutions nationales que sont le conservatoire national d'art dramatique et les cinq théâtres nationaux (Comédie Française, théâtre de l'Odéon, théâtre national de Chaillot, théâtre national de la Colline et théâtre national de Strasbourg) et d'autre part, au réseau de la décentralisation dramatique qui se compose des centres dramatiques nationaux et régionaux ainsi que des scènes nationales.

Le soutien à la diffusion et à la création passe en second lieu par l'aide accordée à plus de 600 compagnies dramatiques indépendantes ainsi qu'au fonds de soutien au théâtre privé.

Plusieurs dispositifs relatifs à l'écriture et aux auteurs dramatiques ainsi qu'à l'enseignement de l'art dramatique viennent compléter les moyens de la politique du théâtre.

I. LA POLITIQUE EN FAVEUR DU THÉÂTRE

A. LES CRÉDITS AFFECTÉS AU THÉÂTRE DRAMATIQUE : UNE PROGRESSION DIFFICILE À ÉTABLIR

1. Les errements de la nomenclature budgétaire

L'opacité de la présentation des crédits du ministère de la culture rend impossible, à la seule lecture du " bleu ", l'identification des crédits consacrés au théâtre en 1999 et interdit toute mise en perspective par rapport à 1998.

En effet, les crédits du théâtre sont pour une grande part inscrits au titre IV (Interventions publiques). Or, les modifications intervenues dans la nomenclature en 1999 comme en 1998 se sont traduites par une globalisation des crédits au sein de vastes chapitres " fourre-tout ". Votre rapporteur a donc été contraint de se fier aux réponses du ministère de la culture à son questionnaire, réponses qui, il faut le souligner -pour le regretter-, sont souvent imprécises.

En effet, en 1998, une modification est intervenue afin de traduire dans la nomenclature budgétaire la déconcentration des décisions administratives : deux chapitres distincts ont été créés au sein du titre IV, l'un consacré aux interventions culturelles d'intérêt national et, l'autre, aux interventions culturelles déconcentrées. Parallèlement, l'article identifiant les crédits consacrés au théâtre au sein du chapitre 43-50 " Développement culturel " était abandonné au profit d'articles plus globaux. En 1999, une nouvelle globalisation intervient. C'est, en effet, au tour des articles 43-20-30 et 43-30-30 relatifs au développement culturel d'être fondus avec les articles 43-20-20 et 43-30-20 relatifs aux spectacles. Ces chapitres s'intitulent désormais " développement culturel et spectacles ", réunissant près 2,19 milliards de francs consacrés aux opérations les plus diverses.

Cette présentation, certes légitime, aurait dû s'accompagner d'une amélioration de l'information du Parlement. Or, force est de constater qu'en raison des nouvelles procédures déconcentrées, les éléments budgétaires disponibles lors de l'examen du projet de loi de finances en ce qui concerne la répartition des crédits du titre IV sont insuffisants pour permettre un réel contrôle de leur affectation, celle-ci n'étant en fait définitivement connue qu'au début de l'exercice budgétaire et le contrôle du Parlement ne pouvant que s'exercer a posteriori.

Enfin, la fusion des directions du spectacle et du théâtre, d'une part, et de la musique et de la danse, d'autre part, a compliqué encore la tâche de votre rapporteur. En effet, les réponses au questionnaire budgétaire ne distinguent plus les crédits du théâtre des autres crédits de la nouvelle direction, pour l'excellente raison que la répartition définitive des mesures nouvelles proposées en faveur du spectacle vivant ne sera définitivement arrêtée qu'en début d'exercice.

2. Les crédits pour 1999

Compte tenu des difficultés liées à la présentation des documents budgétaires, il a été très difficile à votre rapporteur de prendre la mesure exacte de la progression des crédits consacrés au théâtre, progression qui résulte de l'effort consenti en faveur du spectacle vivant par le projet de loi de finances pour 1999.

Les crédits inscrits en titre III qui regroupent les subventions de fonctionnement versées aux cinq théâtres nationaux et au conservatoire national supérieur d'art dramatique s'élèveront en 1999 à 359 millions de francs, en progression de 2,27 % par rapport à 1998 .

Les dépenses relevant du titre IV qui constituent l'essentiel de la politique du théâtre (aides aux compagnies, soutien au réseau de la décentralisation dramatique, aides à l'écriture) s'élevaient à 1 000,7 millions de francs en 1998. En 1999, sur les 110 millions de mesures nouvelles qui bénéficieront à la direction de la musique, de la danse, du théâtre et du spectacle vivant, 60 millions de francs devraient être consacrés à la politique du théâtre , soit une progression de 6 %, ce qui atteste la volonté de renforcer les moyens des structures théâtrales. Néanmoins, l'affectation de ces mesures nouvelles entre les différentes actions n'est pas encore définitivement arrêtée et n'a été communiquée à votre rapporteur qu'à titre indicatif.

En ce qui concerne les dépenses d'investissement , elles s'élèvent pour 1999 à 153,86 millions de francs , soit une diminution de 24 % par rapport à 1997.

La dotation inscrite au Titre V s'élève à 33,76 millions de francs. Ces crédits sont destinés d'une part à poursuivre les travaux d'aménagement du Centre de réserve du costume de scène de Moulins (Grand Projet en Région) pour 16 millions de francs ainsi que les travaux de rénovation de la Comédie Française (8,37 millions de francs) et les travaux de sécurité du Conservatoire national d'art dramatique (1,5 million de francs).

Par ailleurs, 7,89 millions de francs ont été prévus pour les travaux d'aménagement des autres théâtres nationaux, tandis qu'une autorisation de programme de 11 millions de francs est inscrite au chapitre 56.91, article 93 (établissement public de maîtrise d'ouvrage des travaux culturels) pour la première tranche des travaux d'installation d'un accès décor pour le théâtre national de Chaillot.

Au titre VI, la dotation pour 1999 s'élève à 109,10 millions de francs (+ 54,7 millions de francs) dont 45 millions de francs destinés à financer la première tranche de rénovation et de restructuration du " Cargo " de Grenoble. Les théâtres nationaux bénéficient d'une subvention globale d'équipement de 10 millions de francs.

L'enveloppe prévue pour l'aménagement des salles municipales, scènes nationales, centres dramatiques nationaux et régionaux, théâtre privé, cirque et arts de la rue atteint 53,10 millions de francs (+ 8,2 millions de francs). Elle permettra non seulement la poursuite d'opérations déjà engagées (Théâtre des Bouffes du Nord, Théâtre de l'Athénée, scènes nationales de Créteil, Nantes, centres dramatiques nationaux d'Aubervilliers, de St-Denis, théâtre municipal de Pont-Audemer...), mais également le démarrage d'opérations nouvelles qui sont en cours de sélection.

B. LA RÉNOVATION DES MODALITÉS DE L'INTERVENTION DE L'ETAT

1. La poursuite de la déconcentration

Avec le décret n° 97-34 du 15 janvier 1997 relatif à la déconcentration des décisions administratives, la déconcentration est devenue un principe fondamental de l'organisation administrative de l'Etat. Ce texte prévoit, en effet, que les décisions administratives individuelles entrant dans le champ de compétences de l'Etat, à l'exception de celles concernant les agents publics, sont prises par le préfet, cette disposition étant entrée en vigueur le 1er janvier 1998.

Le décret n° 97-1200 du 19 décembre 1997 qui a précisé les conditions d'application de ce principe général pour le ministère de la culture, parachève un mouvement de déconcentration engagé au sein du ministère depuis plus d'une vingtaine d'années et dont la création en 1977 des directions régionales d'action culturelle (DRAC) a constitué la première étape.

En raison de ses modalités et, en particulier, de l'importance du soutien au réseau de la décentralisation dramatique et aux compagnies dramatiques, la politique du théâtre avait vocation plus que d'autres à se prêter à une déconcentration des moyens d'intervention de l'Etat. Cette évolution sera achevée en 1999.

En 1998, l'ensemble des crédits consacrés au réseau des scènes nationales a été déconcentré, ainsi que la plupart des crédits affectés à des compagnies et des festivals, seules trois scènes nationales restant suivies par l'administration centrale (Guadeloupe, Martinique, Grenoble). Le montant total des crédits déconcentrés en titre IV (interventions publiques) a atteint 453,27 millions de francs, soit 46 % du budget de la direction du théâtre et des spectacles.

En 1999, la déconcentration de l'ensemble du réseau des centres dramatiques nationaux, à l'exception de ceux situés en Ile-de-France, marquera l'aboutissement de ce processus. Seules resteront gérées directement par l'administration centrale les structures à vocation nationale ou internationale ainsi que les commandes et les aides à la création attribuées après l'avis de commissions nationales.

Le rapporteur, s'il s'était félicité de cette orientation susceptible de rapprocher l'Etat et les organismes subventionnés, s'était inquiété des modalités de sa mise en oeuvre. En effet, une déconcentration bien comprise exige un recentrage de l'administration centrale sur sa mission de conception et d'impulsion que rend possible un allégement de ses tâches de gestion mais également le développement d'outils permettant au ministère d'évaluer les conditions de mise en oeuvre de la politique culturelle. Sur ce dernier point, force était de constater que les moyens faisaient défaut, les travaux du service et des études et prospectives du ministère de la culture n'ayant pas réellement vocation à y contribuer et les moyens d'inspection du ministère de la culture étant traditionnellement très limités. Dans ce contexte, certains craignaient que le processus de déconcentration se traduise par une dilution du rôle de l'Etat.

En dépit de certaines difficultés rencontrées cette année qui se sont traduites par un allongement des délais de versement des subventions, il est encore trop tôt pour tirer des enseignements définitifs sur l'opportunité de la relance de la déconcentration dans le domaine du théâtre et sur l'efficacité avec laquelle le ministère de la culture a utilisé les moyens dont il dispose pour coordonner l'activité des DRAC.

Cependant, il faut souligner que les risques d'une politique culturelle à géométrie variable n'ont pas été ignorés. C'est, en effet, dans cette perspective que la ministre de la culture a souhaité relancer la politique contractuelle en la dotant d'un cadre général précisant les droits et obligations respectives de l'Etat et des structures culturelles.

Ce cadre général est défini par la charte des missions de service public , qui entrera en vigueur le 1er janvier 1999.

Destinée à clarifier les conditions de l'intervention de l'Etat, elle fixe les principes généraux définissant :

- les responsabilités des équipes et des structures subventionnées ;

- les principales règles relatives à la gestion des établissements assurant des missions de service public ;

- et les règles et obligations qui s'imposent à l'Etat.

Cette charte consacre l'aboutissement du processus de déconcentration et indique les décisions qui continueront de relever directement du ministère de la culture, répondant en cela à une des interrogations formulée l'an dernier par votre rapporteur. Parmi ces décisions, figurent les décisions concernant les responsables des structures culturelles : nomination des directeurs d'entreprises artistiques quand la règle en est posée par les dispositions régissant leur fonctionnement, ou, dans le cas contraire, agrément préalable à la nomination des directeurs et des administrateurs. Par ailleurs, continue à relever directement du ministère l'approbation préalable à la signature des conventions cadres ou des contrats d'objectifs liant l'Etat aux structures subventionnées, décision qui constitue à l'évidence un des moyens d'orientation les plus significatifs dont dispose l'administration centrale en ce domaine.

Par ailleurs, elle précise les instruments sur lesquels peut s'appuyer l'administration centrale pour orienter l'action des DRAC. Certains, comme les circulaires annuelles d'instructions sur le montant et l'emploi des crédits déconcentrés existent déjà ; d'autres sont inédits, à l'image des schémas directeurs des politiques nationales qui devront être élaborées par l'administration centrale auxquels répondront de la part des DRAC des schémas d'action pluriannuels.

Enfin, elle pose le principe général de la contractualisation, dès lors que l'Etat se lie à un partenaire artistique ou culturel pour une durée supérieure à un an. Il faut relever que sur ce point la charte se contente de consacrer une pratique déjà très largement suivie dans les faits.

Si votre rapporteur approuve les finalités de la charte comme les principes qu'elle réaffirme (répartition territoriale équilibrée de l'offre culturelle, liberté des créateurs et du public, démocratisation de l'accès à la culture), il souligne que, sous bien des aspects, ses dispositions demeurent très générales et leurs conditions de mise en oeuvre très floues, laissant ainsi une large marge d'appréciation à l'administration centrale et à ses partenaires.

La valeur d'un tel document dépendra donc essentiellement des suites qu'entendra lui donner le ministère dans ses relations avec les structures concernées. En effet, au delà de sa dimension pédagogique, cette charte devra servir de référence notamment à la rédaction des contrats d'objectifs des scènes nationales et des contrats de décentralisation des centres dramatiques.

La redéfinition de la politique contractuelle, fondement de l'intervention de l'Etat dans le domaine du spectacle vivant, s'accompagne d'une réorganisation des services centraux du ministère de la culture.

2. La création d'une direction de la musique, de la danse, du théâtre et du spectacle

Préconisée par la commission de refondation de la politique culturelle présidée par M. Jacques Rigaud et annoncée dès l'année dernière par la ministre de la culture et de la communication, la création d'une direction unique regroupant les directions du théâtre et des spectacles, d'une part, et de la direction de la musique et de la danse, d'autre part, a été opérée par le décret n° 98-841 du 21 septembre 1998.

En dépit du particularisme des professions concernées et des craintes soulevées par une telle mesure, elle semblait justifiée par le fait que bien des questions étaient communes à ces deux directions, qu'il s'agisse des relations avec les troupes ou du partenariat avec les collectivités territoriales.

Aux termes de l'article 2 du décret n° 98-841 du 21 septembre 1998 précité, les compétences de cette nouvelle direction sont ainsi définies :

" La direction de la musique, de la danse, du théâtre et des spectacles a pour mission, dans toutes les disciplines de la vie musicale, théâtrale, chorégraphique et, plus généralement, des arts liés au spectacle vivant, de favoriser la création et la diffusion, de développer l'enseignement et les formations, d'encourager l'accès le plus large possible aux oeuvres et aux pratiques, de protéger et mettre en valeur le patrimoine. " Elle est organisée en six services horizontaux 2( * ) .

Votre rapporteur formule le souhait que cette mesure de réorganisation administrative permette aux services de l'administration centrale de se consacrer à leurs missions de conception, de coordination et de contrôle. De même, il espère qu'elle soit de nature à rendre plus cohérente la politique conduite par le ministère de la culture dans des domaines comme le développement des enseignements artistiques ou le soutien à la pratique amateur, qui ne pouvaient que pâtir de la dichotomie administrative traditionnelle.

Mais, si on peut attendre de la déconcentration comme de la création d'une direction unique compétente pour l'ensemble du spectacle vivant une rationalisation des méthodes d'administration, ces évolutions ne sont pas, à l'évidence, de nature à faciliter le contrôle du Parlement sur les crédits consacrés au théâtre.

3. La rénovation de la réglementation relative aux entreprises de spectacles

Le caractère obsolète de certaines des dispositions de l'ordonnance n° 45-2339 du 13 octobre 1945 relative aux spectacles avait été souligné à de nombreuses reprises.

Longtemps attendue par la profession, la rénovation des dispositions de l'ordonnance a été entreprise, la deuxième lecture du projet de loi modifiant ce texte devant être inscrite avant la fin de l'année à l'ordre du jour du Sénat.

La réforme mise en oeuvre tend à moderniser les dispositions de l'ordonnance sans toutefois remettre en cause le cadre général institué en 1945. Conservant le régime d'autorisation fondé sur la délivrance de la licence d'entrepreneur de spectacles, le projet de loi étend son champ d'application à l'ensemble du secteur et redéfinit les différentes catégories de licence afin de les adapter à la réalité de la profession. Par ailleurs, il vise à faire de la licence un instrument de contrôle de l'application de la législation sociale, cet objectif apparaissant particulièrement opportun pour assurer le respect des obligations des employeurs en matière de protection sociale.

Cette réforme, dont la légitimité a été reconnue par votre commission, est le résultat d'une concertation approfondie avec les professionnels du secteur réunis au sein du Conseil national des professions du spectacle.

C. LE RÉGIME DES INTERMITTENTS DU SPECTACLE : VERS DES SOLUTIONS

Le théâtre dramatique, comme l'ensemble du secteur du spectacle vivant, se caractérise par une organisation du travail spécifique fondée en grande partie sur le salariat intermittent. Ce salariat, qui repose sur des contrats à durée déterminée, entrecoupés par des périodes de chômage, est par nature précaire et a justifié la mise en place d'un régime spécifique d'indemnisation.

Depuis 1985, notamment en raison des difficultés économiques qui ont frappé les structures du spectacle vivant et qui les ont conduites à limiter le recours à des troupes ou à des équipes techniques permanentes, les statistiques sur les intermittents du spectacle ont fait apparaître une constante progression de leur nombre qui s'établissait en 1997, tous secteurs confondus, à 67 700. Sur ce total, le spectacle vivant représentait le tiers des techniciens et plus de 73 % des artistes relevant de ce statut. Cette augmentation du nombre des intermittents s'est accompagnée d'une précarité plus marquée des conditions de travail ; en effet, le nombre des contrats a augmenté et leur durée s'est réduite, passant de 24,5 jours en moyenne en 1985 à 8,7 jours en 1994. Le régime d'assurance chômage prévu par les annexes VIII et X de l'UNEDIC n'étant financé que par les cotisations des intermittents et celles de leurs employeurs, ces évolutions ont contribué à accentuer le déséquilibre structurel de ce régime. Le montant des recettes et des dépenses de 1997 fait apparaître que pour un franc collecté, 5,3 francs étaient dépensés. En effet, 3 610 millions de francs de prestations ont été versées pour 678 millions de francs d'encaissements, soit un déficit de 2 932 millions de francs.

A la suite de la menace formulée par le CNPF en novembre 1996 de ne pas reconduire les annexes VIII et X, le gouvernement, reprenant les propositions formulées par M. Pierre Cabanes, s'est engagé à mettre en oeuvre des mesures destinées à remédier aux difficultés structurelles rencontrées par ce régime.

Les mesures destinées à mieux encadrer ce régime portaient sur :

- une meilleure connaissance du marché réel de l'emploi, notamment grâce à un croisement des fichiers ;

- la lutte contre l'évasion des charges sociales et le travail illégal, qui devait se traduire notamment par la création d'un guichet unique pour la déclaration et le paiement des charges sociales par les employeurs occasionnels du spectacle vivant qui sont confrontés en pratique à la complexité des régimes spécifiques ;

- la rénovation des règles de fonctionnement des entreprises de spectacles ;

- et la clarification des conditions du recours à des contrats à durée déterminée -dits contrats d'usage- grâce à la création d'une commission mixte paritaire permettant une concertation entre les professionnels du spectacle.

Ces engagements avaient permis la reconduction, en l'état, du régime prévu par les annexes VIII et X jusqu'au 31 décembre 1998.

Les nouveaux titulaires des ministères en charge de la culture et de la sécurité sociale, reprenant les engagements pris en 1997 par leurs prédécesseurs, se sont attachés depuis à mettre en oeuvre les mesures préconisées.

Des avancées significatives ont été effectuées en ce domaine. La modification de l'ordonnance des spectacles dont votre rapporteur a évoqué plus haut la portée est en cours d'examen par le Parlement. Par ailleurs, la commission mixte paritaire chargée d'un accord sectoriel interbranche destiné à limiter le recours au contrat d'usage est parvenue à un accord qui a été approuvé par l'ensemble des professionnels. Cet accord s'articule autour de deux axes principaux :

- l'objet du contrat devrait être défini en termes très précis de façon à faire correspondre la durée du contrat avec celle de l'activité économique précaire pour laquelle il a été conclu ;

- une liste limitative établit les emplois et les activités pour lesquels il est admis de recourir au contrat dit d'usage.

En ce qui concerne la mise en place d'un guichet unique, l'article 6 de la loi n° 98-546 du 2 juillet 1998 portant diverses dispositions d'ordre économique a offert un cadre juridique adéquat au projet d'accord accepté par les professionnels et les organismes sociaux concernés.

Votre rapporteur ne peut que se féliciter du résultat des efforts engagés afin de remédier aux difficultés du système actuel, qui fragilisaient la situation des artistes et techniciens du spectacle et qui constituaient, à ce titre, un frein à la création dramatique.

D. LE STATUT ASSOCIATIF : UNE CLARIFICATION AUX CONSÉQUENCES INCERTAINES

Dans le domaine théâtral, comme pour l'ensemble des disciplines du spectacle vivant, nombreuses sont les structures artistiques à exercer leur activité sous le statut associatif. C'est le cas notamment de l'ensemble des scènes nationales.

Si ce statut présente certains avantages liés notamment au régime de création par simple déclaration, il présente un inconvénient qui tient dans les incertitudes liées à leur régime d'imposition.

En effet, bien que la loi dispose que les associations à but non lucratif ne sont pas assujetties aux impôts commerciaux, celles-ci ont été de plus en plus nombreuses à faire l'objet de redressements. Les critères d'exonération fixés voilà plus de vingt ans se sont révélés inadaptés à l'évolution du monde associatif et sources d'une insécurité juridique dont les conséquences, comme l'a rappelé le rapport Goulard, sont particulièrement lourdes pour les associations.

En effet, à la différence d'une société commerciale pour laquelle les redressements ne représentent qu'une fraction des impôts déjà acquittés, une association qui subit un contrôle et un redressement se voit contrainte de supporter d'un seul coup la totalité de l'impôt dû au titre des trois années précédentes.

En outre, pensant de bonne foi n'être pas imposables, elles n'ont pas, dans la plupart des cas, une comptabilité régulière et ne sont pas à jour de leurs obligations déclaratives, ce qui les place dans la situation de la taxation d'office, alors qu'elles n'ont pas les moyens la plupart du temps de prouver que les bases d'imposition retenues par l'administration fiscale sont exagérées.

Afin de remédier à ces situations, une instruction fiscale du 15 septembre 1998 prise à la suite du rapport remis au Premier ministre par M. Guillaume Goulard a précisé les critères d'application du caractère " non lucratif " de ces associations.

L'instruction réaffirme le principe selon lequel les organismes non lucratifs ne sont pas soumis aux impôts commerciaux et précise les méthodes d'analyse et les conditions dans lesquelles sera apprécié le caractère non lucratif de leur activité.

Le caractère non lucratif doit être apprécié au regard :

- de la gestion désintéressée de l'organisme ;

- et de son activité, qui ne doit pas concurrencer celle d'entreprises commerciales. Si l'association intervient dans un domaine où existent des entreprises commerciales -ce qui est souvent le cas en matière culturelle, notamment en matière de spectacle vivant- le caractère non lucratif de son activité sera apprécié au regard du produit proposé, du public visé, des prix pratiqués et des moyens de publicité utilisés. Ces critères sont définis de manière assez stricte et, dans bien des cas, il est vraisemblable que leur application entraînera l'assujettissement des associations aux impôts commerciaux.

Afin de mettre un terme à l'insécurité qui résultait pour les associations de l'inadaptation des critères antérieurs, quatre mesures ont été prises :

- un correspondant " association " sera désigné dans chaque direction départementale des services fiscaux ; il aidera les associations et ses réponses seront opposables à l'administration ;

- les redressements en cours seront abandonnés, à condition que les impositions non payées ne soient pas devenues définitives et que les associations concernées soient de bonne foi ;

- les associations existantes auront jusqu'au 31 mars 1999 pour se conformer aux nouvelles dispositions. Ainsi, les associations de bonne foi ne pourront voir leur caractère non lucratif remis en cause pour la période antérieure au 1er avril 1999 ;

- enfin, pour les associations créées après le 1er avril 1999 et qui interrogeront l'administration, l'assujettissement aux impôts commerciaux ne prendra effet qu'à compter de la date de la réponse de l'administration.

La clarification du régime fiscal des associations s'accompagne également de mesures destinées à limiter les conséquences de l'assujettissement aux impôts commerciaux. Ainsi, l'article 73 du projet de loi de finances pour 1999 prévoit la possibilité pour les collectivités territoriales de porter de 50 à 100 % l'exonération de la taxe professionnelle qu'elles peuvent décider au profit d'associations du secteur culturel. Cette exonération concerne notamment les théâtres et les compagnies itinérantes.

Quelles seront les conséquences de ce nouveau régime fiscal ? Les " mesures transitoires " d'apurement du passé qui ont accompagné la publication de l'instruction fiscale du 15 septembre 1998 sont incontestablement très positives, et "sauveront " sans doute beaucoup d'associations, menacées de redressements qui leur auraient sans doute été fatals.

Mais, pour l'avenir, une lecture pessimiste de l'instruction s'impose. L'application des critères qu'elle définit se soldera en effet par l'assujettissement aux impôts commerciaux de nombreuses associations culturelles ayant une activité dans le domaine du théâtre. Les exemples d'application du nouveau régime fiscal des associations obligeamment donnés par l'administration des finances suffisent à le démontrer : ainsi, une compagnie de théâtre itinérante qui ne se produit pas exclusivement en des lieux où n'existe aucune activité théâtrale, dont les représentations sont ouvertes au public en général, dont les tarifs sont similaires à ceux des théâtres privés, et qui assure la publicité de ses représentations par des annonces dans la presse locale ou par voie d'affiche sera imposable."

Or, les mesures d'accompagnement ne suffiront pas à compenser le coût pour les associations de l'assujettissement aux impôts commerciaux. L'application de l'instruction se traduira donc vraisemblablement pour les associations par des difficultés financières qui posent, pour celles qui sont subventionnées, la question d'une éventuelle augmentation du montant des concours publics dont elles bénéficient. Pour les associations qui sont étroitement liées aux collectivités locales, ces difficultés constitueront une incitation supplémentaire à la création d'un statut juridique plus adapté et plus clair qui pourrait être celui de l'établissement public local dont la création avait été préconisée par la commission présidée par M. Jacques Rigaud.

II. LES CRÉDITS CONSACRÉS AU THÉÂTRE PUBLIC

A. LES THÉÂTRES NATIONAUX

1. Les crédits de fonctionnement

L'évolution générale

En 1999, les subventions de fonctionnement accordées aux cinq théâtres nationaux s'élèvent à 352,89 millions de francs, soit une progression de 2,12 % par rapport à 1998.

Le tableau suivant retrace l'évolution des subventions d'exploitation des cinq théâtres nationaux :

SUBVENTIONS D'EXPLOITATION
DES THÉÂTRES DRAMATIQUES NATIONAUX (1)

(en millions de francs)

Théâtres dramatiques nationaux


1996

Variations 1995-1996 (en %)


1997

Variations 1996-1997 (en %)


1998

Variations 1997-1998 (en %)


1999

Variations 1998-1999 (en %)

Comédie Française (1) (2)

139,78

+ 1,3

136,72

- 2,2

140,21

+ 2,6

142,55

+ 1,66

Théâtre de Chaillot (1)

61,35

+ 1,4

61,10

- 0,4

61,16

+ 0,1

63,15

+ 3,23

Théâtre de l'Europe (1)

51,81

+ 1,1

51,81

-

54,28

+ 4,8

54,63

+ 0,6

Théâtre de la Colline (1)

38,07

+ 0,6

38,92

+ 2,2

39,66

+ 1,9

41,97

+ 5,7

Théâtre de Strasbourg
(1) (3)

46,91

+ 1,6

46,77

+ 1,3

50,25

+ 7,4

50,59

+ 0,67

TOTAL

337,20

+ 2,2

335,42

-0,5

345,56

+ 4,7

352,89

+ 2,12

(1) Subventions d'exploitation des crédits du chapitre 36.60

(2) et caisse de retraite

(3) Subventions du théâtre et de l'école nationale de Strasbourg

Les crédits affectés aux théâtres nationaux font apparaître une priorité marquée en faveur du théâtre national de la Colline dont les moyens de production artistique seront renforcés. Les crédits du théâtre national de Chaillot et de la Comédie française progressent également : ils augmenteront respectivement de 3,23 % et de 1,66 %. Le théâtre national de l'Odéon et celui de Strasbourg ne bénéficient que de mesures nouvelles modestes.

BILAN D'EXPLOITATION DES THÉÂTRES NATIONAUX DRAMATIQUES

 
 

1996

1997

1998

Comédie-Française

Budget total

168 919

187 396

168 872

 

Subventions (h.t.)

125 058

124 628

126 474

 

ressources propres

41 089

45 340

39 311

 

dépenses personnel permanent

83 732

88 607

65 389

 

dépenses artistiques

33 351

37 871

36 631

 

fréquentation (1)

77 %

77,35 %

 

Théâtre nat. de l'Odéon

Budget total

72 115

74 026

70 801

 

Subventions (h.t.)

51 590

56 772

53 549

 

ressources propres

17 877

13 317

17 513

 

dépenses personnel permanent

25 535

25 666

19 227

 

dépenses artistiques

27 516

38 366

33 942

 

fréquentation

71,20 %

81,73 %

 

Théâtre nat. de Chaillot

Budget total

90 404

100 189

86 868

 

Subventions (h.t.)

60 162

60 661

59 908

 

ressources propres

28 452

35 828

24 250

 

dépenses personnel permanent

27 748

31 322

29 113

 

dépenses artistiques

31 178

39 060

27 601

 

fréquentation

66,90 %

73,47 %

 

Théâtre nat. de la Colline

Budget total

49 960

49 476

50 515

 

Subventions (h.t.)

37 296

39 451

38 883

 

ressources propres

9 579

8 117

10 208

 

dépenses personnel permanent

13 219

13 730

14 863

 

dépenses artistiques

20 905

17 823

20 460

 

fréquentation

57,10 %

88,89 %

 

Théâtre nat. de Strasbourg

Budget total

59 449

56 865

62 278

 

Subventions (h.t.)

46 213

46 607

49 858

 

ressources propres

10 262

4 608

9 860

 

dépenses personnel permanent

15 501

15 585

14 365

 

dépenses artistiques

22 329

20 638

24 363

 

fréquentation

94,60 %

94,66 %

 

(1) Le taux de fréquentation est calculé par rapport à la jauge théorique

2. Les crédits d'équipement

En 1999, les crédits d'équipement des théâtres nationaux s'établiront à 27,26 millions de francs.

Ils permettront notamment :

- de poursuivre les travaux de rénovation de la Comédie française (8,37 millions de francs en AP)

- et de financer la première tranche des travaux d'installation d'un accès décor pour le théâtre de Chaillot, dont l'état de vieillissement imposait au demeurant son inscription prioritaire au programme d'opérations de rénovation des théâtres nationaux du ministre de la culture.

B. LE RÉSEAU DE LA DÉCENTRALISATION DRAMATIQUE

Le réseau de la décentralisation dramatique bénéficiera de l'accroissement des moyens d'intervention en faveur du spectacle vivant prévu par le projet de loi de finances pour 1999.

En 1998, 316,57 millions de francs ont été consacrés aux centres dramatiques et aux centres nationaux pour l'enfance et la jeunesse, en diminution de 2,3 % par rapport à 1997. Le projet de loi de finances pour 1999 rompt avec cette évolution et prévoit une mesure nouvelle de 10 millions de francs. Ces crédits représentent un peu plus de 40 % des ressources des centres dramatiques.

En 1998, on recensait 27 centres dramatiques nationaux, 6 centres dramatiques nationaux pour l'enfance et la jeunesse et 11 centres dramatiques régionaux -dont 2 à statut particulier.

La mise en oeuvre du nouveau contrat-type de décentralisation se poursuit. Les premiers contrats signés arriveront à échéance au 31 décembre 1998, ce qui permettra d'apprécier l'application des obligations nouvelles qu'ils comportaient, notamment celles concernant le nombre de créations d'oeuvres d'auteurs vivants de langue française et de représentations dans des petites et moyennes communes.

Les scènes nationales qui regroupent 62 établissements sur l'ensemble du territoire ont bénéficié en 1998 d'une subvention de 248,21 millions de francs, en progression de 9,5 %. En 1999, ces établissements devraient bénéficier d'une mesure nouvelle de 10 millions de francs. Les subventions de l'Etat représentaient en 1998 33,7 % des subventions affectés aux scènes nationales, le reste étant assuré par les communes pour 48,4 %, les départements pour 11,8 % et par les régions pour 4,8 %.

Répondant ainsi au souci exprimé par la ministre de rénover la contractualisation entre l'Etat et ses partenaires culturels, ont été menées cette année des négociations concernant la définition du nouveau contrat d'objectif des scènes nationales annoncé en 1997. D'après les informations communiquées à votre rapporteur, la majorité des scènes nationales se sont engagées dans ce processus. Les premiers contrats, dont les modalités s'inscrivent dans le cadre général défini par la charte des missions de service public, devraient être signés d'ici la fin de l'année.

III. LA POLITIQUE DE SOUTIEN À LA CRÉATION ET À LA DÉCOUVERTE DE NOUVEAUX TALENTS

Plusieurs types d'aides sont accordées aux compagnies dramatiques indépendantes, aux théâtres privés et aux auteurs dramatiques.

A. L'AIDE AUX COMPAGNIES DRAMATIQUES

En 1998, le montant global des crédits affectés aux compagnies dramatiques indépendantes s'est élevé à 180 millions de francs, contre 175,9 millions de francs en 1997. En 1999, elles devraient bénéficier d'une mesure nouvelle de 20 millions de francs.

En 1997, dernière année connue, 609 compagnies avaient bénéficié en France métropolitaine du soutien de l'Etat. Depuis 1991, le nombre de compagnies aidées reste relativement stable.

L'aide aux compagnies joue un rôle central dans la politique du théâtre. En effet, outre leur contribution déterminante à la création théâtrale et à son renouvellement, elles participent aux différents aspects de l'action conduite par le ministère, qu'il s'agisse du partenariat avec les établissements scolaires, des projets en faveur des publics défavorisés ou des efforts d'aménagement culturel du territoire.

Le soutien apporté par l'Etat aux compagnies théâtrales s'effectue selon des critères prenant en compte la qualité et l'évolution du travail artistique des équipes, ces critères étant appréciés par un comité d'experts indépendants nommés dans chaque région par le préfet sur proposition du directeur régional des affaires culturelles.

Une réflexion a été engagée en 1998 au sein du ministère de la culture en concertation avec les professionnels concernés sur les modalités d'intervention de l'Etat qui avaient été définies au début des années 1980, puis modifiées en 1991 afin de garantir aux compagnies les plus expérimentées un plan de financement stable. Elle se traduira à partir de 1999 par une modification des modalités du soutien financier accordé par l'Etat aux compagnies dramatiques, qui entrera progressivement sur trois ans. Dans cette perspective, les conditions d'attribution des trois catégories d'aides accordées par l'Etat ont été redéfinies.

L'aide au projet est accordée à un metteur en scène indépendant, à une équipe artistique, à une compagnie nouvelle ou confirmée en fonction de l'avis du comité d'experts sur l'intérêt du projet, la qualité professionnelle de l'équipe pressentie, les perspectives de partenariat, de production et de diffusion et la faisabilité économique du projet. Cette aide a pour vocation de donner une chance à de jeunes créateurs mais également de soutenir un artiste ou une équipe confirmés afin qu'ils puissent mener à terme une production particulièrement audacieuse ou importante. Cette aide peut également dans certaines conditions être destinée à la reprise d'un spectacle remarqué.

Afin que cette aide puisse garder tout son sens et bénéficier à de nombreuses équipes, elle ne devra pas en règle générale être accordée deux années de suite à une même équipe pour des projets différents.

La contractualisation s'adresse aux compagnies les plus expérimentées et, par les garanties qu'elle offre, tend à leur permettre d'élaborer une programmation à long terme et à conforter leur implantation auprès des collectivités locales. Elle concernait, en 1997, 188 compagnies. Les modalités de la contractualisation, qui prend la forme de conventions triennales, sont définies dans un cahier des charges dont le contenu dépend du degré d'engagement de l'Etat. Pour être significatif, notamment en regard des efforts attendus des collectivités territoriales en faveur de la vie théâtrale, cet engagement ne saurait être inférieur à 1 million de francs réparti sur trois ans. Les obligations qui s'imposent aux compagnies concernent le nombre de créations (2 au minimum) et de représentations (120 au minimum) sur la durée du contrat et la conduite d'un projet artistique cohérent alliant recherche artistique et ouverture au plus large public.

En ce qui concerne l'aide annuelle de fonctionnement, jusque là destinée aux compagnies dont le travail est jugé satisfaisant mais dont la notoriété ou l'implantation n'a pas atteint le niveau suffisant pour accéder au conventionnement, il est convenu d'en réduire progressivement l'attribution pour privilégier les deux autres formes d'aide.

Par ailleurs, la logique d'un accès progressif des compagnies aux aides offrant une plus grande stabilité des ressources, à savoir le conventionnement, devrait être remplacé par un système privilégiant l'adéquation du soutien accordé à la nature des projets artistiques et professionnels des compagnies.

Enfin, devrait être établi, à l'usage des comités d'experts, un guide commun d'appréciation du travail artistique et des réalisations des compagnies.

Le tableau ci-après retrace l'évolution du nombre de compagnies indépendantes soutenues entre 1991 et 1997 en France métropolitaine, par région et par catégorie d'aide.

RÉPARTITION DES AIDES ATTRIBUÉES AUX COMPAGNIES INDÉPENDANTES
EN FRANCE MÉTROPOLITAINE
(1991-1997)

 

CONVENTIONS PLURIANNUELLES

AIDE ANNUELLE AU FONCTIONNEMENT

AIDE AU PROJET

TOTAL PAR RÉGION

 

1991

1997

1991

1997

1991

1997

1991

1997

ALSACE

3

2

6

7

4

12

13

21

AQUITAINE

2

5

7

10

6

9

15

24

AUVERGNE

1

5

6

1

4

5

11

11

BOURGOGNE

3

0

7

9

6

5

16

14

BRETAGNE

2

3

6

6

6

7

14

16

CENTRE

3

6

5

6

10

6

18

18

CHAMPAGNE/ARDENNES

3

2

5

6

2

4

10

12

FRANCHE COMTE

2

2

2

2

8

0

12

4

ILE-de-FRANCE

85

97

122

77

52

52

259

226

LANGUEDOC

5

4

11

16

6

8

22

28

LIMOUSIN

2

2

2

3

3

3

7

8

LORRAINE

3

3

3

4

9

8

15

15

MIDI-PYRÉNÉES

0

6

8

3

8

12

16

21

NORD-PAS-DE-CALAIS

2

6

6

0

4

11

12

17

BASSE-NORMANDIE

0

3

6

10

0

11

6

25

HAUTE-NORMANDIE

1

4

6

11

3

5

10

19

PAYS-DE-LOIRE

4

7

9

14

5

4

18

25

PICARDIE

1

3

9

4

3

3

13

10

POITOU

1

1

4

3

10

9

15

13

PACA

13

8

11

20

19

8

43

36

RHÔNE-ALPES

13

19

21

10

9

17

43

46

TOTAUX

149

188

262

222

177

199

588

609

B. LE SOUTIEN AU THÉÂTRE PRIVÉ

Le soutien accordé par l'Etat au théâtre dramatique privé est assuré par le fonds de soutien au théâtre privé . Ce fonds, géré par les professionnels, est alimenté par quatre types de recettes : une taxe parafiscale prélevée sur les recettes d'exploitation des adhérents, des cotisations volontaires des théâtres souhaitant bénéficier de l'aide à l'équipement et des subventions versées par l'Etat et la ville de Paris.

En 1998, les recettes du budget de l'association pour le soutien au privé se sont élevées à 81,67 millions de francs, contre 87,57 millions de francs en 1997. Le produit de la taxe parafiscale et les cotisations volontaires représentent près de 40 % de ces recettes ; elles s'élevaient respectivement à 14,5 millions de francs et à 18 millions de francs. Le concours de l'Etat atteignait 24,8 millions de francs et celui de la ville de Paris, 18,4 millions de francs. Cette année encore, la parité entre les concours de l'Etat et de la Ville de Paris n'est pas respectée.

Les théâtres privés qui subissent depuis dix ans les effets conjugués d'une baisse de la fréquentation de près d'un tiers et de l'accroissement du coût des productions rencontrent des difficultés pour présenter des spectacles dont l'exploitation, faute de public, ne dépasse pas la centaine de représentations ce qui les conduit à multiplier les productions annuelles sans pouvoir les amortir dans des conditions satisfaisantes. Pour ces raisons, il est donc à craindre que les théâtres dont l'équilibre financier est le plus fragile renoncent à une politique de création pour se cantonner dans une fonction d'accueil. Dans ce contexte, le soutien de l'Etat contribue donc à maintenir la diversité et la qualité de l'offre théâtrale.

C. L'AIDE AUX AUTEURS DRAMATIQUES

Les aides à la création dramatique

L'action menée en faveur des auteurs dramatiques a été poursuivie en 1998 dans le cadre des nouvelles modalités d'aides à la création dramatique mises en place par l'arrêté du 2 janvier 1995.

Rappelons que la réforme introduite en 1995 avait pour objet principal d'ouvrir cette aide à une plus grande variété d'oeuvres. A cette fin, les critères de recevabilité des dossiers avaient été élargis et les modes d'intervention de la commission modifiés.

Le dispositif de soutien aux auteurs dramatiques s'appuie désormais sur quatre types d'aide :

- l'aide au montage , réservée aux textes recueillant l'unanimité des lecteurs. Son montant est fixé en fonction de l'importance du projet et est mis à disposition de l'auteur pendant trois ans ;

- l'aide d'encouragement à l'auteur comprise entre 4 000 et 30 000 francs, destinée aux jeunes auteurs dont le talent a été jugé prometteur.

Parallèlement à ces deux dispositifs issus de la réforme de 1995, ont été maintenues :

- les aides à " la recherche théâtrale " destinées à soutenir les projets associant plusieurs modes d'expression ;

- et les aides à la première reprise dont la vocation est d'encourager la reprise de textes qui ont bénéficié de l'aide à la création dramatique lors de leur montage.

En 1996 et 1997, des mesures d'annulation de crédits avaient modifié le calendrier des sessions d'examen des dossiers. La commission d'aide à la création dramatique est revenue en 1998 au rythme normal de deux sessions par an, l'une en janvier et la seconde en juin.

Sur les 576 dossiers déposés, 66 ont été retenus pour un montant global d'aides de 5,19 millions de francs. En 1997, en raison des mesures d'annulation, le montant des aides avait été de 1,3 million de francs pour 20 projets. En 1998, la répartition des crédits entre les aides a été la suivante :

- 4 060 000 millions de francs pour 44 aides au montage ;

- 390 000 francs pour 13 aides d'encouragement ;

- 640 000 francs pour 8 aides à la " recherche théâtrale " ;

- et 100 000 francs pour une aide à la première reprise.

Les commandes publiques aux auteurs

La politique de soutien aux auteurs dramatiques s'appuie également sur des commandes publiques aux auteurs dans le cadre d'un dispositif institué en 1982.

Ces commandes sont attribuées à un projet conçu par un auteur et un organisme théâtral subventionné par le ministère de la culture. Leur montant est de 40 000 francs pour un texte original et de 20 000 francs pour les adaptations.

En 1998, lors de la première session qui a également porté sur les dossiers de la session de juin 1997 qui n'avait pu se tenir en raison des mesures d'annulation budgétaire, 16 projets ont été retenus pour un montant de 840 000 francs.

L'aide à la création et aux auteurs contemporains

La Chartreuse de Villeneuve-les-Avignon, devenue depuis 1990 le centre national des écritures du spectacle, a bénéficié en 1998 d'une subvention de 7 100 000 francs. Cette institution, qui accueille en résidence des auteurs, contribue au rapprochement de ces derniers avec des acteurs, des metteurs en scène et des producteurs.

D. L'ENSEIGNEMENT DE L'ART DRAMATIQUE

Le ministère de la culture contribue à la formation de futurs professionnels en soutenant les écoles spécialisées et les classes d'art dramatique des conservatoires, mais aussi à permettre l'accès du plus grand nombre à la pratique de l'art dramatique.

Pour assurer ces missions, le ministère conduit plusieurs types d'actions. En matière d'initiation et de sensibilisation , le ministère de la culture a mis en place avec le ministère de l'éducation un baccalauréat " théâtre et expression dramatique " (série L). En 1998, le nombre de lycées dispensant cet enseignement s'élevait à 114, situés dans 74 départements, l'objectif étant d'atteindre le chiffre de 200 établissements. Les crédits destinés à assurer la rémunération des équipes artistiques assurant en collaboration avec les enseignants l'encadrement de cet enseignement s'élevaient en 1998 à 11,13 millions de francs.

L'initiation des jeunes comédiens relève des conservatoires nationaux de région et écoles nationales de musique au sein desquels existent des classes d'art dramatique. Le financement de ces établissements est du ressort des collectivités locales, en application de la loi du 22 juillet 1983. Ces établissements, au nombre d'une cinquantaine, accueillent environ 1 800 élèves. Leur rôle, outre leur mission d'initiation à l'art dramatique, est de préparer aux concours des écoles supérieures.

L'enseignement professionnel est assuré par deux écoles nationales d'art dramatique placées sous la tutelle du ministère de la culture :

- le conservatoire national supérieur d'art dramatique qui dispense un enseignement gratuit de formation au métier de comédien et bénéficie en 1999 d'une subvention de fonctionnement de l'Etat de 6,18 millions de francs, soit une progression de 14 % par rapport à 1998 destinée à soutenir les efforts de rénovation pédagogique entrepris depuis trois ans par cet établissement sans moyens nouveaux.

- l'école du théâtre national de Strasbourg , intégré au théâtre de Strasbourg, dispense également une formation destinée aux comédiens professionnels et aux techniciens du spectacle (régisseurs et décorateurs - scénographes).

D'autres enseignements à caractère professionnel sont cofinancés par l'Etat et les collectivités locales, par voie de convention. Il s'agit :

• des ateliers dramatiques des centres dramatiques nationaux ;

• des départements d'art dramatique des conservatoires nationaux de région de Bordeaux et de Montpellier ;

• des écoles dramatiques du théâtre national de Bretagne et de la comédie de Saint-Etienne ;

• de l'école régionale d'acteurs de Cannes ;

•  et d'organismes divers comme l'école supérieure de la marionnette.

En dépit du soutien accordé par l'Etat à l'enseignement dramatique, une partie des cours d'art dramatique relève du secteur privé ou est financée par les collectivités locales. Cette situation se traduit par des charges souvent très importantes pour les communes et par de grandes disparités géographiques dans l'offre de formation, disparités bien plus importantes que celles constatées pour l'enseignement de la musique.

Cette répartition des compétences, conjuguée au fait que la tutelle du théâtre amateur relève non du ministère de la culture mais du ministère de la jeunesse et des sports, n'a pas permis la mise en place d'une véritable politique du théâtre amateur, ce dernier ne bénéficiant pas, à la différence de ce qui prévaut pour la musique, d'un véritable réseau. Or, le développement de la pratique amateur apparaît comme une des conditions d'une politique du théâtre plus ambitieuse et plus proche du public.

Permettant le contact avec les oeuvres et la création, la pratique amateur de l'art dramatique constitue un vecteur privilégié de l'accès à la culture. A ce titre, votre rapporteur se félicite que l'article 147 de la loi n° 98-657 du 29 juillet 1998 d'orientation relative à la lutte contre les exclusions ait ouvert aux collectivités locales la possibilité de différencier les tarifs des écoles dispensant de telles formations en fonction du quotient familial des usagers.

La volonté exprimée par la ministre de la culture et de la communication de développer le soutien accordé aux activités artistiques pratiquées en amateur ne peut qu'être approuvée par votre rapporteur qui avait plaidé dans son précédent rapport pour la mise en place d'une véritable politique du théâtre amateur. Elle devrait se traduire notamment par la création de " maisons des pratiques amateur " qui offriraient aux amateurs l'accès à des documents, des informations, des moyens de présentation de leurs réalisations. Afin de déterminer les structures susceptibles de servir de points d'appui de cette politique, le ministère de la culture a procédé, en liaison avec les services du ministère de la jeunesse et des sports, à un état des lieux dont les résultats seront connus à la fin de l'année. Rappelons que plusieurs structures de ce type, de vocation souvent régionale, existent déjà. On peut citer l'ADEC à Rennes, la " maison du théâtre " à Amiens, le " théâtre de la Digue " à Toulouse ou encore la " Maison Molière " à Pézenas.

EXAMEN EN COMMISSION

Au cours d'une séance tenue le jeudi 12 novembre 1998, la commission a procédé à l'examen du rapport pour avis de M. Marcel Vidal sur les crédits pour 1999 du cinéma et du théâtre dramatique .

Un débat a suivi l'intervention du rapporteur pour avis.

Evoquant la politique contractuelle menée par le CNC en partenariat avec les collectivités territoriales, Mme Danièle Pourtaud s'est inquiétée des conditions de renouvellement de conventions passées avec les régions qui reconsidéraient leurs interventions culturelles.

M. Jack Ralite a indiqué qu'au sein du CNC avait été constitué un groupe d'experts chargé d'étudier les conséquences du développement des multiplexes. Il a souligné que l'essor de ce type d'établissement suscitait de nombreuses interrogations, notamment en ce qui concerne son impact sur les conditions de diffusion du cinéma.

Il a estimé que les dépenses supplémentaires qui résulteraient, pour les collectivités locales, de la compensation de l'assujettissement aux impôts commerciaux des associations culturelles risquaient de rendre impopulaire l'action culturelle qu'elles conduisent.

Il s'est, par ailleurs, inquiété de l'avenir des industries cinématographiques des pays de l'Est dont les capacités de production et de distribution s'amenuisent. Il a souhaité que, dans cette perspective, elles puissent bénéficier des aides prévues au titre du plan Média II ou du soutien du fonds Eurimages.

M. André Maman a souhaité obtenir des précisions sur les retombées commerciales des festivals consacrés au cinéma français organisés à l'étranger.

En réponse aux différents intervenants, M. Marcel Vidal, rapporteur pour avis , a apporté les précisions suivantes :

- depuis 1989, 133 accords ont été signés entre le CNC et des collectivités locales. Cette coopération, qui s'est établie en premier lieu avec les communes, puis avec les départements, concerne désormais également les régions ; à ce jour, douze régions ont passé de telles conventions. Les interventions directes des collectivités locales en faveur des industries cinématographiques se heurtent à des contraintes juridiques qui seraient susceptibles d'être assouplies dans le cadre du projet de loi relatif aux interventions économiques des collectivités actuellement en cours d'élaboration ;

- le dispositif inséré dans la loi Royer pour contrôler le développement des multiplexes a donné des résultats qui ne sont pas tout à fait satisfaisants. La maîtrise de l'implantation de ces établissements nécessite une politique de l'urbanisme mais également une politique culturelle ;.

- le festival du film français de Sarasota, qui a lieu désormais à Acapulco, est organisé sous l'égide de l'association Unifrance ;

- les recettes à l'exportation des films français se sont élevées en 1996 à 404 millions de francs, en progression de 11,9 % par rapport à 1995.

A l'issue de ce débat, la commission , suivant les propositions de son rapporteur, a décidé de donner un avis favorable à l'adoption des crédits pour 1999 du cinéma et du théâtre dramatique .

CONCLUSION




1 Il s'agit des films dont le financement est entièrement français et des coproductions majoritairement françaises.

2 - sous-direction de la création et des activités artistiques,

- sous-direction des enseignements et des pratiques artistiques,

- sous-direction de la formation professionnelle et des entreprises culturelles,

- service de l'inspection et de l'évaluation

- secrétariat général,

- mission de la communication.



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