E. L'IMPORTANT RENFORCEMENT DE LA LÉGISLATION LIÉ À L'ENVIRONNEMENT, LA SANTÉ ET LE BIEN ÊTRE DES ANIMAUX

Votre rapporteur pour avis tient à souligner l'importance prise aujourd'hui par le législation relative à l'environnement, la santé et le bien-être des animaux. Si légitime soit-elle, la prise en compte de ces questions n'est pas neutre en termes économiques.

Les contraintes agri-environnementales issues de la Directive communautaire de 1991 visent à " réduire la pollution des eaux provoquée par les nitrates à partir de sources agricoles " plus couramment appelée " Directive nitrates ".

En application de cette directive, un code de bonnes pratiques agricoles (facultatif) a été défini et des zones vulnérables ont été répertoriées avec des mesures obligatoires peu à peu mises en oeuvre, notamment en matière d'épandage des déjections animales. Dans le cadre de ces mesures, le programme de maîtrise des pollutions d'origine agricole a été mis en place par un accord entre l'Etat, les agences de bassin et les organisations professionnelles agricoles. Ce programme entraîne la réalisation d'investissements importants dans les élevages (fosses à lisiers, aires bétonnées...). Plus récemment, l'instruction du 18 décembre 1996 modifiée par la circulaire " Voynet-Le Pensec " conduit à limiter, voire à interdire les extensions d'élevages industriels dans les zones où la densité des ateliers de production est déjà très importante (les fameuses zones d'excédent structurel) et à imposer le traitement des effluents animaux.

Par ailleurs, la qualité sanitaire des produits agricoles a toujours été surveillée de près par les services compétents. La crise de la " vache folle " a conduit à réorganiser et à renforcer ces contrôles. En particulier, un système visant à assurer la " traçabilité des produits " est en cours de mise en oeuvre.

Parallèlement à ces mesures de protection de l'environnement et de la santé publique, on peut ajouter celles qui relèvent du bien être des animaux. Le transport des animaux, les élevages de veaux en batterie ou ceux de poules pondeuses ont fait l'objet de règlement européens. D'autres mesures sont à l'étude et concernent les élevages de volailles et de porcs. Enfin, la protection des paysages ruraux préoccupe également le législateur 13( * ) .

L'ensemble de ces dispositions ont ou auront un coût parfois très élevé pour les agriculteurs. Des délais et diverses subventions sont certes prévus. Néanmoins, leurs caractéristiques communes sont qu'elles créent une charge nouvelle et obligatoire qu'il n'est pas possible de répercuter sur les prix de vente, surtout lorsqu'il s'agit de productions qui sont couramment exportées sur les marchés mondiaux.

Votre rapporteur pour avis considère donc qu'elles sont donc en contradiction avec l'objectif d'amélioration de la compétitivité qui est le fondement de la nouvelle réforme de la PAC. Pourtant, celle-ci est très claire : le non-respect des règles environnementales conduira les Etats membres à réduire voire à supprimer les aides directes normalement versées aux agriculteurs.

Plus logiquement, le projet de loi d'orientation prévoit, au travers des contrats territoriaux d'exploitation, d'accorder une aide aux agriculteurs qui font un effort pour protéger l'environnement. Mais les montants d'aides prévus sont sans commune mesure avec les conséquences financières globales des mesures de protection de l'environnement actuelles ou futures. L'agriculture française a vocation à être présente à la fois sur les marchés internationaux et sur celui des produits de qualité. Les divers textes législatifs ou réglementaires actuellement à l'étude ont certes pour objectif de renforcer nos atouts dans ces deux domaines.

" Mais s'y ajoutent également d'autres finalités telles que le maintien d'une agriculture nombreuse et répartie sur tout le territoire ou encore la protection de l'environnement. Reste à savoir comment les 700.000 chefs d'exploitation seront capables de prendre en compte les contraintes auxquelles ils seront soumis, les aides auxquelles ils peuvent conserver une rentabilité et dégager un revenu, ce qui, en tant que chef d'entreprise, est leur raison d'être ".

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