2. Le débat à l'Assemblée nationale a permis d'inclure de nouvelles avancées dans le projet de loi de finances pour 1999

Si votre commission jugeait les mesures nouvelles du projet de loi de finances dans sa forme initiale insuffisantes, l'Assemblée nationale a également affiché, en première lecture, une certaine réticence. Aussi, le Gouvernement a-t-il déposé quatre nouveaux amendements en séance publique qui ont été adoptés par l'Assemblée nationale.

Ces quatre amendements permettent des avancées substantielles en faveur des anciens combattants.

La modification des conditions d'attribution de la carte du combattant (art. 76 bis du projet de loi de finances)

L'article 108 de la loi de finances pour 1998 a modifié le critère traditionnel d'une présence de 90 jours en unité combattante pour introduire parallèlement un " critère de territorialité " permettant d'accorder la carte de combattant aux militaires ayant accompli une durée de service de 18 mois au plus en Algérie.

Cette extension des conditions d'attribution de la carte du combattant, qui répondait à une demande des associations, se justifiait par la nature particulière du conflit algérien : l'exposition durable à une insécurité généralisée pouvait sans doute être assimilée à la participation personnelle à une action de feu ou de combat.

L'impact de cette mesure a pourtant été plus faible qu'escompté. 22.300 cartes du combattant seulement ont été attribuées au premier semestre de 1998 en application de l'article 108 alors que le secrétariat d'Etat tablait sur un rythme deux fois supérieur.

En réalité, le critère d'une présence de 18 mois en Algérie était assez restrictif dans la mesure où la durée moyenne de service en Algérie est de l'ordre de 15 mois.

C'est pourquoi l'amendement présenté par le Gouvernement et adopté par l'Assemblée nationale propose de réduire la durée de présence en Algérie nécessaire pour l'obtention de la carte du combattant à 15 mois.

Cette mesure devrait permettre l'attribution de la carte du combattant à environ 40.000 personnes supplémentaires selon les estimations du secrétariat d'Etat aux anciens combattants. Le coût prévu est de trois millions de francs pour 1999. Mais les implications budgétaires devraient croître à l'avenir dans la mesure où la possession de la carte du combattant permet de bénéficier, à partir de 65 ans, de la retraite du combattant. 1.200 personnes supplémentaires pourraient ainsi bénéficier de la retraite du combattant en 1999.

L'assouplissement des conditions d'attribution de l'allocation de préparation à la retraite pour les anciens combattants au chômage justifiant de 160 trimestres de cotisations à l'assurance vieillesse (art. 76 ter du projet de loi de finances)

Cette mesure permet aux anciens combattants chômeurs justifiant d'une durée d'assurance vieillesse de 160 trimestres de bénéficier directement de l'allocation de préparation à la retraite (APR) sans avoir à justifier du bénéfice préalable de l'allocation différentielle pendant six mois.

Votre commission , face au refus du Gouvernement d'accepter le droit à la retraite anticipée pour ces anciens combattants, avait en effet suggéré, lors de la séance publique du 29 juin dernier, au Gouvernement d'inclure cette mesure dans le projet de loi de finances pour 1999. Elle se réjouit d'avoir été entendue.

Cette mesure répond en effet à certaines des lacunes du fonds de solidarité relevées par votre commission en apportant trois types d'améliorations.

Premièrement, cette mesure se traduira par une augmentation du montant de l'allocation versée pendant une période de six mois à l'ancien combattant chômeur justifiant de 40 annuités de cotisations à la sécurité sociale. Jusqu'à présent, il pouvait prétendre à l'allocation différentielle majorée, soit 5.600 francs par mois. Désormais, il lui sera versé l'APR pour un montant compris entre 5.600 et 7.177 francs net par mois, montant fonction de ses anciens revenus d'activité.

En second lieu, de nombreux anciens combattants sont réticents à demander le soutien du fonds de solidarité. Ils se refusent en effet à toucher l'allocation différentielle qu'ils assimilent à une forme d'assistanat dégradante. Dès lors, en passant d'une logique d'assistance à une logique de droit, de nombreux anciens combattants pourront bénéficier de l'APR.

Enfin, la mise en place d'un délai de carence de six mois avant de pouvoir bénéficier de l'APR se justifiait par le souci de laisser aux allocataires du fonds de solidarité une période pendant laquelle ils seraient susceptibles de retrouver un emploi. A l'évidence, un tel délai ne s'imposait pas pour les chômeurs ayant 40 annuités validées.

Le Gouvernement estime que quelque 1.000 personnes pourront bénéficier de cette mesure en 1999, pour un coût budgétaire de 3,75 millions de francs.

L'augmentation des crédits en faveur des veuves et de la mémoire

Le 18 novembre, l'Assemblée nationale a adopté en seconde délibération deux amendements présentés par le Gouvernement abondant les crédits du secrétariat d'Etat aux anciens combattants.

Le premier amendement permet d'augmenter de 5 millions de francs les crédits de subvention à l'action sociale de l'ONAC (chapitre 46-51). M. Jean-Pierre Masseret a précisé que ces crédits seront spécifiquement affectés aux mesures de soutien des veuves d'anciens combattants qui ne bénéficient d'aucune pension de réversion à la mort de leur mari.

Le second amendement vise à majorer de 2 millions de francs les crédits consacrés à la politique de la mémoire (chapitre 43-02) . Ces crédits supplémentaires devraient permettre de financer des " actions de mémoire citoyenne " dans chaque département. Il s'agit en fait d'accorder des moyens supplémentaires aux " emplois-mémoire " pour leur permettre de mieux concrétiser leur action sur le terrain.

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