C. LA DÉLINQUANCE DES MINEURS CONTINUE DE S'ACCROÎTRE DE MANIÈRE PRÉOCCUPANTE

En 1997, le nombre de mineurs âgés de 13 à 18 ans impliqués dans des crimes ou des délits s'est accru de 7,38 %, atteignant 154 437.

Leur part dans le total des personnes mises en cause a continué de progresser. Elle s'établit à 19,37 % contre 17,87% en 1996 et 11,96% en 1988. Sur le premier semestre 1998, la part des mineurs a dépassé 22%.

Il faut noter que la part des filles tend à augmenter dans la population des mineurs mis en cause (10,47% de femmes en 1997 pour 9,32% en 1996), mais qu'elle reste inférieure à celle des femmes adultes dans le total des mis en cause majeurs (14,81%).

Le caractère de plus en plus précoce de la délinquance devient un véritable sujet de préoccupation pour les services de police qui sont souvent confrontés à des enfants de moins de 13 ans, voire même, de moins de 10 ans.

La participation des mineurs est particulièrement importante en matière de vols. Ils représentent ainsi 59 % des mis en cause pour des vols de deux roues à moteur et 32,12 % sur l'ensemble des vols.

Mais l'augmentation des actes de violences impliquant des mineurs se poursuit également de manière particulièrement alarmante. 43,4 % des vols avec violence constatés en 1997 ont donné lieu à la mise en cause d'un mineur, contre 40 % l'année précédente. La part des mineurs s'élève à 14,6% dans les coups et blessures volontaires et à 17,19% dans les viols.

Cette situation reflète la faillite des modes de régulation habituels , l'approche éducative classique n'ayant pas de prise sur les jeunes délinquants et l'emprisonnement (possible à partir de 13 ans selon des règles spécifiques) ne conduisant qu'à fabriquer des récidivistes en puissance.

Les conclusions du rapport de la mission interministérielle confiée à nos collègues députés, Mme Christine Lazergue et M.  Jean-Pierre Balduyck, ont été examinées par le conseil de sécurité intérieure du 8 juin dernier qui a arrêté les grandes orientations d'un plan gouvernemental de lutte contre la délinquance des mineurs . Ce dernier, qui s'inscrit dans une logique de programmation sur la période 1999-2001, a été précisé par la circulaire du 6 novembre du Premier ministre et par la circulaire interministérielle du même jour.

S'il ne remet pas en cause l'approche éducative de l'ordonnance de 1945 , ce plan affiche néanmoins la volonté de trouver un équilibre entre prévention et sanction et d'apporter une réponse systématique adaptée à chaque acte de délinquance . Une circulaire adressée le 15 juillet par le garde des sceaux aux parquets met à cet égard l'accent sur le développement des mesures de médiation-réparation. Il est prévu de renforcer et d'adapter les dispositifs d'hébergement des mineurs de manière à offrir aux magistrats des solutions diversifiées, y compris l'éloignement des jeunes. Les conditions d'incarcération des mineurs seront améliorées. Les parents seront responsabilisés. Automatiquement convoqués à chaque stade des procédures concernant leurs enfants, ils pourront de plus voir prononcer à leur encontre les mesures existantes de suspension ou de mise sous tutelle des prestations familiales.

Ce plan prévoit la mobilisation de l'ensemble des intervenants, police, justice, éducation nationale, collectivités locales et associations, dans un cadre territorialisé donnant priorité, pour l'affectation de moyens nouveaux, aux 26 départements jugés les plus sensibles. Tous participeront, dans le cadre fixé par la circulaire interministérielle du 2 octobre 1998, à la mise en oeuvre du plan gouvernemental de lutte contre la violence à l'école annoncé le 5 novembre 1997.

Les policiers, quant à eux, recevront une formation spécifique au traitement de la délinquance des mineurs. Chaque département très sensible sera doté au minimum d'une brigade des mineurs dont la compétence sera étendue aux violences en milieu scolaire . Dans chaque circonscription de sécurité publique sera désigné un correspondant police-jeune.

Votre commission estime que la lutte contre la délinquance des mineurs doit être commencée à la base par un véritable apprentissage de la citoyenneté. Il ne faut pas laisser sans réponse les petites infractions au risque d'accréditer l'idée que leurs auteurs ne sont pas soumis à la loi commune. Il faut impliquer davantage les parents et ne pas hésiter à punir les meneurs et à les éloigner de leur milieu d'origine pour tenter de soustraire leurs camarades à leur influence.

Page mise à jour le

Partager cette page