B. LES EMPLOIS DE PROXIMITÉ

Le Gouvernement prévoit le déploiement jusqu'en l'an 2000 de 35.000 emplois de proximité sur le terrain dont 20.000 adjoints de sécurité et 15.000 agents locaux de médiation , recrutés dans le cadre des dispositions de la loi n° 97-940 du 16 octobre 1997 relative au développement d'activités pour l'emploi des jeunes. Les conditions de mise en place de ces emplois suscitent de nombreuses inquiétudes.

1. Les adjoints de sécurité

Les adjoints de sécurité sont des " emplois-jeunes " dont le statut a été précisé par un décret du 30 octobre 1997. Agés de 18 à 25 ans, ils sont engagés pour cinq ans sur la base d'un contrat de droit public . Ils doivent permettre de faire face à des besoins non satisfaits en matière de prévention, d'assistance et de soutien, particulièrement dans les quartiers les plus sensibles.

Ils sont placés sous l'autorité des fonctionnaires des services actifs de la police nationale. Leurs missions prévues par les textes sont assez variées . Elles devraient permettre notamment de renforcer l'îlotage, d'améliorer l'accueil et l'information du public dans les commissariats, de soutenir les victimes en les aidant dans leurs démarches administratives, de contribuer à des actions d'intégration des étrangers, de participer à la surveillance de la sortie des écoles et d'apporter une aide au public sur la voie publique.

Ils ne peuvent pas participer à des missions de police judiciaire ou de maintien de l'ordre, mais ils portent une arme quand leurs missions le justifient.

Les candidats sont recrutés dans le cadre départemental sur la base d'une sélection reposant sur des tests psychologiques et un entretien. Aucun diplôme n'est exigé.

Les adjoints bénéficient d'une formation initiale d'une durée de deux mois comprenant une partie technique en école de six semaines et un stage de deux semaines dans un service.

Ils sont rémunérés au SMIC sur la base de 169 heures de travail mensuelles.

Leur prise en charge financière est répartie entre le budget du ministère de l'intérieur qui assure 20 % des rémunérations, charges sociales comprises, et la totalité des frais de fonctionnement, et celui du ministère de l'emploi qui assure les 80 % restant des rémunérations.

8250 emplois d'adjoints de sécurité étaient inscrits dans le budget de 1998. Au 1er septembre 1998, 6067 avaient été recrutés, dont 5119 étaient en poste dans les services, principalement à la direction de la sécurité publique, 701 étant en formation et 247 ayant quitté le dispositif (58, pour inaptitude ou indiscipline, et 57 à la suite de la réussite d'un concours dans la police nationale).

Leur affectation se situe principalement dans les 26 départements classés très sensibles (79%) et les 21 départements classés sensibles (13%).

Dans les faits, les adjoints de sécurité ont été affectés majoritairement à des tâches d'îlotage et d'accueil dans les commissariats et sont le plus souvent dotés d'une arme .

Des difficultés de recrutement sont apparues. La présentation des tests psychologiques s'est révélée trop sélective pour les jeunes issus de quartiers sensibles ou de communautés étrangères. Un déficit de candidatures a de plus été constaté en région parisienne, contrairement au reste de la France. De ce fait, les candidats recrutés dans cette région ont un niveau scolaire moindre que celui atteint dans le reste de la France, 60% ayant un niveau inférieur au bac, contre 30% sur le reste du territoire.

Une mission d'inspection commune de l'inspection générale de l'administration et de l'inspection générale de la police nationale a relevé que les adjoints de sécurité ne bénéficiaient pas toujours d'un encadrement suffisant , le problème étant plus aigu en région Ile-de-France où sont affectés beaucoup de gardiens de la paix stagiaires. La mission a relevé que les tuteurs des adjoints ne recevaient pas toujours la formation spécifique nécessaire et que la formation sur le terrain des adjoints eux-mêmes avant leur entrée en fonctions était souvent déficiente.

Pour 1999, il est prévu de recruter 7 600 adjoints de sécurité supplémentaires ce qui porterait leur nombre à 15 850 à la fin de l'année, l'objectif de 20 000 devant être atteint au cours de l'année 2000.

275,77 millions de francs ont été inscrits au budget de l'intérieur pour les rémunérations des adjoints de sécurité (chapitre 31-96) et 221,75 millions pour les frais de fonctionnement correspondants (chapitre 34-41, article 80).

Compte tenu du grand nombre de départs à la retraite et des recrutements attendus dans le corps de maîtrise et d'application dans les années à venir (environ 25 000 en cinq ans), les jeunes embauchés auront toute facilité pour passer les concours de recrutement et être à terme intégrés dans la police. Il est envisagé de leur réserver 40% des postes ouverts aux concours de recrutement de gardiens de la paix.

Votre commission rappelle que les adjoints de sécurité ne doivent pas être considérés comme des supplétifs à moindre coût de la police nationale.

Elle insiste pour qu'un soin particulier soit apporté à la sélection des candidats
, d'autant plus qu'ils auront vocation à rentrer en nombre par concours spéciaux dans la police . Or, il semble que les recrutements massifs actuellement opérés soient peu propices à assurer la qualité des personnels concernés, principalement en région parisienne, du fait du déficit de candidatures constaté.

Elle estime indispensable que soit assurée la qualité de la formation et de l'encadrement de ces jeunes peu expérimentés, à qui sont confiées des missions parfois dangereuses et qui sont le plus souvent dotés d'une arme . Or, cet encadrement est rendu problématique en raison du manque d'effectifs dans le corps de maîtrise et d'application. Il ne faut pas oublier que les 20 000 adjoints de sécurité représenteront plus du cinquième de l'effectif total du corps de maîtrise et d'application.

2. Les agents locaux de médiation sociale

Les agents locaux de médiation sociale sont recrutés dans le cadre de l'article premier de la loi sur l'emploi des jeunes, pour 5 ans et sur la base de contrats de droit privé, pour remplir des tâches de prévention, périphériques de la sécurité publique au sens strict.

Ils sont mis en place dans le cadre des contrats locaux de sécurité. Le coût de leur rémunération est supporté pour 20 % par l'employeur et 80 % par le ministre de l'emploi.

Au cours du premier semestre 1998, 1126 jeunes avaient ainsi été recrutés.

Ils sont principalement employés par des communes mais également par d'autres personnes morales de droit public ou privé, telles des sociétés de HLM ou des entreprises de transports publics.

Les missions effectivement confiées aux agents de médiation sont très variées : service de nuit dans les logements sociaux, surveillance dans les transports en commun, aux abords des établissements scolaires ou des espaces verts, aide aux jeunes en difficulté, accueil des victimes, médiation sociale, prévention de la toxicomanie, développement de solidarités de voisinage, action d'intégration des publics les plus fragiles.

Des difficultés sont apparues en matière d'encadrement et de formation de ces jeunes, les collectivités employeurs étant souvent démunies de cadres pour assurer l'un et l'autre.

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