III. LE SECTEUR SOCIAL ET MÉDICO-SOCIAL RESTE SOUS LA MENACE D'UN RETOURNEMENT À LA HAUSSE DES DÉPENSES

Comme il le fait chaque année, votre rapporteur a souhaité que cet avis permette de faire le point sur l'évolution des dépenses d'aide sociale prise en charge par les départements dans le cadre des lois de décentralisation.

En effet, aux termes de l'article 34 de la loi du 22 juillet 1983, le département s'est vu transférer une compétence de droit commun dans le domaine des prestations d'aide sociale légale . Sous réserve des compétences maintenues à l'Etat, les départements ont donc reçu la responsabilité de l'aide médicale ( articles 179 et suivants du CFAS ), de l'aide sociale à l'enfance ( article 145 et suivants dudit code ), de l'aide sociale aux familles ( articles 150 et suivants dudit code ), de l'aide sociale aux personnes âgées ( article 157 du CFAS ) et de l'aide aux personnes handicapées adultes, l'aide à domicile et comprenant notamment l'hébergement en établissement.

S'agissant des données chiffrées exposées ci-après, votre rapporteur tient tout particulièrement à remercier l'Observatoire national de l'action sociale décentralisée (ODAS) dont les travaux toujours clairs et pertinents lui sont très précieux pour analyser un domaine de l'action publique trop souvent méconnu.

L'année 1998 est toujours marqué par la poursuite du mouvement de ralentissement de la hausse des dépenses .

Toutefois, il apparaît le risque d'un nouveau cycle de vive progression des dépenses. Les difficultés risquent d'être aggravées par la mise en oeuvre de la réduction du temps de travail et par les incertitudes juridiques créées par des jurisprudences récentes sur la prise en charge de certaines dépenses du secteur social et médico-social.

A. L'ACCALMIE DES DÉPENSES D'AIDE SOCIALE DÉPARTEMENTALE NE SEMBLE PAS DURABLE

Avant de présenter les données les plus récentes sur l'évolution des dépenses d'aide sociale départementale et les divers facteurs d'évolution 15( * ) , il convient de rappeler au préalable quelques précisions terminologiques.

Les données rassemblées par l'ODAS sont établies à partir des informations fournies par les responsables des services financiers de 29 départements.

Elles portent sur les dépenses nettes d'aide sociale qui sont égales aux dépenses brutes -c'est-à-dire au montant total des prestations versées par les départements- diminuées des recettes ultérieurement encaissées auprès des bénéficiaires de l'aide sociale, de leurs obligés alimentaires et des organismes de sécurité sociale.

Cette donnée apparaît la plus proche de la charge financière réelle qui pèse sur les départements.

Les dépenses indirectes d'aide sociale, correspondent aux dépenses de fonctionnement liées à l'exercice de leurs compétences par les départements.

1. La croissance des budgets sociaux départementaux poursuit son infléchissement en 1998

Selon l'ODAS, la dépense annuelle nette d'action sociale départementale s'est élevée à 81 milliards de francs en 1998 , soit une progression de 3,3 % par rapport à 1997 où elle atteignait 78,4 milliards de francs environ.

La stabilisation des dépenses observée à partir du renversement de la tendance à la hausse de 1996 se poursuit donc.

Evolution de la dépense d'aide sociale des départements

(en milliards de francs)

En effet, L'ODAS met en évidence que, sur la période 1984-1995, pendant laquelle la dépense d'action sociale départementale a plus que doublé, trois périodes distinctes peuvent être distinguées.

- De 1984 à 1989, la dépense annuelle augmente de 3,5 % en moyenne , soit moins vite que l'inflation qui demeure à des niveaux relativement élevés : cette période fait apparaître dans certains cas des baisses d'activité dans les secteurs de l'aide sociale à l'enfance et de l'hébergement des personnes âgées tandis que simultanément le recouvrement des recettes est amélioré.

- De 1990 à 1995, la dépense sociale départementale augmente de plus de 8 % en moyenne en francs courants.

Votre rapporteur souligne que le ralentissement de l'inflation sur cette période joue comme un révélateur supplémentaire du caractère explosif des dépenses du secteur social et médico-social.

Cette période est marquée par la prise en charge de plus en plus lourde de l'insertion des bénéficiaires du RMI et de leurs frais d'assurance personnelle ainsi que par la mise en oeuvre, pour les personnels sous convention collective du secteur social et médico-social, des revalorisations exceptionnelles d'indice prévues dans le cadre des " accords Durafour ".

- Depuis 1996, s'observe une progression ralentie de la dépense de l'ordre de 3,5 % par an tandis que l'inflation demeure à des niveaux modérés.

Les départements développent des systèmes de prise en charge en milieu ouvert moins coûteux qu'en structure d'accueil. Corrélativement, les dépenses liées au RMI tout en se maintenant à un niveau élevé, évoluent moins vite et les revalorisations salariales sont entrées en vigueur.

Si l'ODAS considère que l'année 1998 pourrait s'inscrire dans le mouvement " d'accalmie " observé depuis 1996, votre rapporteur souligne néanmoins la réapparition de facteurs de hausse potentiels de la dépense sociale des collectivités locales.

Dépenses nettes d'aide sociale départementale (France métropolitaine)

(en milliards de francs)

 

1989

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

Dépense nette d'aide sociale départementale

45,3

49,8

54,1

58,4

63,2

68,2

73,0

75,7

78,5

81,0

2. L'analyse des différentes composantes de la dépense d'action sociale confirme le ralentissement des dépenses liées à l'insertion

Le tableau ci-dessous, transmis par l'ODAS, permet d'analyser les différentes composantes de l'action sociale des départements en 1997.

Evolution des dépenses nettes d'aide sociale en 1997

(en milliards de francs)

 

Dépense nette 1997

Dépense nette 1998

Evolution
1997-1998
(en %)

ASE

25,9

27,1

4,63

Personnes âgées

13,3

12,6

- 5,26

Personnes handicapées

14,2

15,0

5,63

Insertion

10,4

11,1

6,73

Prévention et accompagnement social (4)

14,6

15,3

4,79

TOTAL

78,4

81,0

3,32

Source : ODAS

a) L'aide sociale à l'enfance (ASE) demeure le poste principal de dépenses de l'aide sociale des départements

Les dépenses d'ASE sont constituées par :

- les frais de prise en charge des enfants, faisant l'objet d'une décision de placement en établissement d'éducation spécialisée ou en famille d'accueil, financés par le département. En 1997, ces dépenses représentent 70 % des dépenses d'ASE ;

- les dépenses liées au soutien en milieu ouvert, qu'il s'agisse des mesures d'action éducative en milieu ouvert (AEMO), du recours aux travailleuses familiales ou des aides aux associations.

L'ASE représente plus de 27 milliards de francs en 1998 et constitue encore le premier poste de l'action sociale départementale même si sa part relative tend à régresser.

La progression s'élève à 4,6 % en 1998 sous l'effet de l'accueil de 1.000 enfants supplémentaires par an comme c'est le cas depuis 1992 (137.000 enfants accueillis en 1998).

Dépense nette d'aide sociale à l'enfance (France métropolitaine)

(en milliards de francs)

 

1989

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

Dépense nette

16,8

17,6

18,6

20,5

21,9

22,9

23,9

24,9

25,9

27,1

Source : ODAS

b) Les dépenses d'aide sociale aux personnes âgées enregistrent l'impact de la phase de transition durant la mise en place de la prestation spécifique dépendance

Selon l'ODAS, l'aide sociale aux personnes âgées représente un coût total de 12,6 milliards en 1998 en tenant compte du montant de l'allocation compensatrice pour tierce personne (ACTP) lorsque celle-ci est versée à des personnes âgées de plus de 60 ans ainsi que de la PSD.

Sans empiéter sur l'excellent rapport de M. Alain Vasselle consacré à la vieillesse dans le cadre de l'examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale, les données fournies par l'ODAS font apparaître :

- une légère diminution des dépenses au titre de l'aide sociale en établissement, qui n'est pas anormale car elle correspond à la phase de mise en place de la prestation spécifique dépendance (PSD) ;

- le maintien à l'identique de l'aide sociale à l'hébergement, la progression du revenu moyen des ménages de retraités entraînant une stagnation, voire une baisse, du nombre de bénéficiaires.

Dépense nette d'aide sociale en direction des personnes âgées

(en milliards de francs)

 

1989

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

Aide sociale en établissement

5,2

5,3

5,5

5,7

6,0

6,5

6,7

7,2

7,2

7,1

Aide sociale à l'hébergement

4,6

4,7

4,8

4,9

5,1

5,5

5,7

6,1

6,2

6,1

Allocation compensatrice *

0,6

0,6

0,7

0,8

0,9

1,0

1,0

1,1

1,0

0,6

PSD **

 
 
 
 
 
 
 
 
 

0,4

Aide sociale à domicile

4,1

4,8

5,2

5,8

5,9

6,0

6,4

6,5

6,1

5,5

Aide ménagère

1,5

1,5

1,5

1,5

1,4

1,3

1,3

1,2

1,1

1,0

Allocation compensatrice *

2,6

3,3

3,7

4,3

4,5

4,7

5,1

5,3

4,9

3,6

PSD **

 
 
 
 
 
 
 
 

0,1

0,9

TOTAL

9,3

10,1

10,7

11,5

11,9

12,5

13,1

13,7

13,3

12,6

Source : ODAS

* La répartition domicile/établissement est estimée selon les deux hypothèses suivantes :

1/ 20 % des bénéficiaires sont hébergés en établissement

2/ Chaque bénéficiaire en établissement perçoit en moyenne une prestation égale à 40 % de la MTP.

** Estimation ODAS mars 1999.

c) L'aide sociale aux personnes handicapées connaît une progression significative.

L'aide sociale aux personnes handicapées donne lieu à une répartition de compétence complexe entre l'Etat, l'assurance maladie et les départements. La prise en charge des enfants handicapés fait l'objet d'un financement intégralement assuré par la sécurité sociale tandis que celui-ci est partagé avec les départements pour l'hébergement des personnes handicapées adultes.

Le département assure les frais d'hébergement des handicapés adultes au sein de diverses structures telles que les foyers de vie, les foyers occupationnels et les hospices, à l'exception toutefois des maisons d'accueil spécialisé (MAS) qui, parce qu'elles sont réservées aux handicaps les plus lourds, sont financées par l'assurance maladie. Par ailleurs, les centres d'aide par le travail (CAT) et les ateliers protégés, comme on l'a vu plus haut, relèvent de la responsabilité de l'Etat.

De plus, les foyers dits à double tarification (FDT) connaissent, au sein d'un même établissement, un financement assuré par l'Etat pour la prise en charge des soins et par le département pour les frais d'hébergement.

Le poste le plus important est celui des dépenses d'hébergement qui s'élève à 11,8 milliards de francs en 1998. Celles-ci connaissent une augmentation forte depuis 1984 en raison d'un effort soutenu de créations de places à la fois pour accueillir un nombre croissant d'adultes handicapés et résorber l'accueil dans les hospices.

En revanche, les dépenses d'allocations compensatrices -qui ne recouvrent ici par convention que les dépenses d'ACTP versée aux personnes âgées de moins de 60 ans- font preuve d'une relative stabilité depuis la décentralisation, qui est confirmée en 1998 (3,3 milliards de francs).

M. Jean-Louis Sanchez, délégué général de l'ODAS, souligne l'effort considérable entrepris par les départements, de manière volontariste en matière d'ouverture d'établissements, qui a permis d'accroître sensiblement le nombre de personnes hébergées.

Dépense nette d'aide sociale en direction des personnes handicapées

(en milliards de francs)

 

1989

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

Hébergement

5,1

5,8

6,5

7,0

8,1

9,1

9,8

10,5

11,1

11,7

Allocation compensatrice (moins de 60 ans)

2,6

2,6

2,7

2,8

2,9

3,0

3,0

3,0

3,2

3,3

TOTAL

7,7

8,4

9,2

9,8

11,0

12,1

12,8

13,5

14,2

15,0

Source : ODAS

Après une période caractérisée par la transformation de places vétustes d'hospices en autant de places plus coûteuses et plus adaptées dans les foyers, l'évolution des dernières années est corrélée à l'augmentation du nombre de bénéficiaires (de l'ordre de 5.000 par an). Les capacités d'accueil en structures pour personnes handicapées ont évolué dans des proportions comparables, passant de 39.000 au 1 er janvier 1986 à 92.000 au 1 er janvier 1998.

Il faut relever que, sur ces 53.000 ouvertures de places, près de la moitié (22.000) l'ont été en structure d'accueil de jour ou en milieu ouvert.

Le développement de ces types d'accueil a permis de limiter les coûts des prises en charge, tout en permettant aux adultes handicapés une meilleure intégration sociale.

d) Les dépenses d'insertion demeurent importantes

L'ensemble des dépenses d'insertion prises en charge par les départements s'élève à 11,1 milliards de francs en 1998. L'augmentation demeure assez soutenue (+ 7 %) en raison de la poursuite de l'accroissement des effectifs du RMI.

Ces dépenses comprennent deux postes :

- les dépenses d'insertion liées au RMI dans le cadre de l'obligation qui est faite au département d'inscrire annuellement à son budget un crédit au moins égal à 20 % des sommes versées, au cours de l'exercice précédent, par l'Etat au titre de l'allocation attribuée à des personnes résidant dans le département : le montant de ces dépenses est évalué à 3,9 milliards de francs en 1998 ;

- les dépenses d'aide médicale se composent, tout d'abord, des dépenses des cotisations d'assurance personnelle des allocataires non affiliés à un régime de sécurité sociale et des dépenses financées dans le cadre des divers systèmes de " carte de santé " : ces dépenses s'élèvent à près de 7 milliards de francs en 1997.

La mise en place de la CMU devrait réduire mécaniquement la part des dépenses d'insertion dans les budgets départementaux. L'ODAS fait néanmoins remarquer que la progression des dépenses d'aide médicale n'était pas sensiblement différente de l'évolution de l'ensemble des dépenses d'aide sociale départementale. La réforme ne devrait donc pas avoir d'impact fort sur le rythme d'évolution des dépenses.

Dépense nette d'insertion

(en milliards de francs)

 

1989

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

Aide médicale

2,6

3,2

3,6

3,6

4,2

5,6

6,6

6,6

6,9

7,2

RMI

0,2

0,7

1,3

1,8

2,2

2,7

3,0

3,1

3,5

3,9

TOTAL

2,8

3,9

4,9

5,4

6,4

8,3

9,6

9,7

10,4

11,1

Source : ODAS

e) Les dépenses d'accompagnement social sont constituées de dépenses de personnels

Il s'agit des dépenses des services de protection maternelle et infantile (PMI), du service social départemental ainsi que sur les frais communs et d'action sociale facultative.

En pratique, interviennent principalement les dépenses de personnels affectés aux différentes missions de l'action sociale lesquels enregistrent une augmentation des effectifs pour quatre raisons :

- la gestion de l'offre d'insertion au titre du RMI a nécessité l'embauche de personnels supplémentaires ;

- le déconventionnement du service social résultant des transferts de compétence et la fin des mises à disposition ont entraîné des embauches par compensation ;

- les équipes d'encadrement ont été renforcées dans le cadre de la territorialisation des interventions sociales ;

- la mise en place de la PSD a entraîné le recrutement d'agents.

Dépense de prévention et d'accompagnement social

(en milliards de francs)


1989

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

8,7

9,8

10,7

11,2

12,0

12,4

13,6

13,9

14,5

15,3

f) Les travaux de l'APCG montrent la baisse du taux de couverture des dépenses d'action sociale par les recettes

L'APCG a réalisé une analyse nationale de l'aide sociale des départements sur la base des comptes administratifs 1997 de 99 départements. Cette analyse porte donc sur les données statistiques définitives .

Les dépenses indirectes d'action sociale, 15,2 % du total, représentent 13,4 milliards de francs. Elles augmentent de 5,5 % sur 1996 en raison du recrutement de plus de 500 agents en équivalents temps plein lié à la mise en place de la prestation spécifique dépendance.

Les dépenses directes d'action sociale, 84,8 % du total, s'élèvent à 74,7 milliards de francs. Elles progressent de 2,3 %, soit la hausse annuelle la plus faible depuis dix ans.

Les recettes directes d'aide sociale, qui s'élèvent à 22,3 milliards de francs, ont deux sources :

-  la participation des usagers, soit 10,3 milliards de francs, en baisse de 2,1 % par rapport à 1996, essentiellement en raison des difficultés contributives de certaines familles mais également en raison de la diminution du nombre de prises en charge de l'aide sociale à l'hébergement des personnes âgées ;

-  le contingent communal qui s'élève à 11,9 milliards de francs, soit une hausse de 4,4 %.

La charge nette pour les collectivités départementales est donc de 65,8 milliards de francs en 1997, en progression de 3,3 % sur 1996. L'APCG constate que le taux de couverture des dépenses d'action sociale par les recettes est en baisse continue et ne représente plus qu'un quart des dépenses à assurer alors qu'il était supérieur à 30 % en 1987.

g) Les dépenses sociales communales mériteraient d'être mieux connues

Votre rapporteur a souhaité évoquer, dans l'avis de cette année, l'action sociale communale.

Celle-ci est difficile à mesurer car les communes n'ont pas de compétences obligatoires en matière d'action sociale. En outre, leur action s'opère souvent à travers le milieu associatif.

Il reste que les communes, par les aides d'urgence versées notamment par les CCAS, par les dépenses de fonctionnement ou d'investissement qu'elles prennent en charge dans les établissements sociaux et médico-sociaux dont elles sont propriétaires, jouent un rôle non négligeable.

La comptabilité M 14 fait ainsi apparaître que les dépenses des services sociaux des communes de plus de 10.000 habitants sont passées de 13,2 milliards de francs à 16,3 milliards de francs en 1996. Ces dépenses ne recouvrent pas les dépenses de personnel. En outre, les dépenses d'équipement sanitaire et social varient entre 1,3 et 1,8 milliard de francs par an toujours entre 1992 et 1996 pour les communes de plus de 10.000 habitants.

3. La menace d'un retournement de cycle

Pour autant, comme le fait remarquer l'ODAS, trois évolutions de fond pourraient menacer rapidement le maintien de cette tendance au ralentissement des dépenses.

Tout d'abord, les bons résultats obtenus ont une raison conjoncturelle, à savoir un ralentissement de la dépense nette d'aide sociale en faveur des personnes âgées. Or, celle-ci est inhérente à la montée en charge lente du nouveau dispositif que constitue la PSD ; le même phénomène avait été observé avec la mise en place de l'ACTP en 1975.

Sans empiéter sur les conclusions de notre excellent collègue, M. Alain Vasselle, les indicateurs les plus récents montrent que le rythme d'évolution des dépenses au titre de la PSD ne cesse d'augmenter. Ainsi, le rythme d'évolution des engagements de dépense de PSD en 1998 a progressé continûment : 200 millions de francs au 1 er trimestre 1998, 300 millions de francs au 2 ème trimestre, 400 millions de francs au 3 ème trimestre et 500 millions de francs au 4 ème trimestre.

Le second élément de fond à prendre en compte est l'impact inéluctable du vieillissement de la population sur l'aide sociale départementale qui pose particulièrement la question de la réforme de l'aide aux personnes handicapées vieillissantes. La mise en place de la loi du 30 juin 1975 a pour effet heureux que, depuis un quart de siècle, l'espérance de vie des personnes handicapées s'est sensiblement allongée.

Parce qu'il sera difficile de faire passer ces personnes, dont l'accompagnement est très spécifique, dans les établissements pour personnes âgées de droit commun, la question de la création d'un statut particulier pour la personne handicapée dépendante va se poser bientôt avec urgence.

D'une manière générale, le vieillissement de la population aura une incidence directe sur les dépenses au titre de la PSD. Sur ce point, votre rapporteur renvoie à l'avis de M. Alain Vasselle sur l'assurance vieillesse dans le cadre de la loi de financement de la sécurité sociale.

Le troisième élément de fond tient à l'augmentation sensible des dépenses d'aide sociale à l'enfance actuellement constatée.

Le nombre de signalements d'enfants en danger augmente régulièrement depuis trois ans. Comme le souligne l'ODAS, on assiste aujourd'hui à une judiciarisation des signalements d'enfants qui fait que le système d'aide sociale à l'enfance orienté vers les familles en difficulté s'adresse de plus en plus à des mineurs difficiles en situation de rupture qui appellent des formes de prises en charge adaptées " atypiques et plus coûteuses " .

A terme, il convient d'éviter le placement d'enfants pour des raisons uniquement motivées par la pauvreté des familles comme cela est encore trop souvent le cas. Trop fréquemment, des enfants ont été pris en charge par l'aide à l'enfance parce que l'on a estimé que l'on ne pouvait pas leur venir en aide en les laissant avec leurs parents. Il en résulte une prise en charge coûteuse de l'enfant en établissement ou en service d'accueil familial et un déchirement des familles qui n'est pas justifié. A confondre pauvreté et déstructuration familiale, on a choisi les solutions les plus coûteuses.

Pour conclure, on ne peut qu'approuver l'ODAS qui met en garde contre un retournement de la tendance à la diminution des dépenses départementales.

" On peut donc craindre que les premières années de l'an 2000 se caractérisent par le retour d'une période de forte progression des dépenses engendrée par la pression conjuguée des besoins de soutien aux deux âges extrêmes de la vie : l'enfance et la vieillesse. On verrait ainsi se préciser une évolution de type cyclique :  diminution des dépenses entre 1985 et 1990 ; augmentation des dépenses entre 1990 et 1995 ; stabilisation des dépenses entre 1995 et 2000 ; augmentation des dépenses au-delà de l'an 2000 " 16( * ) .

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