3. Les « événements d'avril »

Le déclencheur des événements d'avril a été le conflit avec l'équipe dirigeante du groupe pétrolier PDVSA 9 ( * ) suivi d'une grève générale qui a rapidement pris une tournure politique avec l'objectif du départ du président.

Suite à des événements de rue, le Président Chavez est démis de ses fonctions au soir du 11 avril.

Le lendemain, Pedro Carmona, le « patron des patrons » vénézuéliens, porté au pouvoir par une partie de l'armée avec le soutien de l'église catholique, du patronat et d'une partie des dirigeants syndicaux, annonce la dissolution du Parlement et la destitution des titulaires du pouvoir judiciaire et du pouvoir citoyen, annonçant la tenue d'élections dans un délai d'un an. De telles annonces ne donnent pas de gages évidents quant aux intentions démocratiques du nouveau pouvoir qui évoque en outre la possibilité pour le gouvernement provisoire de démettre de ses fonctions toute autorité locale ou nationale.

Les partis politiques se tiennent à l'écart du processus qui conduit à la constitution d'un gouvernement de transition et d'union nationale. Les 49 décrets-lois adoptés en novembre 2001 à l'origine du mécontentement de l'opinion, sont rapportés.

Les réactions internationales suite à l'interruption du processus constitutionnel sont attentistes et témoignent de l'isolement du président vénézuélien. Les réactions américaines et colombiennes, en particulier, lui attribuent l'entière responsabilité des événements.

Très vite la situation se retourne devant le tour peu démocratique pris par les événements, en particulier les arrestations massives auxquelles a procédé le nouveau pouvoir.

Au matin du 14 avril, le Président Chavez est de retour au pouvoir et intervient à la télévision dans une posture de conciliation et d'apaisement. Il annonce le départ des dirigeants de la compagnie PDVSA. M. Ali Rodriguez, actuel secrétaire général de l'OPEP est nommé à la tête de la société PDVSA.

4. les perspectives

Les événements d'avril témoignent à la fois de profondes divisions dans le pays et d'un attachement certain à la démocratie et aux libertés. La situation ne paraît pas stable.

Les partis politiques d'opposition cherchent à s'entendre pour provoquer un départ du Président Chavez qui soit conforme aux règles constitutionnelles (son mandat expire normalement en 2007), ils ont annoncé le 12 mai leur intention de quitter la commission nationale de dialogue créée par le Gouvernement après les événements d'avril. L'audition d'un général par la commission de liaison de l'Assemblée nationale a conduit à la mise en cause de la responsabilité des présidents des instances chargées d'enquêter sur les événements, dans la répression de la grève générale et des manifestations (une vingtaine de morts le 11 avril lors de la répression, dans des circonstances encore non élucidées, des manifestations).

Ces partis d'opposition n'offrent pas de réel projet alternatif de gouvernement.

M. Chavez a évoqué clairement les risques de guerre civile non sans aborder leur incidence sur le pétrole et les Etats-Unis.

La visite d'une délégation de la commission interaméricaine des droits de l'homme décrivait le climat politique en ces termes: « des risques clairs d'une nouvelle rupture démocratique dans le pays ».

* 9 Notamment sur l'obligation de continuer à vendre à perte sur le marché intérieur et d'alimenter le budget de l'Etat en produisant plus que ses ventes et ses capacités de stockage .

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