3. La condition de l'indépendance stratégique

L'actualité récente a montré que, si la France veut faire entendre sa voix dans le concert mondial dominé par celle des États-Unis, si elle a l'ambition d'être, à certains égards, le porte-parole de l'Europe, il lui faut se donner les moyens d'être indépendante militairement de « l'hyper-puissance » américaine.

L'effort budgétaire américain en faveur de la défense

Depuis la chute du mur de Berlin, après la guerre du Golfe et celle de l'Afghanistan, les États-Unis font un effort budgétaire de défense si important qu'ils sont en position d'imposer davantage encore leur concept de défense et leurs options stratégiques.

Déjà, une vingtaine de milliards de dollars avait été débloquée par le Congrès au lendemain des attentats du 11 septembre. Mais George W. Bush a été plus loin en portant le budget américain de la défense à 379 milliards de dollars , soit une augmentation de 48 milliards de dollars à comparer aux quelque 31 milliards d'euros du projet de budget français pour 2003. Et ce n'est, semble-t-il, que le début d'un accroissement à long terme de l'effort de défense américain, puisque le président des États-Unis envisageraient une hausse de 120 milliards de dollars sur cinq ans.

Comparaison des dépenses de défense en 2001 (hors pensions)

(en points de PIB)

La restauration de nos capacités militaires n'est, à cet égard, pas seulement le moyen de faire face à des menaces multiples, mais également celui d'affirmer notre indépendance et celle de l'Europe vis-à-vis des Etats-Unis.

Dans une Europe qui, à l'exception de la Grande-Bretagne, a tendance à « baisser la garde », la France doit montrer l'exemple. Il lui faut, concrètement, s'attacher à obtenir le statut de nation-cadre pour la planification et la conduite d'une opération d'envergure menée par l'Union européenne. Déjà l'Europe a décidé le principe en décembre 1999 à Helsinki de la création d'une force d'action rapide de 60.000 hommes, pour la constitution de laquelle la France s'est engagée à fournir 12.000 hommes, 75 avions de combat ainsi que 12 bateaux avec le groupe aéronaval autour du porte-avions nucléaire Charles-de-Gaulle.

Toutefois, cette avancée n'est pas exempte d'ambiguïté dans la mesure où nos partenaires voient plutôt dans cette force le prolongement de l'OTAN qu'une entité autonome.

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