ARTICLE 17

Prélèvement sur les réserves des comités professionnels
de développement économique

Commentaire : le présent article vise à effectuer, au profit du budget de l'Etat, un prélèvement sur les fonds de roulement des comités professionnels de développement économique.

I. LE DROIT EXISTANT


Les comités professionnels de développement économique (CPDE) ont été créés en application de la loi n° 78-654 du 22 juin 1978, afin de contribuer au développement de la compétitivité de certaines professions.

Les secteurs concernés ont suscité la création de quatre CPDE, échelonnée de 1981 à 1996 :

• le Comité professionnel de développement de l'horlogerie, de la bijouterie, de la joaillerie et de l'orfèvrerie (CPDHBJO), créé en 1981 ;

• le Comité interprofessionnel de développement des industries du cuir, de la maroquinerie et de la chaussure (CIDIC), créé en 1983 ;

• le Comité de développement et de promotion du textile et de l'habillement (DEFI), créé en 1984 ;

• le Comité de développement des industries françaises de l'ameublement (CODIFA), créé en 1996.

Le CPDHBJO vise notamment à renforcer les actions collectives de promotion, de communication, de création et de recherche-développement.

Le CIDIC assure principalement des actions en faveur de l'exportation, des actions de promotion et de communication, la réalisation d'études et de statistiques, ainsi que le fonctionnement d'un bureau de style.

Le DEFI a surtout pour mission d'encourager la promotion des exportations. En outre, il effectue des études économiques et des actions de formation.

Depuis sa création, le CODIFA a contribué au financement d'un ensemble cohérent d'actions visant à dynamiser le secteur de l'ameublement, notamment par la mise en place et l'entretien d'outils collectifs, accessibles aux divers acteurs de ce secteur d'activité caractérisé par une faible concentration.

Dès leur naissance, ces organismes se sont vus attribuer des prérogatives de puissance publique, en particulier celle de percevoir des cotisations obligatoires, prérogative bientôt remplacée par l'affectation de taxes parafiscales, dont les caractéristiques générales sont retracées dans le tableau suivant.

Caractéristiques générales des taxes parafiscales perçues au profit des comités professionnels de développement économique

Organismes bénéficiaires

Redevables

Assiette

Taux

Produit en 2002 (en millions d'euros)

Comité professionnel de développement de l'horlogerie, de la bijouterie, de la joaillerie et de l'orfèvrerie

fabricants et détaillants

chiffre d'affaire hors TVA

0,20 %

8,71

Comité interprofessionnel de développement des industries du cuir, de la maroquinerie et de la chaussure

fabricants et négociants

ventes hors taxes

0,18 %

8,77

Comité de développement et de promotion du textile et de l'habillement

fabricants

ventes hors taxes

0,07 %

10,56

Comité de développement des industries françaises de l'ameublement

fabricants

chiffre d'affaire hors TVA

0,14 %

9,03

Les ressources provenant de ces taxes parafiscales ont été quelque peu surdimensionnées, si bien qu'au 31 décembre 2002, les réserves de trésorerie constituées par les organismes bénéficiaires s'élevaient en moyenne à un montant approchant l'équivalent d'une année de charges de fonctionnement. Il est à noter que les taxes parafiscales constituent plus de 90 % des recettes de ces organismes.

II. LES DISPOSITIONS DU PRÉSENT ARTICLE

Le présent article vise à instituer, au profit du budget de l'État, un prélèvement exceptionnel de 30,5 millions d'euros sur les comités professionnels de développement économique.

Le tableau suivant donne le détail de cette répartition et met en regard les réserves de trésorerie accumulées au 31 décembre 2002.

Montants des prélèvements devant être opérés en 2004

(en millions d'euros)

Organismes bénéficiaires

Montant prélevé

Trésorerie au 31 décembre 2002

Comité professionnel de développement de l'horlogerie, de la bijouterie, de la joaillerie et de l'orfèvrerie

0,829

2,4

Comité interprofessionnel de développement des industries du cuir, de la maroquinerie et de la chaussure

1,331

4,1

Comité de développement et de promotion du textile et de l'habillement

20,803

27,4

Comité de développement des industries françaises de l'ameublement

7,537

11,8

III. LA POSITION DE VOTRE COMMISSION DES FINANCES

A. UN PRÉLÈVEMENT QUI NE LÈSE AUCUN INTÉRÊT PRIVÉ


Les prélèvements opérés ne paraissent pas illégitimes. En effet, les recettes des CPDE proviennent principalement de la perception de taxes parafiscales, sinon de subventions de l'Etat.

Ainsi, les réserves que ces organismes de droit privé ont constituées proviennent très majoritairement de fonds publics, et, en regard, le niveau des prélèvements prévu par le présent article ne peut, en aucun cas, les empêcher de poursuivre leur mission.

B. UN PRÉLÈVEMENT LOGIQUE DANS LE CADRE DE LA SUPPRESSION DE LA PARAFISCALITÉ

En outre, ces prélèvements doivent être resitués dans le cadre de la disparition de la parafiscalité. En effet, l'article 63 de la loi organique du 1 er août 2001 relative aux lois de finances prévoit que les taxes parafiscales doivent disparaître avant le 31 décembre 2003.

D'après les informations fournies par le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie, le financement des CPDE sera assuré sur une base budgétaire via des subventions inscrites au budget général. Par ailleurs, leurs relations avec l'État s'inscriront désormais dans un cadre rénové, caractérisé par la signature de contrats d'objectifs et de moyens qui doivent être signés avant la fin de l'année 2003. Ces contrats devraient prévoir une évaluation de la performance de ces organismes, ce qui constitue sans doute une précaution significative.

De fait, à l'aube de la mise en place d'un nouveau mode de financement, il semble logique de procéder, au moins partiellement, à une « purge » des réserves accumulées dans le cadre finissant.

Il est à noter que la subvention budgétaire qu'il est prévu d'affecter, dans le budget pour 2004, au profit de ces organismes, s'élève précisément à 30,5 millions d'euros. Elle est fondue avec les crédits du chapitre 44-05 « Centres techniques et organismes assimilés » du « bleu » du ministère de l'économie, des finances et de l'industrie. Il peut donc être considéré que, dans leur ensemble, les CPDE s'« autofinancent » pour 2004, mais selon une clé différente de celle des prélèvements, car les montants affectés sont naturellement évalués en fonction des besoins de ces organismes.

C. UN PRÉLÈVEMENT MINIME QUI EST CEPENDANT UTILE AUX FINANCES PUBLIQUES

Compte tenu du contexte d'extrême tension budgétaire, il est parfaitement légitime que les trésoreries dormantes constituent le terrain privilégié de la recherche de ressources nouvelles : elles n'augmentent pas le niveau des prélèvements obligatoires au-delà de l'exercice au cours duquel elles s'exercent et ne pénalisent guère l'activité économique.

Surtout, elles rappellent aux organismes concernés qu'il ne leur appartient pas de se constituer des matelas de crédits, et que leurs ressources doivent être strictement proportionnées à une évaluation raisonnable de leurs missions.

Décision de la commission : votre commission vous propose d'adopter cet article sans modification.

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