1. Un marché en stabilisation

En 10 ans, le marché des parcs à thème est passé de 3 à près de 35 millions de visiteurs par an, soit une progression de plus de 10 % par an (cette progression est similaire à celle des casinos).

On a aussi assisté dans le même temps à une croissance importante de l'offre portée par le public, le privé ou des structures mixtes.

Il faut toutefois prendre la mesure de ces chiffres, quand on sait que Disneyland représente à lui seul 45 % du marché, que les 5 plus grands opérateurs concentrent 85 % des flux de clientèle, et que seul Disneyland est une destination touristique réelle attirant une clientèle étrangère de manière significative.

Seuls 15 sites environ génèrent une fréquentation supérieure à 300.000 visiteurs annuels.

Les conséquences principales de cette croissance exceptionnelle sont en fait davantage d'ordre qualitatif : le produit parc à thème semble s'être installé dans les habitudes de consommation des français. C'est aujourd'hui un acte de consommation habituel pratiqué par 1 Français sur 3 chaque année (1 sur 2 au Bénélux, 2 sur 3 dans les pays anglo-saxons). Par ailleurs, les clients se sont habitués à la qualité, et leur exigence en terme de rapport qualité/prix a augmenté. C'est pourquoi il est plus difficile aujourd'hui d'entrer sur le marché et cela coûte plus cher. Un client plus sélectif exige des « opérateurs de l'offre plus professionnels ».

2. Un marché en mutation

L'évolution de la démographie et celle des modes de vie marqués principalement par un nouveau rapport à l'espace et au temps, modifient sensiblement la relation de chacun aux loisirs et au temps libre. Si les comportements de consommation sont de plus en plus complexes et donc difficiles à analyser, les opérateurs constatent cependant un certain nombre de grandes tendances dans leur clientèle :

- une exigence renforcée en terme de « convenience », c'est à dire de confort : le produit doit être accessible dans son mode de commercialisation, de promotion, et proposer une offre de services sur place irréprochable (gestion des caisses, gestion des files d'attente,...). Les technologies de la communication renforcent d'ailleurs cette tendance structurelle ;

- un intérêt renforcé pour le ludique, le festif, l'éphémère et un relatif désintérêt pour le tout culturel ; ceci concerne les sites de divertissement mais également les centres commerciaux, les musées, les lieux publics ;

- une baisse des comportements traditionnels de consommation collective, c'est à dire une diminution des groupes scolaires, seniors ou comités d'entreprise ; au profit des familles, regroupements de familles autour des groupes dits « affinitaires ». Le consommateur d'aujourd'hui est plus mature, plus autonome ;

- un attrait pour les activités à faire et les expériences à vivre plutôt que les choses à voir ou à visiter ; la rencontre individuelle ou collective doit être plus émotionnelle, plus sensorielle et active ;

- un besoin de naturalité, une exigence de qualité environnementale apte à faciliter la convivialité, le partage d'un moment apaisant en famille et de nouvelles sociabilités ;

- le refus parfois du « tout marchand » au profit des loisirs gratuits où l'esprit de fête et le sentiment « affinitaire » priment sur l'acte d'achat (on assiste ainsi à de nombreuses organisations de manifestations gratuites par des bénévoles, mais qui engendrent d'importantes retombées économiques : nuit du roller chaque semaine à Paris).

F. LES PROJETS DE CRÉATION DE PARCS DE LOISIRS
Disney mis à part, les nouveaux projets sont le fruit de financements public/privé, sous-tendus par une volonté de développement économique régional, culturel et écologique.
a) Bioscope (Alsace)

Ce parc dédié à la santé, à la nature et à l'environnement n'ouvrira ses portes qu'en juin 2005, à Ungersheim près de Mulhouse. Le report d'ouverture tient au fait que les terrains choisis pour l'implantation sont des terres agricoles qui devront faire l'objet d'une procédure administrative pour pouvoir être constructibles.

Le coût prévisionnel s'élève à 30,5 millions d'euros financés par la région Alsace, le département et le concessionnaire, Grévin & Cie dans le cadre d'une concession de 30 ans. C'est la première décision de partenariat entre des collectivités locales et un groupe privé, autour d'un projet de parc d'attractions. Le groupe Grévin & Cie s'était vu confier en mars 2001, dans le cadre juridique d'une délégation de service public, la conception, la réalisation et la gestion du futur parc à thème, qui entend allier divertissement et pédagogie sur l'environnement. Le site devrait attirer 500.000 visiteurs l'année d'ouverture et 1 million de visiteurs dix ans plus tard, avec un agrandissement et de nouvelles attractions.

Ce parc s'étendra sur 150 hectares et entend drainer de nouveaux flux touristiques grâce à une synergie avec la « Biovalley » du Rhin supérieur qui regroupe les six premiers groupes internationaux de l'industrie pharmaceutique (25.000 salariés).

b) Cathédraloscope (Dol-de-Bretagne, Ille-et-Vilaine)

Il s'agit d'un centre d'explication des cathédrales. 50.000 visiteurs sont escomptés. La première tranche coûtera 1,7 million d'euros.

Ces nouveaux investissements massifs ont stimulé le marché, se sont traduits par une augmentation globale des tarifs d'entrée et un allongement de la durée moyenne de visite, à l'exception notable de quelques parcs connaissant une baisse de fréquentation.

D'autres grands projets de parcs récréatifs et d'équipements thématiques éducatifs sont en cours de montage et devraient ouvrir d'ici environ 5 ans, citons notamment : le Bioscope en Alsace, le Parc du végétal à Angers, le Parc du Quaternaire en Haute Loire, Animal Explora en Haute Marne, le Parc de découverte aéronautique et spatiale à Toulouse en liaison avec la Cité de l'Espace.

c) Les Jardins Virtuels (Calais)

Ils sont parrainés par le conseil général et le conseil régional qui entendent dynamiser le tourisme du littoral de la Côte d'Opale en s'appuyant sur les infrastructures déjà en place. Développés sur 60 hectares, ce parc sera décliné sur le thème de « l'homme jardinier de la nature » et les nouvelles technologies de l'information et de la communication. Il compte générer près de 740.000 visites la première année, en 2003, pour atteindre les 1.250.000 entrées en 2007.

d) Naturascope (Vienne)

Le Naturascope sera dédié à la nature et à l'environnement, avec une ouverture au public des premières installations prévue à l'automne 2003, et de la totalité du parc en mai 2004. L'investissement initial s'élève à 49,5 millions d'euros : la communauté des communes de Loudun participe à 25 % du montant total et le conseil général réinvestit les 42,2 millions d'euros, issus de la vente du Futuroscope au groupe Amaury pour financer sa quote-part. Le prix d'entrée aux alentours de 15 euros à l'ouverture et de 20 euros par la suite devrait permettre d'atteindre l'équilibre d'exploitation dès le départ. La fréquentation attendue s'élève à 300.000 à 350.000 visiteurs dès 2004, et les création d'emplois doivent atteindre 150 à 200 emplois directs dès le départ.

e) Le Parc du végétal (Maine et Loire)

Son ouverture est envisagée en 2007 sur le site de l'ancien aérodrome d'Angers-Avrillé, au nord d'Angers. Ce parc aura pour thème «  l'homme et le végétal ». Son concept hybride relève à la fois du « Futuroscope végétal » et d'une jardinerie ludique. Le parc de 15 hectares disposera d'un accès routier direct (contournement d'Angers de l'A11). L'investissement estimé atteindra 120 millions d'euros, qui seront financés pour moitié par les collectivités locales et par le secteur privé. L'objectif est d'attirer 740.000 visiteurs dès la première année et 810.000 en 2010. Le parc aurait pour vocation de fixer les touristes en Anjou d'autant qu'une zone de 2,8 hectares réservée à l'hôtellerie est prévue.

Au total, plusieurs grandes tendances de fond sont à signaler :

- une ingénierie public/privé de plus en plus complexe dans la conception, la réalisation et l'exploitation de ces projets étant donné la hauteur des investissements nécessaires, le niveau des risques dus à la sensibilité du produit (météorologie, tourisme international, contexte économique) et la multitude des fonctions que souhaitent assurer ces équipements ;

- l'exigence de plus en plus forte d'un renouvellement d'attractivité permanent des sites existants ;

- un mouvement de concentration chez les opérateurs privés qui a déjà commencé avec le rachat des parcs Walibi par le groupe américain Six Flags et le rachat du groupe Grevin et Compagnie par la Compagnie des Alpes

- l'intégration de plus en plus forte de ces équipements aux territoires qui les accueillent, avec des conséquences extrêmement importantes sur l'emploi, l'impact auprès des PME locales, les effets synergiques entre le développement touristique et les autres composantes du développement économique.

G. L'IMPACT LOCAL DES PARCS DE LOISIRS

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