4. Après la tentation de la débudgétisation, la tentation de la rebudgétisation ?

Dans le projet de loi de finances pour 2003, votre rapporteur spécial regrettait un oubli majeur dans la prévision de dépenses pour 2003 du compte 902-24, celle liée à la recapitalisation de France Télécom, expliquant que le choix d'une structure comme celle d'un établissement public, en l'occurrence l'ERAP, s'endettant en lieu et place de l'Etat conduisant à une réelle débudgétisation qui ne se justifiait pas au regard de la loi organique du 1 er août relative aux loi de finances, d'autant il avait le même impact sur l'évolution de la dette maastrichtienne.

Il écrivait : « alors que les engagements hors bilan sont dénoncés à juste titre au nom de la vertu budgétaire et de la transparence des comptes de l'Etat, le recours à un établissement public pour recapitaliser France Télécom, avec la garantie implicite de l'Etat, constituerait un hors bilan éminemment critiquable. Financièrement, la dette de cet établissement public serait plus coûteuse qu'une dette négociée directement par l'Etat ».

Dans le projet de loi de finances pour 2004, la tentation inverse s'impose : les dotations à Réseau Ferré de France (800 millions d'euros au titre du désendettement et 675 millions d'euros au titre de la régénération des lignes) pour faire face aux échéances de sa dette sont réintégrées au sein du budget général, dans le fascicule des transports. Si rien n'empêche de doter une entreprise publique à partir de ressources ordinaires transitant par le budget général (dans la limite de 10 % des crédits du compte d'affectation spéciale), il lui paraît dommageable, peut-être pour afficher des dépenses en hausse dans tel ou tel ministère, ou pour augmenter « artificiellement » les crédits d'investissement inscrits au budget général, que le compte 902-24 ne regroupe plus l'ensemble des dotations en capital, facilitant ainsi la lecture budgétaire de l'action de l'Etat dans le domaine. Certes, la fluctuation des recettes du compte a pu conduire certaines années à reporter les dotations à RFF : la solution aurait consisté ces années-là à abonder le compte à partir du budget général.

De la même manière, le choix d'inscrire les recettes issues de cessions d'éléments du patrimoine immobilier de l'Etat en recettes non fiscales sur la ligne 211 du budget général, pour 500 millions d'euros, est contestable. La diminution du patrimoine de l'Etat, plutôt qu'être traitée sur le plan budgétaire en recettes courantes, aurait pu être compensée par un désendettement à due concurrence ou par des dotations en capital à des entreprises publiques.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page