C. ... POUR MENER UNE POLITIQUE CALIBRÉE DE NON REMPLACEMENT DES DÉPARTS

1. Les différentes hypothèses de non remplacement

D'une façon générale, la réduction des coûts est proportionnelle au taux de non remplacement , et elle ne devient sensible que dans la durée .

Le nombre de départs annuels évolue comme suit jusqu'en 2015 :

Départs annuels des agents civils et militaires de l'Etat jusqu'en 2015

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

2015

70.984

76.783

80.513

81.263

81.226

80.153

78.676

77.459

75.745

74.475

73.281

Source : Conseil d'orientation des retraites
N.B. : Les flux ont été estimés avant la réforme des retraites et avant prise en compte de l'effet « départ anticipé pour carrière longue ».

Le tableau suivant donne l'évolution des économies théoriques qui résulteraient du non remplacement des départs à la retraite.

Non remplacement des départs

(en millions d'euros)

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

2015

Départs remplacés

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

Economie sur l'année

1 794

1 940

2 035

2 054

2 053

2 026

1 988

1 958

1 914

1 882

1 852

Economie cumulée

1 794

3 770

5 880

8 052

10 266

12 497

14 735

16 987

19 241

21 508

23 790

Source : réponse aux questionnaire budgétaires

Les tableaux suivants, construits à partir du précédent, indiquent les économies à attendre du remplacement de 90 %, 75 %, 50 % et du tiers des départs, par rapport à une stabilisation des effectifs :

Remplacement de 90 % des départs

(en millions d'euros)

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

2015

Départs remplacés

63 886

69 105

72 462

73 137

73 103

72 138

70 808

69 713

68 171

67 028

65 953

Economie sur l'année

179

194

204

205

205

203

199

196

191

188

185

Economie cumulée

179

377

588

805

1 027

1 250

1 474

1 699

1 924

2 151

2 379

Remplacement de 75 % des départs

(en millions d'euros)

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

2015

Départs remplacés

53 238

57 587

60 385

60 947

60 920

60 115

59 007

58 094

56 809

55 856

54 961

Economie sur l'année

449

485

509

514

513

507

497

490

479

471

463

Economie cumulée

449

943

1 470

2 013

2 567

3 124

3 684

4 247

4 810

5 377

5 948

Remplacement de 50 % des départs

(en millions d'euros)

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

2015

Départs remplacés

35 492

38 392

40 257

40 632

40 613

40 077

39 338

38 730

37 873

37 238

36 641

Economie sur l'année

897

970

1 018

1 027

1 027

1 013

994

979

957

941

926

Economie cumulée

897

1 885

2 940

4 026

5 133

6 249

7 368

8 494

9 621

10 754

11 895

Remplacement du tiers des départs

(en millions d'euros)

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

2015

Départs remplacés

23 661

25 594

26 838

27 088

27 075

26 718

26 225

25 820

25 248

24 825

24 427

Economie sur l'année

1 196

1 293

1 357

1 369

1 369

1 351

1 325

1 305

1 276

1 255

1 235

Economie cumulée

1 196

2 513

3 920

5 368

6 844

8 331

9 823

11 325

12 827

14 339

15 860

2. Les orientations à adopter, en cohérence avec l'évolution du coût des retraites

Les hypothèses précédentes montrent que les économies seraient substantielles si la politique de non remplacement était énergique : en 2010 , elles excèderaient 6 milliards d'euros en cas de non remplacement d'un fonctionnaire sur deux , et 12 milliards d'euros si aucun départ n'était remplacé.

A titre de comparaison, le gain attendu de la réforme des retraites n'approche 10 milliards d'euros pour le régime de l'Etat qu' en 2020. Pour 2010, ce gain est limité à 1,9 milliard d'euros ( infra ).

Dans un récent rapport intitulé « Le sursaut, vers une nouvelle croissance pour la France » 38 ( * ) , M. Michel Camdessus a calculé que pour contrebalancer, à l'horizon 2020, l'augmentation du besoin de financement des pensions (évalué à 11,2 milliards d'euros compte tenu de la réforme des retraites) par une diminution de la masse salariale, il conviendrait de viser un flux d'embauche limité à 40.000 personnes par an ( sur 77.300 départs en moyenne), ce qui suppose un effort de productivité 39 ( * ) de 2,25 % par an de 2005 à 2015.

Cette politique correspondrait au remplacement d'à peine plus d'un départ sur deux à la retraite. Le rapport précité propose ainsi de fixer une norme générale de non remplacement d'un départ sur trois, afin de disposer d'une souplesse permettant de créer des emplois là où se manifesteront des besoins nouveaux.

Si votre rapporteur spécial adhère à cette démarche, il admettrait que ces « non remplacements » gageant l'augmentation du besoin de financement des pensions ne soient pas « concentrés » sur la période 2005-2015, mais, plus logiquement, étalés sur la période 2005-2020, en visant un objectif, plus réaliste, d'environ 50.000 remplacements par an .

Le problème est que ce niveau de non remplacement , qui correspond à une diminution des effectifs approchant 30.000 personnes par an est loin d'être atteint , avec une baisse pour 2005 ne représentant que le quart de cet effort, et des « stratégies ministérielles de réforme » ( infra ) tendant à ne permettre le redéploiement ou la suppression que de 10.000 emplois à l'horizon 2007.

En tout état de cause, ces premières propositions sont suspendues aux prochains travaux du COR, car elles reposent sur des évaluations de départs en retraite obsolètes. Comme la réforme des retraites retardera les départs, les scénarios de non remplacements s'en trouveront durcis pour des objectifs maintenus en terme de maîtrise de la dépense.

* 38 Rapport remis le 9 octobre 2004 à M. Nicolas Sarkozy, ministre d'Etat, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.

* 39 D'après le rapport précité, l'effort de productivité associé à un non remplacement total ressortirait à 4,14 % par an.

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