4. Une représentation toujours insuffisante de la France dans les IFIs de culture anglo-saxonne

Fin 2007, environ 4,7 % en moyenne des cadres des institutions financières internationales (IFIs, hors BCE) étaient français . Ce chiffre correspond peu ou prou à notre poids économique mais cache une réalité contrastée selon les institutions (cf. tableau ci-dessous), et les points forts et faibles de la France n'ont à cet égard guère changé depuis 2006, malgré une meilleure visibilité au plus haut niveau (OMC, BCE, FMI).

Présence française et détention du capital dans les institutions financières internationales fin 2007

Institutions financières

Nombre total d'agents

Nombre de cadres français

Part des cadres français

Part des agents français

Part du capital détenue par la France

Nationalité du président

Groupe de la Banque mondiale (BIRD)

10.948

271

3,6 %

2,87 %

4,41 %

Américain

Fonds monétaire international

2.612

85

4,3 %

3,79 %

4,9 %

Français

Banque africaine de développement (BAD)

732

41

6,7 %

6,8 %

3,75 %

Rwandais

Banque interaméricaine de dvpt (BID)

1.745

21

1,5 %

1,2 %

1,9 %

Colombien

Banque asiatique de développement (BAsD)

2.400

24

2,6 %

0,9 %

2,37 %

Japonais

Banque euro. de reconstruction et de dvpt

1.018

43

6,2 %

5,5 %

8,52 %

Allemand

Fonds international de dvpt agricole (FIDA)

468

14

6,1 %

6,2 %

4,81 %

Suédois

Banque européenne d'investissement (BEI)

1.324

129

14,6 %

17,6 %

16,8 %

Belge

Banque de dvpt du Conseil de l'Europe

139

17

22,6 %

45,3 %

16,92 %

Français

Banque centrale européenne

1.314

107

N.D.

9,3 %

14,9 %

Français

Banque des règlements Internationaux

556

51

14 %

12,8 %

N.D.

Canadien

Source : ministère de l'économie, de l'industrie et de l'emploi

Les difficultés déjà identifiés par le passé demeurent : un déficit de reconnaissance de la valeur des diplômes et cursus français (en particulier face aux PhD américains), une faible maîtrise linguistique, des modes de recrutement inspirés des critères anglo-saxons, la barrière de l'éloignement géographique et culturel.

La présence française poursuit sa décrue à la Banque mondiale . Elle est largement inférieure à la quote-part française dans le capital du groupe (respectivement 2,87 % et 4,41 %) et géographiquement concentrée en Afrique subsaharienne et au Moyen-Orient. La Banque mondiale a adopté en 2007 une stratégie sur 5 ans visant à promouvoir la diversité, avec des objectifs de rééquilibrage en faveur des nationalités fortement sous-représentées 48 ( * ) , de parité hommes/femmes et de meilleure représentation des personnes d'origine sub-saharienne ou des Caraïbes.

Cette stratégie légitime rend probablement inévitable le maintien de la sous-représentation française à moyen terme . Face au constat du biais favorable aux diplômes anglo-saxons, la chaise française a néanmoins demandé à l'institution de travailler sur des indicateurs de diversité de diplômes.

Au FMI , la France maintient sa sous-représentation globale par rapport aux droits de vote, au même niveau que l'Allemagne mais loin derrière les pays anglophones et l'Inde. Le nombre de cadres français est passé de 108 en 2004 à 85 en 2007 , mais leur présence demeure forte au département Afrique et au département stratégique chargé de l'élaboration et de la revue des politiques. Le plan triennal de réduction des effectifs (382 ETPT) fait courir le risque que la diminution des employés français soit plus que proportionnelle. Malgré l'adoption d'un plan quinquennal pour la promotion de la diversité, le modèle de recrutement du FMI empêche des évolutions rapides et l'administrateur français défend le principe de recrutements de personnels en milieu de carrière venus d'horizons divers, en particulier des pays en développement.

Dans les banques régionales , la France est bien représentée dans l'encadrement de la BAD, de la BEI et de la Banque de développement du Conseil de l'Europe. La présence française s'est améliorée à la Banque interaméricaine de développement mais y demeure insuffisante ; la vigilance s'impose après la réorganisation en cours d'achèvement. De même, elle est favorable à la BAsD et au FIDA au regard de la participation au capital, mais doit encore être développée à des postes élevés.

Les outils de promotion de la présence française ne manquent pas (programme de mise à disposition de fonctionnaires français 49 ( * ) , mobilités, alerte précoce sur les postes vacants et soutien des candidatures, programme interministériel « Junior Professional Officer », stages...) mais ne donnent pas des résultats conformes aux espérances, l'accès de nos ressortissants aux postes à responsabilités étant avant tout tributaire des orientations « politiques » des IFIs.

* 48 Pour les pays emprunteurs, une cible de 43 à 48,5 % des effectifs a été fixée, alors qu'ils en représentent 40,2 % aujourd'hui.

* 49 Deux ou trois fonctionnaires sont ainsi annuellement mis à disposition de la Banque mondiale.

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