B. ... MAIS UNE MARGE DE RECOURS AU CRÉDIT QUI DEMEURE IMPORTANTE ...

1. Des ménages relativement peu endettés en France...

Alors qu'elle contribue à hauteur de 15 % au PIB européen , la France représenterait 12 %19 ( * ) du marché du crédit à la consommation dans l'Union européenne. Ce décalage se retrouve aussi bien dans les niveaux relatifs de l'épargne et du taux d'endettement général des ménages que dans la mesure du recours au crédit à la consommation.

a) Un recours au crédit dynamique mais comparativement modéré...

Le décalage précité se retrouve d'abord dans le taux d'épargne des ménages 20 ( * ) français, situé à environ 16 % . Dans la période récente, une diminution sensible du taux d'épargne a pu être constatée au sein de la plupart des grands pays de l'OCDE , mouvement dont la France est un des rares pays à s'être tenu à l'écart , comme en témoigne le graphe suivant retraçant le taux d'épargne net 21 ( * ) des ménages depuis 1993.

De 2001 à 2007, le taux d'épargne des ménages a diminué de 1,5 point dans l'Union européenne à 27 (de 12,4 % à 10,8 %), alors que celui de la France est resté proche de 15,5 % en moyenne annuelle. Aujourd'hui, ce niveau apparaît élevé par rapport aux principaux partenaires européens ; légèrement inférieur à celui de l'Allemagne 22 ( * ) (16 %), il est supérieur à celui observé en Italie (14 %), en Espagne (10 %) et, bien sûr, au Royaume-Uni (2,5 %). Les taux d'épargne relevés aux Etats-Unis, au Japon ou au Canada se révèlent également très faibles.

Or, le taux d'épargne décrit un « flux » annuel auquel, à terme, est corrélé négativement le taux d'endettement des ménages 23 ( * ) . Il ressort que l'endettement des Français est en augmentation depuis la fin des années quatre-vingt-dix :

Mais les Français apparaissent comme sensiblement moins endettés que les autres Européens, qui ont connu une nette accélération de leur endettement. Le taux d'endettement des ménages français , qui s'élève, selon la Banque de France, à 74,6 % de leur revenu disponible brut (soit environ 50 % du PIB) à fin 2008, est par exemple inférieur à celui des ménages allemands ainsi qu'à ceux appartenant à la zone euro dans son ensemble, qui ressort à 90 % du revenu disponible.

b) ...particulièrement pour ce qui concerne le crédit à la consommation

Le compartiment du crédit à la consommation représente 1/6 de l'encours de crédits aux ménages, dont les 3/4 sont composés de crédits immobiliers. A la fin mars 2009, l'encours des crédits aux ménages représentait 956 milliards d'euros, dont 713 milliards pour les prêts immobiliers et 155 milliards d'euros pour les crédits à la consommation . Son essor s'est trouvé, de même, relativement soutenu au cours de ces dix dernières années, quoique dans une moindre mesure que le crédit au logement, ainsi que le graphe suivant permet de le constater :

Un léger retournement a pu être observé au cours de l'année 2008 sous l'effet du développement de la crise financière et de sa diffusion à l'économie réelle 24 ( * ) .

Comme pour leur endettement général, l'endettement des ménages français lié au crédit à la consommation demeure en-dessous de la moyenne de l'UE . Certes, pour l'encours total de crédit à la consommation, la France arrive en troisième position, derrière le Royaume-Uni et l'Allemagne, mais en termes d'encours par habitant, la France atteignait, fin 2007, 2 160 euros, soit un niveau inférieur à la moyenne de l'UE (2 320 euros par habitant), le Royaume-Uni et l'Irlande dépassant les 5 000 euros par habitant.

De même, le ratio national de l'encours de crédit à la consommation sur la consommation des ménages apparaît comparativement faible : ainsi, il s'élevait fin 2007 à 25,6 % au Royaume-Uni et à 23,3 % en Irlande, contre 13,1 % en France et, à l'autre bout du spectre, 9 % aux Pays-Bas et 10,4 % en Belgique.

Si la portée de ces ratios doit être relativisée 25 ( * ) , une approche dynamique ne met pas davantage en évidence un quelconque phénomène de rattrapage : l'encours des crédits à la consommation a crû en moyenne de 5,4 % par an en France de 2002 à 2007, contre plus de 6,5 % en moyenne dans l'UE. D'une façon générale, les flux d'endettement dans la période récente n'ont pas permis de rattraper le « retard » de la France en matière d'endettement sur la moyenne des autres pays européens.

* 19 Ibid.

* 20 Le taux de recours au crédit et le taux d'épargne des ménages sont négativement corrélés ( voir encadré supra ).

* 21 Épargne nette de la consommation de capital fixe (amortissement) des ménages.

* 22 Où les caractéristiques démographiques sont plus favorables à l'épargne qu'en France.

* 23 Dans la durée, l'orientation du taux de recours au crédit (flux de crédits nouveaux) est susceptible d'impacter celle du taux d'endettement (stock de crédits en cours d'amortissement).

* 24 Selon les dernières statistiques disponibles sur la distribution de crédit de la Banque de France, le cumul sur douze mois des flux de crédits nouveaux à la consommation (hors découverts) a baissé depuis le mois de février 2008, atteignant 53 milliards d'euros pour l'ensemble de l'année 2008 contre 56 milliards en 2007. En conséquence, l'encours de crédit à la consommation était quasiment stable à la fin de l'année 2008 en France (+ 0,1 % en rythme mensuel moyen sur les trois derniers mois). Exprimé en pourcentage du revenu disponible, il revient de 11,1 % à 11 %.

* 25 La tendance à allonger les durées d'amortissement ( voir infra ), variable selon les pays, aboutit à ce que l'évolution de l'encours de prêts est moins étroitement corrélée au volume de la production de crédits nouveaux que par le passé. Par ailleurs la mesure de l'encours rapportée au nombre d'habitants ne doit pas occulter de fortes différences de diffusion du crédit à la consommation (par exemple, en Italie, l'encours par habitant est plus faible qu'en France, mais comme le nombre d'habitants endettés y est beaucoup plus faible, cela signifie que l'encours par habitant endetté y est sensiblement plus fort).

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