2. Une prise en compte insuffisante de la variable revenu

Sans s'étendre outre mesure sur ce point, il convient aussi de rappeler que le pouvoir d'achat est déterminé par l'évolution de deux variables : les prix certes, mais aussi les revenus .

Votre rapporteur sait qu'on ne peut pas tout faire dans ce domaine. L'évolution des revenus primaires est en effet déterminée avant tout par l'évolution de long terme du niveau de la productivité. Le faible rythme des gains de productivité réalisés en France depuis plusieurs années impose donc mécaniquement une limite relativement basse à la croissance des revenus. Relever cette limite est certes possible, mais passe par une action longue sur des facteurs structurels, notamment à travers des investissements dans la recherche et dans l'éducation. Il ne suffit donc pas d'annonces fracassantes, comme celle concernant la prime de 1000 euros (somme que très peu de salariés ont finalement perçue) pour faire augmenter les salaires.

Pourtant, si, en matière de salaires et de revenus, tout ne dépend pas de l'action publique, des leviers d'action existent. Pour une augmentation donnée de la richesse nationale, on peut en effet envisager des schémas très différents pour répartir le surcroît de richesses. L'État ne peut certes pas décréter une augmentation générale et immédiate des revenus, mais il peut orienter les règles de répartition de la richesse produite pour que celle-ci ne se concentre pas dans les mains d'un petit nombre.

Or, que constate-t-on depuis dix ans en France ? Une augmentation considérable des inégalités salariales sous l'effet de la croissance extrêmement dynamique des hauts salaires (notamment dans les secteurs du conseil et de l'assistance, des activités financières et du commerce de gros) alors que les salaires de la grande majorité des Français progressent à grand peine 8 ( * ) . On assiste également à une augmentation considérable des inégalités de patrimoine. En 2010, le patrimoine moyen détenu par les 10 % des ménages les mieux dotés est ainsi 35 fois plus élevé que celui détenu par les 50 % de ménages les moins dotés, alors que ce rapport était seulement, si l'on peut dire, de 32 en 2004 9 ( * ) .

Votre rapporteur estime indispensable de rappeler ces orientations lourdes de la politique du Gouvernement, et leurs conséquences économiques et sociales, afin de replacer dans son contexte général l'actuel projet de loi sur l'information et la protection des consommateurs. Malgré les avancées qu'il comporte, il ne constitue en effet pas une réelle inflexion de la ligne suivie.

Il est évident, de surcroît, que l'engagement, depuis quelques mois, dans une politique d'austérité budgétaire comme la France en a rarement connue va accentuer fortement la dégradation du pouvoir d'achat dans les mois à venir.


* 8 INSEE Première, « Les très hauts salaires du secteur privé » , avril 2010.

* 9 INSEE Première, « Les inégalités de patrimoine s'accroissent entre 2004 et 2010 » , nov. 2011.

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