C. UNE ÉCONOMIE FRAGILE

1. Une économie encore très agricole

Le PIB moldave s'élève à 7,9 milliards de dollars (FMI), ce qui situe ce pays environ à la 140 ème place mondiale.

Après avoir souffert de l'effondrement de l'Union soviétique, qui l'a privée d'une grande partie de ses débouchés commerciaux, la Moldavie a connu un doublement de son PIB par habitant, qui s'élève aujourd'hui à 2239 $ 9 ( * ) , au cours de la dernière décennie.

Elle demeure néanmoins l'un des pays les plus pauvres d'Europe, malgré une réduction importante du taux de pauvreté , passé de 30 % en 2006 à 17 % en 2012 10 ( * ) . Elle est également l'un des pays les plus ruraux d'Europe, avec une population rurale représentant 58 % de la population totale (2012). Lors des dernières élections, au-delà de l'alternative géopolitique, la principale préoccupation de la population portait sur la question du niveau de vie.

L'économie moldave s'appuie au premier chef sur le secteur des services , qui représente 64 % du PIB et s'appuie surtout sur de petites et moyennes entreprises (commerce, santé, télécommunications...).

L 'agriculture représente toujours une part importante de l'économie moldave, soit 16 % du PIB et environ un quart de la population active, en raison de conditions climatiques favorables et de la fertilité des sols (céréales, tournesol, canne à sucre, pommes de terre, légumes, tabac, fruits). Cette part importante de l'agriculture est également le fruit de l'histoire, qui a fait de la Moldavie une zone de production agricole, et notamment viticole, à destination de l'ensemble de l'URSS. Le vin représente toujours une production importante, essentiellement dans les régions du centre et du sud du pays, avec des ventes qui ont pu procurer jusqu'à la moitié des exportations.

L'essentiel de la production agricole est demeuré, jusqu'à récemment, tournée vers la Russie. Toutefois, en 2013-2014, en réaction à la signature du présent accord d'association, la Russie a décidé un embargo sur certains produits moldaves (vin) ainsi que des restrictions (fruits, viande) 11 ( * ) . Un embargo du même type avait été décidé en 2005, avec des conséquences très négatives pour l'économie moldave.

Le récent embargo russe a entraîné une réorientation des exportations moldaves, notamment vers les autres pays de la Communauté des États indépendants (CEI). Il a, par ailleurs, encouragé les producteurs à travailler à l'amélioration de la qualité de leurs produits et à la diversification de leurs débouchés, notamment vers les pays occidentaux.

La Moldavie dispose de peu de ressources énergétiques et le pays est entièrement dépendant des importations pour satisfaire ses besoins domestiques (importations de gaz russe et de charbon et d'électricité ukrainiens). Cette dépendance rend la Moldavie vulnérable à d'éventuelles sanctions économiques de la part de la Russie, qui l'en a menacée.

L'activité industrielle , qui représente 20 % du PIB moldave, est affectée par la situation de la Transnistrie. Cette région était, en effet, au début des années 1990, la plus industrialisée de Moldavie. Sa sécession a entraîné un manque à gagner important sur le plan industriel. La Transnistrie était en effet la région de Moldavie où le pouvoir soviétique avait concentré ses efforts de modernisation et d'industrialisation. C'est là que furent installés l'ensemble de l'industrie lourde et l'essentiel du secteur énergétique de la RSSM, tandis que la Bessarabie est restée une province agricole avec une industrie centrée sur l'agro-alimentaire. La Transnistrie, qui occupe 12 % du territoire , mais qui représenterait 30% du potentiel industriel du pays (industrie sidérurgique, ciment, énergie électrique), échappe de fait au contrôle de l'État moldave.

Il n'en demeure pas moins que la production en provenance de Transnistrie est aujourd'hui majoritairement tournée vers l'Union européenne , ce qui pourrait constituer, à terme, un facteur favorable au déblocage de la situation de cette région .

2. Une économie dépendante

L'économie moldave est une économie ouverte, fragile en raison de sa dépendance aux conditions climatiques et, surtout, à l'environnement économique international .

L'économie moldave est, en particulier, très dépendante des transferts effectués par les travailleurs émigrés , dont la valeur est estimée à environ un quart du PIB . Deux tiers des travailleurs émigrés se trouvent en Russie, ce qui constitue un levier de pression : la situation de ces travailleurs est fragilisée par la menace des autorités russes de les expulser en fonction des relations russo-moldaves.

La Moldavie a fortement souffert de la crise financière et économique de 2008-2009, sous l'effet de la baisse du montant des transferts des travailleurs migrants, de la réduction des investissements étrangers et des échanges commerciaux avec ses principaux clients. À la suite d'un rebond qui s'est traduit par un taux de croissance de +7 % en 2010, puis de +6,8 % en 2011, l'économie moldave a subi, en 2012 (-0,7 %), les effets d'une sécheresse exceptionnelle et de la crise de la zone euro.

Après une reprise marquée en 2013 (+8,8 %), l'économie moldave se trouve aujourd'hui affectée par la crise en Ukraine , l'un de ses principaux partenaires commerciaux, par les restrictions imposées par la Russie , et par le ralentissement de l'activité de ses principaux partenaires commerciaux. Elle est affectée par les difficultés économiques de la Russie, en particulier par la chute du rouble. Le système bancaire moldave présente des vulnérabilités. La principale banque du pays est au centre d'un scandale politico-financier.

Les prévisions de croissance pour 2014 s'établissent à environ 2 % (FMI). Les fondamentaux de l'économie moldave demeurent relativement bons : en 2013, le déficit budgétaire s'élève à 2,1 %, le déficit du compte courant est de 7,6 % et l'inflation atteint 5,2 %. Quant au taux de chômage, il s'élève à 5,1 %, mais près de 25 % de la population moldave en âge de travailler serait employée à l'étranger.

Fortement soutenue par les institutions financières internationales 12 ( * ) , la Moldavie a entrepris des réformes structurelles pour renforcer la stabilité de son secteur financier, diversifier la structure de ses exportations et encourager les investissements étrangers. Ces réformes doivent être poursuivies afin de créer un climat durablement favorable à l'investissement, notamment en luttant contre la corruption et en accroissant l'efficience et l'équité de la dépense publique.

La coopération engagée avec l'Union européenne , dans le cadre du présent accord d'association, doit permettre de diversifier les débouchés de la Moldavie et d'entreprendre des réformes structurelles de nature à atténuer les fragilités intrinsèques de l'économie.


* 9 En 2013 et en US dollars courants, pour un PIB de 7969 Mds $ (FMI).

* 10 Source : Banque Mondiale.

* 11 Embargo sur les importations de vins et spiritueux moldaves en septembre 2013, restrictions sur certaines viandes et fruits depuis juillet 2014, imposition d'un tarif douanier sur dix-neuf produits moldaves depuis le 31 août 2014, embargo sur la viande et les produits carnés depuis le 27 octobre 2014).

* 12 Programme achevé du Fonds monétaire international (FMI), Banque mondiale, Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD)...

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