II. LES LIMITES DE L' « ACCORD DU 22 JUILLET 2015 » OUVRENT LA VOIE À UNE INITIATIVE LÉGISLATIVE

Après une vingtaine d'années au cours desquelles la question de la commémoration du drame du 5 mai 1992 n'a pas été traitée de manière satisfaisante par les instances du football, les tentatives de rapprochement qui ont eu lieu entre les victimes d'une part et les différentes autorités en charge du football d'autre part, ont constitué autant de rendez-vous manqués.

A. UN COMPROMIS OBTENU DE HAUTE LUTTE

Les questions de la mémoire du drame de Furiani et de sa commémoration ont mis du temps à émerger. Lors de leur audition, les responsables de la FFF ont indiqué qu' il n'y avait pas eu de commémoration dans les premières années qui ont suivi l'évènement et que les demandes sont intervenues seulement au début des années 2010. Un groupe de travail s'est ainsi constitué en 2012 à l'initiative de la fédération, associant l'ensemble des acteurs, qui a formulé plusieurs propositions : gel des matchs les samedis 5 mai, gel des matchs en Corse tous les 5 mai et impossibilité d'organiser la finale de la Coupe de France un 5 mai.

Ces propositions n'ont pas pleinement satisfait le Collectif des victimes qui demande que plus aucun match ne soit joué le 5 mai sur l'ensemble du territoire . Cette demande s'appuie en particulier sur une déclaration qu'aurait faite le président François Mitterrand lors de son déplacement à Bastia selon laquelle plus aucun match ne devait se jouer ce jour-là.

Alors que d'autres modalités de commémoration auraient pu être imaginées (à l'image du décalage de 7 minutes des matchs ayant lieu chaque 15 avril pour rendre hommage aux victimes du drame de Hillsborough qui a fait 89 victimes le 15 avril 1989 à l'occasion d'un match opposant Liverpool FC à Nottingham Forest), la revendication d'un gel des matchs a pris de l'ampleur ces dernières années dans l'ensemble de la société insulaire et semble aujourd'hui largement partagée.

Le dialogue noué en 2012 entre les Collectif des victimes et les instances du football n'ayant pu aboutir, c'est l'État qui a essayé de trouver un compromis qui s'est matérialisé par l'« accord du 22 juillet 2015 » qui comporte cinq engagements pris par le secrétaire d'État chargé des sports, Thierry Braillard, à l'égard du Collectif des victimes du 5 mai 1992. Ces cinq engagements portent sur :

1. la reconnaissance des évènements survenus à Furiani en tant que « drame national » ;

2. le dévoilement d'une plaque commémorative dans les locaux du ministère des sports le 5 mai 2016 et l'organisation d'une cérémonie annuelle ;

3. le lancement d'une réflexion conjointe aux ministères des sports et de l'éducation nationale visant à promouvoir annuellement au sein des établissements scolaires les valeurs du sport au travers d'actions spécifiques durant la semaine du 5 mai ;

4. la création par le ministère des sports d'un prix annuel dédié à la promotion des valeurs éthiques et citoyennes du sport qui sera remis lors de la semaine du 5 mai ;

5. l'organisation d'un hommage rendu par l'ensemble des clubs de football sur tout le territoire national (minute de silence ou d'applaudissement, port d'un brassard, lecture d'un message...) ainsi que, lorsque le 5 mai tombe un samedi, l'interdiction d'organiser des matchs au niveau national, professionnel et amateur.

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