B. UN EXCÉDENT CONSOLIDÉ À UN NIVEAU ÉLE VÉ

Dans l'ensemble, notre pays a pu répondre dans de bonnes conditions à cette accélération de la demande. La reprise des exportations a activé le redémarrage de l'activité intérieure, alimentant ainsi de nouveaux courants d'importations.

Aussi, notre excédent extérieur est-il resté à peu près stable à 84 milliards de francs entre 1993 et 1994, mais dans un contexte profondément renouvelé.

En fait, et pour la première fois depuis très longtemps, la reprise de l'activité intérieure ne s'est pas accompagnée d'une dégradation de notre position extérieure, témoignant ainsi du régime de compétitivité de notre économie.

1. Une nette reprise des échanges en 1994

Obtenu dans un contexte de récession, l'excédent record dégagé en 1993 résultait essentiellement d'une baisse des importations (-9,6%) plus rapide que celle des exportations (- 4,6 %).

Compte tenu de l'environnement économique général, la tendance s'est totalement inversée l'an dernier :

- Atteignant 1.294 milliards de francs, nos ventes à l'étranger ont ainsi marqué une progression de 10 % en l'espace de douze mois. Tout à fait logiquement, les performances les plus significatives se constatent sur les pays de l'Union européenne (+ 11,1 %). Sur la zone hors OCDE, l'évolution reste globalement plus modeste (+ 6,8 %), mais dissimule toutefois un net regain de nos exportations vers l'Asie (+ 18,8 %).

- Parallèlement, nos importations ont augmenté de 10,7 % pour s'établir à 1.271,4 milliards de francs. Les pays de l'Union européenne demeurent nos premiers fournisseurs (+12,4%). Toutefois, si nos importations en provenance du Japon ont pratiquement stagné, en revanche nos achats aux pays d'Amérique latine ont connu, l'an dernier, un fort redémarrage (+ 18 %) après plusieurs années de diminution régulière.

La stabilisation de l'excédent recouvre en outre d'importants ajustements sectoriels.

- Enregistrant une nouvelle baisse de 4 milliards de francs, notre facture énergétique a atteint, en 1994, un niveau historiquement bas (65 milliards). L'effet lié à la progression de la demande intérieure a ainsi été plus qu'équilibré par la baisse des prix d'approvisionnement exprimés en francs.

- Notre traditionnel excédent agro-alimentaire s'est replié de11 milliards de francs pour revenir à 45 milliards de francs. Cette réduction provient d'une forte contraction (8 %) de nos ventes de produits agricoles bruts, dont l'excédent se réduit de plus de 40 %, du fait du fort repli des exportations de céréales, de blé en particulier (- 40 %). Malgré une hausse des prix mondiaux, cette évolution s'explique pour l'essentiel par la baisse des prix programmée dans le cadre de la réforme de la Politique Agricole Commune (PAC). En revanche, la progression de l'excédent des industries alimentaires limite la détérioration globale du solde agro-alimentaire.

- Toutefois, le relais a été pris par l'industrie civile, dont le solde positif passe de 38,2 milliards de francs en 1993 à près de 40,6 milliards de francs en 1994. Cette évolution favorable masque des évolutions contrastées .la dégradation de 10,4 milliards de francs des biens intermédiaires due a une hausse de l'ordre de 30 % en moyenne annuelle du prix des matières premières est compensée par de bonnes performances sur les biens d'équipement professionnel (+4,7 milliards de francs). Ce dernier poste témoigne d'une reprise de l'investissement plus précoce et soutenue chez nos partenaires qu'en France. Du fait d'une stabilisation de nos ventes d'Airbus à 39 milliards de francs en 1994, avec un nombre d'appareils vendus en repli de 118 unités à106, la construction aéronautique et navale enregistre un palier avec un excédent de 35 milliards de francs en 1994 pour 34 milliards de francs en1993. Enfin, le déficit des biens de consommation courante s'est sensiblement réduit en 1994, à 8,6 milliards de francs, les exportations s'étant établies à un rythme de progression double de celui de nos importations, elles-mêmes en phase avec la stabilité de la demande hors automobile des ménages.

2. Un prolongement de tendance en 1995

Dans l'ensemble, ces différentes évolutions se confirment pour 1995. L'excédent se consolide, en dépit du net ralentissement dans le rythme de progression des échanges constaté depuis le début de l'été.

Sur les neuf premiers mois, le solde positif atteint ainsi 79,3 milliards de francs et présente une avance de près de 23 milliards de francs par rapport au résultat de la même période de 1994. Les exportations affichent une hausse de 7,3 % tandis que les importations s'avèrent supérieures de 8,8 % au niveau de l'année précédente.

a) La perspective d'un excédent record

En 1995, l'excédent commercial de la France pourrait ainsi dépasser les 100 milliards de francs. Sur le plan macro-économique cette situation traduit une moindre progression de la demande intérieure au cours du premier semestre 1995 par rapport au semestre précédent. Ce mouvement venant compenser le léger fléchissement de la demande mondiale adressée à la France en raison de l'évolution des conjonctures européenne et américaine.

Sur le plan sectoriel, les tendances observées en 1994 se prolongent, les moins bons résultats de deux secteurs étant largement compensés par les performances obtenues dans plusieurs autres domaines.


Les deux secteurs présentant des résultats en baisse sont celui des biens intermédiaires et celui des produits agricoles bruts.

La détérioration du solde des biens intermédiaires traduit les effets de la hausse du prix des matières premières ainsi que le tassement des carnets de commande étrangère enregistré depuis plusieurs mois.

Le second secteur dont les performances sont en baisse est celui des produits agricoles bruts dont l'excédent poursuit la diminution entamée en 1994. Ceci résulte notamment du repli des exportations de céréales et traduit l'impact de la baisse de prix programmée dans le cadre de la réforme de la politique agricole commune.

. La progression notée dans d'autres secteurs devrait néanmoins largement compenser ces évolutions défavorables, laissant espérer un solde commercial très confortable pour 1995.

En augmentation de plus de 20 milliards de francs par rapport au 1er semestre de 1994, c'est très largement l'excédent industriel qui est à l'origine de cette amélioration. Cet excédent industriel est obtenu pour l'essentiel sur le secteur des biens d'équipement professionnels. Ce secteur bénéficie en effet de la bonne tenue des grands contrats dans les domaines aéronautique et naval et de la progression des ventes de machines et appareils mécaniques ainsi que de matériel électrique professionnel.

Deux autres secteurs présentent de bons résultats : les industries agro-alimentaires et les produits chimiques. L'excédent enregistré dans le secteur des industries agro-alimentaires progresse en effet de 3 milliards de francs lorsque l'on compare le premier semestre de 1995 à celui de 1994 pour atteindre 23 milliards de francs, traduisant une croissance soutenue de 10 % des exportations de ce secteur. En ce qui concerne les produits chimiques, il faut noter que la progression de près de 17,5 % des importations n'a pas empêché une augmentation du solde positif dans ce secteur.

Cet ensemble est enfin conforté par une facture énergétique en baisse de près de 3 milliards de francs au premier semestre de 1995. Ce mouvement résulte d'un recul des quantités importées de pétrole brut, la baisse du dollar depuis mars 1995 ayant été compensée par la hausse du prix du baril exprimée en dollars.

b) Deux remarques sur cette perspective

Au total, les perspectives du commerce extérieur pour 1995 peuvent soulever deux remarques :

- La première concerne "l'effet essais nucléaires". Au regard des éléments d'information dont dispose votre rapporteur, il apparaît qu'à l'heure actuelle, aucun impact ne peut encore être mis en évidence, mais il est sans doute trop tôt pour en mesurer toutes les conséquences.

- La seconde concerne la perspective d'un solde commercial record en1995.

Cette perspective aurait pu être atténuée par une forte reprise de l'investissement productif et par une accélération de la consommation des biens de consommation courante.

En ce qui concerne les investissements dans les branches industrielles, de nombreuses enquêtes indiquaient que les dépenses d'équipement devraient particulièrement progresser dans les secteurs où le rétablissement de l'activité était le plus avéré depuis 1994 (secteur des biens intermédiaires et d'équipement) ainsi que dans l'industrie automobile. Or, cette progression attendue de l'investissement, qui possède un fort contenu en importations, pourrait être contrariée par la conjoncture actuelle. Cette évolution n'est pas positive dans la mesure où un moindre renforcement de l'outil de production ne contribue pas à la capacité exportatrice de l'économie. En outre, le secteur des biens de consommation courante pourrait, lui aussi, subir l'effet d'une conjoncture défavorable.

Ainsi, les deux facteurs qui pourraient venir atténuer la perspective d'un excédent record seraient bridés par une conjoncture intérieure peu favorable.

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