CONCLUSION

Le processus de Schengen reposait dans son principe sur une logique simple : la suppression des contrôles aux frontières intérieures devait s'accompagner d'un renforcement de la protection des frontières communes de l'espace Schengen.

Force est de constater, deux ans après la mise en oeuvre de la convention d'application de l'accord de Schengen, que la disparition des postes aux frontières intérieures a été organisée avec célérité tandis que la coopération, également indispensable pour la surveillance des frontières intérieures et extérieures, piétine.

Cette situation apparaît encore plus préoccupante au moment où les nouvelles adhésions élargissent l'"espace Schengen" et le placent désormais au contact immédiat des pays d'Europe centrale et orientale au risque d'accroître la pression migratoire aux frontières extérieures.

C'est dans ce contexte qu'il convient d'apprécier l'adhésion de l'Autriche et de la Grèce.

Malgré les risques que présente l'adhésion de l'Autriche, en particulier du fait de la concomitance entre l'application de l'accord de Schengen dans ce pays et en Italie, les efforts importants engagés par le gouvernement de Vienne et le renforcement de la coopération transfrontalière entre la France et l'Italie constituent des éléments décisifs en faveur d'une ratification de l'accord d'adhésion de l'Autriche par la France.

L'adhésion de la Grèce soulève davantage de réserves. Certes, ce pays a accompli des progrès pour répondre aux conditions préalables à l'intégration à l'espace Schengen. Cependant ces efforts demeurent inachevés. C'est pourquoi votre rapporteur, avant de se prononcer sur l'accord avec la Grèce, a souhaité demander à notre gouvernement des garanties sur les conditions d'adhésion de la Grèce. A cet égard, il estime avoir obtenu du gouvernement français trois engagements dont il demandera naturellement qu'ils soient confirmés par le ministre en séance publique :

- d'une part, que la France observerait à l'égard de la Grèce une attitude au moins aussi vigilante que l'Allemagne qui a exprimé plusieurs réserves sur la mise en application de l'accord avec la Grèce ;

- d'autre part, que la France ne donnerait son consentement à la levée des contrôles (aériens et maritimes) avec la Grèce que lorsque toutes les conditions fixées par la convention d'application de l'accord de Schengen auront été réunies et vérifiées ;

- et qu'enfin, elle n'accepterait pas en tout état de cause une levée des contrôles aux frontières avant un délai minimal d'un an.

Compte tenu de ces engagements, la ratification de l'accord avec la Grèce permettra de prendre acte des efforts accomplis par ce pays tout en disposant d'un moyen de pression pour obtenir de la Grèce qu'elle poursuive dans la voie fixée par la convention de Schengen.

*

La surveillance des frontières a toujours représenté une gageure pour les gouvernements. L'accord de Schengen, malgré les difficultés de mise en oeuvre, a pour principal mérite de fixer le cadre d'une coopération dont le renforcement demeure sans doute à terme la meilleure garantie pour la constitution, à l'échelle de l'Union européenne, d'un espace de liberté et de sécurité.

C'est dans cet esprit et compte tenu également des engagements du gouvernement français que votre rapporteur vous invite à donner un avis favorable à l'adoption des deux présents projets de loi.

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