ARTICLE ADDITIONNEL APRES L'ARTICLE 23

Gel des dépenses de gestion administrative du régime général

Commentaire : cet article additionnel tend à limiter, pour 1998, les budgets de gestion administrative du régime général aux montants atteints en 1997.

I. LA DERIVE DES DEPENSES DE GESTION DES ORGANISMES DE SECURITE SOCIALE


L'annexe C du présent projet de loi de financement, relative aux recettes et dépenses des régimes de base, montre que les frais de gestion de l'ensemble des régimes de sécurité sociale devraient s'élever, pour 1998, à 62,6 milliards de francs, soit 3,4 % du total de leurs emplois.

Encore faut-il préciser que les frais de gestion des régimes dits "d'employeurs", c'est-à-dire sans autonomie juridique ni comptable, n'apparaissent pas dans les comptes présentés en loi de financement de la sécurité sociale. Le principal de ces régimes est celui des fonctionnaires de l'Etat, dont les coûts de gestion sont imputés au budget général sans être clairement identifiés.

Pour le seul régime général, l'évolution des frais de gestion, depuis 1995, est la suivante :

On constate qu'après un effort de modération en 1997, les frais de gestion administrative du régime général devrait pour 1998 reprendre leur tendance antérieure à croître plus rapidement que les dépenses de prestations.

Votre rapporteur rappelle que le plan de redressement financier de la sécurité sociale présenté en novembre 1995 par le Premier ministre prévoyait que les caisses de sécurité sociale réaliseraient des économies sur leurs coûts de gestion de 1,5 milliard de francs en 1996 et de 2 milliards de francs en 1997.

Or, comme le souligne le rapport de la commission des comptes de la sécurité sociale de septembre 1997, ces économies n'ont pas été réalisées . Par rapport aux prévisions, les dépenses de gestion du régime général ont été dépassées de 1,6 milliard de francs en 1996 et de 1,2 milliard de francs en 1997.

Le rapport de la commission des comptes de la sécurité sociale avance plusieurs raisons pour expliquer ce dépassement.

Tout d'abord, les prévisions 1996 et 1997 ont été établies à partir de l'exécution constatée en 1995, majorée de l'évolution de l'indice des prix retenue par la loi de finances pour le budget de l'Etat et diminuée de l'effet attendu des économies du plan de novembre 1995. Cette approche supposait que les budgets effectivement accordés progressent selon ces évolutions et que leur taux d'exécution soit constant.

Or, l'ensemble des budgets de gestion administrative des caisses s'inscrit depuis plusieurs années dans un cadre pluriannuel. Cette pluriannualité donne une souplesse accrue dans l'utilisation des budgets, notamment par le mécanisme du report des excédents d'une année sur l'autre , mais il rend difficile l'établissement de prévisions fiables des dépenses annuelles.

Par ailleurs, plusieurs éléments non prévisibles peuvent intervenir en cours de gestion. Ainsi, par exemple, en 1996 la CNAMTS a procédé à la mise en place du carnet de santé, alors que cette dépense n'avait pas été prévue initialement. De plus, l'amélioration des taux d'exécution ou le report d'excédents d'une année sur l'autre sont fluctuants et ne peuvent, de fait, qu'être constatés en fin d'exercice. Ainsi, le décalage entre les prévisions d'évolution et la réalisation apparaît pratiquement inéluctable.

L'action engagée par les caisses pour se conformer à la décision de novembre 1995 a, ainsi, principalement porté sur les investissements et les reports d'excédents sans affecter directement les dépenses de fonctionnement, afin de préserver les dépenses de personnels.

Certes, le rapport de la Commission des comptes de la sécurité sociale relève que cette mesure a permis de freiner très fortement l'évolution des dépenses, puisque la progression des dépenses de gestion administrative de la CNAF en 1996 par rapport à 1995 est de 4,9 %, alors qu'elle aurait été de 7,06 % sans la mise en oeuvre du plan d'économie. La progression des dépenses de gestion de la CANAMTS et de la CNAVTS a également été ralentie, mais dans une moindre mesure, leurs dépenses ayant déjà des taux d'évolution inférieurs à celles de la CNAF.

Quoiqu'il en soit, votre commission estime indispensable que les administrations sociales participent à l'effort d'économie qui est par ailleurs demandé aux administrations de l'Etat et aux services des collectivités locales.

II. LE PARLEMENT DISPOSE DES MOYENS JURIDIQUES DE MAÎTRISER CETTE DÉRIVE


Grâce au plan de réforme de la sécurité sociale promu par M. Alain Juppé, le Parlement est désormais doté des moyens d'influer sur les dépenses de gestion des organismes du régime général.

En effet, l'ordonnance n° 96-344 du 24 avril 1996, portant mesures relatives à l'organisation de la sécurité sociale, pose le principe de l'encadrement des budgets pluriannuels de gestion administrative des trois caisses nationales du régime général et de l'ACOSS par les conventions d'objectifs et de gestion conclues entre celles-ci et l'Etat.

Ces conventions d'objectifs et de gestion doivent tenir compte des lois de financement de la sécurité sociale, comme cela résulte explicitement du premier alinéa de l'article L 227-1 du code de la sécurité sociale : " Dans le respect des lois de financement de la sécurité sociale , l'autorité compétente de l'Etat conclut respectivement avec la Caisse nationale de l'assurance-maladie des travailleurs salariés, la Caisse nationale d'assurance vieillesse des travailleurs salariés, la Caisse nationale des allocations familiales et l'Agence centrale des organismes de sécurité sociale des conventions d'objectifs et de gestion comportant des engagements réciproques des signataires ."

Une procédure de révision des conventions d'objectifs et de gestion en cours est par ailleurs prévue par les deux derniers alinéas du I de l'article précité, qui dispose que ces conventions déterminent : "1° Les conditions de conclusion des avenants en cours d'exécution de chaque convention, notamment en fonction des lois de financement de la sécurité sociale et des modifications importantes de la charge de travail des organismes liées à l'évolution du cadre législatif et réglementaire de leur action ; "2° Le processus d'évaluation contradictoire des résultats obtenus au regard des objectifs fixés".

Ainsi, si le Parlement fixe, pour les dépenses de gestion des organismes de sécurité sociale entrant dans le champ de l'article L 227-1 du code de la sécurité sociale, un objectif dans la loi de financement de l'année, cet objectif devra être répercuté par voie d'avenant dans les conventions d'objectifs et de gestion qui lient l'Etat et ces organismes.

Par le présent article additionnel, votre commission vous propose, compte tenu de la dérive constatée au cours des deux exercices antérieurs, de geler pour 1998 les budgets de gestion administrative de la CNAMTS, de la CNAVTS, de la CNAF et de l'ACOSS aux montants atteints en 1997.

Les dépenses de gestion des caisses seraient ainsi ramenées de 48,3 milliards de francs à 47,1 milliards de francs, soit une économie de 1,2 milliard de francs.

Décision de la commission : votre commission vous demande d'adopter l'article additionnel qu'elle vous propose.

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